(suite…)La musique commence un peu comme un de ces « génériques » du Commercial album des Residents. Et puis une séquence, une autre séquence et la boîte à rythmes. De la pré-techno de 1983.
Étiquette : musique
Des 20’S aux 80’S: Sleepers in Metropolis (1983)
Violet Chachki est LA femme
(suite…)Violet est LA femme, plus qu’un long discours elle justifie le pluriel quand on parle de la lutte politique DES femmes.
Renaissance: mon été Beyoncé
(suite…)… un album pop incroyable, riche, drôle parfois, rugueux des fois, jouissif souvent, extatique, proche de l’orgasme. Un grand album à un moment clé qu’elle a définitivement su capter.
Françoise Hardy – Stop, au revoir, ou le moelleux de l’année 73
(suite…)Une basse qui fleure bon les pantalons pattes d’éléphants en Tergal à taille haute. Des cordes qui sentent bon les Velisy 2, Créteil Soleil, Bobigny 2 et autres Rosny 2.
Merci, Anne Sylvestre
Salut très cher,
J’ai la douleur de t’annoncer le décès d’Anne Sylvestre
Je pense à toi
Bises
AlainC’est Alain qui m’a envoyé un court message, juste quelques mots. Ben oui, moi, le décès d’Anne Sylvestre, ça me touche, il le sait bien, Alain.
C’est rare quand le décès d’un artiste me touche, très rare. Bien sûr, quand c’est un artiste que j’ai apprécié, ça me fait un truc, mais c’est très rare quand la disparition me touche personnellement.
Je me revois il y a environ 25 ans sous le ciel gris d’un petit cimetière, on n’est pas nombreux mais nous sommes venus parce que c’était important, et en tout cas ça l’était pour moi. On n’était pas nombreux à l’enterrement de La Dame en noir dans ce petit cimetière sous un ciel gris de novembre. Barbara était partie, et nous étions orphelins de sa voix, de sa présence et de ses mots qu’elle assemblait pour nous remuer en dedans comme on racle la vase et faire éclore les nénuphars multicolores. Elle était à peine partie qu’elle nous manquait déjà et nous ne savions plus trop quoi faire de ses mots trop forts, trop lourds pour la petite foule d’amoureux orphelins et veufs à la fois. Nous savions que c’était cuit, qu’elle ne reviendrait plus et qu’elle n’était pas partie cueillir les première fraises des bois, c’était novembre et ce n’était pas une chanson pour une absente, nous étions venus au rendez-vous, et puis voilà, hop la…Anne Sylvestre m’a suivi depuis l’enfance. Nous habitions dans le sombre et minuscule appartement derrière l’épicerie sombre que papa avait prise et où maman déprimait en entassant les factures et les dettes de ce commerce qui très rapidement avait du affronter la concurrence des Carrefours et autres Franprix. L’appartement était en dessous du niveau de la cour et jamais la lumière n’y entrait, privilège accordé à l’humidité qui, elle, ne se gênait pas. Deux pièces, une cuisine. Ni WC ni salle-de-bains, une épicerie à l’ancienne barrée d’un grand comptoir en bois avec la balance, le tranchoir et la caisse, pas de libre-service, le client devait demander ce qu’il voulait, de longues étagères avec plein de conserves et au bout, une trappe avec une cave où étaient stockées d’autres conserves et les bouteilles de vin. Une épicerie à l’ancienne, quoi, où pendant cinq ans mes parents s’étaient amusés à perdre de l’argent…
J’ai mis des années en psychothérapie à m’extirper de cette grisaille inscrite au fond de moi. L’appartement était gris, sombre, triste, et la situation de mes parents ne valait pas mieux. Papa avait repris un travail destiné à éponger les dettes pendant que maman s’occupait seul du commerce transformé en blanchisserie, et pendant ses vacances d’été, il faisait de l’intérim pour éponger les dettes. Quand je vous dit que c’était triste. Je me permets une pensée pour les petits commerçants, artisans qui se retrouvent dans la même situation, avec des dettes à éponger quand la covide sera passée.
On a déménagé à Bondy, mais la grisaille était bien incrustée en moi. Il y avait la télévision, et sur la première chaine, il y avait la très jeune Dorothée, peut-être seize ans à l’époque, avec une marionnette en smoking noir et chapeau haut-de-forme, Blablatus, une sorte de type qui savait beaucoup de choses et bavardait avec Dorothée. Et puis de temps en temps, il y avait cette chanteuse aux longs cheveux bruns accompagnée d’une guitare.
Anne Sylvestre.
Je ne sais pas pourquoi mais sa présence m’électrisait et je reprenait ses chansons. J’adorais sa voix, je crois même que j’avais envoyé un dessin de la maison pleine de fenêtres.
