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  • IA,Krach financier: J-combien?

    IA,Krach financier: J-combien?

    Ces derniers temps, je scrute l’économie. J’ai par exemple passé des heures à regarder des vidéos et à lire sur les contrats que les entreprises de la tech passent entre elles, des “circular deals” (j’investis chez toi et toi, avec l’argent, tu m’achètes des trucs, et moi, avec cet argent, je deviens actionnaire d’une troisième entreprise qui, avec l’argent, entre dans le capital de ta boite, et toi, avec l’argent, tu etc).
    À ce niveau là, ce n’est plus une bulle, c’est un ballon à un trillion (rien que pour ces investissements croisés car il y a aussi plus de 7 trillions prévus pour produire de l’énergie… d’ici 2030. 7 trillions!!!), un tour de passe-passe comptable digne de Enron, alimentant des valorisations totalement bidonnées enrobées de story-telling, des opérations réalisées entre une bonne dizaines d’entreprises à coup de centaines de milliards de dollars quand la principale entreprise, ChatGPT, croule sous des milliards et des milliards de dettes… . Il y a pas mal d’actualité là-dessus en ce moment.

    Jme suis également penché sur la crise de « la dette privée » aux US et les faillites qui commencent à se multiplier pour des entreprises ne parvenant plus à se refinancer après avoir prospéré pendant une décennie grâce aux taux zéros.
    De leur côté, les banques régionales qui ont prêté ont également titrisé les crédits (elles en ont fait des produits financiers) qui ont été rachetés par d’autres banques et des sociétés d’investissement… Une inquiétude sourde commence à planer sur le secteur bancaire US. Mais bon, Goldman Sachs nous assure que tout va bien, je suis rassuré…
    Je me suis également intéressé aux problèmes (la crise) des « Private Equity », ces entreprises financières rachetant des entreprises avant de les dépecer pour n’en garder que le plus rentable (grâce à de l’endettement généralement) pour le revendre, ou bien rentrant dans le capital de start up et autres entreprises “à fort potentiel de croissance”. Pour se faire, elles lèvent des capitaux sur les marchés en créant des fonds et des « véhicules d’investissement ». Mais voilà, en ce moment, le Private Equity est en difficulté car ces investissements ne sont pas liquides (on ne peut pas les revendre facilement) et finalement ne rapporte rien. Mais heureusement, les PE ont, eux aussi, trouvé “la solution”.
    Pour attirer toujours plus de capital et pouvoir distribuer un peu de (pseudo) dividende et surtout permettre de « rendre » leurs liquidités aux investisseurs quand leur investissement arrive à maturité (sans que le PE ait réussi à faire la culbute, c’est à dire à revendre ou au minimum générer quelque profit), les PE font « rouler » les fonds investis en les “prolongeant“, c’est à dire qu’elles créent un « nouveau véhicule » dans lesquels elles mettent les investissements qu’elles se revendent à elles même, libérant un peu de liquidités dans l’entre-deux. Je schématise à l’extrême car en réalité c’est plus complexe, mais ça vous donne une idée.
    Cerise sur le gâteau, elles sont parvenues à convaincre Trump de déréguler un peu plus et d’autoriser de mettre des investissements en PE dans les plans de retraite. Ça fait bien sur le papier, mais comme je l’écrivais, ce sont des investissements peu liquides, or, l’épargne retraite, si on ne peut pas mettre la main sur ses sous…

    Bien sûr, je ne parlerai pas du Bitcoin qui est un véritable aspirateur à liquidités ne reposant sur rien, c’est à dire un investissement très proche de la très célèbre compagnie des Indes orientales dans les années 1720. Les gens en veulent et en achètent, le prix monte, monte, monte alors que derrière il n’y a… rien. Les banques sont en train d’autoriser l’utilisation du Bitcoin comme hypothèque pour des prêts bancaires. Je vous laisse imaginer si (quand) ça s’écroule(ra)…

    La finance est devenue un gigantesque Ponzi dont on sent bien que le « modèle » va s’effondrer, on prend ici pour mettre là avant de placer encore ailleurs. On ne sait juste pas quand… La financiarisation de tout fait que tous les investissements sont imbriqués les uns dans les autres sur le marché des capitaux et que quand un secteur flanchera, il entrainera tous les autres.

