La fin du sumo ? Waouh…

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Une information est tombée hier : la NHK arrête la retransmission des tournois de sumo à Nagoya!
C’est l’actualité du moment, ici. Il y a des élections le 11 juillet, le premier ministre envisage d’augmenter la TVA à 10 %. Mais ce qui retient l’attention ici, c’est un feuilleton qui dure depuis deux ou trois semaines : suite à des investigations, un énorme scandale traverse le sumo à Nagoya, mêlant corruption, yakuzas et sumotoris eux-mêmes. On a le droit à des séances d’excuses publiques, des témoignages de voisins de sportifs. Les sponsors ont ouvert le bal des condamnations en se retirant la semaine dernière, et donc hier tombait la sanction : la très sérieuse NHK lâche le sumo.
Une étudiante me disait samedi que le sumo était mort, parce que plus qu’un sport, le sumo est une part du Japon, de sa culture. Pour elle, ce sport est désormais entaché et il ne sera pas possible de réparer cette image, quand normalement ce sport rappelle les origines du Japon, le combat de deux frères, deux Dieux. Elle m’exprimait sa déception, tout en remarquant que cela faisait des années que cela durait, que tout le monde connaissait la corruption. Mais qu’un clan de yakuzas aie pu avoir accès à des places de marques, normalement réservées à des personnalités, a ouvert la boîte de pandore, et désormais les révélations se succèdent, pots de vins, soirées mêlant les sportifs et des barons du crime, tout s’accumule et il devient en effet difficile d’imaginer une quelconque embellie avant longtemps. La corruption touche la fédération de sumo elle-même, révélant au passage son institutionnalisation et l’ampleur de la tâche à accomplir, toutes les têtes à couper, avant que le sumo ne redevienne ce qu’il fut dans le passé : un divertissement populaire, inter-classiste et inter-générationnel, un spectacle bon enfant où deux montres s’affrontent sans se faire de mal, sans être violent, jusqu’à ce que l’un des deux ne sorte du cercle tracé sur l’estrade, et ne perde. Le sumo est une chorégraphie extraordinaire, originale, où la ruse compte certainement autant que la force et le poids. Le voilà transporté au pays des petites frappes, des criminels et des dessous de tables. Triste fin.
Cela m’a fait penser que ce déballage arrive au même moment que le gouvernement a changé, avec une nouvelle majorité beaucoup moins mêlée au milieu du crime. La presse doit peut-être se sentir libérée, comme il y a 15 ou 16 ans. Ne pas avoir de politicien haut placé qui vous empêche de parler est un vrai changement. La décision de la NHK est, elle, incroyablement courageuse.
Élections, donc, et dont finalement on parle assez peu. En fait, on attend la victoire du Parti Démocrate, comme l’an dernier, non pas comme l’année dernière, au temps de l’innocence et de l’élégant monsieur Hatoyama, quand la majorité rassemblait large et espérer bouter les Ricains hors d’Okinawa. La nomination de Kan Naoto est une sorte de retour au monde réel. Ce n’est ni bien, ni pas bien. À certains égards, je pense que Kan est plus politique, a un projet pour le Japon, qui paraîtrait à certains égards conservateurs par chez nous, profondément démocratique, ce qui est dans ce pays confisqué par des élites masculines, riches, vieilles, obtuses, ignorantes du monde et analphabètes, une véritable révolution. Mais plus tard, quand je repenserai à Hatoyama, à ses cravates dorées choisies par Madame, une femme élégante et toujours souriante, je continuerai d’éprouver une tendresse réelle pour un premier ministre un peu naïf, plein de bonnes intentions, un fils de bonne famille tout gentil qui s’est vite fait lyncher. Pourtant, en créant une allocation familiale d’un montant significatif, environ 110 euros par enfant, en diminuant de moitié les frais de scolarité dans le secondaire, en coupant dans les budgets de la corruption que sont les travaux publics, il a fait une politique de gauche comme c’était inimaginable il y a encore un an. Certes, désormais, tout est à la rigueur, car le Japon a peur de la crise grecque, mais il restera ces transferts en faveur des familles et de l’éducation, et Kan, dors et déjà, pour diminuer l’effet inégalitaire de la TVA, propose de créer un impôt négatif qui en redistribuera une partie à ceux qui n’ont pas beaucoup d’argent. On est loin des grandes politiques de gauche, certes, mais il n’empêche que ce genre de changement était inimaginable dans un pays où les inégalités se sont creusées de façon incroyable depuis 10 ans. Si ce gouvernement parvient à installer un climat de libertés publiques plus grand, alors, ce changement aura valu la peine et le sacrifice du « gentil » Hatoyama n’aura pas été inutile.
