Métro, ligne Tôzai. Vers 15 heures. Et voilà, j’écris pour ce blog. Je voulais reprendre un lundi, je ne sais pas trop pourquoi, peut être histoire de commencer sur un compte rond. Et voilà que je m’y remets, enfin. Oui, enfin.
Je n’ai pourtant pas chômé, j’ai tenté d’écrire des billets, mais chaque fois je les trouvais trop comme ci, ou trop comme ça, allez comprendre. Par exemple, la semaine dernière, l’un d’eux commençait comme ça.
« Je n’ai pas beaucoup écrit le mois dernier, et pas beaucoup non plus en décembre. Est-ce le régime ? J’ai perdu plus de 10 kilos maintenant, et ça ne bouge plus. Il faut dire que je continue à manger un peu comme je le sens, la variation se fait plus douce. Beaucoup de légumes, beaucoup de cuisine aussi, je me régale et je crois que mon métabolisme est en train de changer, je suis beaucoup plus « vivant », tonique. Je cours. C’est la première fois que je tiens un changement d’alimentation aussi longtemps. Voir mon poids osciller sans plus descendre est très frustrant car j’ai quelque part le sentiment d’un sacrifice, alors que finalement, le régime que j’ai commencé en novembre n’est pas ce que l’on nomme généralement un régime. J’étais « monté » à 93/ 94 kilos. Oui… Pour un mètre soixante dix-huit, je ne commente pas, c’était trop. Je fatiguais. Je pèse autours de 83 kilos depuis trois semaines. Ça monte de cinq cent grammes, ça descend de deux cent. C’est incroyablement stable. Ce qui m’étonne le plus est que mon visage n’en est pas trop marqué, ce qui me laisse penser que ce régime est bienfaisant. Je dors bien. Je me sens plus léger, et je crois être en train de m’habituer à ce corps qui mue pour le printemps, car c’est un peu comme cela que je le sens. C’est pour cela que malgré la tentation d’arrêter parce que ça ne bouge plus, malgré la tentation de réduire mon alimentation pour recommencer à perdre, je maintiens le cap. Mon alimentation est le vrai normal, ma façon de manger avant était le régime. Un régime grossissant. »
Ce matin, ô étonnement, je suis à 11,5 kilos de moins, après avoir stagné si longtemps. Je ne me suis pourtant pas privé comme l’attestent les photographies des repas que je poste régulièrement sur Facebook ou Tumblr. Mais manger des produits non conditionnés, des repas que je prépare moi même fait visiblement toute la différence. Mes vêtements ont gagné en ampleur. Je vais réussir un vieux rêve, très vieux. Hiberner, me bâtir de l’intérieur, et éclore au printemps. Oui, éclore au printemps. C’est peut être aussi cela, ne pas écrire en janvier.
Avez vous remarqué ce nouveau thème, la présentation de ce site ? J’écrivais cela à son sujet, la semaine dernière.
« Je me suis décidé à acheter ce magnifique nouveau thème de site internet, il est incroyablement beau, réactif et flexible. Il ne donne la priorité à aucun support particulier. Photo. Blog. Écrit. Tout y est à égalité, et c’est exactement ce que je recherchais depuis deux ans. Il me reste à le dompter, ce qui est moins évident : les possibilités sont quasiment infinies et les outils le sont aussi. J’ai opéré les quelques mises au point nécessaire à une lecture aisée, mais Il me reste à en reformater les 700 et quelques articles… Ne vous étonnez pas, donc, de constater de réguliers changements. C’est un travail de très longue haleine, mais vraiment, oui, ce thème me plaît beaucoup et convient parfaitement à mon projet, celui entamé lors u basculement de Blogger à WordPress : rassembler tout, images, articles, billets de blogs, archives, etc, à la même place et à égalité, ce que Blogger ne permettait pas, et que que ni les deux précédents thèmes, le magnifique Monochrome – trop rigide et axé sur le texte -, et le superbe Autofocus 2 – trop axé sur les photographies et peu lisible – me permettaient. Ici, j’ai un thème conçu avant tout comme un site internet global dans lequel sont intégrés un blog, des galeries, des articles et des pages, des menus adaptables, des portfolios, avec la possibilité de pousser la personnalisation de chacun à l’extrême. Et c’est exactement ce que je cherchais. Le type qui l’a créé à 27 ans, je trouve cela admirable. J’avais mis en place un site annexe, pour mettre en valeur certaines photographies, je veux dire par là en faciliter l’accès, mais ce n’était pas tout à fait ce que je voulais. Je désire bien en effet créer un réel site de photographie, mais un vrai, ce qui veut dire que c’est forcément totalement différent du projet de ce site. Ce site est dilettante, léger. L’autre, je le veux professionnel, vous comprendre quand vous verrez.
Je remercie infiniment ma lectrice Yukiguni pour d’avoir « sponsorisé » ce relooking. »
Cela fait aussi parti du travail en dedans. Un peu comme passer d’un bloc note à un gros classeur. Et commencer à s’organiser avant la rentrée, une rentrée que je date, vous l’aurez compris, au printemps. Tiens, comme au Japon.
Me voici au café où j’enseigne chaque lundi. Des cours particuliers, le beurre dans les épinards. J’attends mon étudiante Mami, une femme très sympa, spontanée et souvent très drôle. Élégante, aussi.
