Le Blog de Suppaiku, journal bloggué de Madjid Ben Chikh, à Tokyo.

Décidemment…


Une nouvelle marque de lessive sur sa gondole promotionelle à 渋谷, Shibuya devant le 109. Photo interdite mais photo volée ! Remarquez les enzimes gloutons sans porte jarretelles et le agents blanchissant à bout pointus.
Je suis frappé par la malédiction des week-ends… Il a fait un temps superbe hier encore, bien chaud bien bon, et il fera un vendredi magnifique mais… une perturbation a décidé de nous passer dessus aujourd’hui et demain, histoire de dire bonjour en passant, et voilà le ciel couvert pour aujourd’hui et, il fallait au moins ça, pluvieux pour demain matin ! Cela étant, aujourd’hui encore, il s’agit plus d’une crème épaisse « à la japonaise » que de réels gros nuages menaçants, et de fait la température est très agréable. Par moment pointe une ombre quand je vous écrit assis à mon bureau désormais installé face à une fenètre, signe que la luminosité est plus forte, qu’un peu de soleil perce.


Le journal Courrier, reprise japonaise de la formule de Courrier international. Hier, au BOOK1st de 渋谷, Shibuya où j’ai acheté des livres de japonais
J’ai reçu ce matin des news de mon frère. Qu’est-ce que c’est bien, le net, quand même… Mon frère a perdu sa chatte il y a deux semaines. Elle avait dans les quinzes ans, et quinze ans, dans la vie d’un homme, c’est long. Il m’a aussi envoyé une chanson de Félix Leclerc, Le p’tit bonheur.
Quand ma chatte est morte, je ne me souviens que d’une chose, qui a suivi immédiatement. Le vide, la fatigue, une énergie à zéro. Du chagrin, non, pas tout de suite, j’étais sonné, j’avais assisté à l’agonie de Siouxsie, je l’avais carressé, je sentais sa vie qui partait et la paralysie qui la gagnait petit à petit, et puis les yeux se sont voilés, il n’y avait plus de souffle. Là, j’ai pleuré beaucoup mais ensuite, le vide. A plat, Suppaiku…
Ce n’est pas pleurer, qui est le pire dans la vie, c’est quand on a arrêté de pleurer ! Empêcher un enfant de pleurer, un adulte, c’est abominable. C’est au fond de soi qu’on décide d’arrêter de pleurer, quand on est prêt à faire face à sa douleur, quand on se rend. Le silence de la mort est terrible. Siousxie m’a visité bien souvent, le moindre bruit, la nuit, quand je n’étais que dans un demi sommeil, me l’a bien souvent ramenée. Les fantômes existent, ils peuplent nos pauvres têtes fatiguées. Il lui est arrivé de me visiter aussi dedans mes rêves, avec Négrita la chatte noire de mon enfance, avec mon père, aussi. Il y a des gens que ça effraie mais, si le rêve n’est pas désagréable, c’est bien, c’est qu’il reste le meilleurs de chacun. Moi, j’aime bien voir Siousxie dans mes rêves, elle se met en boule à côté de moi, elle me console encore un peu comme seuls les chats savent faire. En silence. Sans rien demander. Et parfois en ronronnant très fort.

Jeunes eleves Japonais, station de métro 九段下, Kudanshita, hier matin. L’élite de demain.
Côté forme, ça va bien. Grosse fatigue encore hier soir mais essentiellement due au fait que je me réveille le matin vers 5 heures trente : il fait jour ! Devrais-je me lever si tôt ? J’ai acheté de quoi me remettre à faire du japonais sérieusement. Et je suis décidé à appliquer ce que j’applique à mes étudiants. Je repars à zéro ! Ca fait un bail que je n’ai pas écrit (à la main s’entend) un kanji, cela fait un bail que j’ai oublié toute la masse de vocabulaire qui accompagne les quelques 700/800 kanjis que je suis sensé connaître. De plus, à force de parler ici, beaucoup d’ailleurs, je commence à être envahi de doutes affreux grammaticaux.
Bref, faut ramasser tout ça ! Je me suis rabattu sur le 日本語初歩 car hormi le fait qu’il est rédigé par la Fondation du Japon (donc conforme au 日本語能力試験, dont je vise désormais le grade 2 -j’ai eu le 4 et le 3), j’en ai les bandes son. J’ai donc le livre ainsi que le cahier de kanjis et le cahier d’exercices… Je vais souffrir environ 15 leçons car franchement c’est niveau maternelle pour moi.


