J’ai de plus en plus de mal avec le fait de vivre au Japon. Vraiment. Il y aurait beaucoup à dire sur le pays lui-même et je pense que dans les semaines et mois à venir je vous confirai le bilan de cette expérience qui m’a profondément transformé, m’a beaucoup appris sur moi-même et sur le monde, m’a aussi beaucoup ouvert, mais qui m’a également guéri de cet « ailleurs » qui sommeillait en moi, un ailleurs qui dans les mots trouve finalement bien plus de place que dans les lieux, car les lieux sont beaucoup moins malléables, ils n’obéissent pas et se contentent d’être comme ils sont. Ils sont une illusion intérieure qui ne dit pas sont nom. Le Japon de 2019, le Japon réel est finalement très éloigné du Japon de mon « ailleurs », ce rêve qui au fil des ans et depuis l’enfance avait grandi en moi. Je m’y suis habitué, mais l’ « ailleurs » s’est éteint.
Alors oui, j’ai de plus en plus de mal avec le fait d’être éloigné de ceux qui me sont proches, car malgré la distance notre vie continue, le temps passe. Maman est partie. Il y a encore si peu en moi, j’allais avec Nicolas chez Stéphane en ce début de mois de décembre à Aulnay-sous-Bois pour célébrer la naissance de sa fille Héléna, et voilà qu’Héléna est une jeune femme. Il y a quelques décennies, c’est à dire il y a peu de temps en moi comme à l’échelle du temps, je reprenais mes études et faisais la rencontre d’un groupe d’amis qui sont encore dans mon coeur, une bande faite de bric et de broc à première apparence, tous si différents et pourtant partageant au fil des jours, des semaines et des ans des espoirs similaires, des colères identiques et les rêves fous qui nous ont mus. Les Spont’Ex, ou peut-être devrais-je écrire « mes » Spont’Ex, tant je porte ce souvenir au fond de moi.
« Mes Spont’Ex ». Me pardonneront-ils ce possessif jaloux et exclusif? Je sais que oui.
J’avais alors 28 ans, j’avais déjà traversé une année de psychanalyse et je revenais de la mort qui m’avait frôlée de très très près. Mon frère habitait avec moi, je surnageais dans mon échouage désormais mais je ne coulais plus. J’avais passé l’été chez maman, il n’avait pas fait très beau mais ce séjour m’avait fait un bien fou, j’avais écrit, lu le journal, revécu, et surtout j’avais arrêté la cigarette. Tous les jours, j’étais allé au café du village, l’après-midi pour lire et écrire au contact des habitants du village, mes sens étaient éveillés, j’étais à l’affut de tout. Et puis cette année là j’avais travaillé pour la Compagnie Barbarie, un cirque nouveau style, ça m’avait fait comme un amortisseur de sortie de dépression. C’était un CES, j’étais au RMI. D’ailleurs, en rentrant de vacances, on me l’avait coupé, le RMI. Comme ça, comme ils s’amusent à le faire, des fois, mais j’avais pu constater que pour la première fois ça ne m’abattait pas. Il faut dire que j’avais passé plusieurs séances sur ce sujet, sur l’abattement qui me prenait quand quelque chose ne se passait pas comme prévu.
Cela faisait des années que je m’étais plongé dans la musique baroque, elle avait été ma dernière bouée de sauvetage dans ma longue descente dans la dépression, c’était elle qui me ramassait à la petit cuiller, replié sur moi-même après ces nuits d’errance dans Paris, drogué, me parlant à moi-même comme dans un vieux disque usé, baisant ici ou là, et les après-midi vendant les derniers trucs que je n’avais pas encore vendus pour pouvoir me payer à manger. En aout 1992, je l’ai déjà écrit, la mort m’avait frôlé de très près, elle était mon amie, elle avait emporté Jacques peu de temps avant, et puis mon père aussi et ces départs avaient comme lancé un compte à rebours en moi. En Algérie, la mort planait, elle avait tué Mohamed Boudiaf en direct et une cinquantaine de personnes à l’aéroport d’Alger dans le premier gros attentat terroriste d’une série qui s’annonçait sanglante. La Yougoslavie s’effondrait, il y avait eu la guerre contre l’Iraq.
Et le SIDA qui nous hantait. C’était lui qui avait emporté Jacques. Il m’enlèverait Timothée, j’en étais sûr, et puis Pascal-Abel, et puis Olivier, comme il l’avait fait de tous ceux que l’on ne voyait plus. Le SIDA, c’avait été comme une ablation d’organe, et cet organe, c’était notre jeunesse, notre insouciance, notre innocence et nos souvenirs. En 1992, c’était sûr, il ne resterait plus rien de nous. J’allais aux réunions d’ACT UP, je faisais des collages avec quelques militants, quelques picketings mais en moi j’étais cassé. Et à l’été 92, j’avais commencé à baiser sans capotes. Pas souvent, mais des fois. Je n’en étais pas fier, mais ça me laissait indifférent. Je gardais ça pour moi. De toute façon, à qui en aurais-je parlé, je ne voyais plus personne, et le moindre bruit dans l’escalier m’effrayait. Je redoutais les huissiers. Chèques sans provision. Crédit impayé. Téléphone. Électricité. Fini, je vous dit. Je n’avais plus d’argent, pas de travail, je n’étais qu’un bavardage inutile tout en apparence avec les autres, le shit me faisait survivre et le reste du temps, j’échouais.
