Le Blog de Suppaiku, journal bloggué de Madjid Ben Chikh, à Tokyo.

Hmmm


Déjà le 10 juillet. Les jours raccourcissent insensiblement et bientôt ce sera l’hiver. Chaque année, je ressens cela début juillet d’abord, et puis encore en septembre. Et puis je m’y fait. Parce qu’il faut bien s’y faire.

Alors quoi de neuf dans ma vie…

Cette année, je me suis promis durant le mois de Ramadan de garder vivantes ses sensations particulières, de les maintenir en vie en continuant un effort sur moi-même et en tâchant si cela m’était possible de les prolonger, de les amplifier. Réaliser tout le gâchis qu’il y a à se priver puis à revenir à la vie « normale » comme si rien ne s’était passé. Or, pour moi, jeûner a été un acte volontaire et réfléchi, et me limiter à ne pas manger durant un mois est vide de sens si je ne garde pas dans mon quotidien la marque de cet effort pour, qui sait, l’an prochain, approfondir encore quelque chose qui m’est jusqu’ici insoupçonné. Pour moi, il s’est bien passé quelque chose.

Garder mon cœur ouvert autant que je le peux. Garder cette lucidité sur moi, sur ma vie pour me rappeler constamment à la modestie de mes actions et à la vanité des grands gestes ou des grandes déclarations. Ici et là, j’ai donc modifié des habitudes.

La première et non la moindre, j’ai repris une activité sportive. Fin mai. Je n’en ai pas parlé jusqu’aujourd’hui car je doutais un peu, mais non, je m’y tiens. Je nage trois fois par semaines. Je me suis inscrit dans un club de sport. Peut-être à terme parviendrai-je à nager tous les jours, qui sait, mais trois fois par semaine, c’est bien. C’est une sorte de domaine secret, un moment à part dans ma journée avant de rentrer chez moi, le soir. La piscine est presque vide et je nage pendant environ 30 minutes, un kilomètre de brasse, et puis deux ou trois cents mètres de crawl. Je me suis donné trois mois pour passer à un niveau supérieur. Lequel, je ne sais pas trop encore, mais si je pouvais passer à un kilomètre de crawl, ce serait bien. On verra.

J’aime beaucoup ce rendez-vous avec moi-même. Presque deux mois désormais.

Côté alimentation aussi, j’ai repris le contrôle que j’avais perdu à l’automne dernier. Je m’étais mis à manger n’importe quoi. Désormais, je suis en contrôle, vraiment. Mes courses sont réfléchies, ce que je mange l’est aussi. Ce n’est pas parfait et je suis encore très loin d’être parvenu à l’alimentation à laquelle je tends mais c’est engagé, et d’une façon à mon avis beaucoup plus intelligente que ces dernières années. C’est un processus long, ne pas céder à la cuisine facile. Le résultat est que je dépense moins, et ça paie le club de sport, et même plus. J’aime ce lien invisible entre dépenser moins et se dépenser plus. Et puis faire la cuisine, c’est aussi un moyens de se désintoxiquer de la nourriture industrielle.

Il reste cette avalanche de plastique ici quand on fait les courses. C’est le Japon. Il reste ces fruits et légumes trop beaux pour être vraiment naturels, mais c’est précisément le fait de me faire à manger qui m’y fait penser. C’est lié.

Le résultat, c’est que malgré l’abonnement au club de sport je dépense beaucoup moins d’argent.

C’est une question importante car je suis très endetté. Depuis des années et aussi à cause de mes achats débiles durant des années. J’ai toutefois liquidé une dette et j’utilise cela comme une opportunité pour accélérer le remboursement d’une seconde. Le fait de dépenser beaucoup moins va rendre cela plus aisé. J’espère en venir à bout le plus rapidement possible. Aussi, contrôler mon alimentation, manger mieux et me dépenser au lieu de dépenser, c’est lié, et cela devient une question de contrôle de soi.

Et cela, c’est une expérience que je retiens de ce mois de jeûne. On la ressens en soi, en dedans et on apprend à en faire un quotidien vivable durant un mois, le plaisir instantané se trouve remplacé par un bonheur à venir, un bonheur mérité. On oublie cela dans notre civilisation et le mois de Ramadan nous donne l’opportunité fantastique de s’en souvenir. Il y a quelque chose de fantastique dans la frugalité. J’en suis encore très loin, mais c’est la route que j’ai choisi.

