Universite de Tokyo…
Quand vous vivez au Japon, vous revenez tres vite de l’idee d’alimentation saine et de culture traditionelle. Ici, on mange beaucoup de plats industriels et il n’est pas rare de voir des adultes decorer leurs sacs ou leur telephone avec Mickey…
Je suis victime de la crise economique, l’une de celle dont tout le monde dit a l’heure actuelle, avec des mots plus convenus, qu’on va la sentir passer. J’ai beau etre persuade que la reprise economique aura une violence proportionnelle a la force de destruction en cours, il n’en demeure pas moins que je me retrouve sans travail apres le naufrage de Lehman Brothers. A moi qui commencais a me remettre de ce qui m’etait arrive l’an dernier, a sortir de cette espece de depression qu’avaient alimentee la faillite de NOVA et les salaires impayes, mon experience douloureuse de 3 semaines dans une ecole ou je ne me sentis a l’aise pas un instant, a commencer par l’entretien lui-meme, puis mon entorse a la cheville gauche suivie d’une fracture du petit doigt du meme pied gauche et toute l’immobilisation qui s’en etait suivie, non, vraiment, ce n’etait pas le moment. Le chomage, c’est un truc gluand auquel on ne veut pas croire avant qu’il ne vous ait avale. Alors, seulement, on realise qu’on y est bien, et qu’en sortir prendra du temps, que ce temps n’est pas seulement le temps de retrouver un emploi, mais aussi le temps d’evacuer tout ce vide qui vous entoure… J’ai deja visite a maintes reprises, je connais bien les lieux : je m’y suis reinstalle dare-dare la semaine derniere. Alors que dehors regnait un beau soleil les jeudis et vendredis, je suis reste chez moi, j’ai lu, j’ai lave les rideaux, la grande couverture que je mets sur le canape, nettoye partout, et j’ai meuble les temps morts de podcasts sur les elections americaines, j’ai regarde le debat Palin-Biden et mon opinion correspondait a ce qu’ont dit les medias, putain ! Je ferais un bon journaliste US ! Ce week-end, j’ai comme toujours retrouve Jun, on s’est promene samedi, on a devore plusieurs episodes de Queer as folk dimanche. J’ai trouve l’integrale des cinq saisons : on a du pain sur la planche…
Tout cela n’empeche pas le malaise interieur, comme je vous l’ai dit. Le sentiment de m’occuper, mais pas ce lui de vivre.
J’ai change l’apparence de ce blog. Ca faisait un moment que j’y songeais. Le resultat est assez radical et pourtant represente finalement tres peu de changement. Mais je ne sais pas, une page blanche traduit assez bien ou je suis, comment je vois l’avenir, et plus particulierement mon avenir. Apres tout, beaucoup de choses sont possibles : la page blanche est la meilleurs alliee de toutes ces chances que l’on ne veut pas laisser passer.
Et puis aussi, il y a cette crise. Une crise economique comme celle que nous traversons est porteuse de neuf. Une esthetique neuve, des mots neufs, des idees neuves. Au fond de moi, ca faisait bien 10 ans que je la souhaitais, cette crise. Pour qu’on en finisse une bonne fois pour toute des annees Angela du Loft, celle qui etait « de la night » a Juan les Pins, avec ses jeans moulants « d’une copine creatrice », ses « soiree VIP » et la « jet set »… Si jamais une epoque avait pu etre generee par une Divinite des Epoques dans le seul but de me faire vomir, c’eut bien pu etre la notre : vous prenez les golden boys des 80’s, vous leur mettez les vetements de annees 70 et vous les faites voter pour un presidents des annees 60.
Quand je regarde Obama, je me prends a rever. Car si jusque recemment on le voyais comme un nouveau Kennedy – Galliano n’a t’il pas fait une collection retro « 1963 » toute en glamour dans la plus pure tradition de l’esthetique de nouveau riche qui predomine depuis 15 ans -, les necessites economiques le transforment progressivement en nouveau Roosevelt… John « epoque a vomir » Galliano verra t’il le prochain printemps en Poppeye et Betty Boop ? Il me prend a rever a un decrochage en bourse de Dior et son rachat par un fond de pension chinois, qu’on en finisse une bonne fois pour toute…
Le grand magasin Takashimaya presentait une exposition vente « voila ma France ». Affiche neo-bobo facon Elle, sous-titre japonais « je l’ai enfin trouvee, ma France » et resultat pitoyable digne de l’ecole de francais ou j’ai travaille l’an dernier : easy-listening accordeonant, sorte de patchwork pour France eternelle(-ment des annees 50), charcuteries Hennaf, office du tourisme deserte avec affiches « provinces » (les memes qu’a la dite ecole avec ses vergers du bordelais, ses fromages, son Puy-du-Fou), ses rayons dentelles, des vins a pas de prix… Bref, beaucoup moins et moins bien qu’en temps ordinaire a Matsuya ! Ringard… J’imagine l’expo anglaise avec ses debordements de kilts croulant sous des montagnes de scones et de scotbreads au son des Beattles, l’expo italienne debordant de spaghettis carbonara dans un decors tour de Pise en carton pate sur une musique Rondo-Veneziano…
Il fait bien gris dehors… Je me suis achete un polard japonais, ca me fait de la lecture.
Le Japon ? Ah, oui, c’est vrai, j’habite au Japon… Ben non, j’ai rien a dire sur le Japon !