J’ai adoré les volumes de cet appartement quand j’y suis venu, et c’est cela que je veux travailler. Je m’y suis vu, je m’y suis senti travaillant, lisant.
Trouver un omikuji de bon augure est une invitation à sauter le pas.
Dans mon cas, en réalité, les changements étaient déjà bien engagés et cela m’invite à penser que je suis dans la bonne direction. Je ne crois pas à la chance en soi, aux porte-bonheurs. Je crois en une disponibilité du cœur pour le bonheur. Il est écrit dans beaucoup de textes religieux que le problème des hommes est qu’ils scellent leur cœur, je crois bien que c’est cela dont il s’agit. Mon omikuji est une disposition de mon cœur, un peu comme la lune en ce moment, si belle, si brillante.
J’avais commencé à m’occuper de chez moi mais le changement entamé prend des proportions plus importantes. Après avoir considéré que je devrais déménager, influence des critiques acerbes de Nori le mois dernier, je suis finalement arrivé à la conclusion que je ne trouverais jamais un espace comme celui où j’habite pour le même prix, avec ce quelque chose d’artistique qui m’avait plu immédiatement. Il y a juste que je dois le repenser en fonction de moi et non plus de la vie un peu conforme dans laquelle je m’étais endormi (mais où je trouve une force que je ne me soupçonnais pas). J’ai donc repensé la disposition du mobilier en fonction de l’idée d’ouverture. Je veux ouvrir, mettre les volumes de ce grand studio de 28 mètres carrés en valeur. Son côté « loft » pour être exact. Petit, certes, mais avec des volumes que j’aime et qui m’avaient plus dès le premier jour.
J’ai donc tout repensé, et ça a pris forme. Plus de tapis dans le salon, les étagères avec mes livres à côté du bureau. Le salon soudain est plus meublé, et c’est pas mal du tout. Je vais devoir jeter beaucoup de choses, des livres de japonais qui ne me serviront jamais à rien. Il va falloir organiser d’autres choses, les archives, les choses que je garde. Il va falloir enfin mettre des photos. J’ai adoré les volumes de cet appartement quand j’y suis venu, et c’est cela que je veux travailler. Je m’y suis vu, je m’y suis senti travaillant, lisant.
Depuis deux jours, j’ai trouvé la musique qui accompagne ce changement, de la musique du début du vingtième siècle, c’est totalement inédit pour moi, et je me sens bien. Ce matin, j’ai bu mon café, regardé le salon en pleine métamorphose et je me suis senti bien. J’ai retrouvé le calme d’Asnières.
Je partage beaucoup au sujet de Nori, de cette histoire qui fait de moi un Saint-Preux ou un Abelard, ou un Des Grieux éperdu de son Eloïse ou de sa Manon. Et vous pouvez avoir votre avis sur la question, penser que je perds mon temps, que je suis ridicule, que je me fais avoir, etc etc… Mais il y a une chose que vous devez bien avoir en tête. L’influence de cette histoire, de cette rencontre sur mon existence est incroyablement positive.
J’ai TOUJOURS refusé qu’un homme me dicte ce que je devais faire, je n’ai jamais obéi, au point de vivre seul toutes ces années. Jun l’avais bien compris qui est entré dans ma vie discrètement sans rien demander. Et cela a tenu 8 ans.
Me voilà face à mon alter-ego, mon double inversé. Je ne peux pas me le sortir de la tête, je dois faire avec. Et voilà soudain que, comme je vous le disais, tout prend un sens. Écrire, être ce que je ressens, mes sens. Il y a deux ans j’écrivais sur la transition que je devais entamer. La transition terminée, voici le temps venu de faire. Et tout s’agence parfaitement dans ma tête, et dans ce blog. Jamais depuis des années écrire ne m’avait semblé si nécessaire, mais il y a quelque chose en plus qui se produit, jamais cela ne m’a semblé autant évident. Les mots coulent au bout de mes doigts, je ne les pense même pas qu’ils sont déjà écrits. Quelle chance…
Comment pourrais-je vouloir vivre loin de celui qui m’a réveillé. Jeune, j’osais tout, mais j’étais malade. Et puis j’ai commencé mon analyse, une peur de rechuter m’a souvent pris et a limité mes audaces. J’étais guéri mais je n’osais plus, ou pas assez. Pourquoi ai-je quitté Londres, par exemple…
Et le hasard d’une rencontre me réveille à moi-même, même plus peur. Mal, mais en réalité, même pas mal. Je sais où, je sais comment être raisonnable. Pour le reste, j’ai l’écriture. Mon cerveau déborde, laissez moi vous submerger. Nori, dès le premier jour, j’ai pensé que j’aimerais le photographier, l’écouter parler encore et toujours. C’est ridicule, peut être, mais c’est cela être artiste, c’est laisser venir.
Et alors, plutôt que déménager et céder à un penchant de conformisme qui me mettrait sur la paille, voilà que je redécouvre les charme, la tranquillité de mon chez moi…
Le bonheur est une chose simple, je n’ai qu’à en profiter et à le multiplier. Ce matin, c’était un vrai bonheur. Une chambre ouverte, un salon ouvert et encombré à la fois, un bureau pour travailler entouré d’objets pour distraire mon regard et les dictionnaires nécessaires… Le chantier n’est pas terminé mais visuellement aussi, chez moi, ça a changé, et je ne me soucie pas de la suite.
La suite, eh bien, c’est écrire plus, et encore plus, au point d’en faire ma seule activité, ou presque.
La chambre est certainement l’endroit qui a le plus changé, elle ouvre sur tout l’espace. Je l’adore telle qu’elle est devenue… Il me reste beaucoup de choses à faire, mais je suis dors et déjà dans un endroit qui me ressemble. Ça aussi, c’est nouveau.
Je ne veux plus jamais jamais ressembler à ce que l’on attend de moi, comme je me suis finalement laissé piéger ces dernières années…
Mettre des photographies que j’ai prises au mur va être aussi un réel changement. Peut être fallait-il Nori pour que j’engage tout cela, pour conclure enfin cette transition entamée il y a deux ans.
Je ne sais pas où ma vie me conduit, mais désormais elle me conduit quelque part, un peu comme ce prochain rendez-vous à la clinique dans trois semaines. Ou comme cette vie solitaire à laquelle j’ai décidé de m’astreindre. Volontairement, parce que de toute façon j’ai d’autres choses à faire, à commencer par écrire.
Et puis la suite, ce sera la suite, ce sera ma vie. Je suis heureux, finalement. Un peu triste, car l’incertitude domine. Mais une vie faite de certitude, c’est ennuyeux, non ? Nori m’a aidé à balayer l’ennui. Qu’importe la suite, simplement pour cela, et au delà de toute cette affection pour lui, il est la plus fantastique chose qui me soit arrivé. Il est ma muse, il est mon inspiration… Amour