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  • 55

    55

    J’ai 55 ans depuis lundi. Je voulais écrire, je ne l’ai pas fait. Je me suis beaucoup reposé, il y avait deux jours fériés cette semaine, mais aussi je me suis levé plus tôt, vers six heures trente. Un vrai progrès, encore insuffisant, mais sur la bonne direction. Dans la matinée je n’ai rien fait, j’ai laissé passer cette « seconde journée » de ma journée, j’ai pu constater à quel point cela m’en donne, du temps. Je vais tenter de repousser encore un peu mon heure de lever, et puis il va bien falloir travailler.

    J’écris, je suis noué, les mots viennent difficilement, ils s’entrechoquent en moi, et même là, dans cette ligne, quand j’ai écrit « mot », sans trop comprendre c’est « mort » que j’ai tapé. « Les morts viennent difficilement ».

    Cette année, mon application de calendrier m’a envoyé une notification pour l’anniversaire de Julien. Le 17 septembre. Maman, c’était le 19 septembre, et moi, c’est le 21.

    17. 19. 21.

    Je n’ai pas peur de mourir et je ne pense pas que ce soit une quelconque suite prémonitoire. Non, ça a été plutôt un sentiment d’absence, un sentiment de solitude, un sentiment de manque. Maman est partie le jour du printemps, le 20 mars. Je suis né le 21 septembre, la fin de l’été ou le premier jour de l’automne, ça dépend des années.

    19. 20. 21.

    Je ne sais pas pourquoi cette année j’ai pensé à ces suites de nombres. Peut-être envie de m’en libérer. J’ai juste été très triste encore de la disparition de Julien, et puis cela m’a ramené à la disparition de maman. De là, je reviens encore à l’éloignement, au départ, à l’absence, à la séparation. Et peut-être est-ce avant tout un sentiment simple. Si je devais quitter le Japon, je ne me remettrais pas de ma séparation d’avec Jun. J’ai toujours pensé revoir mes amis, je n’en ai jamais douté, il y a juste que je ne mesurais pas bien le temps ni son effet, on n’y pense pas trop. Mais si je venais à quitter Jun, ce serait une vraie séparation car je ne reviendrais pas au Japon. Et je sais très bien qu’avec le temps, la langue elle-même s’évaporerait.

    Je crois qu’il est là, ce noeud en moi, là, en ce moment, devant cette page blanche.

    Je me souviens de mes sentiments, quand maman me disait, alors qu’elle avait déjà plus de 75 ans, « quand je serai vieille ». Je contenais une colère, j’avais envie de lui hurler qu’elle l’était déjà, et que ces décisions qu’elle reportait, c’était maintenant, c’était à ce moment là qu’il fallait les mettre en oeuvre. Moi, je vois le compteur an qui continue de passer, et je ne veux pas jouer avec, je sais qu’il va bien falloir que j’empoigne mon courage et que je quitte le Japon. Pas cette année, non, mais conformément à ce que j’avais prévu l’an dernier quand je me donnais environ deux ans. J’ai signé un nouveau bail pour mon appartement en juin, un bail de deux ans, et cela veut dire pour faire court que ce sera mon dernier bail.

    Ou alors. Ou alors je dois véritablement choisir de rester ici. Ce n’est pas mon choix, mais si je reste plus longtemps, ce doit être un choix assumé, calculé et mesuré, en aucun cas une lâcheté de ma part.

    Je parle de lâcheté sans brutalité dans la signification, mais avant tout parce que reporter une décision difficile, c’est un manque de courage, et ce manque de courage, c’est de la lâcheté.

    Je ne me vois pas vieillir ici.

    Ce n’est pas que j’idéalise la situation en France, loin de là, et la gestion de la situation sanitaire en ce moment, avec la bande de Charlot aux commandes ne m’inspire rien de bon quand à l’avenir de la France, de ses habitants et du climat qui va y régner dans les années qui viennent. J’ai lu ce matin que Marseille allait avoir un nouveau couvre-feu pour ses bars et ses restaurants, autant dire que la moitié d’entre eux ne survivront pas, et qu’avec c’est tout un tissus social qui va périr pour être remplacé par des Séphora, des Halles aux Chaussures et des Flunch.

    Tout cela je le sais, mais je ne sais pas trop quel est mon avenir ici. Je ne sais pas trop non plus quel est mon avenir en France non plus, comment le saurais-je, il y a des millions de français qui ne le savent pas non plus. Alors imaginez, mon avenir à moi, français, au Japon…

    Comme toujours dans ces hasards de mes questionnements, l’Algérie est venue frapper à la porte. Ça a été Maria d’abord, elle est devenue fan des romans de Yasmina Khadra et, malgré toute la corruption qu’il y décrit, elle rêve d’aller y faire un tour. Elle m’a encore dit ça dimanche. Et puis ce sont quelques informations que j’ai lues, et voilà ce pays qui tape à ma porte. Comme si j’y avais une place, là-bas. Il n’y en a même pas pour les algériens, alors moi… Et pourtant, chaque fois que ce pays frappe à ma porte, je suis enveloppé d’une incroyable tendresse. Cette fois, ça a été le reportage de M6 qui a tant énervé le gouvernement et enflammé les réseaux sociaux. Ben oui, les algériens sont fiers, c’est le dernier truc qui leur reste vu que le système politique leur a volé tout le reste, alors ça non, ils n’ont pas apprécié qu’une chaine étrangère, française de surcroit, vienne comme ça parler d’eux, de « leur » hirak (soulèvement).

    Ben moi je l’ai trouvé bien, ce documentaire. Ben oui, les commentaires étaient bardés de clichés, c’est le style même de la télévision privée, et de la Villardière, bien connu pour avoir bidonné certains reportages, n’hésite devant rien pour ajouter du croustillant qui permettra de vendre de la pub. D’ailleurs, visiblement, M6 est candidate pour diffuser directement en Algérie, c’est à dire avec de la publicité ciblée. C’est raté, le reportage a outré Son Excellence le Président de la République Démocratique et Populaire Algérienne Abdel-Madjid Tebboune, M6 est désormais bannie du pays. Une vraie démocratie, un authentique démocrate.

    Mais une fois qu’on retire ces commentaires allumeurs, il reste un portrait de quelques jeunes qui se sont retrouvés dans la rue malgré des profils très différents, et on ne peut pas ne pas éprouver de sympathie envers eux, leurs situations si différentes.

    J’ai beau être français, j’ai un lien très intime, très profond avec ce pays, l’Algérie, et ce n’est pas que par mon père. C’est aussi visuel, olfactif, auditif. L’autre jour, je me promenait et dans la rue, l’espace de deux secondes, il y a eu une odeur, je ne sais pas ce que c’était, et cette odeur m’a renvoyé à la Kabylie. J’ai au fond de moi deux régions natales, l’une dans l’ouest de la France, c’est là que s’est inscrit un sillon très profond dont je n’ai mesuré l’emprunte qu’au décès de maman. Et puis il y a l’Algérie qui elle s’inscrit dans les sens, ce n’est pas un sillon, tout juste une caresse, une esquisse, un possible qui n’est jamais advenu. Nedjma. Je ne parle pas du site, non, quoi que, un peu, peut-être aussi.

    Alors voilà, nous sommes en 2020, c’est l’automne, le monde est traversé par une pandémie qui va ruiner les vies de millions de personnes à travers le monde, et j’ai très peu de temps pour engager ce que j’ai décidé il y a de cela un an. Et dans la balance, il y a quelqu’un que je ne veux pas quitter.

    On dit souvent que poser un problème c’est déjà commencé d’y répondre. Certes, mais c’est quand même un peu plus compliqué que ça, et à mon avis icel qui a dit ça n’a jamais eu beaucoup de problème dans sa vie…

    Côté travail, ce qui est inquiétant, c’est la très nette perte de motivation de mon patron qui désormais se contente du minimum. Son père est malade, alors il passe son temps à regarder des vidéos et lire des livres sur la santé. C’est un control freak, ça lui passera mais en attendant, il n’a pas l’énergie qu’impose la situation. Il est très passif. Hier, la secrétaire a un peu craqué et m’a confié qu’elle en a marre, qu’elle se demande si elle ne va pas chercher du travail ailleurs parce qu’elle commence à douter de tout, de la survie de l’école, de son travail.

    Ça ne m’a pas surpris, je ressens exactement la même chose. Ça ne me fait rien non plus, j’ai pas mal envisagé la situation ce printemps, je l’accepte et de toute façon, elle fait partie de ces changements qu’il va bien falloir que je conduise pour ne pas les subir.

    Si j’étais amené à perdre mon travail, je toucherais le chômage durant 6 mois, et j’ai aussi mes leçons du lundi et du mardi bref, j’aurais 6 mois de délai. Mais 6 mois, ça passe vite. Et d’un autre côté, qu’est-ce que ça me laisserait comme temps pour faire plein de choses…

    Quand elle m’a dit ça, j’ai juste pensé que je dois déposer ma demande de visa permanent. Pas pour rester, juste pour avoir des options, des possibilités.

    À 55 ans, ce qui compte, ce sont précisément les possibilités, et mon idée centrale est de n’en laisser aucune de côté.