    En fait, il y a trop, beaucoup beaucoup trop d’argent, de l’argent qui a été créé à partir de rien pour empêcher les faillites après la crise financière de 2008 et qui est allé se nicher un peu partout. Il y a encore 10 ans, on parlait en dizaines de milliards et désormais, parler de trillions ne surprend plus personne.
    Les taux zéros, la multiplications jusqu’à l’infini des possibilités qu’offrent les crédits dérivés ont permis de prolonger ce système financier qui n’en est plus un, un système zombie qui se mange lui-même, nourrit des investissements inutiles en laissant de côté des pans entiers de l’économie. Et où les détenteurs de capital se servent au passage d’un argent que eux garderont quand tout cela s’effondrera. Le meilleur exemple est WeWork, une pseudo-entreprise de la tech qui après avoir été valorisée plus de 50 milliards de dollars s’est retrouvée en quelques semaines ne plus valoir rien du tout, si ce n’est quelques dizaines de milliards de dettes, mais dont le CEO, après avoir été évincé, a quand même empoché plus de 200 millions de dollars.

    Ça ne pourra pas continuer bien longtemps. Un bruit, une rumeur, un rien fera s’effondrer tout ce gros machin né de la fin des accords de Bretton Wood en 1971 et de la financiarisation qui l’a suivie. Et que dire des dettes des états, causées principalement par des politiques en faveurs des plus riches et le renflouement de l’économie en leur faveur, notamment en 2008.

    Et de fil en aiguille, c’est l’IA qui m’a intéressé, puisque c’est par là que j’avais commencé. De plus en plus d’études démontrent que l’IA ne va rien révolutionner du tout et que de nombreuses entreprises ont même perdu de l’argent avec elle, et qu’elle sont en train d’en revenir.
    Qu’en réalité, l’IA se trompe beaucoup sur les tâches complexes, et que pour les entreprises, c’est juste impossible.
    Il y a également les coûts en infrastructures, nettement supérieurs au programme Apollo, tout en sachant que les cartes graphiques nécessaires aux serveurs ont une durée maximum 5 ans après quoi elles sont obsolètes, ce qui veut dire que l’investissement, collossal, en trillions de dollars, doit être continu. Et cela sans prendre en considération le côté énergie: on ne produit simplement pas assez d’électricité pour ces monstres voraces en énergie. D’ailleurs, aux USA, on commence à rouvrir les anciennes centrales nucléaires uniquement pour produire l’énergie des Data Centers.
    On estime les besoins d’investissement en énergie entre 3 et 7 trillions de dollars à l’horizon 2030… ce qui, indépendamment du caractère financier, est impossible techniquement.
    Et c’est dans ça que nos gouvernements ont décidé de mettre l’argent à coups de subventions et d’exonérations fiscales. Pour l’IA seule, on parle d’un investissement total de 4 trillions en infrastructures (data centers) d’ici 2030… On fait les math: on en est à environ 7 trillions pour l’énergie et 4 pour les Data Center.
    Aberrant.
    Je ne développerai pas sur l’impact environnemental puisque les Data Center sont voraces en eau.

