De Lionel Jospin et de Ségolène Royal

D

1986, amphithéatre N, Tolbiac. Nous avons été plus d’un millions à descndre dans la rue. Ici, Muriel avec qui j’ai composé mon premier tube, sur l’ai d’Ellie Medeiros : De-de- vaquet, De-de-dedevaquet…

Ce blog devient à ce jour mon « blog de campagne », même s’il ne sera pas consacré uniquement à celle-ci. Mais avant tout, je ne voulais pas encombrer inutilement mon blog « historique », Le Blog de Suppaiku. Je réserve à celui-là mes pensées, mes idées, mes doutes comme je le fais depuis… 2 ans et demi. Ici, je n’ai jamais beaucoup écrit, c’est donc l’espace nécessaire : je l’avais un peu prévu pour ça…
Lionel Jospin. Ségolène Royal. Ou comment l’une a supplanté aussi facilement l’autre…
J’ai longtemps milité au Parti Socialiste. Je me souviens ces marées humaines chantant « la liberté », leur voix couvrant Mireille Matthieu, un dimanche matin où à peine remis d’une « fête » et les yeux à peine ouverts, j’allais acheter mes croissants et je tombais nez à nez sur « eux ». Les Dedroite. Ils réclamaient le départ de celui qu’ils voyaient comme un usurpateur, Mitterrand. Ils voulaient la peaux du « partageux », Mauroy, leurs affiches éditées par l’UNI et le MIL reproduisaient le ministre Alain Savary pris en ligne de mîre. Des bonnes soeurs passaient et se déssolidarisaient de celle qu’elles appelaient « l’avorteuse », Simone Veil, pourtant en tête de cortège. La grande communion de la droite et de l’extrème droite trouvait ce jour là son expression ultime sous mes yeux hagards. Je n’y croyais pas. On était en juin 2004. Mitterrand était au pouvoir depuis mai 1981, et une odeur de coup d’état flottait sur Paris. J’avais déjà croisé ces cortèges où les militants d’extrème droite flirtaient avec ceux de droite, comme cette manifestation de 1983 : je sortais du métro Concorde (je « fréquentais » les Tuileries…). Une fille habillée comme en 1940 (cheveux mi-long ondulés avec coque à l’avant et boucles sur les épaules, veste carrée noire à ceinture, jupe à grand pli noire) vendait un journal dont je n’avais jusqu’alors entendu que le nom : L’Action Française. On y dénonçait les juifs, les communistes… Pour la première fois de ma vie, j’ai éprouvé une vraie peur politique. J’en ai cauchemardé. Quand je dis que ce n’est pas Mitterrand qui a joué avec l’extrème droite, c’est à cette époque que je pense : c’est la droite, qui a utilisé l’extrème droite contre Mitterrand. Mitterrand a juste ensuite dénoncé cette alliance que la droite ne pouvait rendre officielle… Mais sur le « terrain », ils étaient bien ensembles. Comme au sein de ce magazine Magazine Hebdo (vous verrez ce qu’était la ligne de ce journal en lisant cet article sur le GRECE) à l’époque dirigé par Jean Jacques Aillagon (avant qu’il ne se donne des allures d’homosexuel présentable et centriste, ministre de la culture).
1986, Amphi H, Tolbiac. Occupation de l’université. Nous avons beaucoup dansé et beaucoup rit. Cette photo est une des plus belle photos que j’ai jamais prise…. Je l’adore.

