le bonheur, c’est simple comme un dimanche au soleil sur Ginza
Bonjour ! Quoi de neuf chez vous ?
Pour moi, les jours qui se suivent et depuis quelques jours des rêves étranges où je suis dans des endroits variables, connus et inconnus, avec des personnes connues et inconnues, qui me parlent ou ne me parlent pas -dans ce cas je me demande pourquoi-, avec mon frère une fois avec qui pour la première fois de ma vie dans un rêve je m’entends bien et partage de l’amitié, ma mère, mon appartement de Strasbourg Saint Denis, ma chatte Siouxsie aussi…
Mes amis n’apparaissent pas, plutôt mes anciens collègues… Des rêves très présents au réveil, et qui s’évaporent, prennent de la distance… Des rêves transparents, comme ceux d’une vie qui se réorganise, comme un quotidien qui passe progressivement d’une sensation de vacance à une presque cruelle réalité : je suis bien à Tôkyô, et c’est bien à Tôkyô que je travaille, et rien ne me rappelle plus à Paris.
Et si mes amis n’apparaissent pas, c’est bien peut être parce que justement ils sont bien ma dernière attache avec la France et que je les porte un peu en moi. Le reste est bien loin, et je crois que mon esprit ne sait pas trop encore comment ressentir, organiser cette distance.
Je suis vraiment heureux d’avoir appris à traquer mes rêves, à les laisser venir. J’ai appris à aimer jusque mes pires cauchemards, ceux qui vous glacent au réveil, ils sont en réalité de réelles délivrances. Il faut apprendre, et c’est le plus difficile, à accueillir la première pensée qui nous vient au réveil, sitôt le rêve – le cauchemard- terminé. C’est souvent la réalité qui s’exprime. Et si c’est un « eh ben !!! » qui vous vient après un horrible cauchemard, sachez pousser ce « eh ben !!! » jusqu’au bout : riez !!! Si vous regardez mes dessin, si vous détaillez mes goûts pour le kitsch, le 60, eh bien vous verrez toujours une préférence pour les angles, les pointes.
Petit, une série pour enfant m’a lors d’un cauchemard fait terriblement peur. Le design géométrique, mélangé à la fièvre d’une vilaine bronchite devenait agressif, méchant. J’ai depuis appris à beaucoup en rire. Les enfants aiment ce qui est doux, j’ai accueilli donc cet « effet de mode 60 » de la géométrie comme une agression (c’était « Bip et Véronique »), adulte je m’amuse de cet « effet de mode », justement. Il m’a marqué. Un rêve et un cauchemard, c’est pareil. Vous rêvez, mais ce n’est pas grave, ce n’est qu’un rêve. En revanche, il faut s’interroger sur ce que l’on pense de son propre rêve, c’est là qu’est le vrai message. Vous rêvez de sexe avec inceste, viol, partouze et au réveil vous vous dites « he, ben! », vous avez envie d’en rire : c’est bon signe, et ne vous inquiétez pas du contenu. Votre cerveau vous signale juste que vous avez atteint la côte d’alerte de la châsteté. En revanche, si au réveil après un tel rêve vous vous dites « c’est vrai, une petite fille », je vous conseille d’aller voir un analyste pour comprendre le sens d’une telle réflexion : vous pourriez faire des bétises.
Moi, mes rêves, en ce moment, c’est donc un peu le fouilli. Il y a quelques jours, j’étais à BNP Paribas, et personne ne me parlait, on me faisait la tête. Au réveil, je me suis dit « comment ça se fait que je rêve d’eux, pourquoi ils ne me parlaient pas »… La réponse est intégralement dans ma pensée. Il y a 2 nuits, cauchemards, pensées confuses dans mon rêve, et au réveil « j’ai chaud, oh, il y a Jun a côté de moi ». Il y avait l’air conditionné, dehors il faisait chaud… Mais à côté de moi une présence rassurante. C’est marrant, les rêves…
Je vous écrit et pour la première fois, j’ai ENFIN senti la terre qui tremblait. Magnitude 4, je viens de voir. Ben magnitude 4, ça se sent. C’est discret, mais ça se sent…
voici ma ville, de nuit… vue de la Tour Mori, samedi dernier
J’ai une de ces flemmes d’écrire… On est lundi, mon emploi du temps a été changé ces deux lundis : je commence à 17 heures et je finis à 21 heures. Tout à l’heure, je vais aller chez MUJI : je compte m’acheter une literie.
Il y en a une dans ma chambre, mais je veux la mienne, et quand, disons Jun, est là, cela fera un grand lit. Décision du week end pour cette semaine : payer 2 semaines de loyer dès maintenant pour synchroniser avec mon salaire : bref, être tranquille jusque fin avril; acheter une literie; parler de ma santé avec Jun car cela fait un mois que je le connais et que cela va clarifier la situation : il est préférable de ne pas s’attacher de trop si notre relation ne doit pas durer (si ma séropositivité le gène).