Ici, c’est encore l’hiver, comme je l’écrivais dans un morceau de billet avorté,
« C’est maintenant bel et bien l’hiver tokyoïte, cette année plus froid que les autres années, même si depuis deux ou trois jours nous avons retrouvé des températures de saison. C’est un peu moins sec, on avoisine de nouveau les 8 degrés en journée et le soleil brille, ce qui est assez agréable. Ce matin, la lumière était très belle, transparente sous le ciel bleu. Je ne peux m’empêcher de penser aux fleurs de prunier, qui devraient commencer à s’épanouir dans les jours qui viennent. La météo prévoit que le temps ne pas pas trop varier, avec juste ce qu’il fait de passages pluvieux et d’éclaircies pour favoriser la floraison. Moi, de mon côté, j’ai rempoté mes plantes verte. Je n’en ai pas beaucoup, quatre malheureuses plantes dont l’ignare que je suis ignore le nom. Certains opposeront que c’est trop tôt pour rempoter, mais en fait, j’ai toujours fait cela en février, en suivant le calendrier lunaire (j’ai donc fait cela lundi 6), et les plantes ont toujours adoré: comme moi, elles ont ainsi le temps de préparer le printemps. C’est un peu comme le réveil, « allez, les filles ». Il faut dire que le soleil dure en générale jusque fin février, ce qui leur fera du bien, et que le Japon étant un pays du sud, la lumière de février ressemble beaucoup à la lumière de mars en France. Je suis sûr qu’elles ont adoré, même si mon pronostic est réservé pour l’une d’elle. »
Avec Jun, nous avons profité du plus long week-end hier et avant-hier (mon école était fermée car c’était jour férié, l’anniversaire de la fondation du Japon par l’empereur Jinmu, c’est à dire un empereur qui n’a pas existé, et qui s’il avait existé commémorerait certainement un roitelet Chinois ou Coréen, puisque la date de fondation du Japon n’a été fixée que de façon arbitraire en suivant les règles du calendrier chinois à une époque ou les habitants du Japon se promenaient tout nus et mangeaient des huîtres crues… Encore la marque de la domination du pays par des élites d’extrême droite incultes et nationalistes). Allez regarder l’album photo de la promenade de samedi dans mes « galeries », celle appelée « l’hiver encore ». Les fleurs de pruniers japonais sont encore rares pour ne pas dire inexistantes. Cet hiver à définitivement été bien froid. Du côté de la France, j’ai vu ce que vous avez enduré. Avec une différence de taille, en France, on parle des personnes à la rue. Ici, on les ignore.
J’aurais pourtant bien besoin de plus de fleurs, d’une sorte d’enchaînement gracieux. Un morceau de moi est encore coincé dans le tremblement de terre. Comment pourrait il en être autrement, avec cette saloperie de centrale à Fukushima.
« La presse regorge d’articles alarmistes sur l’imminence d’un nouveau séisme, et nous nageons dans l’incertitude quand au réacteur numéro 4, à l’arrêt mais dont la piscine contient une grande quantité de combustible. Et qui pourrait à tout moment s’effondrer, provoquant une crise dont l’ampleur reste inconnue… Le réacteur numéro deux, lui, ne cesse de faire parler de lui car sa température ne cesse de varier, à la hausse, depuis plusieurs mois. D’abord minimisé en octobre, le phénomène commence à inquiéter TEPCO qui ne sait pas comment l’interpréter et n’a comme solution qu’injecter plus de d’eau, avec un résultat somme toute très limité. Il semble clair qu’à la prochaine alerte, le gouvernement Japonais pourrait évacuer la population à plus de 200 kilomètres alentours, voire 250 kilomètres, ce qui inclurait Tôkyô. », comme je l’écrivais il y a deux semaines. D’ailleurs, un matin, mon ami Yann me faisait part de nouvelles absolument inquiétantes…
« J’arrangeais mon blog ce matin après avoir essayé un modèle différent pour créer un site de photographie. Je m’étais levé relativement tôt pour un lundi, jour de congé pour moi, vers 7:40. J’étais donc devant mon iMac quand mon ami Yann m’a envoyé un message sur mon iPhone, « ça va ? ». Après quelques échanges, je l’ai appelé et il m’a fait part d’une information venant d’une source sûre (je dirais juste que l’an dernier, entre le 14 mars et le 20 mars, j’ai eu l’occasion de vérifier la justesse de ladite source au sujet de la catastrophe nucléaire de Fukushima). Yann m’apprit donc que son ami lui avait dit que le réacteur 4 était globalement hors de contrôle et qu’au niveau du gouvernement on en était à envisager une évacuation jusqu’à 250 kilomètres.
Yann et moi avons encore un peu bavarder, mais bien entendu, les changements que je préparais pour ce site ont été très perturbés par la nouvelle. Pas de panique, non, une envie de savoir et d’être prêt. Silence = mort, disait Act Up. J’ai donc commencé mes recherches sur le net, et j’ai appris qu’en effet, malgré le silence général des médias japonais et internationaux, la situation est loin d’être normale. »
On a appris depuis que le niveau de l’eau dans le réacteur 4 avait dangereusement baissé après la forte secousse du premier janvier (j’étais à Kyôto). Et puis la température du réacteur 2 qui ne cesse de monter. Et des fuites partout dues au gel des canalisations…
Alors à la moindre secousse, et il continue d’y en avoir, j’ai des palpitations, et si cela se passe le soir, j’ai quelques difficultés à dormir. Régime, séisme, nucléaire et Sustiva ne font pas bon ménage…
À côté de moi, un groupe de clients âgés, bavards et bruyants. Et mon étudiante qui ne vient pas alors que je leur ai refusé de prendre la chaise à ma table. C’est gênant…
Voilà, elle vient d’arriver. C’est mon premier vrai billet de l’année, il y en aura environ 300 et quelques à venir à partir d’aujourd’hui, car j’ai commencé un lundi, et parce que le printemps, malgré les frimas, montre timidement son nez. Timidement, mais sûrement.
De Tôkyô,
Madjid
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