Kanon, 8 ans. Un petit groupes de trois diablesses que j’aime beaucoup. Vivantes, amusantes.
Je suis à l’école. J’ai eu du temps pour écrire, mais j’ai préféré surfer. C’est un choix … Ce matin, après avoir fait quelques courses et un peu de ménage, je suis allé à Akihabara, à Yodobashi Kamera pour acheter Snow Leopard, comme prévu. Ce soir, installation prévue ! Bref, j’ai cherché sur le net des informations susceptibles de m’intéresser. Un vrai geek, je vous dis…
Au Japon, quand on entend les chants des (grillons ?), le soir, en été, c’est que c’est déjà l’automne.
C’est l’automne.
Depuis quelques jours, malgré la chaleur, le soir, je ne mets plus la climatisation : l’humidité a disparu et on s’en passe très bien. La vie de tous les jours recommence, avec mon train du soir, ses salariman à moitié saouls et complètement claqués, ses office-ladies en costumes noirs et chaussures bas de gammes, les sourcils sur épilés. (En fait, et cela mériterait en soi tout un article, les Japonaises et les Japonais se coupent-taillent-rasent les sourcils ; c’est une pratique courante et certains dépassent les limites et cela donne des regards parfois effrayants, souvent grotesques et, comme la plupart le font mal ou pas assez souvent, pas très propres. Les hommes comme les femmes ont recours à ce procédé, les femmes n’hésitant pas à redessiner par-dessus. Enfin, les programmes insipides à la télévision regorgent de conseils et, s’il y a 4/5 ans, Hard Gay était l’icône du mauvais goût, c’est désormais Iko, maquilleur travesti, qui officie sur les plateaux.)
Dans le train, c’est le soir, maintenant. Dimanche, ce sont les élections. Vont-ils le faire ? Les gouvernements du Japon sont tellement mauvais, pour tout dire, de plus en plus mauvais… Depuis que je suis là, j’ai connu Koizumi le nationaliste bushiste, le suppositoire bourgeois néo-balladurien Abe, le papi à sa mamie Fukuda et maintenant Aso, un incapable de lire le Japonais qui a déclaré récemment que quand on était pauvre, on ne se mariait pas, après s’être demandé publiquement pourquoi on devait payer pour les vieux… Ça donne le niveau…
Bref, que cette bande de schtars s’en aille, ça ne peut que faire du bien. Mais ce que je demande à voir, ce sont les Japonais du lendemain. Il semblerait qu’on se dirige vers la raclée du siècle, or, cette raclée va être infligée électoralement, démocratiquement. Je pense que c’est une véritable onde de choc, un peuple qui dans le secret se détache des chefs qui s’étaient imposés à lui. Je n’attends rien de l’élection elle-même, j’espère juste que certains retiendront l’idée que « c’est possible ». Je suis content de vivre ce moment ; seront-ils souriants, lundi. Ressentiront-ils en eux la joie de la vengeance assouvie, cela libèrera t’il un peu de cette violence que l’on sent contenue, corsetée, dans cette société où chacun essaie de se donner le visage impassible de l’anonymat, au risque de souffrir de maladies de peau comme on n’en rencontre nulle part ailleurs sur terre certainement. Les Japonais ignorent le bonheur et en général le bienheureux est banni par le groupe : on va te le faire payer. Tôkyô est une ville aux rapports sociaux extrêmement violents où l’égoïsme prime.
Je suis sur la Tôzai. Le train est bondé, mais j’ai vraiment de la chance, je change à Kudanshita et le métro y est vide encore. Je me rapproche de la maison, ouf.
