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  • Pandénomics

    Pandénomics

    Mardi matin, devant mon ordinateur, vers 8 heures 30. C’est assez tôt, même si ça ne l’est pas vraiment. Ce matin, je me suis levé vers 7 heures. Cela faisait très longtemps que je n’étais parvenu à être prêt si tôt, sans trop forcer et en prenant mon temps. Ce soir, je termine le travail à 21 heures. Une longue journée m’attend. J’ai de nouvelles lunettes, une paire pour dehors, une paire pour la maison. Et cela aussi, cela faisait longtemps. Bien sûr, j’avais des lunettes, mais j’ai cassé une paire dans l’hiver et depuis, je n’étais pas allé les faire remplacer: il y a eu le coronavirus. Résultat, j’ai utilisé de vieilles lunettes d’il y a dix ans, les verres un peu rayés et surtout beaucoup moins adaptées à mes yeux. Là, les caractères sur l’écran sont nets.

    Voilà donc un billet ultra quotidien qui s’annonce, un de plus. Quelque part, je devrais en écrire un comme ça tous les jours, un journal, avec un peu tout ce qui me passe par la tête. Par exemple, mon poids qui ne varie pas. Bien que je n’aie pas été particulièrement concerné par le confinement, de mars à juin, j’ai fortement réduit mon activité quand au même moment mon niveau de stress a été particulièrement élevé. Le résultat, ça a été une prise de poids assez importante, or je ne souhaite pas que cette situation s’éternise, c’est un poids que je veux perdre. Ce n’est simplement pas bon pour la santé. Depuis août, je suis parvenu à stopper la prise de poids et j’ai même perdu deux kilos, mais depuis trois semaines le poids ne bouge plus. Bon, c’est bien, mais d’un autre côté cela traduit mon âge: il y a vingt ans, en mangeant comme je le fais, j’aurais bien perdu 5 kilos.

    Ça fait partie du package, le métabolisme change…

    Dimanche, je suis allé à Kamakura avec Jun, ça faisait très longtemps ça aussi, peut-être la dernière fois, c’était en fin de confinement. Il n’y avait strictement personne. Là, il y avait pas mal de monde, mais on le voit bien que les touristes étrangers sont absents, et puis, ici et là, des boutiques définitivement fermées.

    Ce serait une ironie très difficile à digérer, si cette épidémie de « coronavirus SARS-Cov2 », d’une violente infection les premiers mois tournait à une sorte de rhume avec complications respiratoires pour 0,1% des gens, comme n’importe quel autre rhume. En gros, s’il mutait comme la plupart des autres coronavirus avant lui. On aurait essuyé une espèce de tempête effrayante, une gigantesque bourrasque qui en avançant aurait perdu de sa force pour ne laisser derrière elle que ruine et dévastation.

    Parce qu’il faut bien avouer, même si ce virus devait devenir un simple rhume, on ne reverra jamais le monde qu’il a emporté avec lui. Le monde de l’instamake « Kim Kardashian » aux quatre coins du monde, devant des pyramides et des chutes d’eau, acheté à coup de billets d’avion bradés.  Il y aura bien des tentatives de « retrouver » cette « normalité », mais tout, dans une civilisation comme dans le vivant, nécessite de l’énergie, et l’énergie du tourisme mondial s’est évanouie entre janvier et mai de cette année.

    Ce n’est pas un mal même si ce n’est pas un tant que ça bien un bien non plus.

    Cette épidémie va laisser en occident une emprunte au moins aussi forte qu’une guerre, mais en bien plus pernicieuse. L’emprunte d’une guerre invisible, qui n’aura pas eu lieu, tiens, revoilà Baudrillard, une guerre délétère, larvée, un poison à infusion lente qui aura instillé le doute envers les gouvernements, le doute envers le monde, qui aura mis un coup de projecteur cru sur tout ce qui nous entoure et qui ne marche pas, à commencer par notre abondance de pacotille, toutes ces choses achetées en Chine ou ailleurs et acheminées jusque chez nous dans ces tankers que nous avons vus immobilisés dans des ports, tous ces avions avec leur luxuriance dorée des « First Class Privilège » entassés dans des aéroports les uns derrière les autres réduits aux vulgaires boites de tôles qui volent qu’ils sont en réalité, un spectacle au moins aussi pitoyable à regarder qu’une bite qui à débandé marinant dans son jus au fond d’une capote.

