J – 12 moins de 2 semaines

J

à bord de l’avion, le repas japonais
Ma vie continue et ça sent bien la fin. Au travail, mon énergie se réduit au stricte minimum, désormais. Quand je parle avec mes amis au téléphone, je parviens à saisir une certaine émotion, ou peut être est-ce moi qui réalise à quel point leur proximité me manquera. Mais aussi, je suis si heureux de partir que je sais bien qu’ils sont eux même très heureux pour moi. Stéphane m’a dit lundi soir que je réalisais un rêve, que je pouvais être heureux, que j’avais bien de la chance et que tout le monde n’a pas ainsi la chance de réaliser ce type de rêve. Et le plus fou, c’est que c’est vrai. J’impose par ma simple présence cette cruelle évidence à mes collègues. En tout cas, aux plus sympathiques d’entre eux.

je suis resté dans cette chambre que je retrouve le 8 février, il y a un peu plus d’un an… le bonheur

Hier soir, c’était un peu fainéantise, j’ai achevé ma « redifusion » de やまとなでしこ après avoir été chercher de l’argent, j’ai relu ce que j’avais écrit en soirée et déploré, fainéant, l’abondance des fautes d’orthographe de ces premiers jets.

Je continue ainsi à accumuler ce petit pécule qui me permettra de vivre un temps. A Iidabashi. Ce soir, je jette. J’ai plein de truc à jeter et, comme demain soir je sors, comme samedi après midi et le soir aussi, ainsi que le dimanche après midi, je suis pris, alors ce soir est le bon soir. J’y verrai plus clair, débarrassé de ce qui ne sert à rien. Et qui s’est révélé au fur et à mesure de la semaine. demain soir, Nicolas devrait passer, peut être Alain aussi, j’aimerai que donc ce qui reste chez moi soit « lisible ».

pour la première fois, la « Sibérie » devrait devenir une partie de plaisir

Le but est aussi de pouvoir commencer à remplir cette (gigantesque, 110 l!) valise. Je me demande d’ailleurs si je n’ai pas visé « trop gros », mais bon… En jetant, ce soir, je vais également « descendre » mes livres, mes vêtements (en jetant également ce qui ne partira pas). Je veux que ce week end soit l’entrée dans une « dernière ligne droite ». Mais c’est bien amorcé, finalement, et bien que ce soit un peu le bazard, il ne me reste vraiment que les livres à liquider. ET ma platine miniMD, mon téléphone portable. A ce sujet, mon abonnement I-mode/ Bouygues est terminé. Un conseil, allez tous chez Bouygues, ils sont beaucoup plus serviables et conciliant que Orange, qui me fait des explications dans tous les sens. Et comme leur 3G qui marche mal ne me plaisait pas…

la 3G sans I-mode, c’est comme les programmes de distraction dans les avions : sophistiqué, avec des films merdiques

Je vais voir Alain et Nicolas ainsi que Stéphane demain soir, je vois Yoshinobu samedi après midi, j’organise un repas japon.org samedi soir et je retrouve Tarika, Freddie et Dul dimanche midi… Je dois trouver donc, dans le samedi matin et le début d’après midi, le temps d’aller à Joseph Gibert, Gibert Jeune et Cash Converter. C’est la première fois que j’en fais autant avant un départ… Mais il faut avouer, quel départ…

ce que je mangerai à bord

Mes pensées sont pricipalement tournées vers ce départ. J’ai une idée de ce qui me reste ici à faire, j’espère juste que la journée d’action syndicale, justifiée mais qui sera forcément un échec, ne viendra pas perturber mon départ. Je sais que j’arriverai à Tokyo, que j’irai chercher mes clef et signer mon bail, que je souffrirai à cause de cette valise lourde de 30 kilos et gigantesque, du sac de cabine de 10 kilos, et que s’il pleut, ce sera l’horreur. Non pas de l’aéroport (sauf si je subis une fouille) à Shinjuku (l’agence), mais après Shinjuku jusque chez moi… Après… Impossible de rêver, impossible de faire de quelquonques projets… Enfin, si, mais c’est quand même très vague. Il y aura de nouvelles personnes et des nouveaux lieux familiers, comme la vie me l’a jusqu’à présent enseigné. Mais c’est vrai que cela reste très vague.

on dirait presque quelque chose de bon

Le monde sera un peu lointain au début, certainement. Le Proche Orient du Hammas, le Liban et la Syrie, les population en danger au Cachemire ou au Timor, les prix du pétrole et le retour du nucléaire, la menace iranienne, le libéralisme triomphant malgré ses scories, les nouveaux populismes « de gauche » d’Amérique centrale, les « babs altermondialistes » et les nouveaux populismes « de droite » en Europe, les grèves qui conduisent nul part, la percée de Villepin et la tronche de Besanceneau, les socialistes médiatiques, les querelles littéraires médiatiques, les idées subversives médiatiques, les people médiatiques… Ou je serai, le monde s’arrêtera pour moi un temps, jusqu’au tremlement de terre, ou bien en attendant que j’ai de nouveau, vraiment, envie de m’y intéresser, sans avoir rien à prouver à quiquonque ni aucun compte à régler ni avec ma vie, ni avec la fortune des autres.

dodo…

Juste parce que ça peut valoir le coup. Alors je vais emmener de la littérature. Cet été, j’ai aimé lire, pendant le typhon numéro 13, à Kyoto. Je vous fournirai la liste de ces classiques que je vais emmener. D’abord des classiques. Je compte désormais enfin terminer La mise à mort, d’Aragon. C’est aussi le moment. Je compte même commencer avant le départ.
Je sais que mercredi, en fin de journée, je vais faire des courses, acheter des trucs et des machins, et que j’irai certainement manger un kareraisu en soirée. Que j’achèterai mon vélo ce jour là, aussi, pourquoi trainer. A moins que je ne me décide à profiter du billet « Bus limousine + métro » en promo à 円 3,100…
Vous voyez, au fur et à mesure que le temps se rapproche, mes désirs se dissipent derrière les contingences… C’est tant mieux comme ça…
De Paris,
Suppaiku

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