Souvenirs… (2) Effluves lointaines…

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Mardi 20 septembre, au soir, mes 39 ans tiraient à leur fin. Qu’ai je fait, cette journée ? Parti vers Gion, j’avais décidé de prolonger après Chion-In et de rentrer dans le premier temple. Ce fut Shôren-In (voir album-photo). Hormi cette décoration superbe, quelques photos du couple Impérial en visite, de magnifiques jardin et une belle promenade dans ce qui constinue une enfilade de pavillons aux décoras parfois anciens, souvent récents, aux teintes magnifiques. Une odeur de bois, les tatamis, tout ici inspirait à méditer, à ralentir le temps et penser à soi, ce que je fis après m’être incliné devant un autel. A 40 ans, il est bon de penser à sa propre fin, à ce spectacle qui s’engloutira dans le néant après moi.
Il faisait assez chaud, les moustiques s’endonnaient à coeur joie. Je me suis arrêté un moment, et puis une dame s’est arrêtée, une canne à la main, elle m’a parlé en Anglais. Je lui ai répondu. Nous avons ainsi bavardé pendant 10 bonnes minutes, elle dans la langue de Shakespear et moi dans sa langue. Shizuko habite à Uji, où je suis allé le dimanche admirer le Byôdo-in. Elle aurait voulu aussi parler français, mais son professeur lui a dit qu’elle avit l’accent anglais. Il y a vraiment de pauvres crétins… Elle m’a offert un petit cadeau, et puis elle m’a donné son adresse avant de partir rejoindre son fils qui l’attendait.
Les Japonais sont des gens terriblement attachant.
J’ai quitté shôren-in après y être resté une bonne heure/heure et demi. J’ai rejoints la Kamo, traversé le pont San-jô, et je suis allé manger un カレーライス/Kareraisu chez Spicy. Il faut bien prendre ses médicaments… Et en fin d’après-midi, après être retourné au bord de la Kamo, je me suis allongé, j’ai fait une sieste, et quand je me suis réveillé, j’étais bien…
En soirée, je suis allé à Osaka, au bar gay Leibniz (pourquoi donc un tel nom, tiens…), où j’étais allé au début de mon séjour avec Yoshinobu. J’ai bu modérément, mais tout de même généreusement. Beaucoup bavardé, et nous avons fait un vague concours de gros mots dans les 2 langues, parlé de ce que les gay ici appellent タイプ/type, et qui semble fondamentalement important. Quel « type » de mec ont aime. Et là, on a comme des cases, avec des genres très précis. Suis-je donc de la catégorie ボズ/ bozu (de bonze, donc, « cheveux rasés ») ? Kawai, on est un « mignon », jeune, cheveux non décolorés, un peu sage. Je crois que c’est mon genre préféré. Euh, mon « type ».

P1000513Bien sûr, j’ai loupé mon train (voir album photo), et j’ai ainsi passé la nuit, saoul, dans un business hotel d’Umeda, Hotel Kinki. Pour moins de JPY 6 000, très correct ! Je me suis photographié nu, en me disant « voilà, à 40 ans, tu étais comme ça ». Ma journée « à 40 ans » a commencé.

A 40 ANS
A 40 ans, j’ai quitté un bar gay en courant, saoul, raccompagné par Mama-san qui m’a demandé de revenir quand je voudrais. A 40 ans, ce quartier de sex-shop et d’odeurs d’izakaya brillait, mais je ne pouvais m’éterniser car à 40 ans aussi, on doit attrapper son dernier train. J’ai couru, traversé les boulevards d’Umeda, rigolé en voyant la grande rue, croisé les gosses paumés qui èrent à la recharche de trucs certainement pas très clairs, monté les escaliers, vu cette grande avenue, puis attéri à JR Umeda, couru encore, mon sac « Il faut revenir à un mode de vie naturel » à la main, j’ai passé la ligne des tourniquets, regardé les horaires, mince ! L’employé de station m’a dit qu’il n’y avait plus de trains jusque demain.
Je me suis éloigné, et puis je suis revenu, demandé l’horaire du premier train, satsifait finalement de ce contre-temps. A 40 ans, je me suis réconcilié avec Osaka, car je ne suis pas allé me paumer à ShinOsaka. J’ai retraversé ces rues, tranquilement, les lumières qui brillaient, et j’ai vu une flèche qui indiquait le Kinki entre deux panneaux pour des hotels au caractère plus pratique, mieux adapté aux activités du quartier.
A 40 ans, je suis arrivé dans ma chambre, j’ai pris une douche, je me suis brossé les dents et je me suis photographié tout nu. Je me suis trouvé pas trop mal. Et puis je me suis couché.
Le premier matin de mes quarantes ans, j’ai pris une douche dans un hotel avec une vague gueule de bois, je suis parti, ai payé ma note, il devait être 5h30. J’ai pris mon train et j’étais chez moi vers 6h30. Mis une dose de médicaments dans une boite, pris un petit déjeuné, et à 5 mn près, après avoir speedé à vélo, j’ai attrapé le Shinkansen pour Tôkyô, où j’avais rendez vous avec Maruchan. J’ai acheté mon thé vert de Uji (le meilleur que je connaise en fait), et somnolé un peu. Je suis arrivé à Tôkyô vers 10 h 15.
P1000518A 40 ans, je retrouvais Maruchan vers 13 heures et, comme j’avais du temps, je suis allé à pied jusque Ueno. Vers midi, je m’achetais une casquette rigolote. Et vers 12h30, après avec pris la ligne 中央縁/ligne Chûô, je buvais un café au Café des Mille (?).
A 40 ans, devant 新宿駅南口/la porte sud de la gare de Shinjuku, je retrouvais Maruchan, 9 mois après la soirée Izakaya. On est allé manger dans une de ces gargottes qui borde la ligne de chemin de fer, et qui s’écouleront avant de brûler en 2 minutes le jour du 大地震. Maru avait son nouvel iPod et son nouvel appareil photo : on a fait les mêmes achats ! Naoko m’a elle offert des chaussettes (elle en dessine les motifs, c’est son métier). Depuis mes 40 ans, j’ai des supers chaussettes.
On est allé au Starbuck qui a une terrasse, mais la terrasse était prise. A 40 ans, c’est dingue comme je peux raconter ma vie, et aimer que les autres me racontent un peu la leur…

