La fin du brouillard et la navigation à vue…

L

Hier soir, je suis allé retrouver comme prévu Isabelle qui nous quitte aujourd’hui, vers 本八幡/ Motoyawata. J’ai d’abord rejoint Erika et Vincent. Il pleuvait. On a échangé quelques blagues au sujet de la situation de NOVA. Bon, en fait, c’est moins dramatique : ils n’ont plus le droit de vendre de longs contrats… Cela étant, cela n’empêche pas de se poser des questions: à quelle sauce allons nous être manges? Erika et Vincent ont négocié un étalement de leurs impôts locaux et je constate au passage que de tous les chiffres que j’entends, je suis dans la fourchette la plus basse. Je vais aussi demander un étalement sur onze mois. J’ai reçu, d’ailleurs, ma sécutité sociale, et là aussi, cela s’avère moins cher que prévu.
A ce sujet, je ne saurais que trop conseiller à ceux qui comme moi viennent au Japon et dont l’employeur ne veut assurer la couverture par la sécurité sociale d’entreprise 社会保険/shakai hoken, de sourscrire au moins à la 国民保険/ kokumin hoken, et non à ces espèces d’assurances débiles (en fait des assurances voyage) qui sont généralement proposées. Celle que NOVA propose (souscrite auprès de Mitsui-Sumitomo si je ne me trompe pas), coûte près de 8,000 yens par mois. Il faut faire l’avance de soins, certains médecins ne la reconnaissent pas. Si elle couvre à 100%, elle ne couvre ni les dents, ni les lunettes. La kokumin, elle, est la sécurité sociale d’état et couvre 70%, plafonnés à 63,000 yens par mois (avec dérogations pour certaines pathologies). La première année, elle coûte moins de 3,000 yens par mois et cette année elle me coûtera 13,750 par mois, déductibles des impôts au contraire des assurances. On est largement gagnant.
J’attendais de recevoir cela pour passer à la « suite et fin » de mon installation. Mes impôts locaux et ma sécurité sociale vont donc me coûter 22,500 yens par mois. J’attendais plus.
La soirée a été sympa, j’ai retrouvé Bérénice, aussi. Vous n’aurez pas de photo : cette époque est révolue. J’en ai assez de « partager » mes photos avec Google ! On a mangé dans un restaurant indien plutôt infect (j’ai l’habitude des restaurants à Londres, des currys de Tarika) mais c’était bien, se retrouver ensembles. Ca me fait de la peine, que Vincent et Erika partent un jour aux États-Unis car j’apprécie Vincent (je ne connais pas Érika). Grande conversation sous la pluie avant de se séparer : on ne refait pas un Français habitue à papoter sous les fenêtres jusque tard même s’il pleut, sans se soucier des autres. On a du passer ainsi une bonne heure, et nous étions surpris par tous ces rendez-vous qu’Isabelle a eu avec les étudiants avant son départ. J’en étais presqu’un peu jaloux, mais aussi un peu triste pour elle car elle quitte un pays où elle avait voulu vivre avec passion. Bonne chance au pays des grands Isabelle, et tous mes voeux…
J’ai attrapé un des derniers métros. Il pleuvait, il faisait un peu frais, et ce n’était pas désagréable.
Vendredi matin, le réveil sonnait à 8h00. Le 15 de chaque mois, c’est le jour du loyer, or il faut payer le 14 et j’avais oublié, pris par cette histoire à NOVA. Je vais sur mon compte pour faire le virement et… pas d’argent. Bon, j’ai fait le nécessaire en vitesse, suis sorti, ai pris l’argent avec ma carte de crédit, l’ai déposé sur mon compte (ici, on peut faire tout ça en temps réel, au « magasin du coin », le コンビニ/ konbini de convinience store), puis sitôt fait suis rentré chez moi et ai fait le transfert sur le compte de mon 不動産/ agent de bien. J’ai alors commencé à réfléchir à la situation. Pas d’argent sur le compte à 9h00, à 10h00… Où est ma paie? J’ai contacté d’autres personnes et, toujours la même réponse : moi non plus. Parcouru les nouvelles : nulles traces de faillites.
L’argent est tombé à midi. Il faisait chaud. Au Japon, on peut aussi facilement passer d’un jour pluvieux à un jour de grande chaleur sans transition. À l’école, la conversation tournait autours du « sujet » : la situation de NOVA, le retard dans la paie. Malgré cette situation baroque, on m’a demandé de faire des heures supplémentaires à Shibuya (au cas où il y avait une grève) – j’ai refusé. Il y a aussi un poste à pourvoir à Ôsaka – j’ai refusé. Étrange climat, inédit dans toutes les entreprises où j’ai travaillé. J’ai l’impression que tout le monde navigue à vue. Le syndicat NOVA en profite (je suis contre ce syndicat car il est uniquement destiné aux professeurs et non aux salariés japonais) et le management ne contrôle pas grand chose. Mais bon, de l’avis général, le navire est solide et passé l’avis de tempête… Pour ma part, cette aventure a clarifé ma situation. Au delà de toute espérance. Je suis tranquille, pas inquiet.
Je suis rentré chez moi vers 19h00 après avoir fait les courses et supporté l’horrible ligne 東西線/ Tôzai. J’ai fait un peu de net. Et puis j’ai fait une grande salade de tomates persillée avec du poivron vert et de l’oignon, une salade d’avocats au poivrons rouges aillée, des fetuccine (refroidies), et deux viandes grillées poivrées. Jun est arrivé tard, comme toujours depuis que sa société a opté pour un système informatique coûteux qui ne fonctionne pas. En dessert, une salade de mangue et de banane. Fruits et légumes sont incroyablement bon marchés en ce moment, j’en profite.
On a dû se coucher vers minuit et demi.

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