Des fois, je sens que mon cerveau va exploser, à force de contenir des émotions, des pensées et des idées ensevelies les unes sous les autres au fond d’une solitude interminable. J’écris et je mesure ces mots.
Ce blog (me) coûte de plus en plus cher.
Et voilà… Vous ne le remarquez pas, mais ce site a changé totalement. La base de données est différente, le serveur est différent, et l’adresse du site elle-même est différente. Gandi a furieusement augmenté le tarif de l’hébergement en rendant payant la gestion des emails liés aux sites. 50 euros par an… J’ai donc déménagé mon site chez un autre hébergeur. Je deviens un pro, dans le genre. J’aurais pu faire une migration, c’est à dire transbahuter le site d’une société à une autre, avec la même base de données et le même nom, mais j’ai préféré faire une clean install, comme on dit. Je vais perdre en référencement mais ce n’est pas bien grave vu le peu d’activité ces deux dernières années.
Et donc, revoici le nom de domaine d’il y a un an et demi. Google va me retrouver très vite…
NOTEZ BIEN LA NOUVELLE ADRESSE DU SITE
https://madjidbenchikh.fr
Je n’ai rien écrit durant ces derniers mois, mais que m’arrive-t-il donc… Il va définitivement falloir que je regarde l’écriture comme je regarde la gym, comme une nécessité. Des fois, je sens que mon cerveau va exploser, à force de contenir des émotions, des pensées et des idées ensevelies les unes sous les autres au fond d’une solitude interminable. J’écris et je mesure ces mots.
Il ne s’agit pas d’une solitude existentielle, non, il s’agit d’une solitude plus profonde, d’un désarroi dont je suis seul responsable car je suis seul coupable de ne pas écrire. Je n’ai personne à blâmer, et je n’ai aucune excuse valable. Écrire, c’est gratuit, je n’ai donc pas l’excuse des moyens. Écrire, cela demande du temps, et du temps, j’en regorge. Je devrais me réjouir du peu d’activité dans mon école, et finalement je me pars des habits de la frustration sans bien mesurer la chance dont il s’agit.
Enfin si, je mesure. Je ne m’en saisis pas. J’ai peur de manquer, j’ai peur de ce qui pourrait m’arriver. C’est bête et totalement stérile.
Près de trois mois sans écrire.
C’est ridicule. J’ai laissé passer beaucoup de sujets, j’ai ruminé des histoires, l’actualité, des idées amusantes et d’autres qui le sont moins, elles ont peuplé mes nuits dans d’interminables insomnies quand il s’agissait de l’angoisse face à l’avenir – je ne reviens pas sur ma situation financière, je vous en ai déjà parlé, là, ce n’est pas le sujet. Elles ont tourné en boucle dans ma tête le long de l’interminable trajet jusqu’à l’école, une heure aller, une heure retour. Elles ont nourri mon imagination, se baignant dans la musique que j’écoute sans jamais sortir du bain.
Une sorte d’apathie que je ne suis pas parvenu à briser et qui n’est pas sans rappeler mon rapport à l’alimentation puisque, bien entendu, j’en tire de la culpabilité.
Sur mon iPhone, j’ai déclenché deux alertes quotidiennes. L’une, c’est pour la gym. J’en efface trois ou quatre par semaine, ce qui veux dire que j’y vais trois ou quatre fois. Ça me convient très bien.
À noter que la gymnastique est également un rappel à cuisiner, à manger des trucs bons et à ne pas culpabiliser si un soir, je « déborde », comme il y a trois semaines. J’avais acheté un Panetone, 500 grammes, que je prévoyais de manger sur deux ou trois jours, au petit déjeuner. Et puis un soir, il y est passé en entier. Pas un gramme de culpabilité, pour tout dire, juste le sentiment d’avoir commis un excès mais de m’être aussi vraiment régalé. Il était moelleux avec un léger goût de beurre, les fruits confits étaient délicieux, et j’ai retrouvé un goût que j’aime bien. Bon, la balance a encaissé durant deux jours, et puis c’est redescendu. Même pas mal.
L’autre rappel, c’est « écrire un billet de blog ». Et là, chaque jour, j’efface la notification. J’en suis arrivé à un point où je ne culpabilise même plus tellement la culpabilité est forte, c’est le moment où l’abandon guette, le moment où peut venir cette pensée à laquelle on ne veut jamais penser, « à quoi bon », « tant pis ». Le genre de pensée qui ne correspond pas à mon tempérament, mais que dire, si ce n’est que je ne suis qu’un mec normal, et que des types brillants qui finissent pas baisser les bras, il y en a plein, et que ce n’est pas une honte. C’est la vie, c’est tout.
Ce qui toutefois me retiens, c’est une sorte d’agitation intérieure, une sorte de rappel inconscient beaucoup plus vicieux qu’une notification informatique, et qui prend la forme de ces idées qui continuent de m’assaillir et de me hanter. Alors, par moment, j’étouffe, et je suis saisi d’une rage mêlée d’une envie de pleurer. Pas de tristesse, non, de colère contre moi, une colère nourrie par la tristesse de moi.