    Pour conclure, je vous invite à écouter Sam Altman, le CEO de ChatGPT, un illuminé. Quand on l’écoute vraiment, on est effaré par la vacuité de ses propos, par leur caractère absolument dénué de tout fondement. Je veux dire par là que s’il était un auteur de science-fiction, cela ne porterait pas à conséquence, mais pour quelqu’un qui siphonne le système financier à coup de trillions de dollars…
    Il dit qu’avec l’IA, on va guérir le cancer, qu’on va résoudre la pauvreté, qu’on va résoudre la crise énergétique et créer l’abondance dans une sorte de délire positiviste que jamais aucun de ses interlocuteurs ne vient contredire. Il réinvente “le futur”, cette vision hallucinée du capitalisme conquérant des années 50. Mais…
    Comment, pourquoi spécifiquement avec l’IA, pour quel type de société, on ne le saura jamais car les pseudo-journalistes qui l’interrogent sont eux même acquis à cette vision techno-futuriste. Mais il le dit, et ses fidèles applaudissent. Et de conclure, donc, que c”est pour tout cela, pour notre bien, qu’il a besoin de trillions de dollars (qui bien entendu n’iront pas, pendant ce temps, dans les laboratoires, les hôpitaux, les centres de recherche, les universités, qui eux travaillent à résoudre certains des problèmes auxquels fait face l’humanité…).
    Il est un Elisabeth Holmes, l’escroc présentée comme un génie durant plusieurs années, la fondatrice de Théranos. Mais à la puissance mille, lui, c’est des trillions… Elle aussi, allait révolutionner tout, elle aussi, était présentée par les mêmes “journalistes” comme une visionnaire alors que cinq minutes suffisent pour comprendre l’incroyable vacuité de ces mots creux qui font bander les crétins dans les Ted Talk.
    Sam Altman parle comme un gamin qui dit que quand il sera grand, il sera astronaute, et qu’il ira sur Jupiter, et qu’il se mariera avec sa maman parce qu’elle est gentille, mais comme il sait programmer et qu’il est adulte, on le regarde avec admiration et sérieux alors que ça ne repose sur rien, absolument rien, que ce n’est rien d’autre qu’un de ces délires que le capitalisme affectionne car cela créée de la valeur (Marx fait une distinction très nette entre richesse et valeur, cette dernière étant la marque distinctive du capitalisme). C’est de la hype, et nous fabriquons la plus gigantesque bulle financière de tous les temps.
    Quand elle explosera, ce sera 1929, en version mondiale.
    Ah, oui, pendant ce temps là, Trump, qui travaille à enrégimenter la société américaine avec l’aide de ses camarades techno-fascistes de la Tech, est en train de mettre la main sur les terres rares de la planète entière…
    Alors Lecornu, hein…

  • Palestine. Palestine. Palestine.

    Palestine. Palestine. Palestine.

    C’est quoi, vivre en 2025, quand on assiste en direct à la destruction minutieuse et vicieuse d’un peuple? Toutes les belles idées et tous ces beaux principes dont nous avons été abreuvés à l’école volent en éclat devant cette monstruosité doublée de débauche technologique dont Hitler, sa bande de salopards et leurs financiers auraient été friands.

    (suite…)
  • Petite leçon d’histoire: la Grande Coalition

    Petite leçon d’histoire: la Grande Coalition

    Le passé: la « troisième force »

    Dans notre histoire, la « grande coalition », on a déjà essayé. Entre 1947 et 1958. Cela s’appelait la « troisième force » et excluait les gaullistes (qui s’opposaient à la constitution votée en 1946) et les communistes (ostracisés par les autres partis et eux même s’excluant de toute participation gouvernementale pour cause de guerre froide), allait de la droite non-gaulliste aux socialistes, formant les gouvernements de la 4e république.

    Le seul premier ministre (appelé alors « Président du Conseil ») à avoir tenté de réellement gouverner et prendre des décisions fortes fut Pierre Mendès-France qui, durant 7 mois, jusque début 1955, sut mettre fin à la guerre en Indochine avant de tomber lors de l’éclatement de la guerre en Algérie, suspecté jusque dans son propre parti de « vouloir négocier avec les terroristes ».
    Les 7 mois de son gouvernement ont impressionné la jeunesse mais n’ont en rien changé le cours des choses pour les combinaisons de « la troisième force ».

    « Le centre, c’est la droite »

    La « troisième force » était mue par les petites ambitions de politiciens sur le retour ou d’apparatchiks. En 1956, alors qu’une coalition de gauche dite de « Front Républicain » sortit victorieuse des élections pour faire des réformes sociales et mettre fin à la guerre en Algérie, le Président du Conseil socialiste Guy Mollet envoya le contingent en Algérie et interdit les célébrations du 14 juillet à cause de la « menace terroriste »! Le gouvernement ferma les yeux sur les cas de torture rapportés par la presse – qui parfois fut même frappée de censure au nom de « la sécurité nationale ».
    Les électeurices, dans leur très grande majorité, avaient voté en pensant que Mendès-France serait nommé Président du Conseil.
    Le parti socialiste SFIO perdit des militants, parmi lesquels le jeune Michel Rocard qui, avec d’autres, fonda le PSA puis PSU, en opposition à la guerre coloniale.

    De Gaulle devint Président du Conseil, demanda les pleins pouvoir pour six mois et avant même de s’occuper de l’Algérie, confia à Michel Debré la tâche de rédiger une nouvelle constitution. La 5e république fut approuvée par référendum en octobre 1958 et entra en vigueur en janvier 1959. Il fut nommé Président.

