Kyoto désertée

Il fait vraiment très très chaud, hier on a dépassé les 35 degrés, et c’est comme cela depuis plus d’une semaine dans tout le pays. C’est bien, j’adore ça, mais il faut avouer qu’avec le soleil en plus, ça brûle. J’ai donc acheté de la crème solaire, un truc dont je ne suis pas friand, mais qui va être nécessaire pour éviter de brûler.

Kyôto offre cette année un spectacle inattendu: la ville est déserte. Plus de touristes dans cette ville qui avait fait du tourisme le coeur même de sa renaissance, et la voilà devenue allégorie de notre époque, de notre avenir, parce qu’il ne fait pas se faire d’illusion, l’âge du tourisme de masse est derrière nous, et cela même si un (hypothétique) vaccin vient à nous « libérer » du SARS-COV2.

La ville est déserte, il y a des magasins fermés et, en passant à vélo vers le Jardin du Palais Impérial, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller regarder où en était l’hôtel dans lequel j’ai passé mes étés, mes hivers et même ce très long automne 2004, quand je suis resté 40 jours. Un poster à l’entrée annonce la terrible nouvelle: il est fermé définitivement. Je ne sais pas si je suis triste, c’est juste une sorte de coup quelque part du côté de ma mémoire, un petit morceau de ma vie qui s’évanouit.

On a trouvé un système de location de vélos vraiment très pratique, un peu comme Vélib’© à Paris, mais privé (c’est le Japon, et puis en réalité, à Paris ce n’est pas si public que cela puisque c’est une concession). Ce n’est pas cher et on dispose de vélos 24 heures sur 24. On a pris un forfait de 5 jours. Si vous venez à Kyôto un jour (on ne sait jamais), je vous conseille vraiment la ville à vélo.

Je suis beaucoup plus reposé que l’hiver dernier, beaucoup plus serein, mes idées ne se télescopent pas comme elles l’ont fait ce printemps, embrumées par l’incertitude. Et puis, vous écrire quelques mots comme cela, le matin, après le petit déjeuner, j’aime bien.

Je ne vais pas me presser aujourd’hui, je connais cette ville. Hier, dans le parc du sanctuaire Heian, alors que les cigales n’arrêtaient pas de chanter, que le soleil tapait et qu’il faisait bon être à l’ombre d’un abris de bois sous les feuillages, j’ai regardé les nuages passer dans le ciel bleu, savouré une brise très douce, posé mon regard sur toute cette foisonnante verdure et j’ai pensé qu’Allah avait bien fait les choses, que la nature était absolument magnifique et que nous avions une chance incroyable de pouvoir la contempler et de mettre des mots dessus pour la raconter. Les jardins japonais comme celui-ci, avec leurs arbres et leurs plantes que rythment un petit cours d’eau, quelques rochers, c’est un plaisir tellement simple, toujours renouvelé au fil des jours, des mois et des saisons.

C’est aussi ce qui m’est venu à l’esprit alors que je traversais le jardin du Nanzen-In, tous ces parterres de mousses et tous ces érables, si verts en été, si rouges quand l’automne touche à sa fin, et dont ils ne restent que des branchages aux formes dramatiques en hiver, c’est juste magnifique…

Une nouvelle journée s’annonce. Il est temps d’y aller. Je vous ferai des albums de photographies quand j’en aurai le temps. Bonne journée.


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *