Tokyo, Sextidi 26 Nivose 207

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J’ai poste ce matin un plein album de photographies argentiques d’il y a quelques annees. Photographies de Paris, de Londres et meme de Tokyo. Je vous en avais deja parle -longues seances de scan-, il ne manquait plus qu’a realiser un album : c’est chose faite. Vous pouvez y acceder sur mon autre blog, en photo (lien mort, note recente) bien entendu (Promenade en argentique). Mais comme je suis gentil, vous pouvez egalement y acceder en grand format depuis Ma GalerieMobileMe. (lien mort, note recente)

Ci-jointe dans ce post une photographie prise il y a 5 ans a Paris, place des Victoires. Quel privilegie j’etais, sans vraiment m’en rendre compte, d’habiter si pres de ce quartier. Je me souviens, pendant longtemps, quand je disais que j’habitais Strasbourg Saint Denis, on me regardait de travers. Moi, j’aimais bien ce quartier populaire, avec ses primeurs, ses passages et les boulevards. C’est vers 1992 que m’est venue, de facon presque automatique, la promenade « en face ». J’habitais sur le boulevard Bonne Nouvelle, cote dixieme, et j’ai alors pris l’habitude de traverser et silloner le deuxieme jusqu’au premier arrondissement. Je garde un souvenir gracieux de la recession des annees 92/93 grace a ces deambulations qui passaient toujours par le Centre-Ville, mon cafe d’election rue Montorgueil, bifurquaient par les Victoires, puis m’emmenaient jusqu’au Palais Royal, son Jardin, Büren, puis Le Louvres, les quais… Je pense alors avoir ete le rmiste le plus heureux de la terre, je me suis regenere au contact de ces facades, de ces rues qui la nuit devenaient etranges, et puis j’ai decide de retourner a la fac pour etudier le 18eme siecle, faire parler ces murs. Ma psy m’a donne l’energie de sortir de chez moi, de ne plus me prendre pour une victime, le centre de la capitale m’a redonne de l’appetit, de la curiosite. Bref, j’aime cette photo de XIV en ses victoires, nouvel Alexandre, nouvel Appolon, magnifique mariage baroque de l’histoire et de la mythologie au centre d’une ville, la mienne, l’une des plus belles du monde. A Tokyo, les facades me depriment et seules mes promenades dans l’est m’inspirent quelque chose. Mais Tokyo n’est pas, et cela definitivement, Paris.
Il y a des photos de Paris, il y a des photos de Londres. Alain habitait alors vers Bermondsey, dans le Borough de Southwark. La rive Sud de Londres a ete l’autre coeur de la capitale. Les classes moyennes habitaient la City, les ouvriers et artisans Southwark. Si vous connaissez un peu Londres, le quartier le plus connu est Elephant and Castle (histoire populaire qui trouve son origine dans l’infante de Castille, the Infant of Castil), devaste par les bombardements nazis, avec aujourd’hui l’un des plus laids centre commerciaux que je connaisse, a degouter a vie de tout revival 70! Le reste du Borough est peu connu. Quand j’habitais Londres, j’aimais m’y promener. Donc quand Alain y a emmenage, cela a ete un reel plaisir de m’y promener. Ce quartier s’est boboise a tres grande vitesse dans les annees 2000. On y trouve de belles maisons georgiennes (mes preferees) des anciens immeubles populaires de 3 ou 4 etages, tout en brique rouge et recemment renoves. Bermondsey est presque devenu un quartier chic. Il faut avouer que c’est central (London Bridge a 10 minutes a pied), que c’est calme et que le patrimoine architectural est extremement interessant. Moi, ce qui me fascine, ce sont tous les tunnels de chemins de fer et les ponts qui tissent le paysage. C’est qu’a la difference de Paris, ou tout est bien ordonne avec nos gares en peripheries, en terre plein, Londres est traversee par beaucoup de lignes de trains sans que celles-ci ne semblent trouver un terminus quelque part. Vous me direz, et Waterloo ? Eh bien oui, Waterloo, justement. En chemin, si vous regardez bien, il y a des aiguillages, vers Charring-Cross, vers Paddington, vers King Cross, etc… Ce n’est pas etonnant qu’apres 20 annees de sous investissements thatcherien, il y ait eu autant d’accidents mortels, deraillements et collisions… Le reseau est tres complexe, enchevetre. La moindre erreur (due a la vetuste des systemes de regulation et a l’accroissement du traffic) pouvait etre fatale. Pour moi, ces promenades au milieux de ces tunnels revetaient quelque chose de magique. C’est en fait tres esthetique. J’aime beaucoup Londres, je m’y suis toujours senti tres bien, tranquille, a l’aise.
C’est interessant, une exploration du passe et des endroits a travers des photos.

