Le Blog de Suppaiku, journal bloggué de Madjid Ben Chikh, à Tokyo.

J – 13 Je vous aime tous… si si si


14h36, devant l’ambassade du Japon, avec mon passeport
Je ne poste guère, je crois que vous l’avez tous remarqué. C’est que mes journées sont désormais monotones, bien que très excitantes. Si je vous racontais tout cela au jour le jour, je crois que je finirais par vous perdre. J’en ai pas trop envie, parce que je vous aime bien, vous, ceux qui me lisent un peu, beaucoup ou tout le temps. Amis et anonymes, connaissances lointaines ou plus proches, intimes. Frédérique ou Nicolas, Marc ou Thomas, et puis les autres moins connus mais tout aussi assidus et qui me postent leurs impressions de temps en temps. Ca me fait plaisir, si ça vous fait plaisir.
Et comme je suis sur le point de partager avec vous tous mon grand transbahutement de l’occident vers l’Orient extrème, je ne tiens pas à gacher.

Alors, quoi de neuf ? Eh bien d’abord mon chez moi a bien changé, il a même changé de chez changer. Plus de chaîne, plus de TV, plus de graveur DVD ni de scanner ou d’imprimante. Ma bibliothèque s’est vidée d’un tiers. Un aspirateur dans un coin et une valise dans une autre, fini la table, le bureau. L’endroit se vide.
Mes disques aussi, ont disparu. Tous transformés en mp3, ou plutôt en AAC. Mes DVD ont quitté leurs boîtiers, ils sont dans une pochette.
Mon frère est passé dimanche dernier. J’ai eu ma mère au téléphone. Je vends mes livres. J’ai fait du change et je m’aperçois que mes 3 premiers mois vont être serrés (toute proportion gardée, car en fait, c’est du au fait que mon 1er mois je ne travaille que 1 semaine, et que je devrai payer mon loyer une semaine avant d’être payé… Bref, en février, je devrai déjà mettre de côté mes loyers de mars et avril… tout en payant février !

mon working visa !
Je vais habiter à Iidabashi, Kagurazaka, plus exactement, dans la même guesthouse qu’il y a un an. La chambre s’est libéré il y a 10 jours… J’en rêvais, et ça s’est fait. Je veillerai juste à ne pas me mettre un gaisen du genre de Takeshi dans les pattes. Mais quelque part, tant mieux que ça me soit déjà arrivé, l’histoire n’aura duré qu’un mois. Je vais retrouver mon sentô, mes obaasan de voisines, les commerces du quartiers, un peu chers mais avec des produits français « abordables ». Avec un vélo, enfin, je serai à côté de tout. Bref, je quitte Strasbourg Saint Denis pour une sorte d’équivalent géographique. La proximité de l’Institut Franco-japonais enfin me permettra de profiter de la bibliothèque.

Je suis un être heureux dans un monde où le malheur domine, et je serai bien idiot de me plaindre, de ne pas profiter. Je vais quitter la Banque et ses métiers que je n’ai jamais cherchés. Je vais quitter mes collègues que j’ai apprécié et ceux aussi qui me sortent par les trous de nez. Mais c’est vrai que j’en ai eu, de la chance, ici car la plupart de ces collègues sont de vraies crèmes, serviables, patients. Ma collègue Odile continuera ici le travail que nous avons accompli en commun, mais je ne serai plus là. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas rapproché à ce point d’un(e) collègue. Mais malgré des désaccords qui se seraient manisfestés si nous avions créusés, je crois que nous avons été heureux de trouver l’un chez l’autre de la culture et de la curiosité, et aussi une réelle personnalité. Travailler au milieu de la paperasse avec quelqu’un qui aime Bach, qui aime le 18ème siècle, même si cette personne est catholique pratiquante, conservatrice, eh bien cela me fut infiniment plus réconfortant et agréable que travailler avec quelqu’un qui m’aurait saoulé avec le foot, les filles, les soirées à l’Hyppopotamus… Et quelle culture de son métier, et quelle vivacité, encore, malgré une maladie qui avance lentement en elle. Bref, je me suis senti proche de ma collègue, et là aussi j’ai eu beaucoup de chance. Je regretterai Odile car apprécier un collègue proche, c’est rare. J’ai entr’aperçu la personne.
Ces 3 années m’ont véritablement transformé. Je suis content de partir maintenant, c’est le bon moment.
Et je suis heureux de prendre enfin du plaisir à donner tout ce qui me passe par la tête. Allez, j’y vais…

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