Ca fait un programme un peu chargé, non ? Mais en même temps, c’est être un peu plus installé ici. Je trouve cela bien, clair et net. Un salaire le 15 et le loyer le 20; une relation franche; un lit douillet…
Côté vie quotidienne, j’ai retrouvé Jean-Baptiste et Benjamin jeudi dernier. Jean-Baptiste d’abord et, en nous promenant dans Ueno après nous être enfilés trois tonnes de sushis, nous avons pu constater à quel point le marché, en plus d’être sympa, populaire, rigolo, gouailleur était en plus incroyablement pas cher. Moi, j’ai acheté des confitures Bonne Maman à 200Yen le pot… Moins cher qu’à Paris. Si si… Bon, ok, la date limite est au mois d’avril, mais bon, c’est du sucre, hein… Qu’est ce qu’on ferait pas, au Japon… ! Tiens, vu du camembert près de chez moi. Sainte Mère, du vrai, du AOC. 1,590Yen… A 12Eur, j’abandonne…
dans le quartier d’Azabu, après avoir fait un saut à l’ambassade, vu cette vielle maison qui aura page propre dans un album à venir, car elle est digne d’un film de Kurosawa Kiyôshi…
Promenade dans Ueno, donc. Le matin j’étais à Azabu, arrivé de justesse avant la fermeture de l’ambassade. Envoyé des mails à Jun. Je commence à m’attacher à lui, à sa présence très calme, rassurante. Mon japonais est toujours aussi mauvais, mais je gagne en « fluency ». C’est le vocabulaire qui me manque cruellement. Il nous arrive toutefois de causer.
Des fois, mon cerveau bloque. Etrange, les langues étrangères. Qui suis-je, pour lui ? J’ai rêve -rêve étrange- de Takeshi. C’est pour cela que je veux avoir cette petite conversation avec Jun. Je suis persuadé en fait que Takeshi est venu vivre à Tôkyô car son ex Ecossais lui avait promis qu’il y viendrait, n’a pas tenu sa promesse. Après, scénario de déprime, etc (avec un background familial chargé…). C’était un gentil garçon, Takeshi, mais il était échoué ici, loin d’Osaka, sans but, sans réel travail.
Ce n’est pas bien, promettre ou laisser entendre des choses dans une histoire sentimentale. Au réveil, je savais que le moment était venu de parler avec Jun. C’est aussi ma manière de confier mes sentiments. Que l’histoire dure ou non, longtemps ou non, Jun n’est plus une histoire d’un soir ou d’une semaine : on se connait depuis un mois.
Au Japon, dans cette nouvelle vie ouverte un soir dans un bar gay d’Osaka après avoir traversé l’après-midi le Shôsen-in à Kyôto et parlé avec Shizuko, rencontre adorable au soir de ma trentaine, dormi dans un hotel saoul après avoir loupé mon train, filé à 5 heures vers Kyôto pour être à Tôkyô à midi car je retrouvais Maruchan, dans cette nouvelle vie commencé avec mes quarante ans, je ne veux que des choses bien. Et je préfère « perdre » Jun que ne rien lui dire de moi. Ce serait désormais mentir, dissimuler. J’ai confiance dans les Divinités du Japon, un Arc en ciel vielle sur moi, le Cheval blanc et le jeune Poulain sont conviés à de Grande Noces : bref, en des termes moins ésotériques : advienne que pourra, cela ne me fait pas peur du tout.
Avec Jun, justement, nous continuons nos explorations en commun, et samedi soir nous étions à la Tour Mori, exposition Tôkyô-Berlin/Berlin-Tôkyô. Je me suis retrouvé à expliqué des trucs fondamentaux de l’histoire de l’Art en (excécrable) japonais… Je manque cruellement de vocabulaire mais quand Jun retraduisait en bon japonais mes explications je pouvais acquiescer, reprendre ou infirmer… Je m’étonne moi-même. On est bien resté 2 heures trente et on n’a pas fini l’exposition. Comme je lui disait, je déteste courir, préfère voir peu et bien que « tout », en courant. On a ensuite été au point de vue de la tour : magnifique ! On est rentré (bonjour le trajet Roppongi/Kagurazaka… ) vers 00 h 30, après être passé dans un konbini car il faisait faim.
Au travail, avec un collègue, on a « enfin » causé des « copines » Japonaises.
il y a tout, à Tôkyô
Le temps commence définitivement à s’orienter vers le mieux, les températures, bien que fraiches encore, oscillent désormais entre 8 et 18° comme dimanche ou malgré les nuages il a fait bon comme un jour de printemps après un samedi lumineux où Ginza (re)dévoilait ses charmes de quartier séduisant, tranquille et familial, chic et relax. Ce que j’aime dans Ginza, c’est le chic décontracté du week end.
Allez, je vais (enfin) me préparer. Je commence le travail à 17 heures et il est déjà 14 heures 15.
De Tôkyô, décontracté comme un dimanche,
Suppaiku