    Le Parti Socialiste CONTRE « troisième force »

    La SFIO cède la place au Nouveau Parti Socialiste en 1969 et tient en 1971, à Épinay, son « congrès de l’unité ». Le texte final, porté par la coalition Poperen-Chevènement-Mermaz-Mitterrand (qui vient tout juste d’adhérer) et voté en opposition à la direction sortante d’Alain Savary soutenu par Guy Mollet, spécifie son rejet catégorique à tout retour à la stratégie de « troisième force » au profit de la stratégie dite « Union de la gauche »:

    « il est clair qu’une majorité existe dans le parti:
    – pour mener à bien la rénovation de l’action politique en France;
    – pour exclure toute stratégie de troisième force. »
    Motion d’orientation du Parti Socialiste adoptée par le congrès de l’unité Epinay-sur-Seine les 11-12-13 juin 1971

    La coalition autours de François Mitterrand défend la rédaction d’un nouveau programme socialiste basé sur la stratégie de Front de Classe (Jean Poperen) devant déboucher sur l’union avec les communistes. L’idée centrale est de mettre le Parti Communiste devant ses responsabilités. La direction sortante, quand à elle, considère que les conditions de l’union avec les communistes ne sont pas en place et qu’il convient d’abord de fédérer les forces politiques « opposées » au gaullisme.
    Il s’agit d’une version rajeunie de la « Troisième Force » et ressemble à s’y méprendre à la stratégie proposée récemment par Nicolas Meyer-Rossignol, Carole Delga et Raphaël Glucksmann ou Bernard Cazeneuve. La « Troisième Force », rebaptisée « grande coalition ».

    Les « grandes coalitions » ne marchent pas

    Alors que depuis quelques jours plane l’idée de « grande coalition », il est bon d’avoir en tête que les « grandes coalitions » ne fonctionnent pas et mènent souvent à l’impuissance avant de finir avec une poussée des mouvements d’extrême-droite.

    Ainsi, on donne souvent l’Union Européenne comme un « bon exemple » avec son parlement où on bâtit les « majorités de projets », mais la défiance grandissante envers ses institutions européennes démontre que cela ne fonctionne pas.
    En Allemagne, la « grande coalition » de Merkel, alliant conservateurs et sociaux-démocrates a repoussé des réformes ainsi que de nombreux investissements en imposant l’austérité budgétaire, tout cela après que les sociaux-démocrates aient eux même fléxibilisé le marché du travail et dérégulé l’économie: aujourd’hui, l’extrême-droite y est la seconde force politique et le SPD est en voie de marginalisation comme l’a été le PS avec François Hollande.

  • Législatives 2024: le moment Pétain

    Législatives 2024: le moment Pétain

    Notre moment Pétain, en référence à ce moment où une majorité de députés et sénateurs ont choisi de se déshonorer en votant les pleins pouvoirs au crevard Pétain…

    (suite…)
  • Gaza, Palestine encore…

    Gaza, Palestine encore…

    Ces Palestiniens réduits à l’état de réfugiés sur leur propre terre, leur histoire écrasée, niée, spoliés de leur destin…

    Allez on y va…

    Ce n’est pas la destruction, que je souhaite à Israel

    Ça ressemblerait trop à la divinité guerrière qui inspire son gouvernement. Non, c’est une honte intime, une honte aux proportions bibliques et inédite dans l’histoire de l’humanité, de celle qui suinte sur l’âme, qui hante les rêves des nourrissons quand ils s’endorment et les empêche de dormir, de celle qui vous réveille au milieu de la nuit après vous être débattu dans un immeuble qui ne cesse de s’effondrer alors que règne autours de vous l’odeur rance de corps en décomposition, une honte qui se rappelle à chaque instant et vient flétrir la moindre caresse, le moindre sourire.
    Après tout, c’est écrit dans ce livre qui inspire le gouvernement fasciste israélien, il n’y a que la Divinité qui détient la clé du retour en terre promise. Ce n’est pas moi qui l’ait créé, ce Golem, cette monstruosité qui a pris le peuple juif en otage pour en faire l’agent d’un processus d’annihilation qui n’a rien à envier à la colonisation des Amériques.