    Ce dévoilement du réel, bien que nous allons tout faire pour ne plus y penser, il va rester là, inscrit quelque part au fond de nous, et à la première difficulté il se rappellera à nous. C’est lui qui a avalé l’énergie de voyager loin et de faire du shopping.

    Et puis il va rester la dévastation, le chômage, ces secteurs désormais sinistrés pour de bon, le tourisme, la restauration, et tous les secteurs liés. Il va rester les montagnes de dettes accumulées par les états et rachetées à tour de bras par les banques centrales, des dettes qui ne vont pas tarder à se rappeler à notre bon souvenir, on peut faire confiance « au marché ». Et la représentation politique d’aujourd’hui.

    En décrétant un plan de relance (nul au demeurant), Emmanuel Macron se dévoile tel qu’il est: un homme du passé. Dans une époque qui plus que tout a besoin de vivre d’un « avant » et d’un « après », un « plan de relance », c’est vide, car ce dont notre époque a besoin n’est pas d’ordre financier.

    C’est du domaine de la civilisation.

    Inconsciemment, on sait que nous allons à vau-l’eau, que ça ne va faire qu’empirer, que le climat, la population, la santé, toute cette illusion de sécurité que le vingtième siècle avaient bâtie, on sait que tout cela est fini. On sait que les antibiotiques fonctionnent moins bien et que nous sommes à la merci d’une bactérie résistante. On sait que les ressources s’épuisent et que tout notre mode de vie dépend de leur abondance « illimitée ». On le sait mais on ne veut pas le savoir, ou plutôt on ne voulait pas le savoir, on voulait faire semblant et sucer la sève jusqu’au trognon à coup de voyages low cost ou de pétrole de schiste, et badaboum, un simple virus est venu nous rappeler notre condition.

    Pire, le confinement nous a révélé une situation contradictoire. Nos pays riches ont pu s’offrir le luxe d’un confinement, avec garantie de salaires et d’emplois – un luxe que les pays du Sud n’ont pas eu les moyens de s’offrir puisque le Nord vit de leurs richesses- et en même temps, alors que nous découvrons son coup prohibitif, nous commençons à comprendre à travers la transparence du novlangue de nos dirigeants politiques qu’un second confinement est simplement impossible, inenvisageable. Et que nous sommes désormais totalement seuls face à ce qui vient.

    2008 avait été un typhon, brutal mais court parce que, comme je l’écrivais à l’époque dans ce blog, le capitalisme était dans le cycle long de la prospérité de son âge global, de l’internet, d’ailleurs, l’iPhone a été lancé à ce moment là, joli symbole. Il n’a donc pas été très difficile de se remettre de 2008 et dans les « pays émergents », comme la Corée, ça a même été le début de leur « âge d’or », de leurs « années 60 ». Certains objecteront le chômage ou la baisse du niveau de vie, oui, bien sûr, mais le capitalisme se fiche de ça, les profits, eux, se sont envolés.

    2020, c’est la dévastation d’une guerre, mais sans la guerre. Une sorte de bourrasque douce, invisible, et plus rien n’est comme avant. Les travailleurs et les travailleuses qui avant étaient parvenues à survivre sont désormais en mode survie, prêts à accepter des heures supplémentaires. Moi, mon salaire est amputé de plus de 10%. On n’a pas le choix, la révolution néolibérale nous a atomisés, et le chômage de masse étend son nombre sur notre quotidien, fragile.

    L’effet de cette pandémie sera très long, très profond.

    Alors que je déjeunais dans un petit restaurant de Kamakura, dimanche midi, je voyais par la vitrine les gens aller et venir et je me demandais si ça avait été comme ça, aux USA, en 1930, je veux dire, est-ce que le quotidien d’icels qui avaient encore leur travail était le même. On nous parle tellement des chômeurses, mais finalement si peu des autres, des travailleurses.

