J’ai l’humeur triste, l’impatience en moi est morte, il ne reste que la volonté et l’énergie nécessaire pour faire, mais je suis non seulement las, mais aussi guéri de l’envie de courir et brûler les étapes.
Quand arrive le printemps, ici, tout change. Le bleu de ciel devient plus intense et la lumière prend un aspect plus jaune. Le vent sec se fait plus rare et progressivement l’humidité se fait plus présente. Pelouses et mousses, au teint de paille pendant l’hiver, retrouvent leur verdeur. Entre avril et début juin, normalement, le temps est agréable. Instable, mais de plus en plus chaud et propice à la promenade. Cette année, il semblerait que regarder les cerisiers soit particulièrement agréable. Le soleil est plus présent que l’an dernier…
Vous assistez au spectacle effroyable des changements d’allure de ce blog pour lequel j’essaie de trouver une forme nouvelle. J’ai une idée très précise de ce que je veux, mais je n’ai ni le temps ni les capacités de me lancer dans des changements dans les codes. Et je crois aussi qu’il est bon d’aller à tâtons. Il y aura d’autres changements… Beaucoup, en fait, cela reflète bien ma situation. Je prends mon temps, mais je suis en train de changer beaucoup de choses. Le voyage en France m’a appris que je ne pouvais pas continuer à enfouir certains aspects de ma personnalité. Et puis pour tout dire, j’ai rencontré quelqu’un l’an dernier. Et durant mon séjour à Paris, je ne pouvais m’empêcher de penser que j’aurais aimé être avec lui, c’est bête, hein, surtout que je suis attaché à Jun… Cela aussi remet en cause beaucoup de choses dans ma tête, des certitudes. Ma vie ressemble au générique de Mad Men… Je ne me sens pas perdu, je sens surtout le désir d’être plus en accord avec moi même. Je crois aussi sincèrement que si l’économie française se portait mieux, je quitterais le Japon. Mon grand réalisme me conduit à m’y prendre autrement.
Intérieurement, je bouillonne. Revenir sur ce blog, c’est aussi le moyen de terminer beaucoup de changements entamés dans ma vie depuis trois ou quatre ans et laissés en plan. Je sors d’un long sommeil, et j’approche de mes 49 ans, autant dire que mon horizon, désormais, ce sont mes 60 ans. J’ai l’humeur triste, l’impatience en moi est morte, il ne reste que la volonté et l’énergie nécessaire pour faire, mais je suis non seulement las, mais aussi guéri de l’envie de courir et brûler les étapes.
Vous allez donc en voir, des changements de forme, sur ce blog, et qu’importe, il y en aura de bien, il y en aura de moins bien. Et puis il y aura le bon. Je crois avoir trouvé un modèle intéressant, mais j’ai vraiment besoin d’y réfléchir, d’y penser, car c’est une option assez radicale. Je vous ai dit que j’avais rencontré quelqu’un, et je me fais l’impression de vous parler d’un homme quand je vous parle d’un site… Je dois remettre toute ma vie à plat. L’an dernier, me confiant par email à Didier Lestrade, il me répondit, « tu as simplement envie de tomber amoureux ». En y réfléchissant, je crois qu’il y a de cela, mais c’est plus vaste, c’est de la vie que je désire retomber amoureux. Ça me fait penser à la figure, dans les églises, du Saint Curé d’Ars, toujours représenté souriant, les yeux levés vers le ciel… J’ai tant de choses à faire, à dire, et j’ai enseveli ma vie dans le quotidien.
J’ai l’humeur triste mais ma confiance intacte. Ou bien est-ce la confiance triste et l’humeur intacte…
Pierre me disait que je valait mieux que ce que je faisais. Odile me disait que je valais mieux que ce que je faisais. Mes professeurs pointaient le gâchis de mes capacités. Didier m’a dit que je devais écrire et publier…
De Tôkyô,
Madjid