    J’ai honte d’être moi-même…

    … un produit de cette civilisation, je me demande si pour le salut de mon âme il n’eut pas mieux valu que je naisse sans rien au milieu d’un pays dévasté par le pillage de ses ressources, au moins mon âme eut-elle été en paix. Maintenant, je dis ça, et me voilà petit bourgeois confortablement nourri et éduqué m’accaparant une souffrance qui n’est pas la mienne pour en faire un de ces effets de style fait de la bonne conscience ) pas cher du bourreau quand il refuse de reconnaitre ses actions.
    Oui, j’ai honte pour moi. Pour nous tous.

    Concernant la déportation et l’extermination des Juifs résultant du travers suprémaciste, antisémite et eugéniste de notre civilisation, parmi les oeuvres qui m’ont marqué et que je ne parviens pas à oublier, il y en a deux qui s’imposent et rencontrent un écho face au nettoyage ethnique et au génocide que subit le peuple palestinien.

    Mauss, de Art Spiegelman.

    L’auteur a recueilli et mis en bande dessinée le témoignage de son grand-père, survivant de la déportation et de l’extermination. Un récit traversé par cette phrase qui sans cesse revient comme un refrain, « je crois que c’est là que ça a vraiment commencé ». Je cite de mémoire, et puis comme je l’ai lu en anglais…
    Chaque fois, un nouveau seuil est franchi qui ferait presque du précédent un moment de répit, de bonheur, mais en fait non. C’est juste qu’on s’habitue à tout…

    On l’enseigne très mal, ce qui s’est passé

    Ce faisant on nourrit le révisionnisme historique car, ben non, les Juifs qui sont morts entre 1941 et 1945 n’ont pas forcément visité de chambre à gaz ni même été mis dans des fours.
    Mais qu’est-ce qu’on est bête, à vouloir à tout pris s’accrocher à cette image d’un Reich bien organisé, propret et moderne. Non, en fait, ça a été encore pire que ça.

    Un très grand nombre de Juifs ont agonisé durant des semaines, des mois, transbahutés d’un camps à un autre dans des wagons à bestiaux, déplacés au gré de l’avance russe à partir de la fin 1943. Imaginez, vous êtes deux cents dans un wagon, debout, les uns serrés aux autres, vous êtes sales, vous ne pouvez pas bouger, vous avez été mal nourris et vous êtes faibles, il n’y a rien à boire, rien à manger, vous ne portez que cette tenue en coton sale qui vous poisse le corps et dans laquelle vous chiez et vous pissez, l’odeur des autres est infecte.
    Autrefois, dans un autre monde, vous étiez employé.e de banque, dentiste, épicier.e, ouvrier.e, rabbin ou danseur.se, vous voilà réduit à un en dessous de l’animalité, et puis c’est l’hiver, il neige, le train avance lentement et s’arrête.

    Parfois, il y a une visite de la Croix Rouge.

    Alors on fait descendre tout le monde, vous ensevelissez les montagnes de cadavres de celles et ceux qui ont agonisé à côté de vous dans le wagon dans des fosses, et puis on vous « répare », on vous donne une tenue un peu moins sale après vous avoir lavés, et puis la Croix-Rouge vous inspecte, gare aux bavards.

    Et puis c’est de nouveau un train…
    Dans le wagon, c’est la loi de la jungle pour survivre. Un morceau de sucre, un vieux crouton de pain ou quelques flocons de neige pourront peut-être vous sauver, alors on troque ce qu’on peut. Mais pour la grande majorité, il n’y aura pas de terminus, ou alors ce sera, là, oui, la chambre à gaz et le four crématoire.
    C’est en lisant Mauss que j’ai réellement appris, compris la lente mécanique de la solution finale et comment elle s’est poursuivie au delà de tout ce qu’on peut imaginer dans une démence obsessionnelle malgré l’évidence de la défaite.

    Qu’on me permette un parallèle, alors.

    Shoah, de Claude Lanzmann

    Je vois Gaza, je pense à Varsovie

    Je vois ces colonnes de Palestiniens de Gaza, réduits à l’état de réfugiés sur leur propre terre de Gaza, en Palestine, leur histoire écrasée, niée, spoliés de leur destin depuis près de cent ans aujourd’hui réduits à vivre dans un territoire inhabitable privé d’eau, d’électricité et de nourriture, sans chiottes, sans douches, plus d’écoles à Gaza, plus d’hôpitaux à Gaza, des accouchements et des opérations dans des conditions d’hygiène d’un autre temps sans anesthésie ni matériel adapté dans Gaza, des dizaines de morts et blessés recensés, des milliers d’autres qu’on découvrira un jour sous les milliers de tonnes de gravas, des charniers…

    Varsovie, oui.