Reviennent en memoire ce que l’on n’a pas photographier. Araki a recemment « decide » que la photo etait un objet mort qui ne representait que des cadavres. J’ai pendant un moment parfaitement compris cela. Le temps n’est plus, cela est parfois tres violent. Mais en fait en allant plus loin, je ne suis plus si d’accord, car restent des sensations de ce qui fut, et ces sensations sont la vie qui reste, meme dans ce qui n’est plus, dans ce qui est mort. Je prefere voir dans la photographie le support de nos nostalgie, cette sorte de balance entre la vie et la mort, le passe et le present, le bonheur et la tristesse. Etonnant comment une photo de ma chatte Siouxsie -elle a vecue 16 ans- provoque comme sentiments contradictoires. Elle est morte, mais je garde aussi intacte le souvenir qu’a ce moment precis, elle vivait, elle etait la. La photo n’a pas arrete le temps, elle atteste la verite d’un instant, pour (mon) eternite. J’ai bien entendu commence a scanner mes photographies prises a Londres quand j’y habitait.
Nostalgie reelle, mais aussi sentiment de plenitude. J’y ai ete heureux, et ces photos en attestent: pourquoi serais-je triste, alors. Paradis perdu certe, mais j’y ai habite, et la photographie m’en rend sa part. Elle me rend l’oeil qui a vu et le touche qui a fait.

Cette photo, par exemple, avec ce sexe deballe. Je me revois en train de la prendre… Il devait etre plus de minuit, un samedi soir, lors d’un de mes nombreux week-ends a Londres. J’avais certainement ete au Bar-Code (mon bar prefere en « before » car il ferme a une heure du matin : en basement, une salle de peut etre 100 m » a tout casser, au moins 200 mecs qui dansent, une tres bonne sono et de bons DJ. Ah, le Bar Code. Vers minuit, il y a quatre options. Premierement, se preparer a rentrer chez soi. Deuxiemement, aller en boite : Londres est la capitale des (vraies) boites gays, avec les meilleurs DJ house de la terre et/ou les meilleurs DJ de pop ringarde. Troisieme option, un bordel a backroom; mais comme il n’y a globalement plus que ca a Paris depuis que la mafia (et les Guettas) y controle le marche (le Queen n’est pas une boite gay MAIS appartient bien a la maffia), je n’y ait jamais mis les pieds. Reste, quatrieme solution, le CXR79 (pour 79 Charring Cross), mais se prononce sexer79). Un pub gay ringard et anodin en journee, le plus gigantesque boozer a partir de 23 heures. Eh oui, a Londres, ca ferme quasiment partout a 23 heures. Pour 3 pounds, vous pouvez rentrer au CXR79 jusqu’a 5 heures du matin. Bref, la clientele arrive alcoolisee, elle en ressort completement pintee. C’est un tres grand pub, avec un etage, et ca boit, ca boit, en causant, en matant (mais avec une efficacite tres relative vue la tres forte consommation de biere). J’ai toujours trouve cet endroit marrant. On n’a jamais eu ca, a Paris, un bar pour y boire comme des heteros ! Enfin, plus que des heteros puisqu’il n’y a pas bobonne pour nous dire que c’est fini… Peut-etre le COX le samedi vers 19 heures… Un piccoloir !
Quand j’ai pris cette photo, je devais etre moi-meme assez cuite. Je suis monte a l’etage, le bas etait archi bonde. Mon appareil photo faisait sensation. Deux gars se sont embrasses pour que je les photographie, on me regardait, mi-curieux mi amuse. A deux heures de l’apres-midi, je pense qu’on m’aurait plutot degage… Et puis il y a une petit mec, peut-etre 25 ans, completement saoul, qui me montre ses fesses. Clic-clac… La photo est tres floue (il faut dire aussi que c’est un pub, bref, pas super clair). Et il me demande si je veux voir sa queue, la je ris, autours, tout le monde rit, il se retourne et baisse son pantalon. Vu le peu de lumiere et le cote instantanne, la photo est tres reussie… Cette photo, c’est plus qu’une photo, elle raconte ce bar. Le gars aurait pu se faire jete si un barman l’avait vu, car ce n’est pas le style maison… mais les pintes, ca decoince quand meme pas mal.
De Tokyo,
Suppaiku

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