Et de nouveau lundi. Ce week end avec Jun, la visite de l’exposition Vermeer au Musee National, a Ueno. Pour le coup, une exposition magnifique, et cela faisait tres longtemps que je n’avais pas eprouve une telle joie a regarder de la peinture. J’aime enormement la peinture des Flandres au 17eme siecle et ce qui etait present dans cette exposition etait tout simplement somptueux. Pas moins de 7 ou 8 toiles de Vermeer, cela deja etait exceptionnel. Mais ce qui accompagnait ces toiles, des oeuvres de l’ecole de Delf, comme par exemple De Hoocht, tous ces interieurs ou regne une intimite nouvelle baignee d’une lumiere si caracteristique, ces femmes qui vaquent a leur occupation quotidienne, vetues de ces vetements simples et propres de la prospere bourgeoisie urbaine des villes du Nord. Absoluement magnifique. Je n’ai pu m’empecher d’etre historien, de rechercher les outils, la vaisselle, evaluer leur qualite et tenter de percer a travers ces simples tableaux les mysteres d’un quotidien. Un grand plaisir malgre une foule enorme, des queues pour chaque tableau, des reflexions stupides faites de prejuges entendus je ne sais ou mais dont finalement je n’ai pas grand chose a faire : j’ai souvent entendu de reelles betises dans les expositions de la MCJP et peut-etre moi-meme en ai-je saupoudre mes propres commentaires. La richesse de l’exposition m’a plonge dans un etat de bien etre, a allege bien de mes soucis. Et vous savez comme j’en ai.
On ne le repetera jamais assez, tokyo est une grande ville pour l’art : les foules se bousculent aux expositions et sont pretes a payer a peu pres le double de ce qu’elles valent en France. Le resultat, les grandes expositions americaines et europeennes passent par Tokyo. Pour voir toutes les expositions que je peux voir ici, il me faudrait voyager et silloner l’Europe entiere. Ici, ce sont elles qui viennent a moi, compensant la tres grande pauvrete des fonds nationaux ainsi que le manque d’initiative general qui caracterise la vie culturelle au Japon. L’art contemporain est un parent pauvre de cette megapole de 30 millions d’habitants dans laquelle on s’attendrait a trouver plus d’audace et de vitalite. Il faut croire que les elites ont les moyens d’aller a new-York, Bilbao, londres, Paris ou Kohn frequemment…
Notre visite a bien duree 3 heures. Et j’ai achete des cartes, ce qui s’etait fait rare ces derniers temps. Je crois devoir preciser que les cartes ne sont jamais (sauf au Mori Bijutsukan) les cartes originales de chaque musee, mais un tirage local specialement edite pour l’occasion. Le resultat est une pietre qualite des couleurs, de la lumiere. Cela a le don de m’exasperer au plus haut point. Quand on pense a l’extreme qualite des tirages/cartes postales des Musees Nationaux, de la Tate ou de la national Gallery, et meme ici des differents musees nationaux, ces impressions « sponsorisees par Epson » font tache.
Nul.
Enfin, cela ne gache pas mon plaisir et n’est finalement qu’anecdotique.
On a mange tres rapidememnt puis nous sommes alles jusqu’au jardin du Palais Imperial a pied. L’hivers desormais s’installe, avec son ciel bleu et son air pur presque transparent. Le froid l’accompagne : la nuit les temperatures descendent autours de 8/9 degres et nous devrions atteindre 5 ou 6 degres vers la fin de cette semaine. J’ai remis le chauffage depuis une petite quinzaine. Je connais cela assez bien maintenant : le basculement s’opere subreptissement sans que personne ne s’en appercoivent. Un jour, on s’appercoit qu’il fait vraiment froid. Generalement, c’est synchronise avec la chute des feuilles d’erables, a la mi-descembre (Tokyo).
Dimanche, nous voulions aller a Gyoenmae. N’y allez pas. C’est inutile. Il y a plein de monde. Trop de monde.
On a pousse jusqu’Omotesando, puis on a pris le metro. Je me suis achete un croissant chez « Jean-Francois » dans la mini-galerie « Marche de Metro » : il etait parfait. Symplement parfait. Craquant, plein de miettes mais tendre dedans avec un bon gout de beurre, mais pas de beurre concentre, du beurre frais. A Paris, quand j’habitais strasbourg Saint Denis, il me fallait marcher au moins 15 minutes jusque Montorgueil pour avoir quelque chose d’avoisinant, mais moins croustillant. En parlant de Montorgueil, le « marche de metro » est une espece de rue Montorgueil, pavee, avec des terrasses, des reverberes et une plaque de rue « rue de marche de metro ». Pour le reste ce ne sont que cafes et restaurant ainsi que la boulangerie « jean-Francois ». Mais c’est pas trop kitsch, finalement. En tout cas, ca inspire bien plus Paris que l’ecole de langue dont je vous parlais l’autre jour.
