
C’est quoi, vivre en 2025, quand on assiste en direct à la destruction minutieuse et vicieuse d’un peuple? Toutes les belles idées et tous ces beaux principes dont nous avons été abreuvés à l’école volent en éclat devant cette monstruosité doublée de débauche technologique dont Hitler, sa bande de salopards et leurs financiers auraient été friands.
Trois mois. L’interruption est longue. J’avais écrit mon dernier billet au seuil de l’été, en juin, et puis nous voilà déjà rendus fin septembre. Le temps n’existe pas nous dit la physique, mais ça ne l’empêche pas de filer. Les températures en juin étaient chaudes, elles l’ont été tout au long de cet été qui semble interminable.
Je ne vais pas écrire un billet noyade, je vais me contenter d’un billet court parce que pour la première fois depuis des années, je n’ai absolument rien écrit. Je regarde le monde et je consomme des shorts chinois à haute dose (article à venir), coincé entre une dépression dans laquelle je parviens à ne pas sombrer, et un regard lucide teinté d’un peu de cynisme sur tout ce qui nous entoure.
C’est quoi, vivre en 2025, quand on assiste en direct à la destruction minutieuse et vicieuse d’un peuple? Toutes les belles idées et tous ces beaux principes dont nous avons été abreuvés à l’école volent en éclat devant cette monstruosité doublée de débauche technologique dont Hitler, sa bande de salopards et leurs financiers auraient été friands.
Il faut dire que tous ces beaux principes et toutes ces belles promesses de l’appès-guerre avaient mal commencé puisque ce à quoi nous assistons n’est finalement que la reproduction de ce que les palestiniens ont subi en toute indifférence entre 1947 et 1948, mais à l’époque, la honte du massacre des Juifs encore fraiche dans toutes les mémoires était telle que personne n’avait protesté, et puis, on avait encore le mindset colonial – après tout ce n’étaient « que des arabes »-, alors, que des européens, furent-ils juifs, aillent envahir un bout du monde arabe pour « réparer » le mal que d’autres européens avaient commis, les laisser faire, c’était finalement s’absoudre de ses propres péchés pour un coût dérisoire.
Ce qui distingue le moment que nous vivons de ce moment fondateur où les sionistes sont finalement parvenus à leur fin après des années de spoliations, de grignotages de terres et de terrorisme, c’est qu’entre temps ils sont parvenus à imposer leur narratif, à corrompre les politiciens à coup de lobbying et de voyages, et surtout, à user et abuser la déportation des Juifs et l’antisémitisme jusqu’au trognon du trognon comme les armes de destruction massive de toute conscience critique.
Dire qu’Israel est un état illégitime car reposant sur la colonisation et la déportation massive de la population locale, c’est s’exposer à une condamnation en antisémitisme.
Et honnêtement, à part les antisémites, qui aime ça, être accusé d’antisémitisme?
Un verrou a été posé sur nos consciences et nos mots, et durant 80 ans nous avons refusé collectivement de regarder Israel pour qu’il était vraiment: un état colonial reposant sur une idéologie nationaliste et suprémaciste européenne antérieure à la déportation et au massacre des Juifs des années 30-40. Là où ses promoteurs auraient dû revendiquer la fin des persécutions sur une large portion de l’Europe d’alors, ils ont élaboré un projet reprenant les mêmes concepts raciaux que les pires racistes européens: le sionisme vise dès le départ à séparer les Juifs du reste de la population européenne, exactement comme les pires salopards antisémites.
Et tout cela en enrobant le tout de référence à une mythologie ne reposant sur aucun faits historiques et voire même contredisant totalement toutes les données historiques, archéologiques, linguistiques: la bible.
L’écrasement de la population de Gaza et l’annexion accélérée en cours de la Cisjordanie, les bombardements réguliers des états de la région sont le visage laid de notre laideur et de notre lâcheté, celle d’avoir fermé les yeux sur ce qui était dès l’origine une abomination.
Nous avons refusé de voir et quand cette idéologie arbore enfin le visage hideux de son projet d’épuration ethnique, celui mis en place dans la première moitié du 20e siècle, nous voilà pétrifiés et impuissants devant les conséquences irréversibles que sont les massacres de civils, les destructions de villes à grande échelle et l’éradication programmée de toute vie palestinienne sur des champs de ruines destinés à accueillir dans un avenir plus ou moins proches ces colons juifs pour qui l’annexion de Gaza n’est qu’une étape vers la formation du « grand Israel » et les promoteurs immobiliers qui d’ores et déjà se frottent les mains en imaginant cette nouvelle « Riviera ».
Sounds familiar?
Le sionisme est un fascisme, et nous avons fermé les yeux parce que ses promoteurs étaient Juifs. Dotés d’un fond racistes nous-même, nous avons refusé de comprendre que les Juifs pouvaient être des blancs comme les autres, c’est à dire, capables de commettre les mêmes abominations.
Dans les années 1910, les Japonais, bien que « non blancs », ont élaboré le même type d’idéologie suprémaciste totalement calquée sur les idéologies raciales européennes. Ils se sont rendus coupables des mêmes crimes coloniaux en Corée et en Mandchourie ainsi que de massacres de masses sur les populations civiles en Chine.
Alors oui, l’histoire aurait pu tourner autrement s’il y avait eu du côté israélien une véritable honnêteté lors de la signature des accords d’Oslo, et une véritable stratégie politique du côté de l’OLP.
La région aurait pu évoluer vers une forme de confédération offrant la liberté de circulation, une égale opportunité pour l’accès aux ressources et au développement économique, un démantèlement de la majorité des colonies de Cisjordanie et un retour des réfugiés palestiniens, bref côté Israélien un renoncement aux fondements même du sionisme. Et côté palestinien une évolution vers une représentation démocratique incluant le Hamas dans le processus politique, et cela dès le départ.
Mais force est de constater que la responsabilité dans l’échec d’une telle évolution repose intégralement sur le manque de volonté, côté israélien, de démanteler les colonies ainsi que le développement au sein de la société israélienne d’un discours ouvertement suprémaciste, en toute impunité, et cela dès les années 80. Celui ayant conduit à l’assassinat de Itzrak Rabbin.
Je ne vois pas comment Israel pourra survivre au génocide et à l’opération d’épuration ethnique en cours. Pour survivre, Israel va devoir détruire encore plus au delà de la Palestine afin de contraindre les pays occidentaux de le soutenir.
Ces derniers devront encore plus contrôler leurs opinions publiques, de plus en plus conscientes de la contradiction entre les principes affichés de l’occident et la réalité, et cet anéantissement de la Palestine sera définitivement le tombeau de nos espérances démocratiques.
Ne vous étonnez pas si j’ai disparu, si je n’écris plus. J’ai le dégout de notre époque qui ne me quitte plus, et écrire est presqu’un acte de vanité. Un jour on nait, un jour, on meurt et entre les deux on croit qu’on vit quand en réalité on est juste livré à un destin de hasard.
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