Il y a vraiment un truc que je deteste plus que tout, dans la vie. Trop de mauvais souvenirs, trop de deceptions. Chercher du travail. En ce moment, je cherche du travail. Rien a rajouter sur le sujet, si ce n’est que nous sommes bel et bien dans la pire periode qui soit pour le faire. Je n’en suis pas surpris, j’attendais janvier avec inquietude, comme ici quand le Typhon arrive, sachant que celui qui vient est certainement le pire depuis longtemps. Il y a un moment ou il faut faire avec, et si l’on est en chemin quand tout se met a bouger, le vent a souffler, les arbres a plier et les rivieres a deborder, il n’y a a pas d’autres solutions qu’attendre que ca passe, en essayant de frayer son chemin dans cette apocalypse – qui sait, j’atteindrai peut-etre la maison a temps. On n’a pas le choix. L’hivers sera long, ai-je ecrit, et je sais qu’il le sera. Je suis pris dans le pire typhon de tous les temps, alors je courbe le dos, le vent glisse, j’ai deja compris que je n’atteindrai pas la maison sain et sauf, j’y laisserai quelques plumes au passage. Mais comme je savais depuis plus de 6 mois qu’on s’en preparait une mauvaise, comme je l’ecrivais fin septembre :
« Et la crise ?
Cette crise que nous traversons, si vous voulez mon opinion, va etre profonde mais ne va pas durer longtemps. De type, reprise en V (optimiste) ou en U (realiste). Mais en rien le L (stagnation) que ceux qui hier nous predisaient un avenir tout rose presagent aujourd’hui. Je continue de penser que les matieres premieres vont d’abord baisser (ca commence) avant de s’ecrouler l’an prochain, liberant du pouvoir d’achat et baissant les prix dans un environnement de concurrence exacerbe : les entreprises font de gros profits et rogneront ces profits pour accelerer la baisse des prix. Bref, apres une recession on aura une reprise tres forte et je pense meme que l’immobilier repartira a ce moment la. J’ai ecris en mars qu’on avait un gros ajustement a venir mais qu’il n’y aurait pas de grosse crise car les matieres premieres baisseront. Je persiste et signe, et ce n’est pas a la mode.
Les prix des matieres premieres se sont ecroules, le baril de petrole est passe de pres de 150 dollars a une fourchette de 35 a 45 dollars, le prix des cereales a lui aussi fondu. Pour le coup, c’est vraiment le marche qui a corrige ce qui etait le fruit de la speculation. Le marche action et l’immobilier avaient atteind leur limite des la fin 2006 et ont amorce une pause voire un debut de baisse : la speculation s’est tournee vers les matieres premieres. Or, apres la crise du credit liee a la crise de la titrisation des credits hypothecaires aux USA, la faillite (plus ou voulue) de Lehman a precipite la chute des bourses; les perspectives de croissances se sont trouvees reduites et par la meme les prix « futures » esquisses par la speculation se sont averes aberrants (ils l’etaient deja, mais fin septembre, c’etait franchement une evidence). Pire, beaucoup de compagnies, Hedges Funds comme banques ou societes de credit, a cours de liquidites dans ce contexte de crise du credit, on du liquider leurs positions coute que coute, accelerant les baisses des matieres premieres et des marches boursiers. Si bien souvent, on fait porter le chapeau des crises au marche quand il s’agit de l’action des actionnaires (la bulle internet, par exemple), dans ce qui s’est passe en septembre octobre, c’est vraiment le marche, d’ou l’allure generale de debandade, de debacle incontrolee, de fin du monde. C’est a ce moment la que ceux qui avaient nie la realite d’une crise, visible dans le retrournement de tous les marches des le printemps 2007, parlant d' »atterissage en douceur » et de reprise des 2008, se sont mis a decreter que nous etions revenus a la grande depression. Et il est vrai que les resultats economiques actuels semblent leur donner raison. Tout comme les bons resultats des entreprises jusqu’a cet ete semblaient leur donner raison.
En fait, je continue de penser que le pire est passe, que Janvier sera le pic mais qu’on y verra aussi les signes qu’on n’etait pas sur le Titanic. A la lecture des forums consacres a la bourse, beaucoup desormais preparent leurs billes, ils attendent encore un plongeon pour investir en masse. Les volume sont en effet tres faibles, comme si personne ne voulait se risquer. Cette crise est a comparer a la crise de 1907, la « panique des banquiers (lien vers wikipedia)« . Je reste convaincu que des Fevrier, on entendra non plus seulement des nouvelles catastrophiques, mais egalement les premiers redressement de la production industrielle. Le « plan Obama », lui, redonnera envie aux Americains de consommer. Des avril, je reste persuade qu’on commencera a parler de reprise. Je suis piege dans l’oeil du cyclone, je sais qu’apres encore quelques vents violents, l’eclaircie sera a la mesure. J’ai le printemps en ligne de mire.
Comme je l’ai ecrit recemment, ici, la crise prend une tournure politique. Aso n’a plus l’adhesion que de 18% de Japonais, record toute categorie. Le PLD est au bord de l’implosion, des deputes commencent a se mettre en reserve, voire quittent le parti. Jamais l’opposition, reunie autours du PDJ et reunissant les socialistes et le communistes ainsi que des independants, n’a ete autant en mesure de vaincre, offrant pour la premiere fois un front uni dans les attaques contre la majorite. Je ne suis pas fana d’Ozawa, un ancien du PLD reconverti au centrisme, mais je confesse que jusqu’ici, sa performance est un sans faute et que nous pourrions bien avoir un Japon de centre-gauche pour la fin de l’annee. Il faut dire que le parti au pouvoir a bati une economie portee par les exportation, comme un pays sous-developpe, avec une grande partie de la population sous-payee, voire precarisee, et que le decrochage des grandes economies est une catastrophe pour le Japon qui voit le volume de ses exportations s’effondrer sans pouvoir compter sur son marche interieur pour compenser. Ce ne sont pas les 12,000 yens que Aso veut donner a chaque Japonais qui relanceront la machine, ce ne sera que de la dette en plus dans le budget de l’Etat. L’opposition suggere que la dette serait mieux utilise dans des investissements pour les ecoles et les hopitaux, principalement en renforcement des structures (la plupart des ecoles ne sont pas aux normes anti-sysmiques…).
Comme je vous l’ai dit, je cherche du travail, et ce n’est pas facile, surtout quand les factures continuent d’arriver.
Ce soir, Jun vient a la maison : je dois aller acheter du pain. Je vais en effet preparer un gratin de pates. Ces derniers temps, je prepare des plats japonais simples, comme le sukiyaki (je suis desormais un expert), et des sortes de nabe de legumes. Mais ce soir, ce sera gratin.
J’espere que la nouvelle allure de ce blog vous plait.
De Tokyo,
Suppaiku