    Je ne crois pas que cette pandémie soit comme la crise de 1929, mais plutôt comme la première guerre mondiale. Il y aura beaucoup moins de morts bien sûr, mais pour un Nord habitué au cocon de la tranquillité, se voir plongé dans une peur épidémique, c’est un sentiment de fragilité inédit, nouveau. Et une fois encore, cette expérience aura été une expérience mondiale.

    L’économie repartira, bien plus vite que tout ce que les « analystes » disent, mais avec un volume de liquidités aberrant, et un volume de dettes juste absurde, qui équivaut au moins autant aux manipulations monétaires du début du 14e siècle. Je veux dire, je ne veux pas vous affoler, mais votre argent, il ne vaut rien. Vraiment rien. Car la banque centrale qui en garantit la valeur a acheté un volume de dette inimaginable, et ça équivaut à dire que votre billet est garanti par… une dette. Il y a 60 ans, c’était de l’or. Ça vous laisse entrevoir le chemin parcouru.

    Le prochain accro sera fatal, et je « continue » de le voir vers 2024, après une période d’euphorie au moins inoubliable que les années 20, un truc nouveau riche, tape à l’oeil, du Kardashian à la puissance 100.000, et même que pense que cette fois, on est mûrs pour les padding années 80, ça ira très bien avec le second terme de Donald Trump. Une sorte de golden era financé à crédit, avec une bourse battant records sur records, quand au même moment, exactement comme dans les années 20, des pans entiers de la société seront simplement à la dérive.

    Cette idée d’un décrochage vers 2024, ça fait 10/15 ans que j’en parle avec Thomas, c’est une marotte. La pandémie, elle, a brassé nos sociétés en profondeur, et cela me fait bien plus peur que l’effondrement des bourses et la banqueroute des états ou la faillite des banques centrales.

    En France, en une semaine, on a vu une député représentée comme une esclave parce qu’elle est noire et qu’elle défend un antiracisme politique, on a vu une journaliste du Figaro retweeter une influenceuse voilée avec le commentaire « 11 septembre » avant de voir ressurgir le débat sur la peine de mort.

    Ça ne présage rien de beau.

    Au Japon, on a un nouveau premier ministre. Le même, avec une tête différente.

  • Cour de Justice RFA vs Cours d Justice EU: 5 mai

    L’Union Européenne, qui est morte en 2010 en assassinant la Grèce (au même moment où elle appointait à la BCE un ex-directeur de Goldman Sachs, Mario Draghi, de l’époque où Goldman Sachs falsifiait les comptes publics de la Grèce), s’apparente de plus en plus à un zombie.
    En totale infraction avec ses statuts, la BCE dirigée par Mario Draghi a lancé 3 Quantitative Easing depuis 2013. Le QE, c’est le rachat massif de dettes d’entreprises et de banques, à leur valeur faciale même si cette valeur est dépréciée. Elle en a à l’heure pour 4 trillions dans ses comptes (plus trois trillions prévus en ce moment). En rachetant ces dettes, la BCE fournit des liquidités aux entreprises et aux banques. Sans conditions bien entendu. On appelle ça la planche à billets.
    La question n’est pas de juger si le QE est bien ou non. La question est que ce n’est pas dans ses statuts: la BCE est tenue de veiller à la stabilité de la monnaie, or le QE est une politique inflationniste qui érode la valeur de la monnaie (c’est son but). Toutes les banques centrales font ça en ce moment, c’est pour ça que les bourses montent, il y a plein d’argent.
    Le problème ici, c’est que la banque centrale allemande est totalement opposée à cette politique, qui lui a toujours été interdite. Elle s’est donc tournée vers la justice allemande, et la cour de justice allemande s’est tournée vers la Cour de Justice Européenne pour porter l’affaire au niveau adéquat. Celle-ci a validé la politique de la BCE, en totale contradiction avec les traités et le règlement de la BCE.
    Pour la cour de justice allemande, cette décision est une infraction aux traités et en quelque sorte une décision à caractère politique et non judiciaire: elle couvre la BCE.
    La cour allemande, en condamnant la décision de la CJE, rappelle sa légitimité démocratique et met en cause celle de la CJE, accusée d’être politique et non constitutionnelle.
    L’Europe est un zombie. La cour allemande, en remettant en cause un jugement de la CJE sensé prévaloir, met en évidence sa réelle légitimité démocratique, dévoile le caractère anticonstitutionnel de la CJE et ouvre la voie à d’autres cours d’états qui pourraient eux aussi faire valoir leur légitimité sur des décisions d’institutions européennes dont la légitimité démocratique ne fait plus illusion.
    7 trillions d’actifs pourris dans les comptes de la BCE, ça mériterait au minimum un vote de chaque état et une débat public, non? D’autant que les états, eux, n’ont pas accès à ce programme.
  • Au bord du gouffre: 23 avril

