Il y a des fois, un simple truc vous rempli de joie, de ces mini moments de bonheurs qui vous font du bien simplement parce que vous ne les attendiez pas. Depuis trois quatre jours, ils se succèdent et donnent une petite note de bonheur à cette rentrée de janvier 2011. Le plus adorable moment de bonheur, c’était cet après midi. Une petite fille de 4 ans, qui a vécu trois ans en Belgique, et à qui je vais enseigner le français, oh, juste un peu, à partir de la semaine prochaine. J’appréhendais un peu car quatre ans, c’est vraiment de petits bouts de choux. Et puis en fait j’ai laissé aller. On a chanté Frère Jacques, Le Pont d’Avignon, elle a dessiné. C’est décousu, elle a visiblement perdu énormément de vocabulaire depuis son retour il y a un mois car elle butait sur des mots comme ça m’arrive, cette sensation d’être à l’aise, de parler et puis le blanc, le mur. Alors, elle m’agrippait la main, et me montrait, mimait. Elle est très amusante et, quand ce fut le moment de partir, elle était toute triste, elle voulait revenir demain. J’aurai donc, à partir de vendredi la semaine prochaine, un petit îlot de bonheur en début d’après-midi. Ce sera fatiguant, je connais les classes pour enfants, mais les moments de bonheurs sont d’une qualité rare qui lave toutes les fatigues, les jeux ratés, les humeurs maussades dont les enfants ont parfois le secret. Ça me fait énormément plaisir.
Autre moment de joie, lui-aussi inattendu, ce mardi. Comme je l’avais posté, le nouveau skype pour iPhone fait la vidéo. Je n’ai pas pu m’empêcher d’appeler quelqu’un, et ce fut Stéphane. Ah, Stéphane. Que j’aime voir sa bouille slave, avec ses yeux plissés rieurs, et ses expressions qui passent du sérieux attentif au regard malicieux. Je n’ai pas pu, au milieu de discussions personnelles, m’empêcher d’évoquer les sorties récentes de Manuel-on-en-est-là-Valls, la belle gueule de la troïka (comme on les appelait il y a 20 ans quand ils étaient Grand Maître du Grand Orient / Apparatchik pistonné chez Séguéla / Parachuté à Évry) La tête-la com’-la belle gueule (Alain Bauer-Stéphane Fouks-Manuel Valls). Celui qui veut être le Tony Blair français (en plus d’être de droite, ça pue le ringard ninetees et Cameron vient s’effacer 13 ans de Blair en un seul collectif budgétaire, ne gardant que les trucs de droite comme les frais universitaires mirobolants inaugurés à l’époque du tandem Blair-Brown, mais bon, pour lui, c’est jeune et gauche moderne), a fait des sorties de droites dans un parti qui n’est plus de gauche, disant tout fort ce que la fille à son papa qui s’est fait parachuter dans le nord entend faire avec son « care », à savoir le social personnalisé. Pour celle qui a introduit les assurances privées dans la sécurité sociale par le biais de la CMU, finir par faire « flotter » (sa loi débile sur) les 35 heures n’aurait rien d’étonnant, puisqu’elle n’y croyait pas (en tout cas jusqu’en 1995 comme l’attestent différentes interviews), mais il ne faut pas le dire avant les élections. Il faudra les faire après, avec la mine résignée de circonstance, on ne peut pas faire autrement. Anyway… J’étais content de bavarder et voir Stéphane. Si vous ne connaissez pas Stéphane, vous manquez quelque chose.
Le bonheur, ce fut hier soir quand, après deux jours de bagarre, je suis enfin parvenu à faire fonctionner mon vieux iBook de 2005 et à en sortir les fichiers RAW de mes photos de Kyôto. Ça a mis du temps, mais voilà, c’est fait. Et de les revoir toutes, de les mettre dans l’iPad et de les montrer à mes étudiants m’a procuré une vraie joie, réelle. Mon séjour à Kyôto, bien que traversé par mon allergie, a été rempli de moments agréables, de traversées d’endroits réellement beaux. Et de repas délicieux. J’ai été avec Jun une semaine et cela aussi était bien. J’ai fait de jolis portraits de lui.
Le bonheur, c’est aussi tous les messages que Hélène Hazéra a posté sur mon mur Facebook. Quelle culture, et quel éclectisme. Et parfois aussi, quel caractère… Nous avions commencé avant mes vacances un long échange sur la chanson, les traditions populaires. Vivant au Japon, ce symbole formolisé du nationalisme ambiant qu’est devenu l’enka a fini par m’insupporter au plus haut point. Avec ses kimonos aux couleurs pâles, ses chanteuses en chignons venus tout droits des Soap opera américains des années 60, ses chansons toujours les mêmes, des cordes toute droit venues de chez Bontempi… Putain, qu’est ce que c’est réac, l’enka… Eh bien, en quelques échanges, je me suis passé ma soirée de Noël à regarder de l’enka sur YouTube. Pas des trucs nouveaux,ces machins formatés, les cerisiers au printemps, les feuilles d’érables en automne, mais des trucs plus anciens, et puis des chansons japonaises des années trente, produites en Chine, où on perçoit bien comment la chanson japonaise s’est alors frotté à l’occident par le biais de la variété de Shangai. J’ai passé de très bons moments, et pour le coup, Facebook se révèle un truc sympa, un vrai coin de comptoirs, une table au fond du café où on retrouve les copains. Hélène est une femme pleine de saveur, capable de mêler la grossièreté à bon escient, bien sentie, pas vulgaire, et une culture incroyable. Jusqu’à une situation de Omar Kahayam passant comme ça, dans un commentaire. Je dois maintenant éplucher les derniers messages, les dernières vidéos et reprendre un long fil de conversation. C’est simple, le bonheur. Non ?
Le bonheur, ce sont les portraits de Jun avec mon nouvel appareil. Ce sont les photos magnifiques de la journée enneigée que j’ai commencé hier soir à retravailler pour les rendre vraiment belles. Développer des photos, c’est vraiment du travail, mais au final. Et, fidèle à ce que j’en attendais, mon nouvel appareil aime la lumière. Il ne brûle rien, il illumine. Sur ce point, le Pen me laissait un peu sur ma faim. Et puis aussi, la richesse de couleurs…
Bon, ce soir, je poste ce message, et puis je poste les deux albums de Kyôto, le deux et le trois janvier. Je les posterai de mon bureau de mon chez moi qui a pas mal changé. Avec le temps qu’il fait, la lumière est magnifique et je n’ai même pas besoin de chauffer car le soleil tape sur mon balcon dés 9 heures trente.
Je suis d’une humeur terriblement quotidienne. Je réserve des récits, des écrits plus sérieux pour mon autre site ou pour Minorités. J’ai un énorme travail devant moi, et c’est très excitant.
De Tôkyô,
Suppaiku
Les petits moments de bonheur
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