Le sillon est profond. Je peux m’en détourner, je m’en détournerai certainement, mais je tente de garder en moi la régularité de l’effort et la mémoire du mois de jeûne. Alors j’y reviens. D’ailleurs, ce sillon profond, il a toujours été là et il m’a protégé bien souvent. C’est une éducation d’abord, quelques principes forts, et puis ce sont des rencontres avec des livres, avec des amis, avec des personnes qui chaque fois m’ont rendu plus stable.

 

© Reuter

J’en ai mis, du temps, à trouver une certaine forme de paix intérieure. Je crois toutefois que le séisme en 2011 a été le tournant le plus important de toute mon existence, quelque chose qui a ouvert mes yeux sur l’incroyable fragilité de tout ce qui nous entoure. Je garde au fond de moi l’image de cette jeune fille au milieu de son quotidien ravagé après le tsunami. Je ne peux m’empêcher de la voir un jour plus tôt, avec son téléphone dernier cri, après être allée chez le coiffeur pour se faire onduler les cheveux, avec des vêtements à la mode, riant avec ses copines. Il n’a fallu que quelques minutes pour emporter toute cette futilité et la ramener à l’évidence, que tout ce qui nous entoure est périssable, précaire et n’est en rien ni éternel, ni donné. Quelle tristesse…
Ça ne veut pas dire que je suis opposé à l’art, à la futilité, au contraire. Mais cela veut dire que j’ai compris profondément que l’art ou la futilité n’étaient pas la vie, qu’ils n’étaient qu’un emballage, qu’un petit quelque chose en plus. Et que ces objets du quotidiens qui nous envahissent et sont sensés faciliter notre vie ne sont que l’ultime forme de la futilité, de celle qui nous détourne de la réalité de la vie, et qu’un rien peut nous en priver.

Alors autant être modeste et regarder le monde sans les artifices. Je garde dans mon coeur ces millions d’étoiles qui m’entouraient durant mon incroyable marche de nuit sur les petites routes de la Sarthe, en mars. Cette marche, elle était tout, sauf futile. Elle était essentielle. J’étais une part du néant qui nous entoure et ce néant trouvait sous mes yeux toute sa vérité, toute son intensité. Et maman qui venait de partir trouvait soudain toute sa place puisque je ne devais ce spectacle magnifique d’un ciel clair qu’a son ultime départ.

Ce ciel, il m’a procuré bien plus de plaisir qu’aucun téléphone portable, qu’aucune pâtisserie. Et pourtant la route était longue, imaginez, 14 kilomètres en rase campagne, dans le noir, une lampe torche à la main pour ne pas me faire écraser par les rares voitures qui roulaient parfois à toute vitesse, et même des camions. Une route qui n’en finissait pas et que je ne connaissais pas car j’avais voulu essayer un raccourcis, quel idiot!

Mal aux pieds, j’avais déjà fait 13 kilomètres le midi dans le sens inverse, sous le beau soleil, et ça m’avait paru rapide, j’avais fait plein de photos. Mal aux pieds, fatigue, mes courses au supermarché qui à chaque pas me semblaient plus lourdes, virages trompeurs que je semblais reconnaitre et qui s’avéraient des mirages donnant sur des chemins inconnus, et quand j’arrive enfin à un endroit connu, après avoir traversé une forêt, des champs, une nationale, une zone industrielle, je m’aperçois que mon raccourci m’avait rallongé de cinq kilomètres.

Fatigue et lassitude, découragement aussi. Et par moments de grands fou rire, tout seul sur la route, des chansons que je hurle à tue tête,

Je frappe au numéro un, je demande Mam’zelle Angèle, la concierge me répond, mais quel métier fait-elle, elle fait des pantalons, des jupes et des jupons, et des gilets de flanelle, elle fait des pantalons, des jupes et des jupons, et des bonnets de coton, ah ah ah, je ne connais pas, ce genre de métier, allez voir à côté… Je frappe au numéro deux, je demande Mam’zelle Angèle, la concierge me répond, mais quel métier fait-elle, elle fait des pantalons, des jupes et des jupons, et des gilets de flanelle, elle fait des pantalons, des jupes et des jupons, et des bonnets de coton, ah ah ah, je ne connais pas, ce genre de métier, allez voir à côté… Je frappe au numéro trois, je demande Mam’zelle Angèle, la concierge me répond, mais quel métier fait-elle, elle fait des pantalons, des jupes et des jupons, et des gilets de flanelle, elle fait des pantalons, des jupes et des jupons, et des bonnets de coton, ah ah ah, je ne connais pas, ce genre de métier, allez voir à côté…