    Et puis il y a, surtout, le travail. Pas le travail salarié, il y a ce travail dont je ne cesse de vous parler et que je repousse, exactement comme maman le faisait. Quelque part, j’ai beau avoir un appartement bien rangé, avec plein de petit désordre élégant tout plein qui se range en 15 minutes, j’ai beau ne pas accumuler de trucs à jeter, sur mon Cloud, j’ai un véritable bazar de textes, à relire, à corriger, à terminer, terminés mais que je ne veux pas publier mais éparpillés au milieu de textes à terminés. Et ce travail, c’est précisément le travail, le vrai travail que je reporte indéfiniment alors que je constate à chaque anniversaire que le temps est passé.

    17. 19. 20. 21. 55. 56. 57…

  • Pandénomics

    Pandénomics

    Mardi matin, devant mon ordinateur, vers 8 heures 30. C’est assez tôt, même si ça ne l’est pas vraiment. Ce matin, je me suis levé vers 7 heures. Cela faisait très longtemps que je n’étais parvenu à être prêt si tôt, sans trop forcer et en prenant mon temps. Ce soir, je termine le travail à 21 heures. Une longue journée m’attend. J’ai de nouvelles lunettes, une paire pour dehors, une paire pour la maison. Et cela aussi, cela faisait longtemps. Bien sûr, j’avais des lunettes, mais j’ai cassé une paire dans l’hiver et depuis, je n’étais pas allé les faire remplacer: il y a eu le coronavirus. Résultat, j’ai utilisé de vieilles lunettes d’il y a dix ans, les verres un peu rayés et surtout beaucoup moins adaptées à mes yeux. Là, les caractères sur l’écran sont nets.

    Voilà donc un billet ultra quotidien qui s’annonce, un de plus. Quelque part, je devrais en écrire un comme ça tous les jours, un journal, avec un peu tout ce qui me passe par la tête. Par exemple, mon poids qui ne varie pas. Bien que je n’aie pas été particulièrement concerné par le confinement, de mars à juin, j’ai fortement réduit mon activité quand au même moment mon niveau de stress a été particulièrement élevé. Le résultat, ça a été une prise de poids assez importante, or je ne souhaite pas que cette situation s’éternise, c’est un poids que je veux perdre. Ce n’est simplement pas bon pour la santé. Depuis août, je suis parvenu à stopper la prise de poids et j’ai même perdu deux kilos, mais depuis trois semaines le poids ne bouge plus. Bon, c’est bien, mais d’un autre côté cela traduit mon âge: il y a vingt ans, en mangeant comme je le fais, j’aurais bien perdu 5 kilos.

    Ça fait partie du package, le métabolisme change…

    Dimanche, je suis allé à Kamakura avec Jun, ça faisait très longtemps ça aussi, peut-être la dernière fois, c’était en fin de confinement. Il n’y avait strictement personne. Là, il y avait pas mal de monde, mais on le voit bien que les touristes étrangers sont absents, et puis, ici et là, des boutiques définitivement fermées.

    Ce serait une ironie très difficile à digérer, si cette épidémie de « coronavirus SARS-Cov2 », d’une violente infection les premiers mois tournait à une sorte de rhume avec complications respiratoires pour 0,1% des gens, comme n’importe quel autre rhume. En gros, s’il mutait comme la plupart des autres coronavirus avant lui. On aurait essuyé une espèce de tempête effrayante, une gigantesque bourrasque qui en avançant aurait perdu de sa force pour ne laisser derrière elle que ruine et dévastation.

    Parce qu’il faut bien avouer, même si ce virus devait devenir un simple rhume, on ne reverra jamais le monde qu’il a emporté avec lui. Le monde de l’instamake « Kim Kardashian » aux quatre coins du monde, devant des pyramides et des chutes d’eau, acheté à coup de billets d’avion bradés.  Il y aura bien des tentatives de « retrouver » cette « normalité », mais tout, dans une civilisation comme dans le vivant, nécessite de l’énergie, et l’énergie du tourisme mondial s’est évanouie entre janvier et mai de cette année.

    Ce n’est pas un mal même si ce n’est pas un tant que ça bien un bien non plus.

    Cette épidémie va laisser en occident une emprunte au moins aussi forte qu’une guerre, mais en bien plus pernicieuse. L’emprunte d’une guerre invisible, qui n’aura pas eu lieu, tiens, revoilà Baudrillard, une guerre délétère, larvée, un poison à infusion lente qui aura instillé le doute envers les gouvernements, le doute envers le monde, qui aura mis un coup de projecteur cru sur tout ce qui nous entoure et qui ne marche pas, à commencer par notre abondance de pacotille, toutes ces choses achetées en Chine ou ailleurs et acheminées jusque chez nous dans ces tankers que nous avons vus immobilisés dans des ports, tous ces avions avec leur luxuriance dorée des « First Class Privilège » entassés dans des aéroports les uns derrière les autres réduits aux vulgaires boites de tôles qui volent qu’ils sont en réalité, un spectacle au moins aussi pitoyable à regarder qu’une bite qui à débandé marinant dans son jus au fond d’une capote.

    Ce dévoilement du réel, bien que nous allons tout faire pour ne plus y penser, il va rester là, inscrit quelque part au fond de nous, et à la première difficulté il se rappellera à nous. C’est lui qui a avalé l’énergie de voyager loin et de faire du shopping.

    Et puis il va rester la dévastation, le chômage, ces secteurs désormais sinistrés pour de bon, le tourisme, la restauration, et tous les secteurs liés. Il va rester les montagnes de dettes accumulées par les états et rachetées à tour de bras par les banques centrales, des dettes qui ne vont pas tarder à se rappeler à notre bon souvenir, on peut faire confiance « au marché ». Et la représentation politique d’aujourd’hui.

    En décrétant un plan de relance (nul au demeurant), Emmanuel Macron se dévoile tel qu’il est: un homme du passé. Dans une époque qui plus que tout a besoin de vivre d’un « avant » et d’un « après », un « plan de relance », c’est vide, car ce dont notre époque a besoin n’est pas d’ordre financier.

    C’est du domaine de la civilisation.

    Inconsciemment, on sait que nous allons à vau-l’eau, que ça ne va faire qu’empirer, que le climat, la population, la santé, toute cette illusion de sécurité que le vingtième siècle avaient bâtie, on sait que tout cela est fini. On sait que les antibiotiques fonctionnent moins bien et que nous sommes à la merci d’une bactérie résistante. On sait que les ressources s’épuisent et que tout notre mode de vie dépend de leur abondance « illimitée ». On le sait mais on ne veut pas le savoir, ou plutôt on ne voulait pas le savoir, on voulait faire semblant et sucer la sève jusqu’au trognon à coup de voyages low cost ou de pétrole de schiste, et badaboum, un simple virus est venu nous rappeler notre condition.

    Pire, le confinement nous a révélé une situation contradictoire. Nos pays riches ont pu s’offrir le luxe d’un confinement, avec garantie de salaires et d’emplois – un luxe que les pays du Sud n’ont pas eu les moyens de s’offrir puisque le Nord vit de leurs richesses- et en même temps, alors que nous découvrons son coup prohibitif, nous commençons à comprendre à travers la transparence du novlangue de nos dirigeants politiques qu’un second confinement est simplement impossible, inenvisageable. Et que nous sommes désormais totalement seuls face à ce qui vient.

    2008 avait été un typhon, brutal mais court parce que, comme je l’écrivais à l’époque dans ce blog, le capitalisme était dans le cycle long de la prospérité de son âge global, de l’internet, d’ailleurs, l’iPhone a été lancé à ce moment là, joli symbole. Il n’a donc pas été très difficile de se remettre de 2008 et dans les « pays émergents », comme la Corée, ça a même été le début de leur « âge d’or », de leurs « années 60 ». Certains objecteront le chômage ou la baisse du niveau de vie, oui, bien sûr, mais le capitalisme se fiche de ça, les profits, eux, se sont envolés.

    2020, c’est la dévastation d’une guerre, mais sans la guerre. Une sorte de bourrasque douce, invisible, et plus rien n’est comme avant. Les travailleurs et les travailleuses qui avant étaient parvenues à survivre sont désormais en mode survie, prêts à accepter des heures supplémentaires. Moi, mon salaire est amputé de plus de 10%. On n’a pas le choix, la révolution néolibérale nous a atomisés, et le chômage de masse étend son nombre sur notre quotidien, fragile.

    L’effet de cette pandémie sera très long, très profond.

    Alors que je déjeunais dans un petit restaurant de Kamakura, dimanche midi, je voyais par la vitrine les gens aller et venir et je me demandais si ça avait été comme ça, aux USA, en 1930, je veux dire, est-ce que le quotidien d’icels qui avaient encore leur travail était le même. On nous parle tellement des chômeurses, mais finalement si peu des autres, des travailleurses.

    Je ne crois pas que cette pandémie soit comme la crise de 1929, mais plutôt comme la première guerre mondiale. Il y aura beaucoup moins de morts bien sûr, mais pour un Nord habitué au cocon de la tranquillité, se voir plongé dans une peur épidémique, c’est un sentiment de fragilité inédit, nouveau. Et une fois encore, cette expérience aura été une expérience mondiale.

