ATTENTION : POLITIQUE (4) (ma réponse)

Ma réponse n’est pas « sympathique ». C’est pas le but. Mais je trouve que nous avons pris la facheuse habitude d’accuser les autres sans penser à notre propre situation. Alors j’ai fait une réponse marxienne. Nicolas est un grand garçon intelligent.

« Je sais pas pourquoi je parle de ça… mais bon ! »
Ben parce que tu veux acheter….! 🙂
Je ne partage pas tout à fait ton indignation, ou en tout cas pas comme toi. Si les prix montent, ce n’est pas à cause du système (l’économie de marché ne fait pas « système »). C’est parce que les gens veulent acheter. Parce que « c’est mieux d’acheter ». Parce que « ça fournit un petit revenu complémentaire ». Parce que il faut « favoriser l’accès à la propriété » grace au taux 0. Parce que l’on subventionne le locatif avec des exonérations fiscales. Etc… Et puis les gens se disent que c’est un placement, « pour
la retraite ». Ce n’est pas un système, c’est un des aspect de la pensée libérale et de la généralisation de l’idée de privatisation.
Le résultat, c’est la « raréfaction de l’offre » (tout le monde veut acheter) qui fait monter les prix (logique. Ce n’est pas un complot, quand on vend un truc, on le vend au meilleur prix). Et puis l’autre, indirect, c’est la généralisation de l’envie de
propreté/tranquilité/bien habité. Normal, chacun attend un peu une « valorisation de son patrimoine ».

La gauche accompagne ce mouvement car c’est aussi ce que veulent ses électeurs. Car le premier facteur de départ des pauvres, ce sont les classes moyennes dopées à l’idéologie du « bon travail », qui « gagnent bien leur vie », se « réalisent » et veulent vivre dans un « quartier sympa » qui incarne leur réussite sociale.
La ville, de toute façon, ça a toujours été un peu eux. Le caractère populaire des villes, c’était les « faubourgs », bref, ce que nous nommons aujourd’hui la banlieue, et qui ont été absorbés par l’essor économique du XXème siècle…

Une gauche modérée, tranquille, social-démocrate n’a que peu de marges de manoeuvres. En fait, il lui faut augmenter l’offre de logements « sociaux », à loyers modérés, intégrés dans un urbanisme bien pensé qui fasse « ville », et garantir un système de couverture sociale et de retraite qui n’encourage pas le placement dans des « valeurs refuges ». Le vrai triomphe du libéralisme, c’est de renvoyer l’individu à des solutions individuelle. Le socialisme, c’est justement offrir des prises en charges collectives à des besoins individuels. Ecole, santé. Pourquoi pas logement, téléphone, poste, train… (tiens, on dirait des années 50…)
Acheter son logement, c’est (hélas), faire augmenter les prix et accepter le dictat de la propriété privée. Le vrai
tournant, c’est quand on a renoncé aux HLM et augmenté les allocations logement… Belles subventions pour les propriétéaires qui se sont empressés d’augmenter les loyers -donc, leurs revenus – en encourageant chacun à devenir propriétaire afin de devenir… rentier (« j’ai mis un locataire dans mon studio, ça me paie mon crédit pour mon 3 pièces »).

Ce n’est donc pas juste de critiquer une municipalité qui ne fait que gérer cette mentalité, ainsi que ses répercussions en terme de « tranquilité ». Quel parisien des « classes moyennes » (dont nous faisons allègrement partie) accepte les quartiers « populeux » ? Les bobos que tu récries (j’ai beau ne pas supporter l’étiquette, sociologiquement je suis une catégorie du bobo : travail précaire, toujours plus ou moins étudiant, pas « casé », plutôt instruit, aimant les quartiers populaires à forte population étrangère… tout en jouissant d’un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne nationale) ne sont pas responsables de tout leur mal que tu leur prête à Marseilles. Ils font revivre une ville dans laquelle il y a 10 ans personne ne voulait habiter. Nouvish est il si méchant que ça ?
S’il y avait des logements sociaux, plein, ainsi qu’une vraie politique de rigueur à l’égard des gens qui jettent les sacs par la fenetre et détériore l’habitat collectif sous prétexte que de toute façon « c’est pas chez eux », les prix des logements privés ne flamberaient pas, ou en tout cas ce ne serait pas trop grave, car il y aurait toujours une offre de logement locatif.

