Le Blog de Suppaiku, journal bloggué de Madjid Ben Chikh, à Tokyo.

Premier changement


Vers Shirogane. Parfois des restes interessants, comme cet escalier 20eme siecle.

Une mutation est un changement. Dans le silence assourdissant qui m’environne (pensez-donc, je ne recois quasiment aucun mails…), je realise que ces quelques mois me separant de Lehman Brothers ont agi comme une coupure. Apres NOVA, il n’y eu pas de coupure, mais un tres lent glissement dans la depression qui ne prit fin que quelques mois apres avoir commence a travailer a Lehman. C’est que cette histoire de salaires impayes qui commenca des le mois d’aout (pour les staffs Japonais) jusque la fin en octobre (pour tout le monde) nous plongea tous dans un etat etrange, nos yeaus rives en permanence sur un forum tres actifs ou circulaient les dernieres rumeurs et des menaces fantasmatiques sur nos visas, notre status, nos droits. C’etait assez effrayant, et nous n’avions que nous, anciens professeurs, pour nous epancher. Quand j’ai commence a travailler, je me suis fait l’impression d’etre un rescape d’une tempete et je me suis accroche a mon radeau -ce travail- avec toute la force du desespoir. Ce n’est que tres progressivement que mon attitude a change, et ou je me suis, enfin, permis de donner des ordres a certains collegues, a en envoyer ballader d’autres – croyez-moi, de vrais incapables comme Lehman en etait rempli. Curieusement, mon equipe etait assez ouverte a mes reactions et la confiance s’installa progressivement. Mais une autre equipe avec laquelle je devais travailler tres souvent, ne parvint jamais a accepter mes analyses qu’apres que quelqu’un se soit finalement penche une deuxieme fois sur le probleme et se soit appercu que je voyais juste. Ce type de bras de fer, quoi que fort fatiguant, me conforterent dans la valeur de mon travail et me permirent d’oublier NOVA. L’ete a ete extremement leger malgre les heures supplementaires et j’avoue meme avoir commence a prendre du plaisir a me debattre a Lehman.

Entre Shirogane et Meguro, ce tres beau temple construit dans la premiere moitie du 17eme siecle.

C’est sur que la fin ne fut pas la meilleurs experience que j’ai pu vivre, mais d’un autre cote, la page NOVA etait tournee. Enfin, c’est ce que je pensais car la suite fut un peu plus compliquee que cela, comme vous avez pu le suivre sur ce journal. Car ma situation est un echo d’une situation globale, l’echouage sublime de la montagne de credits derives batie au long de la decennie 2000. Avec tous ces phantasmes de recession, de deflation que les journalistes Americains ont fini par nous faire rentrer dans nos esprits. Ca n’aide pas, entendre partout que l’on est en 1930, quand on vient de perdre son travail. Parce qu’on se dit au fond de soi qu’on va mettre 10 ans a retrouver quelque chose… On a l’air con.
Je commence a travailler une dizaine d’heures par semaine dans une ecole de langue a partir de demain. Ce n’est pas enorme, mais c’est deja suffisant pour payer le loyer et mes factures. L’ecole est loin de chez moi, il me faut une heure de transport. Le contrat est un contrat a l’heure et non au mois. Voila pour l’aspect negatif. L’aspect positif, je n’ai qu’un changement, c’est correctement paye, et l’ecole est dans un batiment moderne. Enfin, c’est de la conversation, comme NOVA bref, cela ne demande pas une montagne de travail. Je dois desormais trouver une autre ecole qui me permettra de completer mes revenus afin de pouvoir aussi acheter de quoi manger… Voila qui va me permettre d’attendre une amelioration sur d’autre fronts.
Ce qui est etonnant, c’est a quel point je me suis senti a l’aise en entrant dans cette ecole. Une sorte de mini NOVA… C’est clair, tres clair. Il n’y a pas de dress code, les professeurs sont souriant. J’ai du faire une lecon de demonstration, embauche de suite ! On verra pour la suite, si ca se passe bien.
De Tokyo,
Suppaiku

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