    L’économie repartira, bien plus vite que tout ce que les « analystes » disent, mais avec un volume de liquidités aberrant, et un volume de dettes juste absurde, qui équivaut au moins autant aux manipulations monétaires du début du 14e siècle. Je veux dire, je ne veux pas vous affoler, mais votre argent, il ne vaut rien. Vraiment rien. Car la banque centrale qui en garantit la valeur a acheté un volume de dette inimaginable, et ça équivaut à dire que votre billet est garanti par… une dette. Il y a 60 ans, c’était de l’or. Ça vous laisse entrevoir le chemin parcouru.

    Le prochain accro sera fatal, et je « continue » de le voir vers 2024, après une période d’euphorie au moins inoubliable que les années 20, un truc nouveau riche, tape à l’oeil, du Kardashian à la puissance 100.000, et même que pense que cette fois, on est mûrs pour les padding années 80, ça ira très bien avec le second terme de Donald Trump. Une sorte de golden era financé à crédit, avec une bourse battant records sur records, quand au même moment, exactement comme dans les années 20, des pans entiers de la société seront simplement à la dérive.

    Cette idée d’un décrochage vers 2024, ça fait 10/15 ans que j’en parle avec Thomas, c’est une marotte. La pandémie, elle, a brassé nos sociétés en profondeur, et cela me fait bien plus peur que l’effondrement des bourses et la banqueroute des états ou la faillite des banques centrales.

    En France, en une semaine, on a vu une député représentée comme une esclave parce qu’elle est noire et qu’elle défend un antiracisme politique, on a vu une journaliste du Figaro retweeter une influenceuse voilée avec le commentaire « 11 septembre » avant de voir ressurgir le débat sur la peine de mort.

    Ça ne présage rien de beau.

    Au Japon, on a un nouveau premier ministre. Le même, avec une tête différente.

  • Corona, Japon, soleil, et Obono

    Corona, Japon, soleil, et Obono

    Coincé au Japon. Depuis 5 mois, tout retour au Japon était impossible pour les étrangers qui avaient quitté le pays pour une raison ou une autre. Cette interdiction disparaitra le 1er septembre, date à partir de laquelle les étrangers qui étaient bloqués et ne pouvaient rentrer pourront enfin revenir. De même, il nous sera enfin possible de voyager tout en étant assurés de pouvoir rentrer.
    Mais. Quand on regarde les conditions et restrictions, on comprend bien qu’il est en réalité quasiment impossible de voyager normalement. Il y a des délais, des quotas, des autorisations préalables à obtenir pour une date précise et qui peuvent être refusées, ce qui veut dire qu’il est quasiment impossible d’acheter un billet d’avion, puisque l’autorisation peut être refusée, et il est également impossible de demander ladite autorisation à l’avance, puisque si celle-ci est validée, rien ne garantit qu’il restera des places dans l’avion.
    Je suis donc coincé, comme des dizaines de milliers d’autres avec moi, au Japon. Longue conversation hier soir avec mon ami Thomas qui concluait « pourquoi pas acheter un billet simple ». Oui, ça resterait une possibilité, mais je n’y suis pas prêt du tout. Mais c’est vrai que c’est une des solutions les plus rationnelles à cette situation délirante dans laquelle nous sommes, piégés. Rentrer.

    C’est dimanche aujourd’hui, et il fait incroyablement chaud. On prévoit 36 degrés à Tôkyô. Les experts prévoient un été qui s’étendra jusqu’à la mi-automne suivi d’un hiver précoce. Je ne sais pas trop sur quel modèle ils se basent, l’an dernier ils prévoyaient un hiver incroyablement froid, et on a fini par avoir un hiver relativement doux qui a trainé en longueur. Chaque année, ils y vont de ces pronostiques qui se retrouvent démentis. Ce qui est sûr, c’est que cet été est le premier été de ce type que je suis amené à vivre depuis que je suis venu m’installer ici. La « saison des pluies » (qui n’en est pas une mais bon) s’est éternisée jusque début août, je crois même qu’il n’y a eu qu’un jour de soleil en juillet. L’ouest du Japon a essuyé des pluies diluviennes exceptionnelles avec leurs affaissements de terrains, une centaine de morts, des inondations à répétition. Et puis d’un seul coup il s’est mis à faire beau et nous traversions une canicule assez inédite. Normalement, chaque année, vers le 20 août, il y a une gros orage, et à partir de ce jour là les températures perdent 5 à 10 degrés. Elles remontent ensuite mais les nuits se font moins chaudes et régulièrement des orages et des pluies abondantes viennent rafraichir les températures. Rien de cela cette année, il semble qu’on est parti pour du beau fixe avec des températures supérieures à 30 degrés jusqu’au 15 septembre minimum. Bon, ça ne tient pas compte d’un possible typhon, mais ça donne une idée. Et puis aussi, assez spécial, c’est une chaleur assez sèche, avec une sensation de soleil « qui brûle ».
    Si c’est ce à quoi doit ressembler l’été à l’avenir, le Japon va vite devenir une sorte de désert car la végétation ne survivra ni aux pluies diluviennes, ni à cette chaleur sèche, ni à ce soleil, ni à cette sécheresse. Et on finira également par avoir des pénuries d’eau malgré des inondations… Le Japon a besoin d’un été humide pour le riz, pour les légumes, et surtout pour ses arbres et plantes qui y sont habituées.

    C’est dimanche et je vais sortir dans une heure. Je pense qu’on va aller se réfugier au parc de Shinjuku, à l’ombre, sur la pelouse. Envie de paresser et me reposer tout en profitant de l’air. On est masqués tout le temps, avec la chaleur, c’est une sensation de sueur, de chaud, alors être à l’air libre dans un parc, c’est agréable. Je ne crois pas que j’emporterai mon appareil photo avec moi, l’iPhone suffira.

    J’ai écrit hier un post au sujet de la couverture et de l’article de Valeurs Actuelles qui a réalisé une opération médiatique parfaite, avec beaucoup de bruit (et Balzac l’écrivait il y a près de 200 ans dans Illusions Perdues, pour un livre, ce qui compte, c’est qu’on en parle, en mal ou en bien). Mais c’est aussi en parfaite connaissance de cause que j’ai écrit, et que je partage ici ce que j’ai écrit, car il y a des limites qu’on ne peut pas franchir sans réagir. Et pour tout dire, ce ne sera pas tant à Valeurs Actuelles que j’en voudrai le plus, ils sont ici totalement à leur place, bien au fond de la fosse septique, en train de racler les parois et de rajouter quelques une de ces déjections qui visiblement leur procure la satisfaction du travail bien fait, comme en atteste leur mise au point au sujet des réactions à leur couverture.
    Non, ce qui me choque le plus, ce sont tous ces indifférents, toute cette gauche morale qui renvoie dos à dos le magazine et sa victime jetée en pâture une chaine autours du cou. Sartre a écrit qu’on n’avait jamais été aussi libre que durant l’occupation. Entendre, non pas de cette liberté factice qui consiste à faire ce qu’on veut, mais de cette liberté qui consiste à pouvoir choisir ce que l’on fait de sa vie, où on se situe. Il y a eu celles et ceux qui ont choisi d’être avec l’occupant, de collaborer, de dénoncer des juifs, et ceux-coi l’ont fait sciemment, librement, et ce choix a donné un sens à leur vie. Et puis il y a eu celles et ceux qui ont refusé, il y a eu cette cinquantaine de députés, dont Mendès-France âgé de 23 ans, de Blum et de quelques autres qui ont tenté de fuir pour constituer un gouvernement en exil qui disputerait la légalité du gouvernement de Vichy, il y a eu De Gaulle, il y a eu des gamins et des gamines de 15 ans qui ont refusé, qui sont entrés dans la résistance, ont donné leur vie, leur amour de la liberté, et ils l’ont fait librement, et cela a donné un sens à leur vie à tout jamais. Les collabos et les résistants.
    Et puis il y a eu les indifférents. Il ne s’agit pas de gens simples, ouvriers ou paysans, dont le quotidien se ployait dans la difficulté et qui, au passage, ont parfois fait montre de gestes héroïques au quotidien, planquer un résistant, adopter un enfant juif. Et cela aussi, c’est une manifestation de la liberté, d’un choix qui engage à vie.
    Non, les indifférents, ce sont celles et ceux qui savaient, qui avaient quelques possibilités de faire et qui n’ont rien fait, frappés dans l’élégance du pessimisme ou pire, en renvoyant le bourreau et la victime dans une sorte d’impossibilité ontologique à « choisir entre un communiste et un collabo », l’esprit tout empli de nostalgie pour le ronron du monde d’avant les grèves de 1936 et la débâcle de 1940. La vieille France de Roger Martin Du Gars. Icels que Sartre a appelé les salauds.
    Oui, le pire, ce sont les salauds, icels qui refusent de choisir entre « ce torchon Valeurs Actuelles » et « l’indigéniste islamo-gauchiste » Danièle Obono en regrettant le bon vieux temps où les questions de racisme étaient traités comme il faut, tranquillement, avec une chanson de Khaled, un concert des Potes, une comédie avec Isaac de Bankole et Josiane Balasko.

    Allez, j’ai écrit ça sur Facebook hier, et pour ne pas le perdre, je le laisse ici avant qu’il ne disparaisse dans les méandre sans fond de l’internet…

    Bon dimanche.