Élection et sumo. Faillites, aussi. Une élève, une jeune fille de 28 ans toute jolie et à 50 millions d’années-lumières de la culture kawai (elle est de Kyôto, ce doit être ça…) préparait une année d’études en Australie. Elle avait donc tout préparé avec une agence, et payé un million six cent mille yens d’avance, soit environ 15,000 euros, soit le prix du voyage, de l’école et de l’hébergement pendant 8 mois. Elle a tout perdu. Au-delà de l’argent, je ressens bien la peine, la déception. Ce genre de faillite est courante au Japon, les entreprises ferment du jour au lendemain, et personne ne vous prévient. Dans son cas, c’est l’école, en Australie, qui l’a appelée. Elle était très triste. Je lui ai raconté l’histoire de mon vélo, qu’on m’avait volé à Paris, devant un musée où je m’étais rendu, et moi, tournant, tournant dans le quartier, n’arrivant pas à admettre qu’on aie pu le voler aussi simplement devant un lieu aussi fréquenté. Mon esprit divagua alors, hors de toute rationalité. J’ai raconté Nova, aussi. Elle m’a dit qu’elle aimerait vraiment revenir en arrière. 1,6 millions, oui, il y a de quoi ne pas comprendre, chercher où on a pu faire une erreur, ce qu’on aurait pu faire, et il en faut, du temps, pour revenir sur terre et admettre.
Elle n’ira pas en Australie cet automne.
Moi, mon école me donne des motifs d’inquiétude. La deuxième école est un gouffre et je ne pense pas qu’elle va durer très longtemps. Elle tire la mienne vers le bas. J’ai eu une discussion avec le directeur ; je pense qu’on va passer le cap : il est sérieux et n’avait pas l’air trop inquiet, juste extrêmement prudent dans la gestion. J’ai suggéré quelques pistes et il a écouté avec attention. Cela n’empêche que c’est quand même très chaud. Je vais chercher autre chose très activement, par prudence. Si vous avez une idée…
Comparé à ce week-end, mon envie de iPhone 4 s’est calmée, mais c’est décidé, je vais passer à l’iPhone 4. J’utilise beaucoup FB, d’abord, et je suis abonné à d’autres réseaux sociaux. Ensuite, c’est un très bon livre électronique (je lis sur mon iPod et suis très étonné par l’ergonomie, agréable ; de plus, il y a une importante quantité d’ouvrages gratuits). Avec Jun, donc, il y a de fortes chances qu’on y passe ensembles. Ca fera 10 mois sans payer de forfait conversation… Si quelqu’un veut un téléphone AU, qu’il me contacte, le miens fait de très belles photos, c’est un Sony Cybershot S001 acheté en avril 2009, 8Mpix, je le vendrai très peu cher, plus pour le principe que pour l’argent, et avec une batterie neuve. La réservation est ouverte.
Mon iPod, lui, me servira de réveil, à écouter de la musique et la radio à la maison, en évitant d’allumer l’ordinateur. Mon vieil iPod de 2005, je l’utilise toujours : j’y ai mis l’audio des livres que j’utilise pour donner des cours. Mais les téléphones, il faut avouer, c’est difficilement recyclable : je dois trouver à qui les donner !
Mon zona me fait mal de nouveau : mon docteur a diminué la quantité de calmant et je sens la différence aux heures de soudure. Ainsi, ce matin, j’ai pris mes cachets vers 9 heures et demie / dix heures. Il est vingt-deux heures trente, et ça commence à faire mal. Ce matin, j’ai donné une leçon à Mariko, qui est une femme que j’apprécie. Ça m’embête presque d’enseigner, j’en ferais presque une copine…
De Tôkyô,
Madjid

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