Pour moi la page est définitivement tournée.
Un dimanche premier novembre à Tôkyô. Température rafraichies, ciel bleu lumineux. Nous nous dirigeons maintenant vers l’hiver.
Je n’aime pas l’hiver.
Pourtant ici la saison est ensoleillée, et puis j’ai de plus grandes vacances. Mais le froid sec me gerce la peau et ce ciel bleu sur les pelouses à l’allure fade me déprime encore plus que l’hiver gris de Paris. Tous ces gens âgés, aussi, je crois que c’est quelque chose que je ne supporte plus, au Japon. Toute cette vieillesse… Ce sera un peu comme ça dans le futur, en France aussi. Mais ici, c’est criant, envahissant, évident, et déprimant. Cheveux teints, corps avachis, mine affaissée. Je m’y dirige moi aussi. L’hiver de la vie… Bah, je ne suis encore qu’à l’automne, bientôt mon feuillage rougira.
Dimanche dernier un vent très violent a soufflé sur Tôkyô, et quand j’écris violent, entendez par là vraiment violent, de ces vents qui renversent les vélos dans la rue, pulvérisent les premières feuilles jaunes des arbres et font tomber les pots de fleurs après avoir arraché tout ce qui n’était pas bien fixé. Samedi tard le soir, j’écrivais sur ce blog, j’avais passé le début de soirée avec Jun. Quand je me suis levé de mon bureau, j’ai senti une terrible douleur dans mon genou gauche, celui où je me suis fait retirer le ménisque il y a presque 20 ans, une douleur que je n’avais jusqu’ici jamais ressentie. Comme s’il était cassé de nouveau, une sensation d’articulation rouillée.
La nuit, je n’ai pas pu fermer l’oeil, la douleur était déchirante, terrible.
Dimanche, le vent a soufflé, soufflé. Je suis sorti me promener un peu mais autant la douleur était faible quand je marchais, autant elle se ravivait quand je m’asseyais. Pourtant, au fil de la journée, la douleur s’est éteinte. Avec le vent.
Mon premier rhumatisme. Visiblement sensible à la montée subite de la pression atmosphérique. Lundi, alors que le vent, toujours fort, était revenu à des limites plus habituelles, la douleur avait disparu, ne restait qu’un léger renflement du genoux et une sorte de lourdeur qui a disparu lundi après-midi. C’est l’âge…
Lundi soir, j’ai appelé maman qui se remet de son opération de la hanche. La semaine dernière, cette opération a été l’occasion d’une longue discussion avec mon frère. Un tabou est tombé dans ma conversation, je n’ai plus de problème à dire que je suis fatigué de Tôkyô.
Dimanche, j’ai revu Nori qui m’a recontacté et voulait me revoir. J’ai été surpris, j’ai chatté avec lui et nous nous sommes revus. Pour moi la page est définitivement tournée.
Je veux du changement dans ma vie. Un vrai changement, qualitatif et quantitatif, c’est pour cela que je recommence à écrire sur ce blog, quelque chose a mis du temps à changer en moi, et désormais il faut que je l’exprime. Il aura fallu beaucoup de temps, des années, mais c’est là. Mes idées sont claires, à tout point de vue, même professionnellement. Je vais prendre mon temps en me pressant. Je suis prêt. C’est comme mon bureau qui a enfin trouvé la place qu’il aurait toujours du avoir chez moi.
La semaine a été assez occupée au travail, je m’y ennuie comme ce n’est pas permis, sentiment de m’appauvrir, mais ce n’est pas grave, ce n’est qu’un travail, et ce n’est pas mon travail. Aujourd’hui il a fait relativement beau, j’ai fait une belle promenade. Et j’attends avec impatience le rougissement des feuilles d’érable, signe avant coureur de l’hiver… C’est comme le reste, on redoute avant, mais une fois qu’on y est, on s’y fait. Cette année, ce sera Kyôto.
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