    « Danièle Obono représentée en esclave dans le torchon d’extrême-droite Valeurs Actuelle, cette fosse septique de la réaction et dont certaines idées « républicaines » irriguent le « débat ». L’article est à l’avenant.
    Et tout cela la même semaine où les chochottes réactionnaires jouent les vierges effarouchées parce qu’enfin son éditeur français change le nom « Dix petits nègres » conformément à la révision opérée par l’auteure elle-même et après maintes pressions des héritiers, faisant de la France le dernier pays à purger l’édition de cette injure.
    «Le nègre vous emmerde !». Aimé Césaire.
    Un écrivain visiblement « racialiste et séparatiste », pour reprendre la formule de l’inculte ministre du gouvernement réactionnaire, Jean-Michel Blanquer.
    Arabes, musulmans, noirs, asiatiques, Rroms et même Juifs sont régulièrement renvoyés à leurs origines même et surtout quand ils se soulèvent contre le système politique, l’oppression, les inégalités, le racisme qu’ils subissent et la violence qu’ils vivent parfois au quotidien, qu’elle soit politique, verbale ou symbolique. La société leur refuse l’exercice d’une pleine citoyenneté, celle dont jouissent Nathalie Arthaud, Jean-Luc Mélanchon ou Olivier Besancenot, que la réaction éventuellement accusera d’anti-France mais sans jamais remettre en cause la légitimité politique de leurs critiques.
    Finalement, les vrais indigénistes ne sont pas icels que l’on croit, Houria Bouteldja par exemple, ou Françoise Vergès.
    Les indigénistes, ce sont icels qui par leurs positions, leurs propos et leurs insultes, en niant la réalité de l’habitus raciste de la société française, en renvoyant constamment toute critique formulée qui ne rentrerait pas dans le cadre du statuquo par un noir, un arabe, un musulman, un Rrom, un asiatique et même un juif, à la représentation fantasmée de ses origines, perpétuant ainsi ce status de citoyen de seconde zone, le nègre qui danse bien et l’arabe toujours souriant, l’asiatique qui ne se plaint pas et le juif qui garde tout pour lui. L’indigéniste, c’est celui qui perpétue l’indigénat.
    Et Valeurs Actuelles en fournit un très bel exemple. »

  • Le masque troué de la Conspirosphère

    Le masque troué de la Conspirosphère

    https://youtu.be/-A8RGnC2fWo

    A bas les masque! Yeeeee! Vive Poutine, lui c’est un homme! Lui, au moins, il a fait distribuer des masques, et ça plaisante pas, hein, pas de masque, une prune! Hehe… À bas les masques, on nous prive de nos droits, je ne peux pas respirer! On veut nous contrôler! Putain, je ne veux pas ressembler à une musulmane, je suis blanche, moi, chacun chez soi!
    A bas les masques, tout ça c’est pour refourguer un vaccin avec une puce dedans! Vive Trump, oh la vache, lui il sait tout, il est tellement intelligent, et puis il a déjà acheté les vaccins de deux laboratoires, ça c’est un vrai président, pas comme cette pédale efféminée de Macron! Les laboratoires freinent le développement du vaccin pour couler Trump! Et ce salopard de Macron, hein, il va nous obliger à nous faire vacciner, à bas les vaccins, et à bas les masques! Si seulement on pouvait avoir un vrai chef comme Poutine, lui, ni une ni deux, même pas de tests en laboratoire, hop, il fait vacciner toute sa population sans attendre, ça c’est un homme! A bas les vaccins!
    A bas les masques! Ces salauds du gouvernement, hein, ils veulent nous imposer le masque et le vaccin, et vas-y avec une amende, c’est une atteinte à nos libertés, je ne peux pas respirer, et ça me fait une tête d’islamiste, c’est ça qu’ils veulent, qu’on deviennent tous arabes! Tout ça c’est un complot pour nous imposer encore plus d’immigrants, parce que quand on sera mort à cause du coronavirus que la Chine communiste a produit pour nous détruire avec la complicité des élites cosmopolites, il n’y aura plus de blancs!
    Voilà la vérité, et en plus, on aura été vaccinés avec un vaccin qui contient une puce! Ce vaccin, c’est pour nous décimer! Et pour nous faire peur parce que le corona, c’est un hoax en fait, pas plus grave qu’un rhume, il y a plein de vidéos là dessus sur YouTube, faut se dépêcher de les regarder y vont les censurer, mais faut les voir les crétins avec leurs masques, des moutons! Mais Trump a raison, il fait faire payer la Chine pour nous avoir envoyé ce virus fabriqué en laboratoire pour nous tuer! Et puis de toute façon moi je n’y crois pas, je me masque pas, et je ne me ferai pas baiser par eux, chuipa pas un mouton! Je veux qu’on nous débarrasse de la Chine communiste qui nous a envoyé ce virus pour nous détruire! Tiens, d’ailleurs, j’ai vu une vidéo, si on fait une conversion en nombre de COVID-19, chépu comment, ben on arrive à 666, mais ils veulent pas voir ça, les gens, des moutons!
    Regardez là bas, en Chine, ils exterminent les Ouighours! Il faut aider les Ouighours contre la vérole communiste qui veut nous imposer l’Islam! Je vous le dit, moi! Faut pas faire de cadeau, l’élite globaliste veut nous dominer avec cette histoire de virus qui n’existe pas pour qu’on se convertisse à l’islam. Je le sais, il y a plein de vidéos là dessus, et Poutine il a raison. Lui, il a fait mettre des masques à tout le monde et il fait vacciner tout le monde chez lui, un vrai chef, il protège son peuple du virus fabriqué par les chinois dans un laboratoire contrôlé par les illuminatis pour exterminer la race blanche, pas comme nos pédales satanistes de la « communauté de lumière »  qui veulent nous faire porter le masque et nous faire vacciner de force, pfff, il n’y a même pas de virus, c’est juste un hoax pour cacher les réseaux satanistes pédophiles, le pizzagate, tout ça! C’est comme le SIDA, ça existe pas, ce sont les médicaments qui tuent, putain!

    Il est temps que le peuple se réveille et retrouve la vraie religion de Jésus, la mère nature et l’esprit de la forêt. J’ai fait un tirage et les cartes ont parlé, le masque, c’est la marque de la bête, c’est le retour des Dieu du Valhalla, conduits par Vishnu-Jésus qui viendront restaurer le vrai christianisme dans la sainte alliance des Dieux du Panthéon. D’ailleurs, il suffit de regarder les statues, les saints ne portent pas de masque, c’est un signe.
    Si vous écoutez Gaïa, vous percevrez la vibration du retour de Jésus, d’ailleurs, Donald Trump lui-même en reconnaissant Jérusalem capitale de l’entité sioniste sataniste de la « communauté de lumière » des Illuminatis de Bavières, il le sait que c’est la fin des temps et que nous devons nous préparer au retour du Christ dans la lumière de Thor et Odin et la bénédiction des esprits de la forêt de Brocéliande.
    Il fait la chasse aux sectes pédophiles satanistes qu’il connait bien pour les avoir fréquentées, lui, et il ne porte de pas masque, lui. C’est comme Poutine, il restaure la vraie foi, sous les auspices de Satan et Belzebuth qui sont en fait les forces positives que le faux dieu de qui ont sait a chassé avec l’accord de Enlil avant son départ pour Nibiru, la planète Annunaki. C’est pour cela qu’il porte un masque, Poutine.
    Il faut ouvrir les yeux, mais les gens sont des moutons idiots et totalement abrutis, des veaux à peine bons pour vivre, le cœur totalement fermé à l’amour de leur prochain, c’est pour ça qu’ils acceptent de se faire contrôler, de porter le masque. Qu’ils crèvent! Moi, je ne suis qu’amour!
    Nous, nous avons l’esprit clair, on sait. C’est comme en 40, Pétain avait raison, il faut résister à l’invasion des cosmopolites et restaurer la grandeur de notre civilisation contre le masque et le grand remplacement judéo-maçonnique Illuminati!

    À bas les masques! Résistons au vaccin! On veut un vrai leader comme Poutine qui nous donnera des masques et un vaccin! Résistons au hoax, le coronavirus, c’est qu’un rhume qui tue même pas et que les chinois ont fabriqué dans un laboratoire contrôlé par la religion qu’on sait pour nous tuer tous. Ouvrez les yeux, putain! C’est pourtant super clair!

    Vous pouvez faire un don et acheter des lingots d’or qui financeront la vraie résistance en cliquant sur ce lien.