    On s’attend à ce qu’il n’y ait plus du tout de place pour stocker le pétrole d’ici fin mai- début juin.
    Il y a pour le moment très peu d’articles sur les répercussions financières et économiques de cette situation absurde d’un marché du pétrole saturé. On ne parle que du prix qui devrait se stabiliser à terme autours de 10 dollars le baril (les prix négatifs sont liés aux opérations sur le marché à terme, ce sont donc non pas des prix de marché mais des positions acheteuses/vendeuses à une échéance données, ce sont ces positions qui font le prix du pétrole).
    Peu d’articles sur les faillites de producteurs de gaz de schiste aux USA, criblés de dettes pour des milliers de milliards et dont la dette a été titrisée, c’est à dire convertie en produits financiers qui, donc, deviennent des produits toxiques (comme les subprimes en 2006/2009).
    Aucun article sur les répercussions sur les marchés monétaires, le dollar américain étant depuis 1973 lié au cours du pétrole (pétro-dollar).
    Très peu d’articles sur la pression déflationniste d’une chute du prix du pétrole et ses répercussions sur l’ensemble des autres matières premières généralement corrélées aux prix du pétrole.
    Très très peu d’articles sur le marché des produits dérivés dont certains taux sont directement liés à l’évolution des matières premières (produits dérivés de couverture pour les industries liés à l’extraction notamment).
    En tout cas, comme le dit cet article, certains ont déjà payé 50 dollars pour se débarrasser de titres échéance mai et un prix négatif de 100 dollar n’est plus exclus.
  • Les ETF entrent dans la danse: 22 avril

    Les ETF sont des fonds suivant les indices. Ce ne sont pas des paniers indiciels dont le but est de “faire mieux que les indices”, ce sont des fonds composés exactement comme un portefeuille des titres d’un indice et gérés comme tels.
    Il y a un véritable boom des ETF depuis la crise de 2008 et le plus célèbre gestionnaire d’ETF est BlackRock. Ils proposent à leurs clients d’accéder à un fond diversifié comme de la gestion personnelle de patrimoine, mais avec un investissent moindre puisque c’est un fond.
    En gros, si vous investissez dans un fond répliquant le CAC, vous obtenez la performance du CAC40, ni plus ni moins (à la différence des indiciels classiques dont la gestion était « active »).
    La société qui gère les ETF a recours à l’endettement afin de créer le fond (donc investir) dont elle revend les parts aux clients. Elle utilisent le marché des dérivés pour « hedger » cet investissement. A noter que comme tout fond, il est « fermé », c’est à dire que l’investissement initial est d’un montant fixe qui ne variera pas. Les ETF correspondent donc à des parts dans cet investissement et deviennent comme des actions cotées.
    Les ETF sont « liquides », ils s’achètent et se vendent comme des titres et la part peut elle même être vendue plus chère que son prix réel dans le cas où l’acheteur pense que l’indice de référence va monter. Cela vaut aussi à la baisse dans le cas où l’acheteur pense que l’indice va baisser.
    La chute des options futur sur le Brent mai et la chute sur les contrats juin bouleversent les ETF. Les investisseurs risquent de perdre tout leur investissement. Ce n’est pas encore le cas mais les dévalorisations sont d’ores et déjà actées.
    Depuis plusieurs années, la question du rôle amplificateur des ETF sur les marchés est posée car ces fonds gèrent une épargne énorme.
    La chute du marché à terme du pétrole commence à se diffuser sur les marchés financiers les plus directement exposés. Je suis très curieux de lire des articles au sujet du marché de dérivés dont les taux sont calculés à partir de l’évolution des matières première.
    La sorcière de juin risque d’être une bien vilaine sorcière…
  • Le pétrole ne vaut plus rien: 21 avril