    Je ne souhaite la mort de personne, mais oui, qu’une honte aussi profonde qu’un puit sans fond frappe ces bourreau qui font payer un peuple qui dans l’histoire ne leur avait jamais rien fait pour mieux signifier à leurs anciens bourreaux qu’ils appartiennent à leur civilisation.
    Et que l’on soit bien clair. Que cette honte sans fond me frappe et emporte la civilisation qui m’a vu naitre avec. Une civilisation qui commet et laisse commettre de tels crimes n’est pas une civilisation, c’est une monstruosité.

    Une honte indélébile, profonde, suintante, infinie… Peut-être alors comprendrons-nous le mal que nous faisons, que nous laissons faire, que nous dissimulons, envers un peuple qui a vécu en paix avec les Juifs durant des siècles et dont les ancêtres étaient eux-même parfois des Juifs restés puis convertis, qui ne leur avait fait aucun mal et avec qui même peut-être les Juifs désireux de trouver un refuge auraient pu bâtir un destin commun.
    Peut-être, alors, il sera encore temps. Ou il sera trop tard. Ne restera que cette honte avec une envie de vomir qui ne nous quittera pas, pour les siècles des siècles…

    Amen

  • Palestine ou Barbarie

    Palestine ou Barbarie

    Recourir à l’injure d’antisémitisme contre toute personne indignée par le sort réservé à un peuple qui n’a en rien participé à l’extermination industrielle des Juifs ni aux théories racistes eugénistes et réduit à subir une colonisation expiatoire du monde blanc contre ses propres péchés…

    (suite…)
  • Gaza, Palestine

    Gaza, Palestine

    Gaza. Palestine. Cette guerre, cette épuration de toute histoire, de toute culture et de toute trace d’un peuple depuis près de 80 ans.

    (suite…)
  • Pleasantville, ou Le triomphe de la couleur

    Pleasantville, ou Le triomphe de la couleur

    Pleasantville est une fable sur la liberté, sur l’amour et sur la profonde humanité de l’imperfection. Une allégorie politique par la couleur, une ode à la liberté, la vraie.

    (suite…)
  • Gym. Nahel. Juillet, déjà…

    Gym. Nahel. Juillet, déjà…

    … ces morts dont nous effaçons la mémoire derrière les mensonges officiels, les enquêtes bâclées et ce racisme rampant qui ne dit pas son nom et suggère sans même que personne n’aie besoin de le dire, que quelque part, peut-être, leur mort était bien méritée.

    Pluie, pluie, pluie.

    Je suis au travail, un peu fatigué car c’est un peu difficile de dormir durant la saison « humide ». On est début juillet et j’ai travaillé tout juin à mes projets. Un site « vitrine » professionnel parce que je dois penser sérieusement à trouver autre chose. Une première vidéo pour ce blog qui m’a permis de trouver des solutions pour faire le montage rapidement. Une nouvelle arrive.

    PSD et BAVARDAGES

    J’aimerais publier une vidéo de BAVARDAGES (c’est le nom) par semaine. Et puis mon site politique, vous savez, cette idée venue il y a deux trois ans de créer une communauté politique, le Parti du Socialisme Démocratique. J’ai changé le site, il est maintenant beaucoup plus simple à gérer et j’ai là aussi testé une manière de monter les vidéos rapidement. J’ai enregistré la « charte », principalement pour les personnes à visibilité réduite ainsi que travaillé les sous-titres pour les personnes ayant des problèmes d’audition.
    Là encore, ça a été l’occasion de travailler la façon de monter rapidement. À priori, le plus difficile maintenant va être écrire les contenus. Il y en a deux qui sont prêts. Et puis donc, il va falloir passer aux vidéos instantanées. Ainsi, ce blog sera beaucoup plus personnel et littéraire car je mettrai la politique sur le site du PSD. Ça ne m’empêchera pas d’écrire un peu ici mais ce sera beaucoup plus constructif ailleurs, notamment car le site sera ouvert à toustes.

