Pratique, les emails : tout de suite ca fait un journal de bord.
Alors voici un petit resume mailise de ces 2 derniers jours…
« voici venu l’apres-midi : le temps de manger une glace. Il y a au moins 1 heure d’attente. Mais c’est un tres bon salon de the.Specialite: la glace matcha bien sur. Je suis dans l’avenue Gion, fond sonore easy listening tres 70’s. Tout a l’heure. dans un temple, entendu du gagaku. Il y aura un consert a OotanHonbyou ce vendredi. Dans 5mn je pense avoir acces a l’escalier (je fais la queue dans la rue). CA Y EST! Bon, a plus. »/ »Etonnant. tous ces endroits sont essentiellement frequentes par des filles et des femmes (idem pour la musique) »/ »Je viens de m’acheter un dictionnaire de kanjis pour enfants. Trop mignon… ».
Ben oui, mardi, c’etait ce que j’appelle une journee « sans », une journee ou, en s’etant pourtant leve en forme et de bonne heure, on n’a pas envie de faire grand chose. Alors passee la promenade le long de la Kamogawa (riviere Kamo), je me suis assis dans un cafe, j’y ai bu un excellent cafe, j’y ai mange un excellent katsudon. Et puis je suis reparti. Il devait deja etre deux heures. Certains temples semblaient fermes. Au passage, meme ne rien faire a Kyoto, c’est instructif… Je suis donc alle de l’universite feminine a Gion, je suis redescendu jusque Gojo et, passant sous la bretelle routiere, odeur d’etang, je m’arrete, un pont. Je gare le velo, je franchis le pont. Oodani Honbyou est extrement beau, peu frequente des touristes (on a voulu m’y indiquer 2 fois Kyomizu-dera, voisin). Une grande allee qui monde, une gigantesque porte et la un espac e ouvert sur un escalier en faible pente et, bien sur, des arbres, des plantes. D’un calme admirable. Le son de la musique dans le temple. Je m’assieds. Je suis reste la une a deux heures a remettre de l’ordre dans du vocabulaire appris, a grignoter un excellent gateau au chocolat, a revasser allonger sur ce banc qui n’attendait que moi. Musique gagaku, bruit de scies : on y preparait ce jour le principale fete qui aura lieu a partir de demain. J’y vais bien entendu. Il faisait tres beau. En reprenant la visite du jardin, j’ai demande au gardien (qui commencait a m’expliquer ou etait Kyomizu-dera) quel evenement on preparait. Il a ete tres gentil, m’a longuement parle du lieu, de ce temple.
J’ai repris ma promenade et me suis arrete dans une librairie pres du metro shijo. J’y suis bien reste 2 heures…et j’y ai donc achete ce mignon dictionnaire de kanjis tout en couleur… JPY1 300, autant dire 2/3 fois moins cher qu’a Paris.
Je suis rentre, il devait etre 8heures 30.
Hier, en revanche, quelle journee, quelle marche. Voici un des mails :
« journee hyper culturelle. A kyoto faut pas avoir peur de marcher… J’avoue avoir ete tres charme par le Chion-in a cote de Yasaka jinja. Kyomizu-dera est plus beau en vrai qu’en photo, la foret est superbe. L’homme occidental trouvait la paix dans les eglises. L’homme japonais dans le tres plein d’une nature laisee a elle meme et delimitee par des espaces domestiques:les jardins, les temples, les sanctuaires. Autant dire que l’espace habite presente la meme division: espace habite, domestique. Espace de loisirs, debordant et grouillant de monde, chaotique meme parfois. Paris en comparaison offre peu et ce bouillonement et a la fois ce calme. Qu’est ce que c’est bien… Il a fait un temps magnifique.Et c’est comme ca pour toute la semaine (deshou). Je marche dans une rue. Maisons en bois, odeurs diverses.Parfois un velo qui passe, la fille dessus qui chante et bat la mesure sur le guidon. Un scooter. Puis le silence. Je suis dans un espace ou seuls les grillons troublent le calme. 2 femmes promenent un chien. Plus bas, pourtant, en ce moment, entre shijou et gojou, entre karasuma et gion, le bruit et la foule envahiront la nuit jusque tard… Shinjuku me manque un peu ce soir… Ce doit etre les grillons… Bon a plus. »
Eh oui, trois sites dont le premier, Chion-in, m’a ravis a un point que vous ne pouvez imaginer. Je suis reste dans le temple principal a l’entree pendant plus d’une demi heure. J’avais reve de l’Algerie la nuit precedente, un reve assez banal, mais arrive dans ce temple, odeur d’encens japonais (tres subtil, plus proche de l’encens des eglises que de l’encens indien), les boiseries magnifiques, les grands daiko de gagaku, je me suis dit que je pourrais peut etre penser un peu a mon pere. Le bouddhisme est ce territoire que l’on concede aux etres disparus, il est bon de prier pour eux pour ne pas qu’ils errent sans fin (voir le dessin anime de Miyazaki, Sen to Chihiro no kamikakushi). Une dame avait demande un service pour quelqu’un, j’ai donc fait comme quelques personnes qui etaient la, je me suis recueilli. J’ai visite les autres temples avec le meme esprit. Magnifiques jardins, petit temple consacre aux Tokugawa…
En descendant un escalier, a la fin de ce grand tour dans une magnifique « propriete » faite de temples, ou l’on peut admirer de magnifiques bouddhas, je me suis senti soudain heureux. Plus tard, alors que mon periple s’achevait a Kyomizu-dera, qu’il faisait presque nuit, j’ai presque failli exploser de rire, et J’ai au fond de moi remercie mes parents de m’avoir permis de gouter ce plaisir d’etre la. C’est bien, de temps en temps, ceder cette place au fond de soi, laisser s’exprimer kokoro (le coeur/ l’ame).
Je suis arrive a l’hotel epuise, apres avoir achete une baguette tellement bonne qu’elle a ete mon repas du soir, avec du beurre -delicieux- de Hokkaido. Il n’y a pas a dire, les Japonais, quand ils font quelque chose, ils le font bien…
Je me suis repromene plus tard avec l’idee de prendre un verre quelque part, mais finalement je suis rentre, il etait 11h 30.
Ce matin, faineantise totale… Et je conclus ce journal du jour.
Vous voyez, je mene une existence absolument plate, et vous ne pouvez vous imaginer a quel point je recherchait cette quasi immobilite, cette inutilite de soi. Ce temps d’introspection. Bon, programme : chercher une carte memoire pour mon appareil photo et puis le nord de Kyoto.
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