« It’s a glamorous world » / The Passions, 1980


Comme le temps passe, c’est deja presque Noel…

Je ne m’en remets pas, d’avoir retrouve cette chanson que j’avais oublie pendant tant d’annees… Si vous ne l’avez encore fait, ecoutez le titre German film star du groupe The Passions, dans la barre de menu. C’est sorti en 80 et c’est peut etre un des plus joli titre de cet hivers la. Mes annees 80, loin des paillettes qu’on leur attribue souvent. Intimes, sobre et meme sombres comme un film de Carax. Boy meets girl. Si vous descendez un peu plus bas, ce sera Togawa Jun, egerie post-punk Japonaise de la meme epoque. La version vilaine petite fille. Elegante et pas gentille.
J’y reviendrais…
Je suis alle m’inscrire hier au bureau du chomage et je reste encore sous le choc : un accueil comme la France ne sait pas faire. Il y a a travers le Japon des agences specialisees pour les travailleurs etrangers eprouvant des difficultes avec le japonais. 6 langues sont disponibles. il y a ca, en France ? Un accueil parfait, attentif, gentil. Le systeme est celui d’un pays qui consacre peu a ses chomeurs, mais la encore les agents de la fonction publique m’epate. J’ai lu sur des forums anglo-saxons beaucoup de mal sur les fonctionnaires Japonais « incapables de reflechir », etc. Moi, je trouve le systeme bien plus efficace qu’en France. Guichet unique ET agent unique. En fait, ici comme a la mairie, le dossier est suivi et traite sur place en temps reel. Ca met un peu plus de temps qu’en France mais quand on sort, tout a ete traite. En France, on attend toujours un courrier, il manque toujours quelque chose, il faut y retourner… Ici, quand c’est fait, c’est fait.

Le bureau pour les etrangers est a Shinjuku, ou plutot etait car il vient d’etre demenage a Roppongi. En fait, le bureau de Roppongi est un peu specialement calibre pour ceux qui ne parlent pas japonais. Peu avant de partir, j’ai ete invite, presque sollicite fermement, a retourner a Shinjuku. La dame qui m’a invite a revenir me disait presque que je meritais mieux que Roppongi. Et c’est vrai qu’a Shinjuku, il y a du travail. Maintenant, je ne vous raconte pas le niveau de japonais requis, presque toujours « Ikkyu », le niveau eleve du test 日本語能力試験. Moi, je n’ai que le #, et bien que relativement proche du 2 (je me suis auto-teste sur internet), ce n’est qu’un niveau intermediaire. Je souffre cruellement de vocabulaire specialise, ma grammaire est assez rudimentaire. Un collegue a NOVA me disait qu’il considerait qu’un eleve commencait a etre de bon niveau (avance) quand il maitrisait « dont » (NOVA, ecole de conversation, donc maitriser = utiliser par soi-meme hors lecon). Je ne maitrise pas dont. Bref, je fais des phrases lourdes, inelegantes et je me delecte a ecouter des Japonais parler : il m’arrive de penser que, ben oui, c’est evident!, mais moi, tiens, incapable de le refaire. J’ai du temps, je devrais bien m’y remettre.
En tout cas, Hello Work, le reseau « ANPE » japonais, chapeau. J’aime les fonctionnaires Japonais. Discrets, pas souriants mais serviables. Et timides devant un etranger dont ils ne comprennent pas la langue. Le malaise, hier, quand je me suis retrouve seul avec un de ceux la, l’interprete etant partie poser une question (en l’occurence, y avait-il quelqu’un pour m’aider a rediger mon CV en japonais…). Un silence, une gene, on n’osait pas se regarder, rien a nous dire, et puis je lui dis que faire un CV en japonais n’est pas facile, d’autant que je n’en ai jamais vu de ma vie. Et la, il me regarde et il me dit bien sur, se leve et va me chercher des brochures, des modeles, et commence a me donner quelques conseils. En japonais, bien sur. La dame revient, ils echangent quelques mots. La conversation a continue par la suite, plus detendue. On n’etait plus l’interprete et moi, et un autre, mais trois personnes. Je les ai remercies, en leur disant que j’appreciais particulierements leurs efforts pour m’aider, et que j’en etais touche. La, ce sont tous les agents environnants qui m’ont souri.
Sans vouloir etre mechant, il m’est rarement arrive de rencontrer des fonctionnaires serviables en France. Soit des collabos, ceux qui appellent les vigiles pour sortir une femme en pleurs qui ne comprend pas pourquoi on lui a coupe le RMI ni ne sait comment elle va nourrir ses enfants et qui commence a parler fort parce qu’elle maitrise mal le francais. Les Soit les salauds (sartriens), les champions du « c’est comme ca, revenez la semaine prochaine, je ne peux rien faire pour vous, personne suivante, vous ne voyez pas que vous genez, je vous dit de partir, allez, je vais appeler la securite, vous voyez on est gentils avec vous, alors maintenant soyez gentille, sylvie, elle veut pas partir, qu’est-ce qu’on fait,… ». Et puis les autres, qui sont desoles, qui impuissants montrent la pile de dossiers, qui s’excusent, qui vous disent qu’ils comprennent, et puis qui essaient un truc, vous donnent un conseil. J’ai vu une fois une fonctionnaire quitter son poste au bord des larmes apres qu’un vigile soit intervenu sur demande d’un autre agent. Je vous parle de la CAF ou j’allais quand j’etais RMIste, il y a 15 ans. Mon frere, une fois, s’est fait sortir par deux vigiles : il demandait des explications sur la perte de son dossier par les ASSEDIC.
Non, ici, les rapports sont pacifies. En fait, au Japon, il n’y a pas les regimes derogatoires qu’il y a en France, les regles sont simples. Et quand on a droit a quelque chose, on le demande et c’est declenche selon les regles. Bref, il n’y a pas d’attente et les fonctionnaire excecute les regles. Pas de compassion ni de reclamation. Les locaux sont simples et denues de toute volonte de design destine a humaniser le lieu comme en France. En France, une part importante des budgets sert a faire des logos, adoucir les couleurs, etc… Nous devrions nous inspirer de la facon de travailler ici, selon des regles simples qui permettent a un fonctionnaire de boucler un dossier en direct.
Mon pied sort de convalescence. Je dis sort, car bien entendu pour se remettre d’une entorse, il faut deux a trois mois en tout, le temps de remuscler, sicatriser les ligaments. Mais bon, je peux marcher et je ne crains pas le sejour a Kyoto a partir de vendredi en 8.