C’est comme la constitution. Ca sert à rien de râler : on ne fait pas de politique et si le « non » ou le « oui » l’emporte, quelle part de notre temps est on prêt à donner pour changer la société. Donner son samedi matin pour diffuser des tracts, rencontrer des gens -des vrais, pas des intellos ici, ou des militants par là ? On n’a rien fait après Le Pen en 2002, alors…
Moi, je ne fais plus de politique après en avoir fait pendant 15 ans (PS, gay, Algérie, etc), et après avoir finalement perdu l’opportunité de faire plus d’étude, trouver un boulot plus intéressant « comme tout le monde », ben je regarde. Je n’ai pas changé dans le fond, je me contente de constater, penser, mais avec les outils que ce temps passé a affuté…
C’est pour cela que je ne critiquerais même pas une municipalité qui fait ce qu’elle peut, et je trouve pas trop mal.
Pour avoir plus, ou autre chose, il faut se retrousser les manches. Comme l’avait très bien senti Marx, Seillière est jusque dans nos têtes et nous pensons tous comme de petits Seillière… on veut un chez soi, et gagner de l’argent. Jusqu’aux intellos qui accusent tout penseur « global » d’être réac…
Je ne supporte plus les socialistes par qu’ils n’ont même pas la modestie ambitieuse de Tony Blair : concédé d’avoir perdu sur toute la ligne et reconstruire pas à pas dans des directions nouvelles. Les notres, comme les alter, comme les communistes, etc et les autres, veulent conserver, même si ça marche pas, quitte à pas dire la vérité, et en « prenant en charge » (les nouveaux gauchistes « sans », « alter », etc sont très fort de ce côté là. Les « sans papiers », « sans logement », « séropo », « etc » peuvent crever, ça ne ruine pas le capital, donc ça n’intéressera personne, à part l’idéologie catholique « athée » « morale » de gauche). Marx
avait donné une arme (la grève), la gauche radicale redistribue des « radicalités » -tout dans le langage et les mobilisations estampillées « sociales »- et la gauche parlementaire réduit ses ambitions à la gestion du cadavre de la social-démocratie qu’elle n’a jamais reconnue comme sienne (la sécu, la retraite, la SNCF…), parce que bien sûr, en France, on est
« socialiste » (à rapprocher du 2ème tour de la Présidentielle).

Bouh, moi aussi, je m’éloigne… je sis lasé de la critique. Lassé parce que je suis POUR des trucs. Des trucs bien pensés (Une vraie constitution Européenne comme il y en a une aux USA, et pour tout dire, dans le même genre… Une nationalisation de la protection sociale avec un prélèvement par l’impôt et non par des cotisations, comme en Angleterre et comme réclamé par Blum et Meyer au sortir de la guerre, une renationalisation de l’eau au niveau européen au nom de l’Intérêt Général, l’entrée des syndicats dans les conseils d’administration, comme en Allemagne, aux Pays Bas et en Europe du Nord, la suppression des aides au logement, des allocations familiales et des minimums sociaux et leur remplacement par un complément unique défini par un minimum social, un vaste plan de construction de logements sociaux dans et hors les villes… Une gauche qui se donnerait 20 ans pour faire ça, ce serait pas mal, et qu’importe si c’est pas ultra ci ou ultra ça… si ça change la vie grace à un bon logement et une bonne protection, et qu’importe si parralèelement je suis pour la suppression de l’impôt sur les sociétés si elles réinvestissent, ou
pour libéraliser encore plus les professions (taxi, bistrots, etc) et encourager à fond la création d’activités artisanales, d’encourager la créations d’entreprises privées de production d’énergie propres…

On a tous notre part de responsabilité dans la débandade actuelle et, comme toujours, ce sont les faibles qui le paient en premier. Si plus personne ne voulait acheter son logement, les villes ne deviendraient pas cet espèce de centre commercial bondé le jour, « sympa » le soir et désert la nuit…
Ah la la…

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