La semaine précédente, au scrutin Européen pour lequel je n’avais pas voté), le Parti Socialiste avait réalisé 19% et le Parti Communiste 11%. Du jamais vu… (en 1981, respectivement 37% et 15%). Pire, le Front National perçait de 1% à 11%… Et les beaux quartiers de Paris lui donnaient des 17, 18%…
J’ai décidé d’adhérer au Parti Socialiste à cette époque là. Comme des milliers de ma génération : nous n’avions pas le choix, la question ne nous semblait plus être « le socialisme », mais simplement « comment empêcher cette droite là » de prendre le pouvoir. C’est facile de critiquer aujourd’hui ceux qui également foncèrent à SOS Racisme. Mais en fait, notre génération se trouvait véritablement désemparée. Mitterrand nous a fait gagner du temps en nommant un jeune premier ministre de 36 ans qui a du coup ringardisé les « jeunes » de Chirac, tous de 10 ans plus agés, les Juppé-Noir-Toubon. Leur programme était clair : faire du Reagan, privatiser tout, même l’école. Il doit bien y avoir des Magazine-Hebdo à la BN… J’ai par la suite manifesté contre le FN, on était pas nombreux au début, et je m’y suis fait mes premières rencontres avec de purs « anti-racistes » dont certains ont rejoint par la suite des groupes plus radicaux. Je ne leurs cracherais jamais dessus car je respecte leurs opinions comme ils ont su respecter les miens. Nous n’étions qu’une centaine devant le meeting de Le Pen à Balard en 1984. Ca créé des liens, une forme de respect. Et je me souviens y avoir croisé un petit bout de bonne femme qui deviendrait par la suite la meilleurs amie de ma meilleurs amie. Je n’ai absoluement pas ses idées, mais vous ne pouvez imaginer comment je respecte le militantisme et la rectitude de cette femme. Si elle lit ce blog, on ne sait jamais, qu’elle apprenne que j’ai toujours apprécié la croiser sur mon chemin dans les manifestations. Et que son absence en 2002 aurait du m’inspirer : on n’aurait jamais du voter Chirac ! Freddie, si tu la vois, tu lui donne le bonjour !
Voilà pour ma « génèse » en politique. J’ai beau avoir un certain âge, cela fait 20 ans que cette problématique subsiste : l’extrème droite occupe le centre de la vie politique française et déporte les débats dans sa direction. Beaucoup de jeunes ont fait depuis comme moi en 1984 : en 2002, ils ont manifesté puis ils ont adhéré.
Certains vont se dire : mais Jospin, mais Royal ils sont où, là dedans ?
Piètre culture… Ils sont là ! Jospin était premier secrétaire du Parti Socialiste; et Royal s’apprétait à signer au sein du PS en 1985 une contribution « trans-courant » téléguidée par Jacques Attali. Tous les thèmes de la campagne à venir y figuraient ! Dépasser les clivages anciens au sein de la gauche socialistes (la « vieille gauche » et la « deuxième gauche ») pour réaliser une synthèse qui allie volonté de transformation et prise en compte des réalités économiques et des contraintes internationales. Qui s’inspire des réalisation en Europe du Nord, qui s’engage plus avant dans la réalisation de l’intégration Européenne et qui soit plus libérale (le mot n’était pas utilisé, la France n’est pas mûre pour cela) en matière politique en s’ouvrant plus aux questions de sociétés. Les Rocardiens (dont j’étais) étaient furieux qu’on vienne ainsi marcher sur leurs plate-bandes. Les Jospiniens et les Fabiusiens étaient outrés que ces jeunes technocrates leurs piquent des voix. Mauroy était lâché quand à lui par son fidèle Delebarre et son ami Delors. Parmi les signataires, un certain François Hollande, une certaine Martine Aubry… Mitterrand semait l’avenir. Les autres, eux, allaient s’entre-déchirer au congrès de Rennes en 1990.