L’hivers est une saison redoutable qui s’installe sans crier gare. Ce parc est agreable en toute saison, il me fait penser aux Buttes Chaumont. C’etait dimanche dernier.

Le fait de devoir garder la maison pendant trois semaines m’a mis dans une situation etrange. J’ai essaye de sortir plusieurs fois mais comme j’ai du le payer par la suite par de terribles douleurs, j’y ai renonce. Or que fait-on quand on est contraint de rester chez soi ? On ne fait rien, et on s’adonne aux joies de la deprimes douce, au Spleen, a ce « ciel bas et lourd » qui « pese comme un couvercle » (Beaudelaire). Pas de la depression, meme si la frontiere est tres fine. Une deprime. Ce n’est pas agreable, etre contraint de rester chez soi sous la double contrainte d’une blessure et du chomage… surtout dans un pays etranger.
Je pense a mon sejour a Kyoto, je songe au retour de Kyoto. Il y aura le « nouveau NOVA », mais il y a aussi la recherche d’un autre travail, resoluement. L’irregularite de ma vie en ce moment m’empeche d’ecrire. Jun est ce qu’il y a de plus stable autours de moi. Enfin, outre le travail, je vais entreprendre la demarche de mon suivi medical ici. Je dois prendre rendez vous. C’est comme hello work, C’est en fait bien plus simple que ce que j’imaginais. J’ai une fin d’annee multipistes, j’installe. J’ai fait un grand rangement chez moi.

