On devine, aux chocs, la fureur
Des costauds en sueur
Qui roulent et qui s’enlacent…
Fait divers raconté dans le style journalistique actuel.
Dans une discothèque aux environs de Paris, dans une de ces zones à risques et ces territoires perdus de la république, pour reprendre l’expression consacrée, un ancien repris de justice s’est présenté vers 1 heure du matin avec la complicité du propriétaire de l’établissement et de quelques clients. Son but était de se venger après avoir été dénoncé pour un braquage.
Après une altercation qui a conduit à la fermeture des portes, devant la foule, XXX a été tué d’un coup de revolver sous les yeux de sa petite amie pendant que deux autres jeunes étaient grièvement blessés. Le corps sans vie a ensuite été transporté en automobile pour être abandonné quelques kilomètres plus loin du côté de Brie-sur-Marne, dans la rivière pendant que les blessés étaient laissés sur une aire de parking près de l’hôpital voisin. On rapporte que la soirée s’est terminée normalement dans la discothèque et que le repris de justice est sorti sans se faire inquiéter, ce qui pose la question de la complicité active des populations dans ces quartiers difficiles de banlieue ainsi que le cruel problème du respect de la loi et la sécurité.
Fait divers raconté en mode Onfray-Soral-Finkelkraut-Chevènement-Valls-Le Pen « c’était mieux avant » (mettre la vidéo pour avoir toute l’ambiance de « la-France-d-avant-c-était-bien-mieux-on-savait-s-amuser-c-était-pas-comme-maintenant-avec-tous-ces-étrangers-on-n-est-plus-chez-nous-ils-nous-envahissent-islam-terrorisme-insécurité-burck »)
La guinguette a fermé ses volets.
Les joyeux triolets
De l’accordéon fusent.
On voit, comme sur un écran
Des profils inquiétants
Dont les ombres s’amusent.
On dit que, pourtant, un costaud,
Qui frisa l’échafaud
Pour des vendus qui rusent,
Vient d’entrer, rageur,
En vengeur…
Oui, mais…
La guinguette a fermé ses volets.
Le rythme des pas… incertain…
Soudain…
Serait-ce l’heure ?
Et dans l’accordéon plaintif,
Craintif,
Un son demeure !…
Des jurons de voix mâles
Et des râles,
La chute de corps lourds,
Hargneux, des coups sourds.
La guinguette a fermé ses volets.
Le même son inquiet
De l’accordéon glace.
On voit, comme sur un écran,
Des couples haletants
Dont les ombres grimacent.
On devine, aux chocs, la fureur
Des costauds en sueur
Qui roulent et qui s’enlacent,
On voudrait bien voir
Et savoir.
Oui, mais…
La guinguette a fermé ses volets.
Le calme revient brusquement.
Vraiment,
Etait-ce un leurre ?
Pourquoi ces sanglots convulsifs,
Furtifs ?…
Des femmes pleurent.
Lа-bas, un groupe traine
Vers la Seine,
Quelque paquet maudit
Qui sombre en la nuit…
La guinguette a rouvert ses volets.
Les joyeux triolets
De l’accordéon fusent.
Les lampions éclairent, discrets,
Les couples guillerets
En leurs ombres confuses.
On dit que, ce soir, le costaud
Qui frisa l’échafaud
Pour des vendus qui rusent,
Est sorti très gai.
Est-ce vrai ?
Oui, mais…
La guinguette avait mis ses volets…
Damia, La guinguette a fermé ses volets, 1934
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