  • Reset personnel, à Kyôto

    Reset personnel, à Kyôto

    Je vous reviendrai plus tard, ce soir ou demain, je ne sais pas trop encore. Je vais essayer de poster un billet par jour, comme en décembre je l’ai fait, avant le coronavirus, à l’époque où j’ai commencé à prendre l’habitude de me lever vers 6 heures, quand j’ai acheté ma flûte, quand je n’avais pas peur du lendemain comme j’ai pu l’avoir à partir de mars, peur de perdre mon travail, de rentrer en France en catastrophe, ce fichu privilège de tout penser plus vite, cette fichue habitude de dévorer de l’information et de synthétiser au quart de tour en se fichant des commentateurs et des journalistes qui finalement ne font que régurgiter l’air du temps.
    J’ai compris dès ma lecture de cette information Bloomberg alors que j’étais à Kyôto – ce devait être le 30 décembre- qu’une armoire normande nous tombait sur la tête. Je me souviens avoir pensé que beaucoup de chinois venaient au Japon. Je n’ai pas pensé à une pandémie, juste une sorte de sensation, « mince, j’espère qu’il n’y aura pas beaucoup de chinois qui viendront », et puis en même temps, cette information « un nouveau type de pneumonie », je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la première fois où j’ai entendu parler du SIDA, fin 1981, « une nouvelle maladie qui frappe les homosexuels aux USA ».
    Alors, en janvier, j’ai suivi cette actualité, et je suis masqué depuis mi-janvier. D’ailleurs, au sujet du masque, j’ai écrit ce post, sur Facebook
    « Le Gloubiboulga analphabète qui sait tout de tout et qui forme la conspirosphère alimente des crétineries toutes plus idiotes les unes que les autres au sujet du masque et dont le but est extrêmement simple: plus il y aura de morts, plus il y aura de colère, plus il y aura de colère, moins il y aura de confiance en la société, moins il y aura de confiance, plus les aberrations diverses et variées de la conspirosphère imprégneront les esprits.
Ils ont réclamé de la Chloroquine hier, ils critiquent les masques aujourd’hui, ils accuseront les états de génocide demain, ils s’opposeront au vaccin après demain, ils verront la main de groupes occultes partout et rependront leurs vérités délirantes « au nom du bien », « de Jésus » et surtout in fine « de la race blanche » car ça atterrit toujours par là.
C’est étonnant tous ces faux prophètes, tenants de vérités délirantes en ces temps troubles, ils sont le visage du mal au sens spirituel du terme, ils se nourrissent de la souffrance, de la mort, et la vie les a depuis longtemps abandonnés, la lumière a depuis longtemps déserté leurs cœurs, et les tristes foules qui les suivent s’enfouissent l’âme dans leur néant morbide…
Les mascophobes sont le juste produit de notre civilisation qui a fait de l’égoïsme le moteur même de son développement. Chfêskeujveucomjeuveu.
    Il faut beaucoup d’amour pour son prochain pour porter un masque malgré la chaleur de l’été. Il faut beaucoup d’amour pour éviter que les anciens ne meurent après avoir souffert le martyr dans un hôpital après avoir été coupés des leurs. »
    Je suis masqué, je le suis sans même qu’on me le demande car c’est comme cela qu’on fait pour se protéger et protéger l’autre de la grippe, chaque année. Ici, la grippe est une maladie presque honteuse, l’attraper, cela veut dire qu’on n’a pas fait attention, c’est un peu comme ne pas se laver les mains avant de manger ou après être allé au toilettes, c’est un peu comme garder ses chaussures à la maison ou ne pas prendre un bain avant de dormir et garder sa transpiration de la journée sur soi toute la nuit…
    Mai a été redoutable, vraiment, une boule au ventre car je n’étais plus sûr de la solidité de mon école. Je ne le suis toujours pas beaucoup, mais c’est désormais totalement digéré.
    Et me voilà à Kyôto, le coeur et l’esprit absolument tranquilles, d’ores et déjà reposés. Je vais juste remettre tout à zéro, tenter de perdre ces 9 kilos que j’ai pris depuis mars, retrouver l’énergie que j’ai laisser au fond de mon ventre, entassée quelque part où elle s’est nouée pour n’être plus qu’un poids lourd, mort, quel dommage. J’essaierai de revenir à Tôkyô prêt à me lever de nouveau à 6 heures, quoi qu’il arrive, et j’écris bien quoi qu’il arrive car j’ai compris que beaucoup risque désormais de nous arriver. Ce n’est pas grave, c’est la vie. Et raison de plus de faire ce que j’ai à faire.
    Alors, cette semaine, je vais essayer de vous partager mes promenades en photographies et peut-être même en vidéos. Vous le méritez bien. Promettez-moi juste en échange de vous masquer pour protéger les autres, de faire attention à vous. Car il n’y aura finalement que nous pour prendre soin de nous.

  • Quelques échanges FB de la semaine

    Quelques échanges FB de la semaine

    Le Japon refuse le retour des résidents étrangers
    Le Japon refuse à TOUS les étrangers, même icels étant mariés et résidents, payant leurs impôts, de rentrer au Japon. Des dizaines de milliers d’étrangers sont bloqués et ne peuvent retrouver leur vie ici « pour prévenir l’infection ». Cela n’empêche pas les japonais de rentrer au Japon et depuis le 1er juillet de retourner voyager en Europe. De plus, le Japon ne testant quasiment pas, les chiffres d’infection au Japon sont sujets à caution.
    L’Allemagne a décidé d’interdire l’entrée ainsi que tout transit aux japonais par mesure de réciprocité. Bien fait, prend toi ça dans la tronche, et bravo!
    Article japonais

    China is back…
    Et soudain, émergeant des ruines d’une Amérique arrogante sur le déclin et gouvernée par un malade paranoïaque utilisant les ressorts les plus glauques dans la population, la Chine entre dans ses “années 20” avec une bourse conquérante appuyée par un appareil de production et des budgets de recherche/innovation incomparables.
    Quand ça se cassera la gueule, par contre…
    Article sur Bloomberg

    Contamination full swing au Japon
    Il y a un mois, la bande de crétins arrogants analphabètes nationalistes milliardaires qui gouvernent le Japon envoyaient l’artillerie lourde en cash et en Relations Publiques pour convaincre le monde qu’il y avait un modèle japonais fait de supériorité culturelle, de cohésion sociale exceptionnelle liée à l’homogénéité de la population, d’un système de traçage des « clusters » supérieur à tout ce qui se fait ailleurs, d’une immunité naturelle inhérente à la population japonaise et à un système de santé bien meilleur qu’ailleurs parce que bon, le Japon quoi!, tout un tas de bullshit xénophobe et débile pour dire au monde que le Japon faisait mieux que les autres, sans tester.
    Après avoir injecté 40% du PNB pour soit disant relancer l’économie en saupoudrant généreusement les copains du NIKKEI 225 tout en garantissant au Japon la première place mondiale en terme de dette publique avec une dette qui doit désormais avoisiner les 300%, le Japon, protégé par ce modèle promu aux quatre coins du monde à l’aide d’articles visiblement « inspirés », s’est empressé de rouvrir son économie à toute berzingue. Sans tester bien sûr.
    Alors les contaminations ont commencé à repartir. En s’appuyant sur un consensus social totalitaire qui réside dans le doigt qu’on pointe sur des boucs émissaires, ils se sont mis à désigner « le monde de la nuit », les putes et les oiseaux de nuit. Eh oui, dans ce pays, on est coupable de tomber malade, les gens bien ne tombent pas malade, c’est pour ça que les gens bien ont fait pression en masse pour faire virer les enfants des infirmières, les faire virer de chez elle dans l’indifférence des pouvoirs publics. Alors on nous a parlé du « monde de la nuit », des entraîneurs et entraîneuses de bars, de ces endroits où cette bande de ploucs qui gouvernent vont dépenser l’argent qu’ils détournent avant de s’excuser, 大変申し訳ございません, putain ça jette dans les médias occidentaux, les japonais y plaisantent pas! Bon d’accord, après les excuses, ils reprennent leur business mais c’est pas grave ils ont sauvé l’apparence. Et ça, les pauvres filles et les pauvres gars exploités dans les bordels tenus par leurs copains qui financent leurs campagnes électorales, c’est un truc qu’iels peuvent pas faire, sauver les apparences. On nous a exhibé Shinjuku, antre de l’enfer covidien…
    C’est sous contrôle est devenu le mantra, ce virus ne touche que les dépravés. L’autre connasse du Koike avec sa tronche de grosse bourge de droite photoshopée au point de ressembler à un dessin destiné à vanter l’efficacité des dragées Fuka© invente le fil à couper le beurre dans des conférences de presse du genre « faites attention », « ne vous contaminez pas », respectez « les 3 C », etc
    Problème. Un virus ne résiste pas à la propagande. Aujourd’hui, Tokyo enregistre le plus fort nombre de contaminations. 224 personnes. Avec seulement 2000 tests. Imaginez s’il y en avait 50.000! On double tous les 6 jours.
    J’habite au pays gouverné par les pieds niquelés.
    (rajout, hier, 243 pour 3000 tests…)

    Commentaire au sujet de la crise économique en cours…
    (…) En fait ça va être moins pire que ce que tu dis, beaucoup moins pire. Parce qu’il y a la Chine et que la Chine amorce un cycle économique. Ils compenseront la chute de demande mondiale par de la distribution de revenus dedans. Et ils se feront gentils tout plein pour aider nos exportations. La Chine a toujours été comme ça: indispensable. Le centre de tout.
    L’Amérique, gouvernée par son pervers narcissique capricieux et paranoïaque, va elle se prendre l’épidémie en plein dans la gueule pour solde de tout compte de quarante ans de dérégulation, de mort clinique de l’état et d’égoïsme social généralisé dont ces beaufs blancs fiers de ne pas porter le masque et débilisés par une culture dominante raciste et égoïste sont le reflet le plus glauque pendant que Biden et le Parti Démocrate offriront le visage du Titanic que sont devenues ces élites dans un pays qui a transformé un simple déclin transitoire depuis 50 ans en des abysses sans fond d’où surnagent quelques milliardaires corrupteurs abritant la classe moyenne éduquée, nourrie aux baisses d’impôts mais désormais paniquée par ce qui vient.
    Seule bouée de sauvetage pour une Amérique à la dérive, sa population noire dont la revendication peut éventuellement permettre de recréer et un état, et un projet. Mais les petits blancs, la haine aiguisée par les frères Koch, Donald Trump et Fox News préfèreront crever…
    C’est son pragmatisme qui va sauver l’Europe, pour un temps du moins, parce que les perspectives sont sombres et il faudra accepter de regarder vers le continent, vers la Russie, et accepter l’hegemon chinois, et c’est pas gagné.
    La grande catastrophe que tu décris, ce sera après.
    Les mêmes qui prédisent une catastrophe sont les mêmes qui disaient il y a 6 mois que tout irait bien. On devra en revanche, oui, encaisser un million de chômeurs et une précarité pour deux à trois millions en plus, oui. Mais rien de bien neuf pour le capitalisme. Ça fait beaucoup de monde qui va morfler.
    Tout ce discours sur « la grosse crise qui vient », c’est La stratégie du choc, c’est fait pour que les gens acceptent plus de précarité, travaillent plus pour moins, et pouvoir dire dans un an que « grâce à notre politique, on s’en est bien sorti », pile synchro pour la présidentielle.