Anne Sylvestre avait un côté grande soeur, un côté copine, un côté maitresse d’école, un peu tout ça à la fois, et ses chansons avaient quelque chose de gentil qui m’attrapait littéralement. Quand elle n’était pas là, ce n’était pas pareil, elle manquait. Et souvent elle manquait…
À la maison, on n’écoutait pas RTL ou Europe 1. Maman n’aimait pas les publicités, le football et les bavardages permanents. On écoutait France-Inter le midi, le Jeu des Mille francs, le feuilleton et le journal à 13:00. Et FIP en mâtinée ou l’après-midi. Anne Sylvestre se mariait bien avec la tonalité musicale de ces radios.
Elle était finalement un de ces petits rayons de soleil dans l’enfance, dans une enfance grise et pas très heureuse souvent.
En grandissant, j’ai continué à aimer ses chansons, j’ai découvert ses chansons pour adultes, amusantes, parodiques ou tendres.
Quand je me suis installé au Japon, j’ai passé plus de 6 mois à écouter certaines de ses chansons, je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être cette intimité derrière la moquerie de façade, une certaine retenue dans les sentiments.
On dit maintenant que « la chanteuse féministe est morte ». Quelle vulgarité ont ces hommages rendus aux artistes, à l’artiste ignorée des chaînes de télévision qui aujourd’hui l’encensent. Encore un effort, ils en feront une icône de « la république contre le séparatisme islamogauchiste », vous verrez…
Mais la dame n’est pas récupérable, toujours il y aura ses mots acérés contre les hypocrites en tout genre, les bien-pensants, les bigots, et Anne Sylvestre, qui s’y frotte s’y pique. Non, comme le Roi Léo, ils ne la canoniseront pas. Anne Sylvestre n’était pas une chanteuse engagée, elle était une artiste profondément humaine et elle faisait de cette humanité une cause.Pour lui dire au revoir, je choisirai une chanson très simple, de ces chansons que presque tous les artistes de cette génération ont chanté, leur bohème, du temps de cette jeunesse faite de pas d’argent, de petites chambres sans confort où obstinément ils poursuivaient leur rêve de devenir des chanteurs et des chanteuses. Des vies qui sont de véritables modèles pour les plus jeunes, aux antipodes de cette culture du succès foudroyant en quelques clics suivi du vide béant de l’absence de tout talent, de tout effort.
On n’est pas artiste pour être célèbre, on est artiste parce qu’on a la rage de dire et la rage de le hurler de toutes les façons possibles, et cette rage est celle qui donne la force de tenir encore et toujours, malgré la dèche, malgré la covide, malgré tout et encore plus…
Je lui dirai donc au revoir dans ce blog avec cette chanson qui me raconte un peu, comme toutes les chansons sur Paris, sur la Seine et sur la nostalgie de la jeunesse, parce qu’elle me rappelle quand je me suis installé à Tôkyô, parce qu’elle me rappelle ces quais qui m’ont accueilli tant et tant d’années, souvenirs de drague, de baises fugitives, de discussions, de ballades, de contemplation aussi devant cette ville si belle. Paris est une ville magnifique même quand on n’a pas trop de sous, si, si et en tout cas bien plus belle qu’une ville avec vue sur échangeur routier. Elle est un privilège pour toutes celles et tous ceux qui savent s’en contenter. Je le sais, je l’ai vécu…
Et c’est peut-être cette petite porte sur la poésie qu’Anne Sylvestre avait entr’ouverte quand j’étais enfant qui a glissé en moi ce petit quelque chose qui en grandissant m’a fait tel que je suis. Elle ne m’a pas fait, elle a juste mis cette petite épice de poésie à la vie, à ma vie, ce petit rayon de soleil dans mon ciel gris qui m’a appris à attendre les ciels bleus et les regarder quand ils étaient devant moi, magnifiques.Au revoir, Madame, et mes amitiés à Barbara quand vous la rencontrerez.
Swing slow (1996)
Ça fait longtemps… Peut-être faut-il cela, partir, s’absenter pour mieux revenir, la tête nettoyée du bruit environnant, le coronavirus, les attentats, l’espèce de folie islamophobe qui traverse la société française et dont les expressions sont identiques en tous points aux délires antisémites d’autrefois…
Non, je voulais vous partager une petite trouvaille, un petit bijou, un album de pop japonaise sorti en 1996. Le musicien et compositeur Hosono Haruomi, ancien membre du Yellow Magic Orchestra et la chanteuse pop Koshi Miharu. Un petit bijou de ce que l’on appelait « JPop » en référence à la « BritPop » en plein boom à l’époque, ou à la « French Touch » qui sévissait alors.
L’album est truffé de références musicales internationales, du rock’n roll kitsch à la musique d’aéroports, de la musique brésilienne à la chanson française, le tout remouliné un peu comme aurait pu le faire Dimitri from Paris à cette époque, au milieu des années 90, une époque lointaine, avant cette métastase affreuse née de l’accouplement du néolibéralisme et des réseaux sociaux appelée « influenceurs », avant la gloire de pacotille manufacturée sur des plateaux de télévision à coup de télé-réalité et de Les trucs machins ont du talent, avant le triomphe de la chirurgie plastique du cul, des pectoraux et des lèvres, du blanchiment des parties génitales et de l’épilation intégrale à exhiber sur Instagram.
