Le Mondial de football? C’est du propre!

Chaque poubelle entassée dans la rue, chaque papier par terre est une insulte à ce pays, à notre histoire, à notre culture, à l’Islam. Chaque poubelle fait de nous des bêtes et nous éloigne de la dignité d’être humains.

Article publié sur Al Huffington Post Algérie. « One, two, three. Viva l’Algérie ». C’est dingue comme une bande de type courant après un ballon peut transporter toute une nation au point de mettre au second plan des choses bien plus importantes. Je me souviens, en France, en 1998, et que ça y allait de sa petite musique anti-raciste, l’équipe Black-Blanc-Beur, et patati et patata, et patatrack, en 2002, Le Pen au second tour. Quelle foutaise!

Ben oui, désolé de vous doucher, mais après le Mondial, eh bien, des centaines de ces gamins qui s’excitent devant les caméras pour la qualification de l’équipe d’Algérie s’immoleront parce que le mépris pour le peuple, la corruption, la pauvreté et la chape de plombs que ce régime a gravé au fond des cerveaux avec un système éducatif à l’abandon et livré à toutes les manipulations, eux, continueront et retrouveront leur place, c’est à dire, la première. D’autres, eux, regarderont le rivage et tenteront de fuir dans des embarcations de fortune.

J’aime pas le foot, j’aime pas ces grands messes sensés regrouper une nation mais qui servent souvent avant tout à mieux l’asservir. Et pourtant, je vous le confie, en même temps, j’ai été heureux de la qualification, parce que quand même, l’Algérie qui gagne enfin quelque chose d’autre qu’un classement en tête des pays les plus sales, eh bien, oui, je l’avoue, ça fait plaisir. Et toute cette foule, en France, cette foule des contrats précaires, du racisme et de l’islamophobie banalisée, des quartiers de relégation, des CV qu’on ne prend pas la peine de lire, des logements qu’on ne loue pas parce que le nom ne sonne pas comme il faut, toute cette foule, à Barbès ou à Genevilliers qui peut, un soir, se sentir enfin gagner quelque chose, oui, ça me fait plaisir, comme me fait plaisir de voir ce drapeau flotter sur les Champs Elysées près desquels, il y 53 ans, la police « républicaine » assassinait dans l’indifférence générale des centaines des nôtres et en blessait des milliers, un soir d’octobre. Il a coûté cher, ce drapeau. Vous voyez, je vous en veux pas, de faire les clowns pour une histoire de ballon, je comprends bien, et quelque part, au fond de moi, je partage.

Il y a juste que je sais qu’un ballon ne résout aucun problème. Comme ceux de la jeunesse.
La jeunesse, justement, parlons-en.

Il y a un an, on s’émouvait pour les « cadenas d’amour ». Internet s’enflammait, l’argument asséné pendant 50 ans par les papys au pouvoir était y repris en cœur: c’est occidental, c’est pas pour nous. Il y a deux semaines, c’était les commandos pour veiller à la correction des tenues féminines sur les plages. Au pays du code de la famille, cela n’avait rien de bien étonnant, finalement. Une jeunesse produite par le mépris que les élites entretiennent du haut de leurs collines à l’ouest d’Alger, là où on se fait une vie « genre à la française » en s’apitoyant sur l’inculture d’un peuple à qui, en réalité, on n’a livré que les trognons de la cultures et les miettes du développement.

Et pendant ce temps? Tout le monde le dit, les rues d’Alger battent des records de saleté, les poubelles s’y entassent.

Mais vous n’avez pas honte? Vous n’avez donc pas compris pourquoi il faut se laver avant de prier?
Vous n’avez donc pas compris pourquoi il faut se déchausser en entrant dans une mosquée? Chaque poubelle entassée dans la rue, chaque papier par terre est une insulte à ce pays, à notre histoire, à notre culture, à l’Islam. Chaque poubelle fait de nous des bêtes et nous éloigne de la dignité d’être humains.

Partout sur les réseaux sociaux ont circulé ces images des supporters japonais nettoyant les gradins après le match, perdu, contre la Côte d’Ivoire. Et que les japonais patati, et que les japonais patata, toutes les concierge de Facebook y sont allées…

Mais vous, vous faites quoi, pour que l’Algérie soit propre. Vous attendez que les bachibouzouks qui gouvernent fassent quelque chose? Are you kidding me? Ils s’en fichent, en réalité, et que la saleté triomphe justifie cette allure qu’ils ont, ce menton hautain trônant sur leur ventre débordant de suffisance. La saleté, c’est ce qui justifie leur mainmise sur le pays, « le peuple n’est pas mûr pour la démocratie ».

En transit à Dubaï, je me suis pris à rêver à l’Algérie. C’est, tout sent bon, pas un papier par terre. Dans le grand shopping mall, les parfums des encens embaument un lieu où partout s’affairent un personnel qui lustre, époussette.

J’habite dans un quartier populaire de Tôkyô, dans l’est. Ici, les gens n’ont pas beaucoup d’argent, c’est visible, mais ils nettoient devant chez eux même. Tous les jours. Les poubelles sont entassées avec art et, si par inadvertance la pile s’écroulait, deux ou trois voisins sortent pour nettoyer. Les rues sont propres, on y met des fleurs, des plantes. Les enfants des écoles participent à des activités de nettoyage de quartier. C’est bien pour apprendre à être propre et à respecter les autres, travailler en commun. Ne me dites pas que ce ne sont pas des vertus algériennes, moi, il me semble que c’est même la base de l’Islam. Pour preuve, Dubaï est aussi propre que Tôkyô.

Alors, maintenant que l’illusion du football (un truc occidental… ) s’est dissipée, que la réalité du pouvoir grabataire est encore plus évidente, il serait bon de suggérer aux jeunes qu’au lieu de contrôler la forme des maillots de bain des filles qu’ils ont habituellement l’habitude de siffler, ils feraient mieux de nettoyer la ville, les rues, planter des fleurs. Et si la ville ne fait rien pour le ramassage des ordures, de les apporter, par exemple, devant chez les élus, histoire de leur mettre le nez dans leur crasse. Ce serait autrement plus constructif qu’attendre que le foot apporte une solution.


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