    Chine encore, et racisme anti-chinois
    Je n’ai aucune sympathie pour le régime chinois. Aucune.
    Mais le racisme anti-chinois qui commence à se développer à plein régime, avec des tonnes de bêtises, de préjugés racistes, de bruits de fosses sceptiques, désolé, c’est non.
    Cette soudaine solidarité pour les ouïgours de la part de ceux qui n’ont rien à faire des yéménites, cette soudaine peur envers l’espionnage chinois de la part de ceux qui laissent enfermer Chelsea Manning et Julian Assange pour avoir révélé l’espionnage de masse de la NSA, cette soudaine solidarité avec Hong-Kong de la part de ceux qui se fichent du grignotage continu des terres palestiniennes, cette soudaine compassion pour les marchés d’animaux chinois de la part de ceux qui ont laisser décimer les faunes africaines avec des safaris vendus à tour de bras par leurs tours operators, ces cris d’orfraie envers les désastres écologiques en Chine qui laissent Trumps, Bolsonaro et leurs amis capitalistes ravager l’Amazonie et des terres protégées, cette soudaine solidarité envers les noirs discriminés en Chine de la part de ceux qui… m’ouais, hein…
    Oui, le régime chinois est abominable. Mais il y a juste qu’il est avant tout un régime qui a bien appris de nous après que ce pays multimillénaire a été colonisé, livré à l’opium et la prostitution, démantelé…
    Qu’on ne compte pas sur moi pour me joindre au concert anti-chinois.
    La Chine doit être critiquée, remise à sa place, les Ouïgours protégés et Taïwan reconnu comme un état souverain.
    Mais la Chine doit également être respectée, et à travers elle, c’est l’Asie qui doit toute entière être respectée, car ce que j’entends de critiques vis à vis de la Chine n’est que régurgit de racisme anti-asiatique et de préjugés vulgaires.

  • Welcome back

    Un grand soleil, des températures agréables, une belle journée pour recommencer à écrire dans ce site après avoir changé son apparence. Il y aura d’autres changements mais globalement vous en avez la nouvelle mouture.
    J’aimais beaucoup le précédent template, mais après plusieurs années, je le trouvais daté, et trop et pas assez complexe à la fois. J’ai donc opté pour une sorte de retour esthétique aux sources du blog et en même temps pour une certaine sophistication. Il y a moins d’options de mises en page, mais j’aime résolument le côté fonctionnel de ce nouveau design, « blog », la possibilité de retrouver une présentation directe vers les billets tout en offrant une présentation extrêmement lisible, « magazine », au vrai sens du terme, extrêmement claire, ce qui constitue un atout réel pour les « pages ».
    J’ai opté pour le noir et blanc.
    Vous me direz, cela n’a rien de nouveau, mais en cette année d’entrée dans une crise économique partie pour s’enraciner malgré une vive reprise prévisible, je vois enfin le moment bascule de la culture, le moment où tout va changer dans la culture, dans l’esthétique, dans les désirs. Ce confinement aura été l’équivalent du « choc pétrolier ».

    En 1974, on savait que quelque chose venait de se passer, mais d’abord, dans un premier temps, on a voulu reprendre la vie d’avant et ce n’est que vers 1976 que l’esthétique a commencé à changer et qu’enfin les années 80 ont pointé le bout de leur nez, avant que la « grande glaciation » des années 1979-1982, avec l’envolée du chômage dans des proportions inconnues depuis la seconde guerre mondiale, avec le début des politiques monétaristes et néo-libérales de marché en Grande-Bretagne d’abord puis aux USA et la profonde récession elle aussi inédite depuis les années 30 ne viennent définitivement créer une rupture et rendre les années 70 inintelligibles, ringardes, des espèces de dinosaures incompréhensibles, une décennie moche, vieille, lente et avachie.
    Ainsi à partir de 1976, il y a eu comme une énergie nouvelle, que ce soit avec la disco ou avec le punk puis la new-wave, avec l’émergence de la post-modernité dans des champs aussi variés que la peinture, l’architecture ou la littérature et le design, et c’est ainsi toute la culture de l’occident, et pour commencer la culture européenne du sud, Italie, France, Espagne, qui a été saisie d’une envie et d’un frisson de neuf.

    Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est juste que touchait à sa fin le cadre idéologique et esthétique de la longue période qui avait commencé en Suède en 1932 avec la victoire du Parti Social-Démocrate et sa toute première expérimentation d’une politique d’intervention publique keynésienne, avait été suivie par la victoire de Franklin Roosevelt aux USA et le New Deal à partir de 1933, et avec enfin à partir de 1945 la généralisation des politique de redistribution, d’impôts progressifs, de contrôle des capitaux et d’état providence, des politiques et une société contestées dès les années 60 par une génération du baby boom qui en avait bénéficié plein pot et qui se trouvait désormais avide de reconnaissance individuelle, avant qu’elles ne se trouvent fragilisées par la crise du capitalisme puis la fin du système de Bretton Wood et le développement concomitant de l’inflation et du chômage après trente années de stabilité.
    Le choc pétrolier n’a pas été la cause, mais le révélateur d’une crise profonde et le travail des monétaristes et des néolibéraux a précisément été à partir de 1979 de comprendre ces changements économiques et culturels profonds pour pouvoir surfer ainsi sur ce besoin d’individualisme exprimé par la génération des boomers revenant de leurs expérimentations baba-cool et du gauchisme en leur offrant un bonheur individualisé fait de baisses d’impôts, de boursicotage, de frénésie d’investissement immobilier et de « réussite sociale » qui donneraient aux années 80 leur allure d’années fric.

    Mais en réalité, la transformation culturelle a été bien plus profonde, elle a touché jusqu’à l’image du corps, avec le triomphe de la gym, puis des produits light, puis des corrections plastiques (lèvres, poitrine), puis la consommation de stupéfiants de façon presque banale dans des segments jusqu’alors écartés des addictions comme la crise des opiacés aux USA le montre très bien.
    La transformation a également été le théâtre d’une reconfiguration du capitalisme à l’échelle du monde, d’abord pour les capitaux dès les années 70/80 avec l’apparition des crédits dérivés, puis avec la dérégulation de l’investissement et du commerce mondial, et enfin avec cette incroyable bulle du tourisme planétaire qui a également donné naissance à son excroissance hôtelière, transformant des centres villes en villes musées d’où les habitants ont progressivement été chassés et où s’affirmerait le triomphe de cette esthétique égotiste faite d’« Instamake », de « selfies » prises là où des millions d’autres en ont pris d’identiques et immédiatement partagées sur des réseaux sociaux brassant le vide de sens de la vie d’individus isolés n’exprimant leur bonheur que dans des choses et des comportements conformes.
    Même la pensée y a eu droit avec les Ted Talks, ce stand up du bavardage où l’élocution, les gestes et même le vocabulaire sont clonés et formatés à l’envie pour raconter le triomphe de la volonté individuelle sur toutes les contraintes, exprimer la nécessité « d’être soi », d’oser être « ce que l’on est vraiment » dans un brassage parfois aussi indigeste que sirupeux de réussites ou d’indignations destinées à finir partagées sur les réseaux sociaux entre deux chats et un gif « trop drôle » de telle ou tel le personnalité politique.
    Quand au corps, une simple comparaison avec les années 70, des années réputées « permissives » mais finalement habillées de vêtements enveloppants et rigides, l’esthétique de cette véritable transformation culturelle l’a déshabillé, exhibé, « libéré » tout en le rendant encore plus dépendant de contraintes de poids, de morphologie – la liposuccion de la taille et sa réinjection dans les fesses et la poitrine fournissant à cet égard l’un des caractères les plus pathétiques.