    Désolé de vous déranger avec un sujet pas à la mode, genre « demain nous inventerons un nouveau monde » ou « Macron il est méchant ».
    Le prix du pétrole a plongé sous zéro, en territoire négatif pour la première fois de l’histoire. Désormais, le vendeur doit payer pour vendre car il y a beaucoup trop de pétrole et plus de place pour le stocker. Désormais, on ne parle plus de récession mais de dépression économique car cet effondrement inédit annonce des chutes de prix équivalentes sur de nombreuses autres matières premières, et allant avec les faillites en chaîne des activités liées.
    Autre mauvaise nouvelle, c’est que les capacités de stockage sont dépassées et qu’il ne faut pas qu’il y ait de typhon/tempête en mer où des dizaines de milliers de tankers en route pour nulle part risqueraient de déclencher une catastrophe majeure.
    Et puis encore, côté mauvaise nouvelle, ce sont les états producteurs qui désormais n’ont plus de revenus du tout et dont la dette ou les capacités d’endettement sont désormais totalement nulles. Parallèlement, tous les contrats liés au dollar sont désormais des contrats pourris. Bon, il y en a qui vont se faire un plaisir de les racheter pour des cacahuètes mais pour les détenteurs, c’est la faillite.
    Cette spirale chute des prix (sous zéro)/ faillite va fragiliser les banques et les états et risque de conduire à une vraie explosion du chômage. Bref, pour ceux qui font des boulots d’intello mais qui se plaignaient de l’explosion du temps de travail à 60 heures, rassurez-vous , les travailleurs qui ont un vrai travail de production iront à Pôle Emploi bien avant de dépasser les 35 heures.
    Les bourses vont certainement amorcer un nouveau round de baisse. Il va falloir observer le prix du dollar dont la valeur est collée au prix du pétrole. Une chute du prix du dollar accélèrerait les pressions déflationnistes et surtout à des ventes de bons du trésor américain qui désormais se dévaloriseraient de fait, entraînant à terme des crises de liquidités mondiales et donc accéléreraient la spirale déflationniste.
    Le risque de guerre mondiale, nucléaire, bactériologique, ultra-sonique, spatiale, avec des drones, des coupures du net et des hackers est certainement à son plus haut niveau depuis les années 30 car les USA veulent faire payer la Chine (ils ont oublié parce que personne ne leur a dit que 2007/08, c’était eux, mais bon…)
    La bonne nouvelle, c’est que les riches et activistes qui ont le cœur écolo peuvent désormais acheter pour une bouchée de pain les terres destinées à la production de gaz ou pétrole non conventionnels et empêcher dans le futur qu’on recommence les forages.
    En fait, j’ai toujours pensé que la politique d’un pays s’incarnait assez bien dans un jeu de ce pays. Trump est un joueur de poker comme quasiment tous les présidents américains, doublé d’un joueur de catch, un jeu de combat truqué mimé. Poutine est un joueur d’échec (et un ancien du KGB, ça renforce).
    Poutine a forcé à une guerre du pétrole avec l’Arabie Saoudite, MBS pensait être prêt à la faire mais en réalité c’était Poutine qui était le plus prêt, il avait déjà adapté son économie à un pétrole à prix réduit depuis la crise monétaire il y a 5 ou 6 ans. Le problème, c’est que MBS avait oublié l’allié American.