Jun et moi partageons desormais les frais quand je fais la cuisine. On a eu un petit passage a vide la semaine derniere. Quand je suis alle a Hello Work mercredi dernier, il m’ont annonce un montant derisoire pour l’indemnisation. Ca m’a casse et cela a resume de facon parfaite mon etat d’esprit. La veille, j’etais alle retrouver Yann a son travail, un restaurant, et je m’etais etonne d’avoir fait si aisement le tour de la question, de me liberer si facilement. Le resultat fut un diner morose avec Jun le mercredi soir ou il se mit a faire la tete puis prefera partir de bonne heure. On a echange quelques mails, il m’a accuse de ne pas lui faciliter la tache en ne faisant que ruminer ma situation. Il m’a assure qu’il pouvait m’aider, m’avancer de l’argent jusqu’a ce que je trouve un travail. Cette explication a eu ca de bon que ce week end s’est finalement bien passe, qu’on a pu meme parler travail. Moi-meme finalement, je pense que ce soudain acces de lucidite en milieu de semaine dernier a mis fin a l’episode depressif dans lequel, finalement, je me complaisait. Que je recommence a ecrire est finalement la trace la plus palpable d’un seuil franchi apres mon retour a la lecture en mi-novembre. J’admets ne pas avoir de travail, je ne me considere pas coince au Japon, ce qui m’arrive n’est pas de ma faute, la meme situation pourrait me toucher en France egalement. En attendant, je suis ici, je l’ai choisi, j’ai un copain, un appartement correct, des amis qui ne me laisseront pas tomber. Je suis intelligent et je m’accorde une certaine valeur, des capacites. C’est pour cela que je bouscule les limites sur ce blog, car c’est ma liberte qui fera la difference sur un marche du travail terrifiant. C’est ma desinvolture, mon independance d’esprit et mon audace qui m’ouvriront des portes. Pour cela je ne dois plus avoir peur de moi et encore moins de votre jugement. Qui m’aime me suive. Je gage qu’ils seront nombreux.
Ce midi, j’ai dejeune avec Junko, Noriko et Martin, dans un restaurant francais de Kagurazaka, sans facon. La cuisine etait delicieuse et j’ai ete etonne par les prix terriblement raisonnables. Je confirme que cette histoire de prix exorbitant a Tokyo est vraiment un truc d’expat’. Le menu le moins cher, entree/plat/dessert et cafe, corbeille de pain (rare a Tokyo) est a 1,850 yens (soit environ 15,50 Eur… eh oui, le yen a fortement monte). Y a t-il encore a Paris de bons petits restaurants a ce prix la ? On a bavarde de pas mal de choses, Junko et Noriko sont intelligentes, cultivees. J’etais heureux de retrouver Martin pour qui l’avenir sourit : il travaille beaucoup, ce qui, pour un illustrateur, est le signe indeniable de la reussite.
Je suis rentre apres cela, mais j’ai du ressortir car j’avais perdu mon echarpe il y a quelques jours : je suis alle jusque Ueno aux objets trouves. La, vraiment incroyable, un immence cimetiere de parapluies, et des sacs de tout, dates, estamplilles. Mon echarpe etait la, dans un sac a echarpes. Je l’ai reconnue de suite au milieux des autres. L’etiquette portait bien et le jour, et l’heure et le lieu, l’agent du metro ne pouvait douter que ce fusse bien la mienne. J’en ai profite pour aller chez Kaldi acheter du cafe, des spaghettis et des boites de tomates. La hausse du yen commence a se repercuter sur les prix des denrees importees, en baisse sensible parfois. J’achete mon Colombie chez Kaldi car il n’y est pas trop cher : 450 yens les 200 grammes. Je prefererais aller dans un supermarche mais le cafe, au Japon, est proprement degueulasse. Origine incertaine, mixage de robusta et arabicas dans des proportions aleatoires, prix souvent, finalement, exhorbitant. 300, 400 ou plus pour ce genre de qualite. Les marques sont des sortes de monopole japonais, comme UCC, certainement tenus par de riches planteurs Japonais du Bresil. Mais je vous confesse que quand je lis, au sujet de l’origine, » Bresil, Colombie, Vietnam, Indonesie, autres », ca ne me donne pas trop envie. Je n’ai rien contre l’Indonesie, le Vietnam ou « Autres » (!) mais ce ne sont pas des origines qui me sont familieres et le resultat jusqu’ici ne m’a guere convaincu. Ca m’evoque beaucoup plus de ces Japonais du Bresil ayant achete des terres et produisant a bas cout dans ces pays d’Asie qu’une origine de qualite.
