
Ces derniers temps, je scrute l’économie. J’ai par exemple passé des heures à regarder des vidéos et à lire sur les contrats que les entreprises de la tech passent entre elles, des “circular deals” (j’investis chez toi et toi, avec l’argent, tu m’achètes des trucs, et moi, avec cet argent, je deviens actionnaire d’une troisième entreprise qui, avec l’argent, entre dans le capital de ta boite, et toi, avec l’argent, tu etc).
À ce niveau là, ce n’est plus une bulle, c’est un ballon à un trillion (rien que pour ces investissements croisés car il y a aussi plus de 7 trillions prévus pour produire de l’énergie… d’ici 2030. 7 trillions!!!), un tour de passe-passe comptable digne de Enron, alimentant des valorisations totalement bidonnées enrobées de story-telling, des opérations réalisées entre une bonne dizaines d’entreprises à coup de centaines de milliards de dollars quand la principale entreprise, ChatGPT, croule sous des milliards et des milliards de dettes… . Il y a pas mal d’actualité là-dessus en ce moment.
Jme suis également penché sur la crise de « la dette privée » aux US et les faillites qui commencent à se multiplier pour des entreprises ne parvenant plus à se refinancer après avoir prospéré pendant une décennie grâce aux taux zéros.
De leur côté, les banques régionales qui ont prêté ont également titrisé les crédits (elles en ont fait des produits financiers) qui ont été rachetés par d’autres banques et des sociétés d’investissement… Une inquiétude sourde commence à planer sur le secteur bancaire US. Mais bon, Goldman Sachs nous assure que tout va bien, je suis rassuré…
Je me suis également intéressé aux problèmes (la crise) des « Private Equity », ces entreprises financières rachetant des entreprises avant de les dépecer pour n’en garder que le plus rentable (grâce à de l’endettement généralement) pour le revendre, ou bien rentrant dans le capital de start up et autres entreprises “à fort potentiel de croissance”. Pour se faire, elles lèvent des capitaux sur les marchés en créant des fonds et des « véhicules d’investissement ». Mais voilà, en ce moment, le Private Equity est en difficulté car ces investissements ne sont pas liquides (on ne peut pas les revendre facilement) et finalement ne rapporte rien. Mais heureusement, les PE ont, eux aussi, trouvé “la solution”.
Pour attirer toujours plus de capital et pouvoir distribuer un peu de (pseudo) dividende et surtout permettre de « rendre » leurs liquidités aux investisseurs quand leur investissement arrive à maturité (sans que le PE ait réussi à faire la culbute, c’est à dire à revendre ou au minimum générer quelque profit), les PE font « rouler » les fonds investis en les “prolongeant“, c’est à dire qu’elles créent un « nouveau véhicule » dans lesquels elles mettent les investissements qu’elles se revendent à elles même, libérant un peu de liquidités dans l’entre-deux. Je schématise à l’extrême car en réalité c’est plus complexe, mais ça vous donne une idée.
Cerise sur le gâteau, elles sont parvenues à convaincre Trump de déréguler un peu plus et d’autoriser de mettre des investissements en PE dans les plans de retraite. Ça fait bien sur le papier, mais comme je l’écrivais, ce sont des investissements peu liquides, or, l’épargne retraite, si on ne peut pas mettre la main sur ses sous…
Bien sûr, je ne parlerai pas du Bitcoin qui est un véritable aspirateur à liquidités ne reposant sur rien, c’est à dire un investissement très proche de la très célèbre compagnie des Indes orientales dans les années 1720. Les gens en veulent et en achètent, le prix monte, monte, monte alors que derrière il n’y a… rien. Les banques sont en train d’autoriser l’utilisation du Bitcoin comme hypothèque pour des prêts bancaires. Je vous laisse imaginer si (quand) ça s’écroule(ra)…
La finance est devenue un gigantesque Ponzi dont on sent bien que le « modèle » va s’effondrer, on prend ici pour mettre là avant de placer encore ailleurs. On ne sait juste pas quand… La financiarisation de tout fait que tous les investissements sont imbriqués les uns dans les autres sur le marché des capitaux et que quand un secteur flanchera, il entrainera tous les autres.
En fait, il y a trop, beaucoup beaucoup trop d’argent, de l’argent qui a été créé à partir de rien pour empêcher les faillites après la crise financière de 2008 et qui est allé se nicher un peu partout. Il y a encore 10 ans, on parlait en dizaines de milliards et désormais, parler de trillions ne surprend plus personne.
Les taux zéros, la multiplications jusqu’à l’infini des possibilités qu’offrent les crédits dérivés ont permis de prolonger ce système financier qui n’en est plus un, un système zombie qui se mange lui-même, nourrit des investissements inutiles en laissant de côté des pans entiers de l’économie. Et où les détenteurs de capital se servent au passage d’un argent que eux garderont quand tout cela s’effondrera. Le meilleur exemple est WeWork, une pseudo-entreprise de la tech qui après avoir été valorisée plus de 50 milliards de dollars s’est retrouvée en quelques semaines ne plus valoir rien du tout, si ce n’est quelques dizaines de milliards de dettes, mais dont le CEO, après avoir été évincé, a quand même empoché plus de 200 millions de dollars.