    GYM

    À part ça, voilà déjà le mois de juillet. J’ai commencé à aller dans une autre salle de gym: je devais couper mes dépenses. J’y suis allé vendredi soir pour la troisième fois et j’ai pensé que je n’avais pas fait un mauvais choix.
    Fidèle à ma tradition, je partage ici un message que j’ai envoyé à un ami sportif et qui raconte tout ça très bien.
    « Comme je te disais, j’ai changé de salle de gym. Besoin de couper les dépenses superflues. À fond et en urgence.
    Je me suis donc inscrit dans un « Anytime Fitness », la mega chaîne internationale. Ici, les clubs de sport sont en général assez chers.
    J’étais un peu dégoûté, mais finalement, j’y gagne,. En tout cas, c’est largement suffisant pour ce que je fais, le principal étant de continuer et de me mettre aux poids. Ce sera le programme de l’été. Comme je t’ai dit je vais faire comme j’ai fait pour les machines, c’est à dire butiner pour apprendre à m’en servir jusqu’à installer une routine qui deviendra un programme de travail.
    Il y a plusieurs types de personnalités, je ne suis pas de celle qui suit un programme de fait. Chez moi c’est le meilleur moyen d’abandonner. Au boulot, ça a toujours sidéré mes chefs: quand on me montrait des procédures et des systèmes, je ne prenais aucune note. Moi, j’apprends en regardant et en faisant. Et ça les scotchait parce qu’en général j’étais très rapide, plus rapide que les autres avec leurs calepins. Je suis un enfant de la meilleure méthode globale diffusée en milieu scolaire, Daniel et Valérie. Je regarde, j’assimile et j’expérimente.
    Bref, j’ai fait ça avec les machines, et plutôt que suivre un programme, j’ai butiné et cherché à comprendre l’utilisation correcte mais aussi ce que ça faisait sur mon corps, le but étant de « sentir » ce que ça faisait. Et ce n’est que progressivement que j’ai composé une routine, mon programme à moi. Et je m’y suis tenu comme à un refrain dans une chanson, avec comme seule variable une augmentation du poids ou du nombre de rep/séquences, ou l’ajout d’un nouvel exercice.
    Je compte cet été introduire les poids de cette façon, au départ une fois par semaine, de façon libre et expérimentale en me basant sur des tutoriels YouTube. Il y en a vraiment de très bon. Là encore j’ai besoin de comprendre à fond car la différence entre le poids et la machine, c’est un risque accru de tour de rein et de blessures (je ne fais pas les machines qui me font une sensation barbare comme les twists abdominaux par exemple, et pour cette raison). Je vais y aller tranquillement. Je suis peu musclé et c’est aussi une raison de bien étudier, essayer les mouvements et bien comprendre la sensation qu’ils sont sensés faire pour pas forcer.
    Les machines dans la salle où je vais sont nettement meilleures, ce sont toutes des Hammer Strength, bien mieux conçues. L’abdo crunch me fait penser à la chaise de Bruce Willis dans Twelve monkeys, elle m’a franchement rebuté au début mais elle est incroyablement bien pensée: les abdos brûlent quasiment immédiatement même avec 10 kilos parce qu’elle utilise le poids du corps, et on ne sent rien ailleurs, bref, elle est totalement inoffensive, au contraire de celle dans l’autre salle où je devais monter à 37,5 kilos pour sentir quelque chose, tout en souffrant pour l’utiliser car le poids portait aussi sur les épaules ou le dos.
    Il y a 2 machines pour le dos, elles aussi vraiment très bien, et ce sont des versions simplifiées des machines pro HS avec des poids, on peut travailler la force et la résistance en ne travaillant qu’un côté avec un mega poids, par exemple.
    Pour le moment, j’ai continué les machines parce que les HS sont vraiment différentes et les poids que je peux utiliser sont assez différents. Le lat pull-down a plusieurs poignées, c’est vraiment top.
    Cette salle est ouverte 24/24, c’est un autre avantage, et elle est à côté de chez moi, à deux minutes.
    Je pense commencer les poids avec les petites Dumbbells pour faire des squads et des exercices poitrine. C’est ce qui me semble le plus simple pour commencer, et ça complétera bien ce que je fais avec les machines. Et comme la salle est à côté, j’ai pas d’excuse pour ne pas y aller plus souvent!
    À part ça j’espère que ça va et que ton quartier n’est pas trop agité.
    La vidéo de Mélenchon sur la situation est juste parfaite. »