Je suis resté 4 ans au PS, et puis je me suis éloigné. De Jospin, je garde d’abord le souvenir d’une Fédération de Paris verrouillée mais qui militait beaucoup. Des trans-courants, une comète qui n’aura duré que l’espace d’un congrès raté, le congrès de Toulouse, en 1985. De cette époque et de notre militantisme, je garde le souvenir d’un très bon score en 1986, 32,5% qui a permis de préparer la réélection de Mitterrand en 1988 en empêchant Chirac de gouverner : les Français ne voulaient pas de sa politique ultra-libérale, nous avions gagné sur ce point. On l’a finallement battu dès la fin 1986 avec la « loi Devaquet » (je vous réserve une surprise pour bientôt). Il avait mis un million de Français dans la rue en juin 84, nous sommes descendus à 1 million de jeunes dans la rue rien que pour Paris et nous avons entrainés les adultes salariés à se joindre à nous : il y a eu des coupures d’électricités, des grèves de métro cet hivers là.
Ils ont l’argent, nous avons le vrai pouvoir.
En 92, aux Régionale, ni la droite ni la gauche ne se sont imposés. Waechter créait la surprise avec « Les verts » : 11%. Le soir de l’élection, les plateaux avait un air de nouveauté : beaucoup de femmes (Ségolène, Aubry entre autre) et de têtes nouvelles à gauche et chez les écologistes. Les mêmes à droite. J’ai toujours pensé, et je pense toujours que Mitterrand a loupé quelque chose à ce moment là. Quelque chose de grand. Rompre avec le PC et foncer avec les Verts. C’est toutefois à la suite de ce score qu’il a été le premier chef d’état à stopper les essais nucléaires (que Chirac a repris en 95). Et Ségolène promue ministres de l’environnement s’est signalé en manifestant avec les verts et Greenpeace contre le retraitement des déchets à La Hague.
J’ai réadhéré en 1993, l’espace du « big-bang » de Rocard. J’ai fuit car les dinausores ont vite ressurgi. Sauf Jospin, qui avait disparu. Ségolène, elle, a été la seule député socialiste a être réélu dès le premier tour en progressant. De 290 députés, le groupe avait fondu à une cinquantaine pourtant… Les pourfendeurs de Ségolène m’amusent beaucoup quand ils disent qu’elle n’est pas populaire… Sur le plateau télévisé, je me rappelle les larmes de M.N.Lienemann…
Les dinausores ont putsché Rocard en 1994 en votant en cachette pour Bernard Tapi. La nouvelle équipe a décidé de « mettre la barre à gauche » : ils ont supplié Delors d’être leur candidat (il a renoncé) et Emmanuelli a voulu être un candidat « de témoignage », disant qu’il se désisterait pour Barre contre Chirac, si Barre se présentait. « Mettre la barre à gauche »… Jospin s’est présenté au suffrage des militants qui, bien entendu, ont voté pour lui contre cet appareil si prompt à « témoigner ». Je n’étais plus au PS, et je me rappelle mon frère me disant que ce serait Jospin. « Il va y avoir des affiches et des auto-collants », que j’ai répondu. Il y en a eu.
Immédiatement, la droite a dit qu’il n’avait pas de programme, que « 14 ans de socialisme », et gnagnagna, et gnagnagna… Jospin a été invisible pendant un mois. Il faisait des meeting. Il est réapparu tranformé, souriant, terriblement « américain » comme on les aime, sur fond turquoise. Une campagne simple, pas chère. Jospin ne répondait pas à Chirac, il nous parlait à nous. Je m’apprêtais à voter LO, comme d’autres, lassé par ce Parti en fin de course, parti de témoignage. Avec l’amertume aussi que c’était trop bête, envoyer Mitterrand comme ça. Aujourd’hui encore, quelque chose me lie à Mitterrand, quelque chose qui se noue pour moi entre 84 et 88. J’ai revu cette semaine le film de Depardon Une partie de campagne, réalisé en 74 pendant la campagne de Giscard. On y apperçoit Mitterrand. C’est incroyable comme il y apparait comme un intrus face à cette machine qui s’appelle l’Etat et qui toute comme un seul homme était derrière Giscard. Quand vous critiquez Ségolène, pensez bien qu’aujourd’hui tout l’Etat, tous les médias (Lagardère, Seillière, Bouygues, Vivendi, Suez) sont acquis à Sarkosy.