On est allé ensemble visiter un territoire que je connais peu, les salles de jeux. Je suis toujours stupéfait par tout ce que je peux voir, et tous ces jeux à base d’éléments visuels qui conditionnent des gestes me laissent complètement pantois. Je ne sais pas faire beaucoup de choses sans penser, bref, je suis archi nul… Mais plus nul que moi, on meurt (Maru, tu peux poster un commentaire si tu veux confirmer !). Maru, lui s’est fait un petit Tekken, et moi, je suis allé atteindre le niveau 8 de Trétris. Il va fichtrement vite, leur niveau 8, et passé le niveau 6, j’avais abdiqué toute volonté de faire des points (des Tétris, c’est à dire 4 lignes) au profit du coup de balais permanent. A 8, j’ai loupé un coup, et c’est toujours fatal, à cette vitesse.どうしょう?????????
On s’est finalement quitté, et moi j’ai marché dans Shinjuku, le coeur serré, comme si c’était la dernière fois. J’ai fait des photos, et d’un seul coup, il était plus de 5 heures (Paris : 10 heures), j’ai pensé à mes médicaments ! Je me suis acheté une banane, une bouteille de thé vert, et je les ai pris. Avec une bonne heure et demi de retard. Ouf ! Marrant, les avoir oubliés alors que j’en avais parlé avec Maru !
J’ai revu cette entrée du grand boulevard qui me fait penser à la place Clichy, et j’ai presque eu envie de pleurer. Mais à 40 ans, on est sage, alors je me suis dirigé vers le train, et à 19 heures, j’étais en route pour Kyôto. Désormais, j’ai un principe. Le plus important est la qualité du souvenir que l’on se fait. Ces 24 heures avaient été inattendues (retrouver Maru, que j’ai connu à Paris par l’intermédiaire de ces fantastiques repas du apon.org), trépidentes (la course dans Osaka, le premier train, le Shinkansen de 7h20 et jusqu’à cet oubli de médicament, comme un acte manqué de convalescence mentale), ça me suffisait. Faire durer eut été nul : pour quoi faire. Et puis je prévoyais de revenir le lendemain, peut être, si Maru me confirmait qu’il irait bien avec Naoko à un Matsuri près de Yoyogi. Vendredi étant férié, cela pourrait être une belle occasion de sortir. Alors, à quoi bon rester ?
A 40 ans, tranquilement, j’ai quitté Tôkyô et ai rejoint ma province. Vers 21 h30, alors que j’étais arrivé, j’était fier de traverser la ville sur mon vélo, content de cette odeur de bois, de ces temples qui surgissent du néant, la nuit, quand on traverse ces ruelles à vélo. J’étais content de traverser Kyôto, et j’ai finalement attéri, comme toujours, chez Spicy pour mon habituel Katsu-kare. C’était ce serveur que j’aime bien qui était là, qui ressemble à Kusanagi Tsuyoshi, le chanteur de SMAP. Les serveur(se)s japonais(es) travaillant comme des robots programmés, goyukkuri-dôzo/irasshaimase/arigatôgozaimashita, il est impossible de leur adressé la parole, de savoir ce qui se joue dans leur tête. Pensent-ils vraiment qu’il faut nettoyer le comptoir, ranger les verres, préparer les carafes, okini, débarasser, passer un coup d’éponge, goyukkuridôzo, regarder si tout est propres, chercher la caisse, faire la poussière sur une étagère, arigatogozaimasu, préparer les carafes, ranger les verres, prendre la commande, shochomatchikudasai… ????
Je suis rentré, Nicolas était là, on a un peu bavardé. Je suis allé me couché après avoir bidouillé 2/3 trucs sur le net. A 40 ans, je me suis couché heureux, vers 23h30.
A mon réveil, vers 7h30, il y avait un message de Maruchan : RDV à 19h, à 代々木八幡宮/Yoyogi-hachimangu (ligne 小田急ôda-kyû). J’ai décidé de préparer mes baggages, et j’ai bien fait. J’ai confirmé mon check-out le samedi. J’ai fait un lavomatic, préparé mes vêtements pour les 2 jours à venir, rangé tout le reste. J’ai pris mon sac « il faut revenir à un mode de vie naturel », qui au passage ne m’a jamais quitté, j’y ai mis un TShirt, un caleçon. Mon appareil photo, mon iPod. J’ai quitté Kyôto vers 15h30, objectif, Tôkyô vers 17/17heures30. J’ai dormi dans le train. Arrivé, j’ai aimé Tôkyô, je me suis amusé d’être là, encore une fois. La dernière. Que m’arriverait-il ? Petit tour vers Kanda, j’aime son agitation le soir, j’ai pensé que si je travaillais un jour (utopie totale) pour BNP Paribas Tôkyô, c’est ici je que viendrais « izakayer » les jeudi soir, j’ai acheté un roman d’Edogawa Rampo en Japonais -pour ado, donc lisible- et puis j’ai pris mon train direction Yoyogi.
J’ai retrouvé Maru vers 19h00.

Commentaire

  • A 40 ans on est pas specialement nul, c’est juste qu’on est « légèrement » moins performant que quand on a 16 ans et qu’on est japonaise…^^

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