Un superbe album électro, un moment d’innocence élégante…Une très belle musique pour accompagner votre confinement et que certain pourront même se repasser en boucle afin de vivre quelques moments de grâce enchantée…
Orkestra Obsolete – Blue Monday
Je suis tombé sur cette vidéo il y a un ou deux ans, je ne sais plus très bien, et puis il y a quelques jours, elle est réapparue dans ces suggestions YouTube qui ont plutôt l’habitude de tomber à côté. Et je l’ai regardée avec un oeil moins amusé par le caractère décalé, anecdotique que la première fois, mais presque fasciné, subjugué par l’esthétique quasi futuriste de la performance.
Nous venons de vivre une extinction du monde d’environ un mois, il n’a même pas fallu une guerre, nous tentons désormais de nous en dégourdir les pattes encore hantés par ces prémices d’un effondrements économique dont nous pressentons tous l’imminence sans trop savoir encore quand il aura lieu.
Juste un avant goût d’un monde où potentiellement la grande masse d’entre nous rebroussera chemin d’une petite centaine d’années. Il y aura bien encore des avions avec des riches pour s’y reposer dans de voluptueux sofas, mais pour la plupart d’entre nous il faudra nous adapter non pas à la démondialisation, mais avant tout à la disparition de l’économie pétrole.
Bien sûr me direz vous, tout cela est encore très hypothétique, on ne sait pas, mais pourtant, à bien écouter ce que disent les scientifiques…
Voici donc la reprise d’un « tube » d’un des groupes les plus mythiques des années 80, New Order, la survivance timide et délicate du Joy Division après le suicide de Ian Curtis, l’astre fantôme qui a veillé sur nous jusqu’à ce que nous tournions la page de cette décennie qui ne se laissera jamais saisir.
Blue Monday, ça a été la bouée de sauvetage de ce groupe, ça a été un morceau de danse assumé et non pas hypocrite comme The Cure, par exemple. Un coup de génie, Blue Monday, une façon élégante de tourner la page et libérer New Order des fantômes du passé.
S’attaquer à une reprise d’un morceau pareil sans faire dans le pastiche, c’est quasiment impossible, simplement parce que le secret des années 80, c’est qu’elles ne sont pas « copiables » sans tomber dans le ridicule. Elles sont avant tout un état d’esprit, une curiosité, une envie de bousculer et d’apparaitre exactement là où on ne les attend pas sans jamais hésiter à se manifester exactement à l’opposé de ce qu’elles proclamaient avec force.
Qu’est-ce que j’en ai vues, des tentatives de « revivaliser » les 80’s, chaque fois ça tombe à côté parce que les types et les filles n’ont pas les références sixties, les ye-ye girls 60’s, la mode de l’espace, les comics books américains de science fiction, les fifties, les années 40, les années 30 ni même les années 20 qui vont avec et qui permettent, en les assaisonnant d’un zeste de soukouss, d’une lampée de rai et de Oum Khaltoum ou de Fairouz, d’une bonne dose de tango et de cha-cha-cha sans jamais hésiter à clamer avec une même unanimité l’invincibilité de Christian Dior et de André Courrèges, de passer au shaker toutes les envies en y ajoutant en plus des références ésotériques, rockabilly et tout ce qu’on voudra pourvu que ça remue, que ça fasse rire et qu’à cinq heures du matin ça fasse peur au bourgeois qui est habillé avec cinq ans de retard.
Là, on a à faire à un joli petit coup de génie. On pense à Delikatessen, le film de Caro et Jeunet, sorti en 1991, véritable manifeste et testament esthétique de la France de la fin des années 80. Et puis on pense aux Residents, ce groupe américain insaisissable et qui est parvenu avec génie à presque donner une bande son au dévoilement de la Société du Spectacle, le tout vêtu de légendaires smokings terriblement élégants mais surplombés d’un oeil en guise de tête. The Residents, ces anti-Kraftwerk esthétiques en quelque sorte, mais participant de cette même culture des années 80, quand le concept nait d’un télescopage d’influences toutes plus variées les unes que les autres. Un shaker.
Une reprise classe et élégante toute en low-tech, l’espoir que peut être dans le monde effondré auquel Pablo Servigne depuis des années tente de nous préparer, on saura être élégants et intéressants avec une bonne dose d’humour et de débrouillardise ingénue.
La décroissance heureuse.
Mémoire pédé sur un air de YMO…
(suite…)Et un jour, j’ai entendu cette musique, cette musique que tu ne peux pas comprendre, tu n’es pas pédé, ou pour toi il n’y a jamais eu de loi homophobe parce qu’on s’est bagarré pour les faire abroger, et parce que pour toi, tout te semble acquis.