Un bonne raison, parmi d’autres, de bien travailler le japonais. Ici, samedi dernier dans un restaurant à 下北沢/Shimokitazawa
Mais toutefois, j’ai été frappé de constater qu’à partir de le 15ème/20ème leçon, ce n’était pas inutile… J’ai aussi acheté un dictionnaire Kodansha adapté aux étudiants, avec les 1,945 常用漢字. En anglais bien sûr, mais vraiment très bien fait. Mon objectif est d’apprendre beaucoup de vocabulaire quand je réviserai les kanjis que je connais déjà et non bêtement faire des lignes de 水/みず/スイ : eau car franchement ce n’est guère passionnant et c’est bon, je le sais, merci ! Mais c’est aussi cela, réviser en repartant à zéro quand on a déjà un certain niveau…
Hier, j’ai encore travaillé à l’école de Shibuya. Noir de monde. A ma sortie, je me suis promené. Temps agréable, doux, printanier. Shibuya est un quartier petit, resserré au pied d’une colline. C’est une petit/gros noeud ferrovière où se croisent compagnies privées et l’ancienne compagnie publique JR, devenue dans la région JR東日本/Est du Japon. Il y a donc toute la floppée de centres commerciaux qui vont avec une grosse gare au Japon et sans lesquels ce pays ne serait pas ce qu’il est.


Hier, station Shibuya, vers 20 heures.
A la sortie du train, généralement bondé, et qui déverse son contenu sur le quai vite saturé, on est rapidement frappé de l’apoplexie シュークリーム/choux à la crème. Une odeur, violente, de beurre et de sucre, de vanille et de cuisson vous prend vite et vous coince en un cruel dilemne : j’en veux un, mais qu’est-ce que ça pue, alors !
Les Japonais, habitués à être racollé, agrippés, à recevoir des mouchoirs publicitaires et être sollicités tous azimuts par des haut-parleurs, des néons et des jeunes en anorak qui vous courent après si à tout hazard vous vous êtes enquis d’un moindre renseignement sur le karaoke/internet fibre optique 100Mbp/ restaurant / etc, trouvent cette odeur normale, juste « publicitaire » (sic, une élève hier) et se contentent donc de les acheter par 6 (pour le prix de 5), par 12 (pour le prix de 10) voir par 18 (pour le prix de 14) ou par 30 (pour le prix de 20). Cette odeur que je trouvais sympathique, rassurante et familière il y a 3 ans lors de mon premier séjour m’est tout simplement devenue insupportable ! Vous ne pouvez pas imaginer, dans cette gare, la puissante odeur de beurre des gaufres, des choux à la crème, des crèpes et des boulangeries viennoiseries, mêlées aux odeurs de café cappuccino des Starbucks et autres Doutor, Velocce…


Mardi la semaine dernière, Shibuya sous la pluie.
La force de Shibuya, c’est la jeunesse. C’est elle qui permet de digérer l’odeur de beurre, de la relégué au rang de décors avec tout le reste. Une jeunesse nombreuse, visible et arrogante pour le pays le plus agé du monde, le plus vieillissant. Une jeunesse conquérante dans un pays où l’enfant est surprotégé en même temps qu’il grandit, seul, enfant unique généralement, entouré d’objets et dans l’indifférence sentimentale de l’égoïsme parental (absence paternelle, solitude maternelle). A l’école, on a un père qui a découvert par hazard en le croisant dans l’ascenceur que son fils prenait des cours d’anglais dans la même école que lui depuis trois ans… Un enfant de 10 ans ! La famille, au Japon, est bien souvent devenu un masque social, un emballage. Devenus adultes, les « jeunes » sont avant tout des consommateurs égoïstes, hyper-individualistes. Ici, on brûle sa jeunesse par tous les bouts, et c’est certainement à Shibuya que c’est le plus visible.
Ils ont bien raison, ma fois, on n’est jeune qu’une fois.
De Tôkyô, à 40 ans et quelques,
Suppaiku

