Écrire quotidiennement ici, c’est rompre l’enfermement. Car ce n’est pas la solitude qui me pose problème. J’aime être seul.
C’est l’enfermement dans la solitude.
Je suis allé à la gym hier soir. Finalement. La motivation n’y était pas, je l’ai perdu en cours de route après m’être d’abord fêlé une côté fin novembre, puis avec cette fichue sinusite qui a duré tout le mois de janvier.
J’y suis retourné par obligation et pas par plaisir. J’y suis allé une fois la semaine dernière, une fois la semaine avant, et c’est totalement ridicule: la gym, ce n’est pas « une fois c’est mieux que rien ». J’aurais pu le penser avant d’en avoir fait l’expérience, mais maintenant je ne peux pas me mentir: l’entrainement physique, c’est un vrai travail.
Je ne compte pas devenir Ben Hur, mais même pour une simple remise en forme et un maintien de ma musculature à un niveau correct, vu mon âge, cela demande de l’effort et une réelle constance.
Hier soir, ça a donc presqu’été un calvaire, d’y aller. Mais j’y suis allé parce que, tout comme écrire sur ce site, c’est un travail, un travail qui demande de la constance, des efforts et surtout ne pas se bercer d’illusion.
Devant mon écran, c’est vide. Écrire un billet de blog de façon régulière comme j’aimerais parvenir à le faire est bien plus difficile que publier une avancée dans des recherches car le risque est de tomber dans les travers de l’auto-analyse, un exercice potentiellement dangereux dans le sens où on peut s’enfermer dans une satisfaction sur son propre apitoiement.
Sur internet, ça s’appelle du « drama ».
Donc, oui, aller à la gym, c’est comme écrire sur un blog. Si on décide de le faire, alors il faut s’y contraindre même si le coeur n’y est pas. Et vous savez quoi? Sur mon vélo, en rentrant chez moi, j’étais incroyablement bien. Le vent froid et sec soufflait mais je sentais la chaleur en dedans de mon corps.
La même chose qu’après être parvenu à écrire ce « journal », puisqu’en quelque sorte ce blog en est un, de journal. Je me suis entrainé sans trop avoir défini de but, j’avoue, je remets l’entrainement à son niveau réel, c’est à dire que je reviens à la case débutant. Allez, faux débutant. Je sais me servir du matériel, régler, et je sais organiser un parcours cohérent. Mais j’ai perdu beaucoup de force, en deux mois.
Je ne suis pas inquiet, je sais que ça revient vite. C’est comme écrire sur ce blog, j’y ai mes habitudes.
Je suis vraiment heureux d’avoir opéré tous ces changements, la semaine dernière. Ce n’est pas terminé, mais le principal est fait: je n’utilise plus de « template » (le design du site, un truc qu’on achète et qu’on peut « personnaliser ») et fortement réduit les « extensions » (ces trucs qui ont des fonctions précises, les boutons de partage, par exemple).
Je ne veux pas vous faire chier avec ça, mais en réalité, c’est important.
J’utilise désormais le « core » de WordPress. Tout le design de ce site, c’est moi qui l’ai fait, sans utiliser aucun design extérieur. Ce n’est pas fini, j’attends notamment la mise à jour de WordPress à la fin du mois qui me permettra d’utiliser d’autres polices de caractères.
Je pourrais le faire, bien sûr, mais il me faudrait avoir recours à un espion: Google Fonts, par exemple. Le mois prochain, il sera très facile d’installer les polices directement sur le serveur.
C’est possible même maintenant mais je ne suis pas fana d’aller modifier le code du site. On verra plus tard, mais pour le moment, donc, je préfère attendre.
Mais pourquoi est-ce important, alors?
Je vais vous donner un exemple: j’ai viré l’extension de « compteur de vues ». Désormais, je ne sais pas combien de personnes ont lu chaque billet. Je me prive d’une information importante, mais est-elle bien utile…
Ne serait-ce pas là un de ces trucs qui nous transforment petit à petit en blogueurs compulsifs et putaclicks cherchant à « plaire » à leurs lecteurs? Sans compter le côté totalement déprimant quand, après avoir mis en ligne un billet dans lequel on a mis tout son coeur, on constate que finalement très peu de personnes l’ont lu.
Je ne veux plus ça. Si je dois être seul, et finalement, je le suis, et je m’y résigne, et je l’accepte, alors autant l’être de la façon la plus radicale: sans avoir recours à une quelconque information sur la réception de mes billets.
Vouloir plaire, c’est un frein incroyable. Désormais, je ne sais pas ce que vous pensez de ce que j’écris. Vous pouvez me laisser un commentaire de temps en temps si vous voulez…
C’est exactement comme à la gym, finalement. Si on y va pour avoir le physique de Ben Hur, c’est possible, mais il faut être prêt à bosser pour le devenir, Ben Hur, et c’est un long travail solitaire.
Je regardais un très beau mec hier soir, jeune, peut-être 25 ans, vraiment très bien foutu, assez sec et le buste très bien développé, du groupe très rare de ceux qui n’ont pas oublié de muscler les jambes, avec de très beaux mollets parfaitement proportionnés avec le reste, un très beau travail de musculation.
Il passait son temps à se regarder dans la classe, bomber le torse. Ça, c’est le compteur de vue sur un site. J’ai lu que beaucoup de jeunes qui passent leur temps à s’entrainer finissent en dépression parce que passé un certain niveau le corps ne change plus aussi vite que l’intensité de l’entrainement les laisse miroiter.