Revenons au debut de ce texte, les annees 80… Pas facile, j’essais de trouver une formule complete, a l’image de mon ancien journal papier, qui parle de tout, mais comment ne pas parler de ma vie quotidienne au Japon… On va essayer les photos a droite pour les sujets plus « francais » et plus politiques. En fait, si vous voulez connaitre mon opinion, je commence a me demander si la France n’est pas reellement en danger. C’est pas le danger auquel on nous avait prepare, un « mechant » Sarkosy qui fait une « horrible » politique de droite. Non. C’est pas une question de fichage, de test ADN, non. Je pense que les forces finissent toujours par se reequilibrer; bref, l’apres Sarkosy est contenu dans la politique de Sarkosy elle-meme et dans les oppositions qu’elle sucite(ra). A cet egard, on est encore dans l’ancien car les oppositions sont inexistantes et ce que l’on nous presente comme tel est veritablement en retard. Une opposition sans projet, sans vision globale n’est pas une opposition, c’est un chorus des pas contents. Et un chorus des pas contents conduit au fascisme ou au totalitarisme, pas a la democratie sociale. Et on en arrive a cette idee qui commence a m’effleurer, celle d’une France en danger. Il delire, Suppaiku…
J’ai toujours aime comparer Mitterrand a Louis XIV, et je pense que cette comparaison est justifiee. Mitterrand a profondemment marque son temps et sa trace est encore visible, on rehabilitera son premier septennat. Chirac, c’est une epoque interessante, finallement tres vivante sur le plan social, politique et culturel, et une partie de sa presidence est indeniablement marquee par les annees de Lionel Jospin. Comme pour Louis XV pourtant, un traumatisme va intervenir en cours de route et isoler le politique des citoyens. Le 21 avril a introduit un sentiment de degout lie a la manipulation qui en etait a l’origine, mais aussi a la fausse alternative qui en a resulte, et enfin a la politique menee aux antipodes de celle souhaitee par les electeurs mobilises, majoritairement acquies a la gauche.
A l’arrivee, la propagnade Sarkosienne a fait des deux mandats Chirac des mandats gaches, du temps perdu. C’est etonnant de similitude avec tout ce qu’ecrivirent les pamphletaires de la fin du regne de Louis XV et qui virent en Louis XVI le champion de toutes les reformes. S’il est un Roi (et une Reine) qui fut bien aime, ce fut bien Louis XVI. Jusqu’a la guillotine, on l’aima…
Sarkosy cumule en lui la fonction totale : il est le roi ET la reine. Or, derriere les grands mots de reforme, et l’alignement sur les Etats-Unis (tiens, La Fayette…), se cachent deux archaismes profonds du pouvoir actuel.
Tout d’abord, une grande majorite de Francais ont fait des etudes et ne tarderont pas a contester un president qui en 2007 les gouverne comme De Gaulle gouvernait leurs parents et grands parents dotes d’un certificat d’etude et fraichement debarques de leur campagne. Faut il rappeler que, sans debat de societe aucun, sans que ca ne passe a la television, 43% des electeurs ont, des le premier tour, vote pour un(e) candidat(e) reclamant le passage a une VIeme Republique parlementaire et instaurant des contre-pouvoirs forts a divers echelons de la societe ?
Ensuite, cette utilisation des medias a des fins de diversion/promotion met sur le devant de la scene des vetements chers, des montres cheres, des yaghts chers, un salaire de president quasi triple, des impots de riches baisses, des amis fraudeurs fiscaux gracies, une nouvelle maitresse de famille aristocratique en forme de poupee de luxe que l’on aime autant par amour que pour son cote « design » et « esprit du temps », une politique exterieure du tiroir caisse des amis du president bref, une voracite des elites sans precedent depuis les annees 30 et qui aurait certainement choquee De Gaulle lui-meme, qui avait bien compris ou conduisent ces appetits illimites des riches. Des vrais riches.
Un pouvoir confisque, la richesse debraillee. Le regne de Louis XVI ressemblait beaucoup a cela. Un monarque d’un autre age dans un pays qui avait change profondemment. Un etalage de richesse sans precedent, ce style « classique » francais des annees 1770, avec ses perruques hautes, ses privileges que les riches reaffirment face a un roi faible. Et en fond, la dette de l’etat supportee par le plus grand nombre. Un plus grand nombre qui, justement, comme dit plus haut, ne comprend plus tres bien pourquoi il n’est pas associe aux decisions. Conformement aux promesses faites lors des premiers etats generaux du XIVeme siecle…
Conformement a notre tradition constitutionnelle…
Le scandale etait patent et les haines diffuses, mais il aura suffit d’un collier pour que d’un seul coup la haine emplisse la France. Une haine de « ces gens la ». La guillotine a fini par avoir beaucoup de travail…
Et je me demande quel sera le « collier » de Nicolas Sarkosy. Ce truc en trop, qui fera que Khadafi, Bush, le yaght, les vacances aux USA, les cadeaux aux riches, les montres de luxe, la poupee en Chanel, la Dati sapee pour bonbon, le Fouquet’s et tout le reste, ce qu’il nous reserve, lui pete a la figure et commence a rependre en France un climat de haine profonde.
Ca me fait peur car je n’aime pas ce qu’il y a apres. Surtout avec sa reforme constitutionnelle.
Je n’aime pas Napoleon.
Le revival actuel des annees 80 est a l’image du pire de ce qui s’y fit. C’est Reagan, qu’on revivalise, c’est la manifestation pour l’ecole privee. C’est le desir d’argent, la reussite, le chacun pour soi.
Je vous invite a regarder les films de Leos Carax, si vous en voulez une autre image. La fragilite assumee. L’intimite. Boy meets girl, mauvais sang, les amants du Pont-neuf.
Ou bien l’humour, comme dans La brune et moi.
Notre epoque pue le conformisme moral, le fric et l’appauvrissement culturel. Pas etonnant d’avoir un president pareil, il en est et le symbole, et le moteur, et l’image.
Il sera hait. Et ca me fait un peu peur…


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