Je ris, je danse aussi, et au dessus de moi des millions et des millions d’étoiles que je contemple reconnaissant de ce spectacle magnifique, et je continue ma marche. Elles me rassurent, les étoiles, et je les trouve superbe, elle me donnent leur énergie, ou disons plutôt l’énergie pour continuer à marcher. Je sais que je suis en train de vivre un moment fort, et beau, et amusant à la fois. Je m’amuse de moi, de cette marche, de cette idée de raccourci. Un moment unique, une bêtise de gosse.
Il est toujours là, et il m’a modifié, il m’a encore plus ouvert à ce qui m’entoure. Il est infiniment plus beau que toutes les choses. Et avec lui le mois de Ramadan est lui-aussi en moi.

Quand je nage, et malgré toute l’absurdité qu’il y a nager dans de l’eau chorée au dessus d’une gare centrale, je mène une sorte de bataille en moi pour mieux bouger mes bras, pour mieux respirer, pour mieux bouger mes jambes, pour finir ce kilomètre que je me suis fixé d’avance comme une distance minimum, même quand après la première longueur je suis tenté d’en faire moins. Quand je me fais à manger, c’est la même chose, et quand je fais la vaisselle sans attendre, c’est la même chose, et quand je range ce qui doit l’être c’est la même chose.

Et là, en écrivant, c’est la même chose.

J’ai recommencé à lire « projet X » (on va l’appeler comme ça) et cette fois, je sais exactement ce qu’il me reste à faire, et je vais le faire.

Plus ouvert sur les autres et sur ce qui m’entoure, le spectacle du monde et de la politique m’effondre. J’écris spectacle car c’est comme la mise en scène d’un récit écrit d’avance par des auteurs fous, et nous y sommes réduits à l’état de braillards débiles assis derrière nos claviers ou pire, sur place, reporter, militant ou humanitaire, nous confrontant tel Sisyphe à la reproduction d’un même se détériorant chaque jour un peu plus dans l’apathie médiatique de nos démocratie confortables.

Je ne suis pas triste, mais si j’ai quelque talent pour écrire, alors, si je n’écris pas, oui, alors, je deviens un salaud. Et je ne doute pas un instant que je le suis, un salaud. Mon seul salut, là où je suis, c’est écrire. Raconter. Raconter la commune humanité sous la voute étoilée malgré les bombes au Yemen ou en Palestine occupée, malgré la maigre pitance quand on vit avec 1000 euros par mois dans la sixième puissance mondiale, raconter le SIDA comme il nous a fauchés, raconter la solitude d’être vieux, d’être isolé, de perdre son emploi et de se faire remettre à l’ordre par une employée de Pôle Emploi inculte et crétine qui appelle les vigiles à la moindre question insistante, raconter la détresse quand il pleut et qu’on n’a qu’une couverture mouillée pour se protéger du froid quelque part du côté de La Chapelle après avoir traversé à pieds ou dans un camion frigorifique surchauffé avec des dizaines d’autres des milliers de kilomètres en espérant trouver autre chose, raconter les algériens qui meurent noyés sur une barque dans la Méditerranée après avoir assisté pendant des années à l’absurdité profonde de leur vie sans sens et sans avenir, et raconter les espoirs aussi. L’espoir dans la barque, l’espoir dans le wagon frigorifique où on étouffe, raconter l’espoir d’un coup de chance le corps recroquevillé dans la couverture mouillée. Raconter n’importe quoi, le monde est un spectacle tragique qui doit être dit pour ne pas se transformer en une farce absurde.