C’est arrivé vers 21 heures, après que la police ait commencé à charger plus de 500 000 jeunes. On nous a balayé dans Paris, balayé ici, balayé par là. Il y eu beaucoup de blessés, une jeune fille a été défigurée par une lacrymo tirée à bout portant. Le lendemain, nous avons passé notre tamps à essayer de contrôler les lycées enragés qui ne comprenaient pas ce qui leur était arrivé. Le soir, la police a remis ça, encerclé le quartier Latin. C’est ce soir là que Malik Oussekine a été tué. Le Premier Ministre s’appelait Jacques Chirac.

J’ai choisi Jospin début Avril, et alors mon choix m’a semblé évident, naturel. Mon meilleurs souvenir de meeting, c’est Bercy. On le sentait, la dynamique était de notre côté : il a manqué 15 jours, j’en suis sûr encore aujourd’hui. Il était terriblement beau. Le local de campagne, rue du Cherche midi, était ouvert, plein de militants qui bossaient comme des malades : l’appareil ne contrôlait rien. J’y entrais et j’y photocopiais mes auto-collants. « J’apprends la salsa en attendant la victoire de Lionel Jospin ». « Nouveau, Moderne, Intéressant. Lisez le programme de Lionel Jospin ». « 35 heures, indépendance de la Justice, L’ABC de l’AN 2000 ». etc…
Par la suite, j’ai donc créé la Section de la Sorbonne avec quelques amis. Il y a eu les auto-collants, les tracts, les manifestations. Et la victoire en 1997. Une belle victoire.
Je l’ai vécu de l’intérieur : l’appareil a rapidement repris la main. Sur Paris, l’objectif était la conquète de la ville. Je crois que la vraie raison de « 2002 », c’est d’abord cette modernisation interrompue par la victoire de 97. Les cadres socialistes croyaient, et ils croient encore, que la prise du pouvoir par un PS est un fait de l’alternance, un coup à gauche un coup à droite. Ils ont oubliés que NOUS SOMMES DES INTRUS, comme Mitterrand ne cessait de le rappeler quand il expliquait que sa plus grosse déception à l’égard de Rocard est de ne pas avoir profité de la victoire en 88 pour faire voter le droit de vote des étrangers. Concernant les lois difficiles, « Ce qu’on ne fait pas dans les 3 mois, on ne le fera jamais ». Dixit Mitterrand. En 81 la peine de mort, les nationalisations, la décentralisation, les hausses massives des prestations sociales, les droits nouveaux dans l’entreprise, l’indépendance de la télévision (eh oui, avant, l’état contrôlait même le contenu du Journal télévisé) et les radio libres. Et rapidement après, le remboursement de l’IVG par la sécurité sociale.
Bref, en 2002, c’est un appareil rigide qui a pris en main la campagne. Moi, j’avais laissé tombé en 99. Je raconterai bientôt… mais c’est pas triste !
2002. Le plus fantastique ratage de la gauche française. Comment un aussi bon premier ministre a t’il pu se faire avoir comme ça. Vaincu par un appareil rigide imbu de lui même. Et vaincu par sa propre intelligence.
Pendant 3 ans j’ai espéré qu’il me demande pardon, et nous sommes certainement des milliers, des dizaines de milliers à attendre de lui des excuses. Nous aurions pu alors nous aussi nous excuser. Mais si nous avons été si nombreux à n’être pas là au RdV (j’ai voté Taubira), c’est que Jospin n’étais pas là. Je me souviens le Fax : le lendemain, j’arborais ma petite rose à la boutonnière. Je ne milite plus mais j’ai toujours répondu « présent ». J’étais prêt à lui faire bouffer, à Chirac, ses « 14 ans de socialisme ». J’avais dans le ventre mes haines de 84, ma rancoeur encore chaude du débat de 95, Jospin était honnète, il avait été le meilleurs et cette conclusion de Chirac, « les français veulent rompre avec 14 ans de socialisme ». Oui, Jospin avait le truc pour le battre à plate couture. Et puis rien. J’ai essayé d’aller à l’Atelier, c’était à côté de chez moi. Des vigiles à oreillette et costume noir genre Pulp Fiction, une pétasse à l’entrée genre « vous avez un carton d’invitation ». J’ai passé mon chemin. Jospin n’avait visiblement pas besoin de moi, le militant bénévole. Comme disait Ferré « Faut laisser faire les spécialistes ». Il y a eu tous ces documentaires après le 21 avril : les spécialistes étaient occupés à se partager les postes…
Pourquoi Jospin ne m’a pas demandé « pardon ». On aurait tout oublié. Il était LE candidat naturel mais ce n’était qu’à cette condition. C’est de sa faute si nous avons voté Chirac.
A la place de quoi, il s’est mûré comme un Mendès : je suis le meilleurs, donc je vaincrai. Il a oublié cet adage Mitterrandien : ce n’est pas le meilleurs qui gagne, c’est celui qui veut gagner. Ca ne sert à rien d’avoir raison si on perd. Regardez Mendès, regardez Rocard. Admirez Jospin.
