Pour celles et ceux qui, comme moi, se sont toujours définis comme Démocrates Socialistes, l’assassinat du premier ministre suédois Olof Palme en 1986 reste un moment charnière. Le meurtre reste non résolu. Qui était derrière?
Nous avons toujours lié ce meurtre à l’assassinat d’un autre Démocrate Socialiste en 1973, Salvator Allende, car Olof Palme s’était fait beaucoup d’ennemis par son opposition à la junte militaire chilienne. La CIA était derrière cette opération.
Nous avons toujours également lié ce meurtre à la campagne de désinformation contre le premier ministre Social-Démocrate allemand Willy Brandt en 1974, au moment ou celui-ci négociait un rapprochement avec l’Allemagne de l’Est, et aussi parce que Brandt était un ami de Palme. Brandt a du démissionner, sitôt remplacé par l’Atlantiste Helmut Schmidt. La CIA était derrière cette opération.
Nous l’avons aussi lié à l’assassinat du chef de la Démocratie-Chrétienne italienne en 1978 alors que celui-ci s’apprêtait à former une coalition d’un groupe de son parti avec le Parti Communiste Italien. La CIA, une branche véreuse de la franc-maçonnerie (P2) ainsi que la mafia étaient derrière cette opération.
Il y a eu plusieurs pistes envisagées dans l’assassinat de Palme. La CIA bien sûr, mais aussi le MOSSAD à cause de l’inflexion pro-palestinienne qu’il avait donné à la diplomatie suédoise, ou l’Afrique du Sud à cause de sa condamnation de l’apartheid et de son soutien à l’ANC à une époque où ce n’était pas la mode, ou encore Pinochet qui avait des agents un peu partout. 34 ans plus tard, on ne sait toujours pas qui l’a assassiné alors qu’il rentrait chez lui avec sa femme après être allé au cinéma, à pied, sans escorte.
Et voilà que depuis trois jours, les articles commencent à sortir, il semblerait que…
Aucune illusion, mais on ne m’enlèvera pas de la tête que son assassinat est un assassinat politique. Avec lui a disparu la troisième figure de cet incroyable triumvira du Socialisme Démocratique européen qui s’étaient rencontrés en Suède durant la guerre, l’étudiant suédois Olof Palme, l’allemand Willy Brandt et le Juif autrichien Bruno Kreisky, de ceux qui tentèrent de donner au Socialisme Démocratique européen la marque de la fidélité à certains principes.
Addition: Comme prévu, le rapport d’enquête finale ne conduit nulle part, avec la désignation d’un (des) coupable (-s envisagés dans des bouquins à succès), décédé depuis (pratique), sans preuve tangible (le juge admet qu’il n’aurait pas pu l’inculper avec les éléments en sa possession), ayant agi seul (bien sûr). Le juge en clôturant le dossier a admis toutefois qu’un complot n’était pas à exclure (ben voyons), ce qui n’empêche pas la presse et les commentateurs de conclure que désormais la page est tournée.
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