    Nahel…

    Ben oui, ce blog ne serait pas ce blog si je n’écrivais rien sur la révolte qui traverse les quartiers populaires. Et en effet, la vidéo mise en ligne par Jean-Luc Mélenchon est juste parfaite. Je suis solidaire, même si ce mot est presque futile vue la gravité de la situation et toute la distance qui me sépare voire le sentiment d’inutilité qui me submerge, de cette révolte et du sentiment de ras-le-bol d’une jeunesse qui se prend toujours tout sur la gueule et vit dans une humiliation médiatique, politique et policière.

    Le plus cruel est que ces jeunes brûlent ce qui leur appartient, des écoles, des bibliothèques, les voitures de leurs voisins, de leurs parents, et c’est tragique. En ce sens, l’allocution de Jean-Luc Mélenchon était incroyablement bienvenue, surgit comme presque d’un autre temps, un temps où on croyait encore au pouvoir des mots, de l’action politique et de la société pour panser les blessures, ce temps surgit du fond de l’abîme de de l’occupation, ce temps de l’humanisme résistancialiste qui a nourri la gauche durant des décennies, lui faisant comprendre finalement l’abjection de la colonisation, l’abjection de l’idéologie carcérale, l’inanité d’une école faite réduisant l’enfant à un idiot à qui il faut gaver le cerveau… Je vous renvoie à mon billet sur Daniel et Valérie.

    Cette violence, c’est une violence contre nous-même. Marine Le Pen, Emmanuel Macron ou les bourgeois s’en offusquent mais elle ne les touche pas. À la tragédie d’un meurtre abject commis sur un gamin pour une infraction qui lui aurait coûté au maximum 3 mois de prison avec sursis et une amende de 3500 euros.
    Et voilà toute la fachosphère coalisée au parti de l’ordre pour réclamer un durcissement de ces lois qui sont responsables de ce type de tragédie… Voire même instaurer l’état d’urgence.

    On en a, du travail, pour la renverser, cette idéologie de l’ordre qui domine la société et criminalise les gilets jaunes, les manifestants, les écologistes, les migrants, tout en laissant prospérer les détournements de fonds, la corruption, les délits d’initiés et autres faveurs ou fraudes fiscales, toute l’indécence de cette classe bourgeoise donneuse de leçons qu’elle dont elle s’affranchit elle-même…
    Un fil central chez Montesquieu, c’est que l’existence de ce type de corruption annule de fait le contrat social qui fonde notre société, notre république.
    Ce serait s’illusionner que penser qu’il n’y en a jamais eu, de corruption, mais avec autant d’indécence, de suffisance et d’arrogance, c’est unique, et c’est certainement ce qui justifie la brutalité de cette république qui n’en est plus tout à fait une, cette république bourgeoise liquidant le modeste et fragile travail de cette république sociale née dans la résistance, et le retour en grâce de cette république bourgeoise née de l’écrasement de la Commune et morte de son abdication devant le fascisme.
    Le macronisme, c’est Thiers triomphant sur les cadavres de la commune “au nom de la république”.

    La mort de Nahel raconte beaucoup de là où nous en sommes, et ce n’est pas beau. C’est un moment que nous devons regarder en face en prenant conscience que ces gamins, qui certes font n’importe quoi et se font du mal à eux même, sont les éléments avancés du rapport de force qu’il nous faudra bien finir par bâtir pour en finir avec la dérive autoritaire où nous entraine la politique de la bourgeoisie pour la bourgeoisie… et dont nous percevons bien que l’issue finale s’appelle Marine Le Pen, avec les pouvoir illimités par la pratique du pouvoir développée par Emmanuel Macron ainsi par tout l’arsenal sécuritaire adopté ces 20 dernières années.
    En attendant, je pense à sa maman, et à toutes les mères, les pères, les maris et les femmes, les enfants de celles et ceux qui régulièrement sont victimes de violences qui, dans une démocratie, ne devaient pas avoir leur place, ces morts dont nous effaçons la mémoire derrière les mensonges officiels, les enquêtes bâclées et ce racisme rampant qui ne dit pas son nom et suggère sans même que personne n’aie besoin de le dire, que quelque part, peut-être, leur mort était bien méritée.