REçU UN MAIL DE L’AMI ERIC D LE TARACE-BOULBIEN.
Petite histoire : hier je suis allé au festival du ciné des cinéastes « la fabrique de l’exclusion »
Et je me suis retrouvé à interpeller les sociologues, EHESS & co et Gustave bidule N°2 d’Attac, de la sorte (j’avais raté le préambule avant le film et l’intitulé du débat Des citoyens exclus de la citoyenneté) : «Bon je vous rappelle que ce film [pas mal sur le déni de la misère] date de 1997, là le débat est dans la description sociale à partir de l’émotion du film… Depuis on a Chirac avec 80%, moi je croyais venir à un meeting d’Attac, ce que je veux écouter ce sont des stratégies politiques »
En retour de Gustave Massiah (vice pdt d’Attac, pdt du Comité de recherches pour le développement) :
Un commentaire sur la dépolitisation des années 80, la stratégie (intellectuelle) de refonder des repères de gauche instillée par le mouvement alter mondialiste, et un propos sur l’investissement accru du monde associatif dans le politique par le biais du droit : de l’urgence au droit à la santé etc.
Intéressant mais frustré, cela me paraît un peu soft subversif (cela dit je me suis couché depuis). Bon OK ces documentaires sont sains pour retrouver sa capacité d’indignation. Mais là j’ai pensé : Attac n’est qu’une association ?!! Militer c’est un acte intellectuel qui dit « les gens doivent se politiser » c’est cela la proposition de ces mecs ?
Et pendant le film où j’ai retrouvé l’époque : « gauche morale ». J’ai pensé : 1997 mouvement social (corpo de 1995) devenu des chômeurs, mouvement des sans, gauche plurielle de Jospin, vote contestataire illusion du 1er tour, tous ces salauds pour Le Pen… et Chirac. STOP.
Aujourd’hui les mouvements de droits me semblent moins visibles, les squatts QG des pauvres dynamisés par des militants ont été murés. Et voilà des films pour démontrer les limites de l’action sociale de l’Etat et par derrière la nécessité d’une alternative (et par devant d’un conservatisme corporatiste etc. vaste débat tactique). Est-elle bonne, et surtout est-elle suffisante cette stratégie intellectuelle ? Où est le rapport de force, le poids politique ? Cette stratégie intellectuelle, elle a libéré les énergies de la contestation et fait rentrer le loup dans la bergerie qui a refermé le couvercle avec une imposture hallucinante.
La capacité au constat, au « regard » avant la soumission. C’est beau, et après ? Le rêve sans stratégie (électorale et internationale) pour une gauche minoritaire et éclatée cela à tendance à me foutre en rogne. Même si je suis aussi responsable du 21 avril. Globalement je trouve que ces « appareils » intellectuels ne sont pas assez réactifs. Et qu’est-ce que signifie se politiser ? Entrer dans un parti quand les élus de gauche se laissent manger dessus par Chirac après les régionales ? Quand les 35h ne sont défendues que par les syndicats ? Quand les lycéens s’agitent seuls sans les caméras ? C’est cela les nouvelles tactiques censées repolitiser les « gens » ? GGRRR
Passons sur ce flash back, et venons-en aux faits, pourquoi te sollicite-je ?
L’ACTU C’EST LE TRAITE CONSTITUTIONNEL
Bref dans mon mail précédent je t’ai tendu une perche pour savoir ton positionnement sur le Traité constitutionnel. J’ai lu un peu sur ton blog, et je l’ai trouvée l’info (hahaha !!). Perso au départ je suis aussi de la rupture du non, mais j’ai des hésitations géopolitiques et sur l’outil institutionnel, et puis sur la réalité de ma précarité.
Enfin, accouchons d’un lien entre le choix qui s’annonce et mes émotions cinématographiques voici un sondage qui en dit long sur la crédibilité de l’alternative de gauche :
Sondage Profession Politique / CSA 21/03 | Les Français placent le social au cœur de la campagne
Alors que le « non » à la Constitution européenne gagne du terrain selon deux récents sondages, 59% des personnes interrogées estiment que la situation sociale pèsera dans leur choix le 29 mai. Cette question est plus sensible encore chez les sympathisants PS (68%). Sur le pouvoir d’achat et l’emploi, seulement 28% des Français jugent que la gauche ferait mieux que le gouvernement RAFFARIN.
Je me rends compte de la division dans mon entourage à l’image de la division de la gauche. Je voudrais organiser un débat dans un café dimanche dans dix jours. D’ici là je vais me faire un argumentaire pour/contre, et peut être un blog pour préparer les invités à la discussion.