L’absurdité, c’est le mec qui habite chez mon voisin depuis trois mois. Un vlogueur américain qui appartient à la catégorie des glandeurs qui bavardent sur Youtube, toujours des mêmes histoires à la con, le Japon réduit à une entité particulière à scruter, lui, venant de sa centralité blanche de la première puissance mondiale, lui, demandant de lui donner de l’argent sur toutes les plateformes de dons, avec ses sponsors commerciaux. Il ne peut pas s’empêcher de ponctuer chaque phrase d’un fuck, d’un fuckin’, d’un mother fucker, d’un anyway, pour raconter des banalités confondantes qui lui assurent ses fins de mois. Les Vlogs, des fois, c’est le triomphe de tout ce qu’il y avait pire dans Le Loft, une sorte de voyeurisme vulgaire cool où n’importe quel crétin sans culture assure ses «15 minutes de célébrité », c’est Loana et Jean-Edouard sans la scène de cul de la piscine. Tous ces touristes occidentaux blancs qui voyagent un peu partout en Asie et font la manche pour se payer leur voyage ou bien font des cagnottes sur Tipee et se baladent avec des GoPro à la con. La version internet des blancs à jumbe en dreadlocks. Des fois, je voudrais que les bourses dégueulent de 90% histoire d’être sûr qu’aucun n’en réchappe. Je les hais.

Mais bon, « il ne faut pas souhaiter le malheur des gens ». Je me contenterai de les ignorer. Lui, c’est quand même difficile de l’ignorer quand il passe son temps à parler et à dire fuck ou anyway en permanence…  J’ai regardé une de ses vidéos et c’est simplement affligeant.

J’en parle là en passant, mais bon, ce n’est pas grave. En fait, il n’habite là que depuis que mon (vrai) voisin a été arrêté pour un truc qu’il n’avait pas fait. Ça, ce n’est pas juste. Mais bon, mon voisin ou un autre m’ont affirmé que le système judiciaire japonais ne fonctionnait pas, et là, venant d’américains blancs, ça a failli me faire rire, ce genre de réflexion, parce qu’aux USA, quand on est noir, on se fait carrément buter et si ça n’arrive pas, après s’être fait tabasser, on atterrit dans une prison privée où on doit payer le moindre bout de savon. Et bien entendu comme les prisons sont privées, on a tendance à les remplir de gens qu’ont rien fait… Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ce gamin noir buté par des policiers devant chez lui alors qu’il jouait, les voisins avaient appelé pour se plaindre. Ou cette gamine qui avait invité ses amis de l’école et la police avait raflé tous les gamins parce que bien sûr, des noirs qui se rassemblent, c’est forcément des dealers… Alors les white tears sur le système judiciaire japonais, j’avais envie de rire. Et cela malgré le fait, ou plutôt à cause du caractère absolument arbitraire de cette arrestation. Quand à un de ses amis allemands, il m’a dit que « tu vis dans une bulle » parce que je lui faisais remarquer qu’il n’y a pas qu’au Japon et qu’en France également on arrête les gens de façon parfois un peu arbitraire malgré la présomption d’innocence, et je ne voyais pas ce que je pouvais faire pour aider mon voisin (dont il est super copain, et moi, ben quelque part, j’en ai pas grand chose à faire), là, je l’ai regardé et je lui ai dit « ciao, je retourne dans ma bulle », provoquant chez lui une colère incroyable, il m’a insulté, traité de lâche… Un joli feu d’artifice de straight male middle class white tears qui découvre l’injustice du monde…