Jospin est un homme bien, de cette génération qui a milité. Pourquoi n’a t’il pas reconnu qu’il était trotskyste ? Et alors : nous y sommes tous plus ou moins passés… C’est quand même plus honorable qu’avoir été stalinien ou pire, facho, non ? Il a milité pour l’Algérie indépendante : c’est une qualité énorme, c’est un vécu à l’image de l’anti-racisme nécessaire dans notre époque. Il a ces mots sévères sur la droite que plus personne n’a le courage d’avoir : oui, historiquement, la droite a été royaliste, esclavagiste, putschiste et bonapartiste, collaborationniste et pétainiste, elle a fusillé les communards et a organisé la boucherie de 1914. Oui, la gauche a été du côté de la Démocratie, de l’Abolition, de la République, de la Grève Générale contre la guerre, Léon Blum a été autant houspillé par la droite pour sa judéïté que pour avoir été socialiste et De Gaulle, homme de droite, a du composer avec les communistes, les socialistes et les radicaux tant il y avait peu d’hommes de droite autours de lui à Londres pour s’opposer à Pétain et restaurer la République, la « vérolée » comme ils l’appelaient. Je partage avec Jospin cette culture aujourd’hui en voie, hélas, de disparition devant le consensus. En attendant qu’un Bush Français ne nous rafraîchisse la mémoire.
Exit Jospin, qui ne comprendra jamais que c’est le peuple qui fait les Présidents, surtout de gauche, et pas les Partis. Pourquoi ne nous as tu pas demandé Pardon, Lionel…
Ségolène s’est imposée progressivement. Elle a un côté rigide et réac, certes, mais en même temps elle est réglo, franche et aux gouvernements auquels elle a participé, elle a fait du très bon travail. Moi, je la voyais bien dans un ticket avec Jospin, après les Régionales dont elle fut le symbôle. Jospin n’avançant pas et jouant avec notre « désir », on a tous commencé à rêver non plus à un ticket, mais à une audace. Et pourquoi pas Ségolène, tout simplement ? Quand Jospin a rouvert la porte, c’était trop tard : nous, tous les comme moi, nous avions commencé à rêver. Les journaux dirigés par la droite ont relayé : comme ils la prenaient pour une potiche, ils ont foncé tête baissé et ont créé une bête médiatique dans le but de ringardisé Jospin. Ca a marché mais ils n’avaient pas prévu, et qu’elle n’était pas une potiche, et qu’elle correspondait exactement à ce dont la gauche rêve sans le savoir depuis près de 20 ans : une alternative à Mitterrand. Un autre Mitterrand. Un autre moment fort de la gauche, l’entrée de la gauche et de la France en Parité.
Vous connaissez la suite : nous sommes à 3 mois et demi du scrutin. La droite se soude derrière Sarkosy, l’appareil du PS doute de Ségolène, la presse tape comme elle peut sur Ségolène, son « incompétence », ses « bourdes », ses « mots » voir ses problèmes de couple. Et bien sûr son manque d’idées (les mêmes journaux la présentaient pourtant comme une femme de conviction à l’époque où ils voulaient faire dans le coup médiatique).
C’est bien fait pour la droite. Pour couler Jospin et ridiculiser Hollande, ils ont créé Ségolène.
Ségolène est engagée dans une course contre la montre. Elle a décidé de prendre ce pouvoir que la droite l’invitait à envisager. Ses troupes, comme pour Mitterrand, c’est nous. C’est sûr, il lui manque beaucoup. Elle n’aura jamais cette poêsie de Mitterrand qui parfois faisait monter les larmes. Elle n’aura jamais ce vécu militant d’un Rocard, d’un Jospin.
Elle est simplement une femme de notre époque. Elle n’est pas mariée, comme beaucoup d’entre nous. Elle a une fibre écologique forte comme beaucoup dans les classes moyennes cultivées. C’est elle qui a signé le protocole de Kyôto. Elle a continué sa carrière en élevant ses enfants, comme tant de femmes. Elle sait être séduisante sans être potiche : elle a gagné sa circonscription, elle ne se l’ai pas faite offrir.
On la dit autoritaire car on oublie souvent que les femmes doivent être plus volontaires face à des hommes qui souvent n’acceptent pas vraiment leur pouvoir. Beaucoup de femmes vivent cela. Pour un homme, on se contente souvent juste de dire qu’ils sont fermes.
J’aurais l’occasion de revenir sur son programme, même si j’en ai une vague idée : la droite dit que le PS n’a pas de projet, pourtant, si vous cliquez à gauche, vous pourrez sur leur site télécharger les 300 et quelques pages d’analyses et de propositions…
La seule ambition de la Social-Démocratie est celle là : tranformer graduellement, mais transformer toujours. Je ne souhaite pas que Ségolène soit élue en 2007. Je souhaite qu’elle soit réélue en 2012. C’est le seul programme que je lui demande.