C’est plutôt positif car durant des décennies, j’ai eu tendance à rejeter la faute sur l’extérieur – à raison, souvent, mais au point de l’intérioriser d’une telle façon que j’ai été incapable de voir que dans le fond, j’étais mon propre bourreau, et que le rôle de victime me plaisait bien. Parce que dans le fond, je suis plutôt chanceux, et même plutôt brillant. J’ai un tempérament assez naïf, un peu bête même parfois, mais j’avoue que c’est avant tout la façon que j’ai trouvé pour me protéger des agressions extérieures, les vraies.
J’ai rencontré le racisme, j’ai attendu des réponses aux annonces auxquelles je répondais sans en recevoir, je me suis fait raccrocher au nez quand je ne me suis pas fait insulter quand je cherchais un appartement, j’ai traversé une époque pourrie en continuant de me demander comment j’ai fait pour ne pas mourir quand tant de ces visages qui m’étaient familier pas sont morts. J’avais 16 ans quand j’ai entendu parler pour la première fois d’une maladie qui frappait les homosexuels…
Ce truc, il est encore là, coincé quelque part, avec des fantômes dont la jeunesse éternelle me rappelle à quel point ce moment a été violent, injuste, horrible, pire qu’une guerre. Parce qu’on célèbre les morts d’une guerre, on leur dresse des monuments, on les met dans des chansons, mais nous, eux, on a rien, il n’ont rien. Ils dansaient, on dansait, naïfs et beaux de leur jeunesse, de notre jeunesse, et puis on s’est reçu une sorte de grosse armoire normande invisible sur la gueule, on avait 20 ans, 30 ans, et en même temps le monde continuait comme si de rien n’était.
Je suis assez naïf et un peu bête, je prends ce qu’on me dit tel que c’est, avec légèreté, c’est ma carapace, finalement. Ça me permet de rester léger. Des fois, ça peut être brutal pour les autres, comme ce matin où Tim m’a dit qu’il était séropositif. « c’est vrai? ». Je crois qu’il n’y a que moi pour poser une question pareille, une question aussi stupide. En même temps, ça évite de dire que « c’est horrible », « tu vas mourir ». Je suis incapable de dire ça. C’est d’ailleurs ce que j’ai pensé quand j’ai vu François Hollande après les attentats du 13 novembre. « C’est horrible », qu’il a dit, la mine prête à pleurer. Comme si on payait un type 13000 euros par mois pour ça.
Ben moi, des fois, les mots ne sortent pas, alors à la place je dis des trucs bizarres, ou stupide.
Mais alors sur ce blog, tout devient différent. Je peux être superficiel, bête et profond à la fois. Je suis face à moi et je me livre au jugement du lecteur
Du coup, c’est vraiment idiot, ne plus écrire.
Je pense avoir traversé la plus longue période de silence de ma vie. Car j’ai toujours écrit, j’ai toujours dessiné, et plus encore bavardé. Alors ce silence, vous pouvez imaginer à quel point il fait de bruit dans ma tête…
Donc, si je ne plus des circonstances, il ne me reste plus qu’à m’en prendre qu’à moi, hein… Et alors, à passer au stade supérieur qui consiste à ne pas m’en prendre à moi mais plutôt à commencer à écrire de nouveau. It’s a good start.
L’occasion m’en est fournie par ce travail en profondeur, ce « nouveau site » qui n’en est pas un puisque pour vous, par la « grâce » de la redirection. Rien ne semble avoir changé quand en réalité, il s’agit bel et bien d’un nouveau site.
J’ai repris les couleurs de Barbie. Cet été, en effet, j’étais vraiment dans l’envie d’écrire, et puis il y a eu le Covid et ensuite de nouveau ce biais qui consiste à me plaindre de moi-même, gnagnagna, avec en même temps une conscience très nette que non, ce temps là était bel et bien terminé.
Celles et ceux qui le suivent sur Instagram ont pu suivre mes vidéos, et notamment mes premiers essais avec une gimbal pour mon iPhone. J’ai deux vidéos de ballade prête et une troisième à monter. J’ai aussi très envie de faire des vidéos « musique ». Vous verrez. Et puis des bavardages, des vidéos où je parlerai de choses et d’autres.
Et donc un retour à l’écriture.
Pour tout cela, je vais devoir forcer, c’est un peu comme la gymnastique, j’ai tout à revoir.
Profitez des couleurs Barbie, je ne pense pas les garder longtemps.
En attendant, pensez à mettre à jour l’adresse de ce site, puisqu’elle a changé. Il n’y aura plus de notification de nouvel article non plus, je renonce à ce type de gadget, trop espion. Pensez plutôt à la NewsLetter, si ça vous chante.
Allez, je vous laisse, on se retrouvera vite.
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