    Nos « penseurs » ont vanté de leur côté la victoire de la société post-industrielle, mais force est de constater que jamais l’homo-économicus occidental n’avait dans son histoire été entouré d’autant de choses renouvelées à une vitesse exponentielle, faisant de nos sociétés des sociétés hyper-industrielles mais à la production invisibilisée car délocalisée et nourrissant ainsi la généralisation du mode de production capitaliste, son mode de consommation ainsi que son esthétique nouveau-riche jusqu’aux confins de l’Asie, et de l’Afrique…
    La classe moyenne, elle, désormais rassasiée d’hédonisme, peut enfin donner désormais dans la conscience. Elle se rassasie dans l’écologie, elle rêve d’un Green New Deal qui lui permettrait de consommer, vivre « éthique » et « responsable » sans que cela ne vienne bouleverser les habitudes consuméristes acquises au cours de 40 dernières années.
    Elle veut « corriger les excès », « les inégalités » « criantes », mais fait la moue quand toutes celles et tous ceux que le modèle néolibéral a mis en rade redressent la tête, – des « populistes », qu’elle dit.

    Jamais dans les années 60, dans leurs rêves les plus fous, les néolibéraux qui se voyaient alors comme une tribu assiégée en voie de disparition et terrassée par le triomphe du consensus keynésien, n’avaient espéré un tel spectacle, celui d’un monde dominé par leur triomphe, cette pensée égotiste, narcissique et égoïste où la seule alternative se réduirait finalement à savoir le montant des aides « aux plus démunis ». La tribu néolibérale, les Hayek et les Friedman, a triomphé il y a quarante ans, elle n’est plus tribu, elle domine. Nous sommes dans leur monde et tout le monde pense comme eux.
    La tribu assiégée, isolée, elle est du côté du socialisme, du communisme et des idéologies d’émancipation, de nos jours.

    Dans leur victoire, les néolibéraux néolibéraux ont commencé à discuter, s’opposer, et ils sont désormais scindés en deux groupes principaux, un peu comme les keynésiens l’étaient dans les années 60, au sommet de leur triomphe, quand ils se querellaient, entre ceux qui voyaient dans le Keynesianisme un outil pour aller vers un socialisme démocratique (le projet Meidner) et ceux qui commençaient à en envisager les limites, préfiguration lointaine de la « troisième voie » blairiste, avec au milieu les tenants d’un keynésianisme renouvelé qui donnerait naissance à l’école de la régulation (DSK…) avant de terminer sa course dans la troisième voie.

    Un premier groupe est composé d’une sorte de magma libre-échangiste et néothatcherien, plus ou moins héritier de la troisième voie blairiste, se réclamant du « progressisme », plus ou moins pro-européen et gay friendly voire même des fois « antiraciste ». Il couvre en France un large spectre politique qui va des Républicains au Parti Socialiste, et Emmanuel Macron en est certainement la figure politique la plus aboutie, celui qui incarne le mieux ce fantasme lepeniste réalisé, l’UMPS.
    L’autre groupe a réalisé sa mue ultra-liberale, parfois autoritaire et toujours anti-libre-échangiste. Il s’agit d’un néolibéralisme plus ou moins libertarien, très souvent réactionnaire au vrai sens du mot, viriliste souvent, opposé à toute intervention de l’état et anti-fiscal. C’est Éric Zemmour, Elisabeth Levy, Marion Maréchal Le Pen ainsi que les stars du net et de TVLiberté, Charles Gave, Olivier Delamarche ou Agnès Verdier-Molinié.
    Ces deux groupes, à bien y regarder, portent sur le monde un même regard mais sous un angle différent. Ils sont la droite recomposée, décomplexée. Leur grand point commun est une acceptation sans condition du capitalisme et du status quo de domination impérialiste.
    Quand la crise va pointer son vrai visage, c’est la variante ultra-libérale et autoritaire assumée, nationaliste, qui a le plus de chances de fournir l’un des cadres idéologiques alternatifs au consensus incarné par Emmanuel Macron.

    Bon, fin d’aparté. Je venais sur ce sujet car en réalité le néolibéralisme est aujourd’hui en crise, son ciment idéologique vole en éclat sous le double poids de sa victoire et de ses effets. La réalité de cette crise, c’est que comme en 1974, tout ce qui aura été détruit ne sera pas reconstitué. Ainsi, le tourisme ne remontera jamais à avant.
    Toute l’économie internet de pacotille va également rentrer en crise, les Instagram, les Facebook, YouTube et autres TikTok, car il y en a trop et qu’ils ne rapportent rien. Or, nous sommes en train de nous diriger vers une crise monétaire qui commencera vraisemblablement par un choc inflationniste plaçant les banques centrales devant un cruel dilemme: augmenter les taux et déclencher une récession qui fera s’écrouler le système financier, ou voir la valeur de leur monnaie s’effondrer et livrée à la spéculation et donc être forcées de monter les taux d’intérêt voire même les conduire à leur propre faillite.
    Non? Le Japon, endetté à 250%, vient de lancer un plan de relance équivalent à 20% de son PIB, et il en prépare un deuxième du même ordre.
    Non? Les banques centrales ont désormais entre 5 et 8 trillions de dollars d’actifs à la valeur aléatoire et rachetés pour fournir des liquidités aux banques. C’est la raison pour laquelle les bourses ne se sont pas écroulées: il y a une avalanche d’argent dans le système. C’est d’ailleurs pour cela que certains économistes commencent à craindre une crise monétaire et un choc inflationniste. Car problème est que ce qui garantit la valeur de la monnaie est très, très douteux. Il y a 100 ans, c’était de l’or. Maintenant, ce sont des dettes…

    Alors oui, nous entrons dans une sorte de période intermédiaire économiquement, après un choc psychologique dont nous ne parvenons pas encore à percevoir la portée, comme pour toutes les vraies ruptures.
    Et puis, un peu comme dans les années 1910, il y a des velléités de guerre, l’ambiance se fait anti-chinoise. C’est dur, pour une grande puissance, malgré la présence de ses troupes aux quatre coins du monde, malgré un budget de l’armement qui dépasse le budget de toutes les autres puissances réunies, de se sentir dépassée, surtout quand c’est par un pays que l’on regardait avec condescendance il n’y a pas trente ans.

    Dans le moins mauvais cas, si nous parvenons à éviter une guerre qui, cette fois-ci, pourrait très bien être nucléaire non pas par volonté, mais par un simple enchainement de causes et de conséquences, exactement comme ce fut le cas en 1914, dans le moins mauvais cas, donc, nous nous acheminons vers une reprise économique un peu comme en 1975, vive mais déséquilibrée. Et puis, il se passera un quelconque évènement qui verra le château de carte faire badaboum.

    Ainsi, le contexte est définitivement très différent de 2007/2009: les pays émergents avaient alors permis d’amortir le choc, et le quantitative leasing (ces politiques des banques centrales) n’en était encore qu’à ses débuts. Pour sauver les banques, on comptait encore en centaines de millions. Désormais, on parle en trillions. On ne plaisante plus.

    De cette phase intermédiaire, il est impossible de deviner ni les contours politiques, esthétiques, littéraires ou artistiques, mais ce que nous venons de vivre, comparable à la première guerre mondiale par la brutalités des effets à venir, par une morbidité jusqu’au coeur des économies monde du nord, par le doute de plus en plus prononcé de cette croyance illusoire en un « progrès » qui nous fait encore nous rattacher à « un vaccin d’ici 6 mois », cachées derrière une normalité de façade s’annoncent des transformations profondes qui s’installeront quand le système financier, maintenu à bout de bras par une dette abyssale et une émission monétaire inédite s’effondrera en un 1929 planétaire …

    Alors à partir de maintenant et jusqu’à ce que la finance rende l’âme, l’expérimentation va réémerger. Des fractures ont d’ores et déjà pris place.
    Les boomers ont basculé sans s’en rendre compte dans la catégorie des personnes âgées « à risque ». Imaginez, la génération pour qui le concept même de jeunesse a été inventé, la génération qui a défini le cool, le jeune, le sympa, aujourd’hui obligée de se planquer comme des petits vieux à l’hospice. Le choc symbolique est rude.
    Tous ces boomers, objets de moquerie il y a encore peu de temps, et désormais vieillards à part entière, c’est une rupture importante car elle va permettre à la jeune génération de s’émanciper politiquement, esthétiquement et culturellement des modèles antérieurs, et c’est bien. Les boomers n’avaient-ils pas marqué leur époque en parvenant à bousculer les générations précédentes. Alors, place aux jeunes!
    Une autre rupture, beaucoup plus commentée, est le décollage du travail à distance. C’est un changement qui doit être pensé, car des perspectives émancipatrices majeures s’esquissent à travers la déconnexion entre le lieu de travail et l’entreprise.
    Esthétiquement, la distanciation sociale, partie pour durer, va de son côté être l’occasion d’expérimentations esthétiques dans le domaine du net absolument fascinantes, avec l’émergence de nouveaux métiers, mais également une égalisation des conditions entre journalistes et « amateurs »: depuis deux mois, ils nous laissent entrevoir une grande similitude en matière d’étagère et d’absence de maquillage.
    La crise, en limitant encore un peu plus les revenus chez les plus jeunes va être encore plus généraliser la débrouille.
    Les idéologies vont recommencer à remuer, à se bousculer. Il est clair que la droite, en France, c’est tout ce qui va des Républicains au Parti Socialiste et que les espèces de tentatives de « fédération de la gauche » sont des scories toutes droit sorties du passé. On ne fait pas du neuf avec du vieux, surtout quand ces vieux ont échoué, et encore plus quand il s’agit d’une nouvelle époque.
    Bref, il ne reste plus que la droite, dans toutes ses variantes.