Côté vie privée, j’ai fait une jolie rencontre il y a quelques semaines, il a 27 ans mais il ne reste pas au Japon. Il a quitté Tokyo il y a deux semaines pour Aomori, il y reste jusque mi-août avant de partir pour l’Angleterre. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu de crush réel, entendre par là me dire que j’aimerais bien faire quelque chose avec quelqu’un.
Bon, il m’a vite dit qu’il partait, bref, j’ai compris que c’était pas possible, mais j’ai continué à chatter avec lui, je ne sais pas, le futur est toujours ouvert, et puis je trouvais ça gentil, on n’est pas des sauvages, hein. Hier soir, on chattait, et puis il me dit que son goal est de trouver un boyfriend là-bas. Je n’ai pas répondu, je ne répondrai plus: quand on s’est rencontré, il m’a demandé si j’avais un copain, j’ai répondu que non, et il m’a dit que si ça avait été oui, ce n’était pas possible. Eh bien ça m’a fait comme une sorte de retour sur ses propres mots, entendre que son goal était d’avoir là-bas un boyfriend.
Le sujet est arrivé comme ça, alors qu’il me demandait mon avis sur un boulot qu’il avait peut être trouvé. Dans le Kent, en pleine campagne. Je lui ai recommandé d’être prudent, que si le boulot ne lui convenait pas, il serait coincé au milieu de nulle part. Il m’a demandé si je pensais qu’il lui serait possible de rencontrer un mec dans le Kent. J’ai répondu, ironique, que je n’étais pas un match-maker et que ma remarque ne concernait que le travail. Et je lui ai donc demandé si finalement il n’allait au UK que pour se marier.
Qu’il se trouve un mec au UK, je ne suis pas débile, c’est la vie, et c’est tant mieux pour lui. Mais c’est la façon dont il l’a dit, ça a été comme si le naturel sortait, ça a cassé tout le charme. « That is my goal ». Merci pour moi, j’ai pensé.

Comme 90% des japonais qui partent comme lui, il rentrera au Japon dans deux ou trois ans, la queue entre les jambes, après avoir eu sa dose de queues de blancs, après avoir eu quelques boyfriends, des ruptures, découvert les dépression d’hiver et la vie chère, les amis qui manquent. On en rencontre plein sur les applications de drague, de ces japonais qui ont voulu aller à Gaijinland et qui rentrent passés 30 ans, après plusieurs séparations, des expériences de travail pas toujours marrantes, et qui passent leur temps de mecs en mecs, désillusionnés, voulant repartir mais n’en ayant plus trop l’énergie, reléguant leurs rencontres à des pédés blancs interchangeables. J’en ai rencontré et c’est précisément pour cette raison que je me suis toujours méfié du gaisen (japonais qui ne rencontre que des blancs) moyen. Incroyablement désabusés.

Je ne leur en veux pas, quand on quitte son pays, c’est toujours avec une bonne dose d’illusion, et je n’échappe pas à la règle. Me concernant, j’ai eu l’incroyable chance de ne pas venir au Japon pour me taper des mecs. J’avais eu ma dose. Je les plains. Pour un heureux, il y en a pas mal qui vivent des trucs pas marrants. J’avais rencontré un gars de 28 ans, une fois, très gentil. Il revenais d’Australie où il était parti après avoir tout quitté pour retrouver son mec… qui l’avait plaqué après deux semaines. J’ai eu l’impression d’être une petite cuiller. Un autre, qui avait rencontré un mec à Tokyo, s’était marié avec lui après avoir quitté le Japon et qui était rentré au Japon après avoir divorcé, et s’être aperçu qu’il n’avait rien à voir avec le type. Un autre, très sympa que je rencontre de temps en temps, il est parti deux ans en Australie et n’a rien rencontré d’autres que des mecs d’un soir. Lui, il s’en sort assez bien, il est encore jeune, mais…

Dans le quartier de Nichome, le quartier gay le plus populaire, les bars ouverts aux étrangers sont remplis de ces garçons qui ne veulent rencontrer que des étrangers. Et d’étrangers qui acceptent ce statut. Une fois où j’y passais, je me suis fait l’impression d’être entouré de mecs qui avaient tous couché ensemble, j’ai trouvé ça dégoutant et très peu flatteur puisque c’est uniquement la couleur de peau et la nouveauté qui fait le travail. Autant dire que je n’y vais pas.

En attendant, cette rencontre était très gentille et je suis heureux d’avoir encore en moi la capacité d’aimer, de m’attendrir mais aussi de ne rien sacrifier à moi-même ni à ce sillon que je tente d’approfondir. Ce sera mieux la prochaine fois, et si ce n’est pas le cas, tant pis. Ce n’est pas grave.

Cette rencontre me ramène à la question de mon avenir ici. Et je crois avoir enfin la réponse. Et je pense que vous savez parfaitement laquelle elle est. J’ai plusieurs choses à boucler, parmi lesquelles ces dettes dont je vous ai parlé, mais il se rapproche, le moment où finalement je vais quitter ce pays. Et sans trop m’avancer, cela peut être plus proche que je ne le prévoyais.

En attendant, j’ai beaucoup de travail.

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