    L’allié American, lui, il aimait bien Poutine. Trump à quelque chose pour Poutine qui est irrationnel quand on il pense, un truc qui tient à la connerie crasse des néoconservateurs. Ils aiment le conservatisme de Poutine, alors que Poutine se fiche d’eux, lui, il aime la Russie.
    Alors, après avoir essayé de trouver un accord de production (il y a une semaine), badaboum, le monde à l’arrêt n’a pas besoin de pétrole et les futurs s’effondrent (inaugurant une baisse durable du prix du pétrole autours de 10 dollars jusque là fin de l’année au minimum). Et que fait Trump, en bon joueur de poker, il décide de taxer le pétrole saoudien.
    Bon, alors que va-t-il se passer maintenant? L’alliance tacite entre les US et l’Arabie va encore un peu plus se déliter, MBS va être encore plus isolé. Qui gagne?
    Poutine est un des rares génies de notre époque. Il est détestable politiquement à bien des égards mais il est un des rares qui sait exactement ce qu’il fait, à savoir redonner des marges de manœuvres à la Russie en jouant les divisions d’un monde libre prospère qui en réalité n’était ni si libre ni si prospère et bien moins unifié qu’il se pensait.
    D’ici à ce qu’une révolution de palais en Saoudie amène une branche princière favorable à un rapprochement avec l’Iran pour tenter de retrouver une certaine influence sur la région, rapprochement qui ne déplairait pas tant que ça aux UAE dont les perspectives se sont considérablement assombries, et alors les US perdraient tout le Proche-Orient. Intéressant de voir que Poutine, qui envisageait de se retirer de la présidence, a décidé de rester encore un peu.
    Côté Chine, c’est le même scénario. Les Occidentaux ne connaissent pas la Chine, sa culture, qui est une culture de la patience et non de la confrontation. La Chine absorbe les chocs. La tentation occidentale est maintenant de mettre un frein à la puissance chinoise, en oubliant que la Chine n’a plus besoin de l’Occident. C’est l’occident qui a besoin de l’épargne chinoise, de ses usines, et que la relocalisation, si elle est souhaitable écologiquement et économiquement, si elle est entreprise uniquement que comme rétorsion, est un gag. En fait, nos multinationales se relocaliseront non pas en France, mais en Roumanie, en Grèce ou au Sénégal et au Vietnam! Et la Chine, elle, continuera son chemin. Elle a les chercheurs, les capitaux. Et Poutine sera bien moins regardant avec la Chine car il a besoin de sa technologie. Et l’Arabie Saoudite sera heureuse d’y écouler son pétrole.
    Ce qui est très intéressant, c’est que nous sommes en train d’assister au scénario cauchemardesque de la CIA…
    Dans le livre The Next Hundred Years, publié en 2009, Georges Friedman expliquait exactement ce scénario. Un bouquin publié il y a plus de 10 ans et passionnant à lire. Obama, avec sa diplomatie « prudente » a tenté d’éviter les danger. Clinton, elle, était beaucoup plus conservatrice et va-t-en guerre. Trump, lui, est tombé en plein dedans. Il croit être à la tête d’un pays fort!