    J’ai voulu signifier un peu tout ça, mon humeur de l’époque après avoir digéré de l’information financière en flot continu depuis deux mois. Ce que j’écris, mes conclusions, elle sont les miennes, je ne les ai lues nulle part, parfois un peu ici ou un peu là. J’ai remis mes cycles en ligne car je n’y changerais pas une ligne sur ce que j’écrivais sur les années récentes et l’horizon à trois quatre ans.
    Ce que j’aime dans le moment que nous traversons, c’est le sentiment d’une histoire en pleine action. Certes, je peux moi même en être victime, et j’ai vraiment eu peur de perdre mon travail par exemple, et je ne serais pas épargné demain par une guerre, nucléaire particulièrement. Mais à regarder comme un objet, atteindre cette distance entre le moment et moi-même est quelque chose que je parviens à faire, que j’aime faire et que je trouve passionnant.

    J’ai le sentiment assez étrange que c’est désormais mon temps qui s’ouvre, qu’il est à l’image de cet article, brouillon, décousu, un mélange de trucs mais aussi que tout y est à sa place car dans les années qui viennent, plus que l’écologie, c’est l’économie qui va être la clé de tout, car c’est l’économie prédatrice, inégalitaire et profondément immorale qui nous a fait ce que nous sommes dans les pays du nord, des individus isolés, narcissiques pour un grand nombre, de plus en plus fragilisés pour pas mal, mais tous unis par le désir de ne pas sacrifier une once du peu de confort que nous avons. Et à travers la crise du capitalisme qui ne fait que commencer depuis deux ou trois ans, c’est également notre civilisation qui s’apprête à traverser sa plus grosse crise car ce sera alors une crise écologique, sociale, technologique, morale.

    En ce sens, notre culture va progressivement épouser les contours de cette crise. Nous ne sommes plus dans le monde d’avant. Nous sommes désormais un pied dans le monde de pendant. L’art, la musique, l’écriture et la politique sont désormais et la matière première et le terrain d’expérimentation, un incroyable champs de bataille dans lequel, éventuellement, nous inventerons ce qui suivra.
    Et où beaucoup, déjà, est esquissé…
    J’ai donc décidé d’incarner tout cela par le retour à la forme banale du blog tout en le faisant dans un site soigné, sophistiqué, beau et simple. Un vrai plaisir. Pour vous comme pour moi.
    En attendant des jours meilleurs, bienvenu dans mon blog d’après.

    (billet écrit rapidement, sans relire, juste pour goûter de nouveau le plaisir du blog, du billet instantané)

  • Covid-19 en décembre en France: 5 mai

    Le premier malade du Covid-19 désormais recensé en France est un homme qui s’est présenté à l’hôpital le 27 décembre 2019 pour une infection respiratoire. Les échantillons des prélèvements ont été testés récemment et font de lui le premier malade connu. Le souche du virus n’est pas italienne.
    On commence à avoir de plus en plus de preuves que le virus circulait déjà en décembre en Europe.
  • Le pétrole ne vaut plus rien: 21 avril

    Désolé de vous déranger avec un sujet pas à la mode, genre « demain nous inventerons un nouveau monde » ou « Macron il est méchant ».
    Le prix du pétrole a plongé sous zéro, en territoire négatif pour la première fois de l’histoire. Désormais, le vendeur doit payer pour vendre car il y a beaucoup trop de pétrole et plus de place pour le stocker. Désormais, on ne parle plus de récession mais de dépression économique car cet effondrement inédit annonce des chutes de prix équivalentes sur de nombreuses autres matières premières, et allant avec les faillites en chaîne des activités liées.
    Autre mauvaise nouvelle, c’est que les capacités de stockage sont dépassées et qu’il ne faut pas qu’il y ait de typhon/tempête en mer où des dizaines de milliers de tankers en route pour nulle part risqueraient de déclencher une catastrophe majeure.
    Et puis encore, côté mauvaise nouvelle, ce sont les états producteurs qui désormais n’ont plus de revenus du tout et dont la dette ou les capacités d’endettement sont désormais totalement nulles. Parallèlement, tous les contrats liés au dollar sont désormais des contrats pourris. Bon, il y en a qui vont se faire un plaisir de les racheter pour des cacahuètes mais pour les détenteurs, c’est la faillite.
    Cette spirale chute des prix (sous zéro)/ faillite va fragiliser les banques et les états et risque de conduire à une vraie explosion du chômage. Bref, pour ceux qui font des boulots d’intello mais qui se plaignaient de l’explosion du temps de travail à 60 heures, rassurez-vous , les travailleurs qui ont un vrai travail de production iront à Pôle Emploi bien avant de dépasser les 35 heures.
    Les bourses vont certainement amorcer un nouveau round de baisse. Il va falloir observer le prix du dollar dont la valeur est collée au prix du pétrole. Une chute du prix du dollar accélèrerait les pressions déflationnistes et surtout à des ventes de bons du trésor américain qui désormais se dévaloriseraient de fait, entraînant à terme des crises de liquidités mondiales et donc accéléreraient la spirale déflationniste.
    Le risque de guerre mondiale, nucléaire, bactériologique, ultra-sonique, spatiale, avec des drones, des coupures du net et des hackers est certainement à son plus haut niveau depuis les années 30 car les USA veulent faire payer la Chine (ils ont oublié parce que personne ne leur a dit que 2007/08, c’était eux, mais bon…)
    La bonne nouvelle, c’est que les riches et activistes qui ont le cœur écolo peuvent désormais acheter pour une bouchée de pain les terres destinées à la production de gaz ou pétrole non conventionnels et empêcher dans le futur qu’on recommence les forages.
    En fait, j’ai toujours pensé que la politique d’un pays s’incarnait assez bien dans un jeu de ce pays. Trump est un joueur de poker comme quasiment tous les présidents américains, doublé d’un joueur de catch, un jeu de combat truqué mimé. Poutine est un joueur d’échec (et un ancien du KGB, ça renforce).
    Poutine a forcé à une guerre du pétrole avec l’Arabie Saoudite, MBS pensait être prêt à la faire mais en réalité c’était Poutine qui était le plus prêt, il avait déjà adapté son économie à un pétrole à prix réduit depuis la crise monétaire il y a 5 ou 6 ans. Le problème, c’est que MBS avait oublié l’allié American.
    L’allié American, lui, il aimait bien Poutine. Trump à quelque chose pour Poutine qui est irrationnel quand on il pense, un truc qui tient à la connerie crasse des néoconservateurs. Ils aiment le conservatisme de Poutine, alors que Poutine se fiche d’eux, lui, il aime la Russie.
    Alors, après avoir essayé de trouver un accord de production (il y a une semaine), badaboum, le monde à l’arrêt n’a pas besoin de pétrole et les futurs s’effondrent (inaugurant une baisse durable du prix du pétrole autours de 10 dollars jusque là fin de l’année au minimum). Et que fait Trump, en bon joueur de poker, il décide de taxer le pétrole saoudien.
    Bon, alors que va-t-il se passer maintenant? L’alliance tacite entre les US et l’Arabie va encore un peu plus se déliter, MBS va être encore plus isolé. Qui gagne?
    Poutine est un des rares génies de notre époque. Il est détestable politiquement à bien des égards mais il est un des rares qui sait exactement ce qu’il fait, à savoir redonner des marges de manœuvres à la Russie en jouant les divisions d’un monde libre prospère qui en réalité n’était ni si libre ni si prospère et bien moins unifié qu’il se pensait.
    D’ici à ce qu’une révolution de palais en Saoudie amène une branche princière favorable à un rapprochement avec l’Iran pour tenter de retrouver une certaine influence sur la région, rapprochement qui ne déplairait pas tant que ça aux UAE dont les perspectives se sont considérablement assombries, et alors les US perdraient tout le Proche-Orient. Intéressant de voir que Poutine, qui envisageait de se retirer de la présidence, a décidé de rester encore un peu.
    Côté Chine, c’est le même scénario. Les Occidentaux ne connaissent pas la Chine, sa culture, qui est une culture de la patience et non de la confrontation. La Chine absorbe les chocs. La tentation occidentale est maintenant de mettre un frein à la puissance chinoise, en oubliant que la Chine n’a plus besoin de l’Occident. C’est l’occident qui a besoin de l’épargne chinoise, de ses usines, et que la relocalisation, si elle est souhaitable écologiquement et économiquement, si elle est entreprise uniquement que comme rétorsion, est un gag. En fait, nos multinationales se relocaliseront non pas en France, mais en Roumanie, en Grèce ou au Sénégal et au Vietnam! Et la Chine, elle, continuera son chemin. Elle a les chercheurs, les capitaux. Et Poutine sera bien moins regardant avec la Chine car il a besoin de sa technologie. Et l’Arabie Saoudite sera heureuse d’y écouler son pétrole.
    Ce qui est très intéressant, c’est que nous sommes en train d’assister au scénario cauchemardesque de la CIA…
    Dans le livre The Next Hundred Years, publié en 2009, Georges Friedman expliquait exactement ce scénario. Un bouquin publié il y a plus de 10 ans et passionnant à lire. Obama, avec sa diplomatie « prudente » a tenté d’éviter les danger. Clinton, elle, était beaucoup plus conservatrice et va-t-en guerre. Trump, lui, est tombé en plein dedans. Il croit être à la tête d’un pays fort!

    L’article Bloomberg