Commentaires

  • Tu as raison pour la photo des jambes… On la croit immédiatement chapardée à un Doisneau ou à un Cartier-Bresson.

    Je ne me souviens pas bien de 1984. Normal, on a presque une décennie d’écart… Je me souviens pourtant de mai 1981, la liesse à la télévision, mes parents contents et le président tout neuf avec lequel j’allais grandir.

    Je me souviens un peu mieux de 1986, et puis nettement mieux de 1988. Mitterrand en avait déçu beaucoup, mais Chirac n’avait « pas l’air du tout ». Surtout côte à côte…

    En 1992 j’étais électeur. Les élections c’est un rite, ça dégage quelque chose du même ordre que les scènes filmées par les anthropologues dans les pays lointains. Les premières élections c’est comme un rite de passage, mais dans d’autres familles c’est peut-être le permis de conduire ou la première biture.

    Je me souviens que les politiciens écologistes de l’époque niaient le clivage droite-gauche, c’est à dire qu’ils espéraient devenir très gros tous seuls. C’est peut-être pour cela que Mitterrand ne leur a pas proposé la botte.

    Je me souviens que Delors s’est tripoté pendant des mois avant d’annoncer enfin chez Anne Sinclair que, non, il préférait rester bien au chaud plutôt que de prendre le risque de se présenter, donc de perdre, ou pire : de gagner. Autant de temps perdu pour la campagne de Jospin. Je méprise Delors.

    Mon meilleurs souvenir de meeting, c’est aussi Bercy. J’y étais allé avec ma maman (oui, je suis un attardé). L’ambiance de foule était grisante. Je comprend que les politiciens et les vedettes en soient drogués, et perdent de vue la réalité quotidienne du reste de la population (je parle de ceux qui l’ont connue, bien sûr).

    Je me souviens de 2002. « Je ne ferai pas une politique socialiste » disait le candidat du Parti Socialiste. Faut vraiment être con.

    Je suis scié du nombre de gens qui ont cru (ou voulu croire) à une concurrence entre Hollande et sa compagne. Mais comment tout ces gens vivent-ils donc leur propre relation de couple ?