    L’article Bloomberg

  • L’actu du 9 avril 2020

    10.869 (données sujettes à caution, les remontées des chiffres des EHPAD n’étant « pas remontées »)
    Les nouvelles du jour.
    – Mauvaise nouvelle. Chine. Le R0 du Sars-cov2 semble avoisiner 5,7 et non 2,8 comme reporté avant. C’est donc un virus hautement contagieux. En l’absence d’un vaccin, il faudrait que 80% de la population soit contaminée pour que le virus disparaisse.
    – Bonne nouvelle. Chine. Il semblerait d’après des modèles statistiques utilisant les données de l’épidémie que le nombre de personnes contaminées asymptomatiques soient fortement sous-estimées, peut être dans un rapport de 80%. Le WHO en conclut qu’il est fondamental de tester.
    – Mauvaise nouvelle. Corée. La Corée rapporte 53 cas de personnes déclarées guéries qui ont ont fait l’expérience d’une résurgence du virus, certaines retombant malades jusqu’à la mort. Les médecins et épidémiologistes continuent leur recherches pour savoir s’il s’agit d’une résurgence du virus ou d’erreurs de diagnostics.
    – FMI. Le Fond Monétaire International estime que l’impact de l’épidémie sur l’économie mondiale pourrait être plus fort que le krach de 1929 et qu’au cas où l’épidémie s’estompait à l’automne il faudrait attendre au mieux le premier semestre 2021 pour que s’amorce un début de reprise économique sur lequel planera la crainte d’une résurgence de l’épidémie.
    – Subsistance. La menace alimentaire doit être prise au sérieux. Cette année, de nombreuses parties du globes ne devraient pas pouvoir atteindre leur subsistance: commerce mondial entravé, baisse des récoltes, tensions sur les prix, guerre commerciale pour mettre la main sur les stocks etc
    – Marchés interbancaires. Le plus gros risque est le risque sur les marchés de crédits (immobilier, entreprises, cartes de crédits et les crédits dérivés liés). Cette fragilité pousse la FED a multiplier les achats de titres toxiques et à inonder le marché de liquidités pour éviter une contraction du crédit qui entraînerait des faillites bancaires et un effondrement total du système financier.
    Bonne fin de journée.
    (In Bloomberg).

  • Sortir du contingent: 29 mars 2020

    2314. Bon, j’ai assez parlé du bilan. L’incompétence du gouvernement, ses mensonges, ses dissimulation, le manque de tout, la répression, le discours raciste en temps de confinement, les hôpitaux livrés à eux-mêmes sans médicaments avec un personnel épuisé et contaminé, non testé et devant choisir qui pourra vivre ou pas, les aides massives aux banques et le detricotage encore plus poussé, hypocrite, en urgence, du droit du travail. Il y aura beaucoup de morts et de souffrance, et ce gouvernement en sera tenu responsable pour avoir menti, préfère l’argent à la vie, Mme Buzin sa carrière etc etc Il y a une crise économique qui vient et qui sera terrible avec la Grèce pour modèle et des lois déjà votées, des drones et des policiers suréquipés pour réprimer. Il y aura ces banques, asphyxiées et sauvées avec notre argent aujourd’hui, qui exigeront des coupes budgétaires, la privatisation de tout, et il y aura nous, abattus, comptant nos morts, assommés, et ils en profiteront.
    Voilà, c’est écrit.
    Alors maintenant je vais donc cesser d’alimenter la machine à déprimer, c’est inutile. On se fait suffisamment de mal, on est suffisamment tristes. On ne peut rien face à ce qui est.
    Il nous reste tous les possibles qui commencent maintenant. Et ça commence par nous détoxiquer de cette épidémie. J’arrête donc volontairement de relayer les informations toxiques, ce qui ne veut pas dire que je les ignore. Éventuellement, avant chaque post, je vais mettre un chiffre. Le nombre de morts, histoire de dire que oui, je sais.
    Et que cette bande est responsable ET coupable.
    Si on parvient à nous détoxiquer du présent, si on parvient à continuer à penser, à garder une certaine distance, si on garde pour nous l’amitié, la gentillesse et une forme d’optimisme malgré la nécessaire résignation à ce qui est, en acceptant le deuil des rêves du passé, on en sortira plus forts, plus unis par une culture nourrie d’une expérience commune. A cette condition nous pourront vaincre. Non pas Macron, mais nos illusions vaines, la croissance, le retour à « comme avant », celles-la même qui nourrissent l’élection de types comme lui.
    On vaut beaucoup mieux.
  • Deux ans, c’est long, c’est court…

    Deux ans, c’est long, c’est court…

    Souvenons nous l’arrogante insolence du p’tit merdeux de l’Elysée ª au soir du premier tour, et nous apercevons son vrai visage, celui d’un véritable p’tit merdeux…

    (suite…)

  • 2020, pour une année (en) politique

    2020, pour une année (en) politique

    Mais face à un désastre, le désarroi est une posture qui m’insupporte. C’est physique.

    (suite…)