En fait, si pas mal d’étrangers, comme moi ressentent un malaise, le sentiment d’être ignoré, c’est d’abord parce que ce jeu existe déjà dans la société japonaise, entre Japonais. Il commence à l’école avec le bullying, qui atteint ici la proportion d’un phénomène de société. Le Japon met au ban nombre de ses enfants. L’étranger reçoit donc sa dose. Pas une méchanceté particulière, non, la méchanceté ambiante. Dans le métro, on me signale quotidiennement que je suis étranger : il n’est pas rare que les sièges à côté de moi restent vides alors que les autres sont pleins et que les personnes debout soient nombreuses. Une étudiante m’avait dit que c’était par politesse. Je lui ai répondu que c’est de la discrimination. Cette conne m’a regardé avec le sourire, sans répondre. Cause toujours, devait-elle penser. La même, une fois, a été outrée quand j’ai dit que l’ijime (bullying) conduisait beaucoup d’enfants à ne plus vouloir sortir de chez eux –otaku- se réfugiant dans des mondes virtuels. Certains ne sortent même plus de leurs chambres et leurs parents eux-mêmes en ont peur. J’ai conclu que les parents étaient responsables car ils n’en parlaient à personne, ni à leurs voisin, ni à un docteur. Et que la société japonaise dans son ensemble était responsable de cette souffrance liée à une maltraitance à l’école et au déni de la société à son égard. Elle m’a répondu que c’est l’enfant qui était malade. J’ai dit que non, et que l’enfant était le révélateur de la violence de la société car, si cela n’était pas le cas, les parents pourraient exprimer leur situation et demander de l’aide autours d’eux plutôt que devenir le cadre d’un drame en vase clos, avec une mère devenant progressivement dépressive, un père refusant de se mêler de quoi que ce soit. Ce sont environ 40,000 familles qui vivent ainsi au dire de certains psychiatres et sociologues. Ça fait beaucoup, tout ce silence douloureux. Et cette conne qui me répondait que la famille ne devait pas se plaindre car ça ne se faisait pas, mais qu’il fallait juste enfermer l’enfant dans un hôpital.
Elle, elle votera Aso, dimanche.
Ce soir, mon programme est très simple : Snow Leopard.
Et puis dodo. Demain, je suis à l’école à 10 heures, ce qui veut dire claquer la porte à 8 heures 30… Mais je ne me plains pas, le samedi, ça passe vraiment très vite.
J’ai vu que le CAC 40 était désormais à 3700 ! Je suis les débats sur pas mal de forums. Les amis de Ron Paul, l’ultra-droite républicaine monétariste, a le dessus mais la vigueur du cycle long d’expansion est plus forte. Cette crise est déjà finie (on me dira « et le chômage ? », je répondrais que le capitalisme n’est pas fait pour rendre heureux mais pour faire des profits, et c’est pour cela que je suis socialiste). En revanche, on a tiré toutes les cartouches dont on aura besoin d’ici 10 à 15 ans…J’ai beaucoup douté, mais en même temps, au fond de moi j’étais sûr que nous n’étions pas au bord d’un écroulement type 1929. En revanche, comme cette fois-ci on s’en sort pas trop mal (vu qu’on est dans une onde longue de prospérité, entendre, de profits en progrès) cet « accroc » sera considéré comme acquis, et on remettra ça. Je reste persuadé que la prochaine crise, qui commencera sans qu’on s’en rende compte d’ici environ 5 à 10 ans (pic de l’onde longue dans 5 ans), sera d’une grande violence tout en ressemblant à un soufflé qui tombe, en douceur, car elle cumulera pic de pétrole, réchauffement climatique, surendettement des états, vieillissement de la population en Occident mais aussi en Chine et en Inde, raréfaction de certaines denrées vitales, comme l’eau et les terres cultivables, limitation de l’efficacité des antibiotiques contre certaines maladies dont la tuberculose… ça fait en fait quelques années que je fais le parallèle entre le 21ème siècle et le 14ème siècle, parce que les 20ème et 13ème se ressemblent beaucoup trop et livrent beaucoup trop de déséquilibres « illogiques » aux siècles qui les suivent.
Ça peut paraître délirant, mais en tout cas, les faits donnent raisons à mes arguments. Il fallait du courage, à l’automne dernier, pour écrire que même si « on la sentirait passer », on en sortirait plus vite que prévu. Aujourd’hui, même si c’est pas folichon, on sent bien que ce n’est pas 29…
On verra bien.
Mon iMac vient de faire un « piinnnnn » de rallumage… Le fond gris du début à l’air plus gris. Vite! Je ne veut pas louper le « générique ».
Madjid
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