(bon, il serait peut être temps de faire du japonais, non mais…)
PS : J’ai lu que France-Soir faisait faillite et que les journalistes et salariés faisaient grève… Que l’on s’émeuvait. Jusqu’aux « jeunes » qui ont envahi le quotidien économique La Tribune de se réclamer de la « lutte » des salariés du quotidien.
Communiqué de presse 001 de Suppaiku : C’est avec une très grande joie et un bonheur indescriptible que j’apprends que le plus gros torche-cul de la planète après News of the world fait faillite. Ce journal raciste, xénophobe et fouille merde, mal écrit, juste digne de l’autre tête de cul de Philippe Bouvard, véritable torchon créé par je ne sais quel designer pour habiller l’autre conne d’Amanda Lear pour aller aux Grosses Tête sur cette radio de merde appelée RTL, ce journal a enfin crevé et j’en suis très heureux. J’aimerais juste que, comme ses journalistes l’ont réclamé pendant des années en tirant à boulet rouge sur Mitterrand, on ait supprimé les aides sociales et autres « aides aux assistés » afin qu’ils crèvent tous de faim à côtés de leurs poubelles de naguères. C’est bien fait !

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Commentaires

4 réponses à “Décidemment…”

  1. Salut Suppaiku,

    j’ai trouve ton communique de presse particulierement reussi.
    Je vois que tu as une bonne connaissance de la France d’en dessous. la France moisie.

    Sur un plan plus personnel, j’ai lu avec interet tes etats d’ames au japon et l’impression de depression et de perdition dans un milieu qui n’est pas le notre. Je suis au Texas depuis quelques temps et je peux te dire que je me suis trouve dans des situations similaires a la tienne.
    Le manque du pays et des petites habitudes qui font notre quotidiens et dont nous sommes faits tout entier. Il faut le vivre pour le croire. Ca a l’air simpliste mais c’est surtout brutal et on en souffre pas mal.
    Il faut rester actif. sinon c’est le vide, surtout quand on est fatigue.

    Bref
    Bonne journee

    De Austin, Texas

  2. Salut Suppaiku,

    j’ai trouve ton communique de presse particulierement reussi.
    Je vois que tu as une bonne connaissance de la France d’en dessous. la France moisie.

    Sur un plan plus personnel, j’ai lu avec interet tes etats d’ames au japon et l’impression de depression et de perdition dans un milieu qui n’est pas le notre. Je suis au Texas depuis quelques temps et je peux te dire que je me suis trouve dans des situations similaires a la tienne.
    Le manque du pays et des petites habitudes qui font notre quotidiens et dont nous sommes faits tout entier. Il faut le vivre pour le croire. Ca a l’air simpliste mais c’est surtout brutal et on en souffre pas mal.
    Il faut rester actif. sinon c’est le vide, surtout quand on est fatigue.

    Bref
    Bonne journee

    De Austin, Texas

  3. Je remonte la pente… je remonte la pente… Mais je crois qu’il n’y a pas de pente et qu’en effet c’est une sentation avec laquelle on doit composer. Et au Japon, c’est vraiment pas facile : on n’est très différents physiquement et on essuie souvent ces regards, on en devient parano…

  4. Je remonte la pente… je remonte la pente… Mais je crois qu’il n’y a pas de pente et qu’en effet c’est une sentation avec laquelle on doit composer. Et au Japon, c’est vraiment pas facile : on n’est très différents physiquement et on essuie souvent ces regards, on en devient parano…

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