Alors ils le vivent très mal et commencent à prendre des produits dopants. Il y a même des challenges sur TikTok. Pour le coup, ils deviennent Ben Hur, à 18 ans, 19 ans, avant d’entrer dans une phase suicidaire.
Je ne dis pas que ce garçon va devenir dépressif, il avait l’air en pleine forme. Mais cette façon en permanence de se regarder dans le miroir, c’est exactement comme regarder le « compteur de vues ». Exactement comme cette extension que j’ai supprimée. Douloureusement. Oui, ça n’a pas été facile…
J’ai supprimé beaucoup de ces trucs qui sont en réalité de véritables espions. Je n’en ai conservé que deux, mais même eux, quelque part…
J’ai conservé une extension de « cache »: avec l’utilisation du core de WordPress, vous devez avoir constaté que mon site est super rapide (c’est le but). Cela étant, je peux utiliser le cache directement sur mon serveur.
J’ai également conservé une extension de « SEO ». Même chose, est-ce vraiment utile pour un blog? Le SEO, c’est une des stratégies pour être sûr que Google référence facilement le site.
Je réfléchis: je garde, ou pas?
Idem pour cette fichue bannière sur les « cookies ». Je pense la remplacer par un accès simplifié à la page, en vous expliquant comment les bloquer si vous le souhaitez.
Je fais le parallèle avec la gym car ni la gym ni l’écriture ne constituent pour moi un concours de taille de bite.
Les réseaux sociaux nous conditionnent à ne faire attention qu’à ce qui marche, qu’à être vu, qu’au nombre de vues, et cela dans le plus court temps possible. Un blog, comme un livre ne peut pas fonctionner comme ça.
Grâce à ce fameux compteur de vues, j’ai constaté que les billets gagnaient en lecteurs sur la longue durée. L’espions me révélait notamment que j’avais un pourcentage non négligeable de visiteurs de tel article qui venaient d’un autre article, environ 7/8%.
Moi, ça ne me semble pas si mal. Certains billets ont ainsi cumulé, au fil du temps, plus de 5000 lecteurs malgré leur démarrage modeste.
J’ai perdu toutes les statistiques, avec les deux déménagements de serveurs, les changements de noms de domaine. Mais cette connaissance me rassure sur un point: je n’écris pas en vain.
Je sais bien entendu que ce billet n’est pas le plus sexy qu’il m’ait été donné d’écrire, mais c’est exactement comme la gym: je n’étais pas spécialement « in the mood ».
Je l’ai fait.
Et si je l’ai fait, c’est aussi pour être honnête avec ce billet d’hier. Pour être honnête avec ces nombreux billets écrits plus ou moins récemment où je vous fait part de ce sentiment de stagnation, de temps qui passe, de temps qui est passé, de mort qui inexorablement se rapproche.
Si je ne m’astreins pas à faire, alors, je tourne en rond.
J’ai totalement repris en main ce site en l’amaigrissant, en le débarrassant de ce qui lui est inutile, ce qui me distrait de la raison même de son existence. J’ai le contrôle, ici, c’est chez moi.
Je vais me contraindre à aller à la salle malgré la très forte démotivation pour tout en ce moment – à laquelle s’ajoute le froid, ça ne donne pas envie d’y aller. Parce que là aussi, j’ai la main.
J’écris ce billet comme un défi avec moi-même. Je n’avais pas d’idée très précise de ce qui allait en sortir, mais je le dois. Ça fait sens. Écrire quotidiennement ici, c’est rompre l’enfermement. Car ce n’est pas la solitude qui me pose problème.
J’aime être seul.
C’est l’enfermement dans la solitude. Et de ce côté-là, sans l’avoir vraiment maîtrisé, ça n’a pas loupé.
En confessant hier le merdier professionnel et financier dans lequel je me trouve, j’ai brisé le taboo. J’en tire les conséquences, sans quoi je me vautre dans la complainte.
Je ne sais pas si c’est lié à cette énergie rageuse qui m’a saisi la semaine dernière alors que je me morfondais dans mon lit sur ma vie, l’avenir, la mort, mais j’ai également coupé ma moustache. Ça aussi, je peux le faire.
Et alors, après l’avoir fait, j’ai soudain pensé à cette vison d’il y a plus de deux ans, je crois vous en avoir parlé une fois. Je rangeais et jetais des documents, c’était vers octobre 2021. Et d’un seul coup, j’ai eu comme un flash. Je me suis vu.
J’étais en train de chercher quelque chose dans une bibliothèque. Je portais un pull roulé noir. J’étais rayonnant, j’avais 60 ans (je ne sais pas pourquoi, mais c’est ce que j’ai senti), je donnais l’impression d’aller bien. Et je n’avais pas de moustache.
J’ai rasé la moustache sans même y penser, le souvenir n’est revenu qu’après.
Je vous ai expliqué ma très grande ambiguïté sur ces question de foi, de superstition. Que cette « vision » fut une réelle vision de mon avenir ou un simple flash qui m’a inconsciemment guidé à raser ma moustache pour me rapprocher de cet état de bel homme de 60 ans qui « rayonne » et qui est écrivain (car oui, aussi, j’étais écrivain, ça aussi, je l’ai « senti ») n’a absolument aucune importance car dans un cas comme dans l’autre, ça ne change rien.
J’ai juste bien fait de la raser, puisque c’est comme cela que je me vois « beau ».
Bien. Il va faire mauvais ce soir. J’aurai le courage de sortir et de rouler sous la pluie pour aller à la salle. J’ai envie de faire souffrir mes pectoraux.
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