Kaldi est une chaine hollandaise presente un peu partout dans le monde. Au Japon, c’est une sorte de paradis des produits importes. Le cafe est moulu sur place, les origines nombreuses, les blends parfois tres raffines pour cette gamme de prix, somme toute raisonnable. Sans Kaldi, je ne sais pas comment je ferais. Je peux me passer de beaucoup de choses, mais le cafe…
J’ai marche jusqu’Akihabara ou je me suis attarde au stand Softbank pour regarder le Samsung Omnia, ce simili iPhone meilleurs que l’original. Eh bien, le Omnia japonais a ete customise pour le Japon. Il ne fait pas wifi et les outils multi-medias ont ete limites. Internet a ete bride. Bref, c’est un telephone lecteur de musique equipe d’un appareil photo 5 Mpix.
De l’art de proteger l’industie locale. Je doute que ce telephone connaisse ici le succes qu’il rencontre en Europe.
Carte postales, cafe, telephones. Ce pays est vraiment refugie derrieres des barrieres. Ca ne l’empeche pourtant pas de recevoir la bourrasque financiere en pleine figure. Avec l’actuel premier ministres dont beaucoup se demandent deja comment le renvoyer a ses mangas, ca risque d’etre encore pire que prevu. Je continue de parier que comme il verrouille tout a son profit, les proches de Koizumi mais aussi les proches de Fukuda (qui doit etre encore en train de digerer son eviction) n’auront d’autre solution que d’aider -clandestinement- la coalition de centre gauche reunie autours du DPJ qui, si elle gagnait, permettrait aux « koizumi children » de prendre le controle du LDP (droite). Ce ne serait pas un mauvais pari car on peut douter de la viabilite de la coalition de centre gauche reunissant le Parti Democrate (centre), le Parti Socialiste (tres a gauche), le Parti Communiste (anti militariste, a gauche), le Nouveau Parti du Peuple (centre droit, transfuges du LDP) et il est fort probable que l’aventure ne durerait pas longtemps. Mais le TSA, Tout Sauf Aso se profile a l’horizon. Il ne rassemble deja plus que 29% de bonne opinion. Apres avoir convaincu son camps que seul lui pouvait prendre des mesures pour l’economie il y a 3 mois, degageant Fukuda (le modere homme qui marche), il se caracterise par son populisme extreme, des conneries toutes plus grosses que lui (la derniere en date, dire qu’il en avait marre de payer pour des gens qui ne font rien, en reference aux personnes agees) et surtout son incroyable inaction. On dirait que l’election d’Obama a tetanise l’ultra nationaliste pro-americain. Ce n’est pas prevu par son logiciel. Le resultat, une bourse atone et un doute qui gagne le Japon au moment ou les Americains, vaille que vaille, reprennent une certaine confiance en l’avenir.
Je suis rentre apres cette petite visite. Ce qui est etonnant, c’est le monde dans ce quartier a une telle heure de la soiree.
Passent les week-ends…
P
J’ai découvert que j’étais a coté de la pâtisserie que faisait le 2ème meilleur croissant de Paris. Mazette. Hé bien, il est super feuilleté pour 1,05 EUR alors qu’ailleurs les croissants bien gras qui tombent dans l’estomac sont à 1 EUR. Je t’en envoi un ?
J’ai découvert que j’étais a coté de la pâtisserie que faisait le 2ème meilleur croissant de Paris. Mazette. Hé bien, il est super feuilleté pour 1,05 EUR alors qu’ailleurs les croissants bien gras qui tombent dans l’estomac sont à 1 EUR. Je t’en envoi un ?
Ça fait plaisir de te pouvoir relire à foison. Okaeri. Bon courage pour la suite.
Ça fait plaisir de te pouvoir relire à foison. Okaeri. Bon courage pour la suite.