    Je me souviens encore assez bien de janvier 2007. (Quelle mémoire !) Je n’attends pas grand chose des socialistes, y compris Ségolène. Mais bon… La perspective de voir élue une femme à la tête de l’état, une première dans notre vieux pays patriarcal, patrie du code Napoléon et de la loi salique, m’excite suffisamment pour rendre ces prochaines élections inespérément attrayantes. J’aime beaucoup cette forte pensée entendue de plusieurs personnes que je connais assez bien pour pouvoir les situer politiquement : « Je suis une femme, et féministe, mais tout de même, ce n’est pas sérieux d’élire un candidat pour son sexe. » Comme si elles étaient susceptibles de voter pour le candidat du PS quel qu’il soit, alors qu’elles hésitent depuis des mois entre Sarkozy et Le Pen ! Ah, si Ségolène et élue, voire réélue comme tu le suggères, cela en fera chier un certain nombre. C’est pas une bonne raison de voter, ça ?

  • Tu as raison pour la photo des jambes… On la croit immédiatement chapardée à un Doisneau ou à un Cartier-Bresson.

    Je ne me souviens pas bien de 1984. Normal, on a presque une décennie d’écart… Je me souviens pourtant de mai 1981, la liesse à la télévision, mes parents contents et le président tout neuf avec lequel j’allais grandir.

    Je me souviens un peu mieux de 1986, et puis nettement mieux de 1988. Mitterrand en avait déçu beaucoup, mais Chirac n’avait « pas l’air du tout ». Surtout côte à côte…

    En 1992 j’étais électeur. Les élections c’est un rite, ça dégage quelque chose du même ordre que les scènes filmées par les anthropologues dans les pays lointains. Les premières élections c’est comme un rite de passage, mais dans d’autres familles c’est peut-être le permis de conduire ou la première biture.

    Je me souviens que les politiciens écologistes de l’époque niaient le clivage droite-gauche, c’est à dire qu’ils espéraient devenir très gros tous seuls. C’est peut-être pour cela que Mitterrand ne leur a pas proposé la botte.

    Je me souviens que Delors s’est tripoté pendant des mois avant d’annoncer enfin chez Anne Sinclair que, non, il préférait rester bien au chaud plutôt que de prendre le risque de se présenter, donc de perdre, ou pire : de gagner. Autant de temps perdu pour la campagne de Jospin. Je méprise Delors.

    Mon meilleurs souvenir de meeting, c’est aussi Bercy. J’y étais allé avec ma maman (oui, je suis un attardé). L’ambiance de foule était grisante. Je comprend que les politiciens et les vedettes en soient drogués, et perdent de vue la réalité quotidienne du reste de la population (je parle de ceux qui l’ont connue, bien sûr).

    Je me souviens de 2002. « Je ne ferai pas une politique socialiste » disait le candidat du Parti Socialiste. Faut vraiment être con.

    Je suis scié du nombre de gens qui ont cru (ou voulu croire) à une concurrence entre Hollande et sa compagne. Mais comment tout ces gens vivent-ils donc leur propre relation de couple ?

    Je me souviens encore assez bien de janvier 2007. (Quelle mémoire !) Je n’attends pas grand chose des socialistes, y compris Ségolène. Mais bon… La perspective de voir élue une femme à la tête de l’état, une première dans notre vieux pays patriarcal, patrie du code Napoléon et de la loi salique, m’excite suffisamment pour rendre ces prochaines élections inespérément attrayantes. J’aime beaucoup cette forte pensée entendue de plusieurs personnes que je connais assez bien pour pouvoir les situer politiquement : « Je suis une femme, et féministe, mais tout de même, ce n’est pas sérieux d’élire un candidat pour son sexe. » Comme si elles étaient susceptibles de voter pour le candidat du PS quel qu’il soit, alors qu’elles hésitent depuis des mois entre Sarkozy et Le Pen ! Ah, si Ségolène et élue, voire réélue comme tu le suggères, cela en fera chier un certain nombre. C’est pas une bonne raison de voter, ça ?

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