Ça ne pourra pas continuer bien longtemps. Un bruit, une rumeur, un rien fera s’effondrer tout ce gros machin né de la fin des accords de Bretton Wood en 1971 et de la financiarisation qui l’a suivie. Et que dire des dettes des états, causées principalement par des politiques en faveurs des plus riches et le renflouement de l’économie en leur faveur, notamment en 2008.
Et de fil en aiguille, c’est l’IA qui m’a intéressé, puisque c’est par là que j’avais commencé. De plus en plus d’études démontrent que l’IA ne va rien révolutionner du tout et que de nombreuses entreprises ont même perdu de l’argent avec elle, et qu’elle sont en train d’en revenir.
Qu’en réalité, l’IA se trompe beaucoup sur les tâches complexes, et que pour les entreprises, c’est juste impossible.
Il y a également les coûts en infrastructures, nettement supérieurs au programme Apollo, tout en sachant que les cartes graphiques nécessaires aux serveurs ont une durée maximum 5 ans après quoi elles sont obsolètes, ce qui veut dire que l’investissement, collossal, en trillions de dollars, doit être continu. Et cela sans prendre en considération le côté énergie: on ne produit simplement pas assez d’électricité pour ces monstres voraces en énergie. D’ailleurs, aux USA, on commence à rouvrir les anciennes centrales nucléaires uniquement pour produire l’énergie des Data Centers.
On estime les besoins d’investissement en énergie entre 3 et 7 trillions de dollars à l’horizon 2030… ce qui, indépendamment du caractère financier, est impossible techniquement.
Et c’est dans ça que nos gouvernements ont décidé de mettre l’argent à coups de subventions et d’exonérations fiscales. Pour l’IA seule, on parle d’un investissement total de 4 trillions en infrastructures (data centers) d’ici 2030… On fait les math: on en est à environ 7 trillions pour l’énergie et 4 pour les Data Center.
Aberrant.
Je ne développerai pas sur l’impact environnemental puisque les Data Center sont voraces en eau.
Pour conclure, je vous invite à écouter Sam Altman, le CEO de ChatGPT, un illuminé. Quand on l’écoute vraiment, on est effaré par la vacuité de ses propos, par leur caractère absolument dénué de tout fondement. Je veux dire par là que s’il était un auteur de science-fiction, cela ne porterait pas à conséquence, mais pour quelqu’un qui siphonne le système financier à coup de trillions de dollars…
Il dit qu’avec l’IA, on va guérir le cancer, qu’on va résoudre la pauvreté, qu’on va résoudre la crise énergétique et créer l’abondance dans une sorte de délire positiviste que jamais aucun de ses interlocuteurs ne vient contredire. Il réinvente “le futur”, cette vision hallucinée du capitalisme conquérant des années 50. Mais…
Comment, pourquoi spécifiquement avec l’IA, pour quel type de société, on ne le saura jamais car les pseudo-journalistes qui l’interrogent sont eux même acquis à cette vision techno-futuriste. Mais il le dit, et ses fidèles applaudissent. Et de conclure, donc, que c”est pour tout cela, pour notre bien, qu’il a besoin de trillions de dollars (qui bien entendu n’iront pas, pendant ce temps, dans les laboratoires, les hôpitaux, les centres de recherche, les universités, qui eux travaillent à résoudre certains des problèmes auxquels fait face l’humanité…).
Il est un Elisabeth Holmes, l’escroc présentée comme un génie durant plusieurs années, la fondatrice de Théranos. Mais à la puissance mille, lui, c’est des trillions… Elle aussi, allait révolutionner tout, elle aussi, était présentée par les mêmes “journalistes” comme une visionnaire alors que cinq minutes suffisent pour comprendre l’incroyable vacuité de ces mots creux qui font bander les crétins dans les Ted Talk.
Sam Altman parle comme un gamin qui dit que quand il sera grand, il sera astronaute, et qu’il ira sur Jupiter, et qu’il se mariera avec sa maman parce qu’elle est gentille, mais comme il sait programmer et qu’il est adulte, on le regarde avec admiration et sérieux alors que ça ne repose sur rien, absolument rien, que ce n’est rien d’autre qu’un de ces délires que le capitalisme affectionne car cela créée de la valeur (Marx fait une distinction très nette entre richesse et valeur, cette dernière étant la marque distinctive du capitalisme). C’est de la hype, et nous fabriquons la plus gigantesque bulle financière de tous les temps.
Quand elle explosera, ce sera 1929, en version mondiale.
Ah, oui, pendant ce temps là, Trump, qui travaille à enrégimenter la société américaine avec l’aide de ses camarades techno-fascistes de la Tech, est en train de mettre la main sur les terres rares de la planète entière…
Alors Lecornu, hein…