C’est ça qui m’a sauvé, en fait. Car au fond du puit, il me restait cette lueur, ce petit truc qui vient de l’éducation, des parents, le truc le plus solide qu’ils vous ont transmis. Et j’ai compris, la capote, ça a été une lueur, j’ai compris que j’étais en train de me suicider, et que pour Tim, pour Olivier, pour tous les autres qui n’avaient pas eu ma chance dans cette loterie absurde du SIDA, je n’avais pas le droit de faire ce que je faisais. Alors au fond du puit, j’ai compris que je voulais mourir parce que je ne voulais pas mourir, et que je ne voulais pas, que je n’acceptais pas cette mort, que je ne m’y résignais pas. Alors, je suis allé voir Mme Salamon. Et j’ai pu enfin crier, pleurer, hurler. Lors de la troisième séance. Lors des deux premières, je me débattais, je me raccrochais au bavardage, mais le noeud était puissant.
Une route longue, sinueuse, patiente malgré mon impatience. Et après un an, à l’été 1993, l’envie de marquer une pause, et cet été, j’ai décidé de reprendre mes études. Je n’étais plus au fond du puit. J’avais un présent, encore très maladroit, très peu sûr, mais surtout j’avais un avenir. Je ne mourrais pas.
J’ai donc repris mes études à l’automne 1993 dans ma période salsa. J’y croyais mais je n’en ai quasiment pas parlé car je ne me faisais pas trop confiance non plus.
La récession était partout dans ce véritable cul de siècle des années 90, au moment où tous les styles, toutes les formes des si dynamiques années 80 s’avachissaient, s’abatardissaient, se ramollissaient. 1993, c’était grunge, c’était tout le contraire de mon époque, je veux dire de ma jeunesse, de mes 18 ans et cela bien que le grunge fut, aux USA, la marque de ma génération, les « X ».
Autant le dire maintenant, je ne me définis pas comme un « X ». Je suis un « post-boomer », et j’y tiens car cela traduit bien plus la situation de ma génération qu’un « X ». On n’était pas « nulle part ». On est nés après une vague, et on en a reçu que la merde. Ce « X », c’était encore un truc des boomers pour nous nier comme ils l’ont toujours fait quand ils nous disaient qu’on ne s’intéressaient à rien, et que eux, à notre âge, ils avaient fait ci, ils avaient fait ça. Je te leur en foutrais, moi, aux boomers. Avoir fait 68 et finir par voter pour l’autre tête à claque qui zozote et sa pouffe peroxydée en Louboutin ©…
Je hais les boomers. Je les déteste. Je les vomis.
En 1993, les étudiants étaient tous des enfants de boomers, ils en singeaient les looks, le style, tentant de se trouver en se débattant face à des parents à l’identité vampirisante et envahissante, tellement « cool » et « sympa ». C’était un revival bab incroyable jusqu’aux tissus indiens violets, au patchouli et aux vestes en daim, c’était comme si j’avais eu 15 ans encore une fois et qu’on m’avait enfermé avec mes prof et ma copine Eva, comme si le punk n’avait jamais existé, comme si les années 80 n’avaient jamais été existé. On commençait à voir les publicités noir et blanc pour l’eau de Javel « CKOne », avec des jeunes moitié bab, moitié androgynes mais tous rachitiques et habillés avec des jeans sans forme à 300 euros. C’était notre époque qui s’annonçait, avec ses parfums chimiques produits par des marques et qu’on achète sans même les aimer ni les sentir, des vêtements réduits à leur griffe et cette distinction cool qui fait qu’aujourd’hui un bourgeois ressemble à un prolo sans renoncer à son entre-soi ni à ses privilèges de classe et de race. Mais quand on le croise, il est cool. Ce serait plutôt le prolo, maintenant, qui n’a pas l’air cool, il suffit de se souvenir les horreurs dites et écrites au sujet des gilets jaunes.
J’étais décidé à réussir, cette fois-là. Ma reprise d’études, c’était un peu la continuation de ma découverte de la musique baroque, de ma passion pour l’opéra français en particulier. Je lisais les brochures dans les CD, et progressivement j’avais commencé à avoir une certaine idée sur cette époque, et puis je lisais les livrets, les textes de opéras, et j’étais fascinés par les églogues, ces introductions aux opéras, écrits à la gloire de Louis XIV,
Il faut que tout fleurisse.
Mortels, vivez heureux.
La Paix et la Justice
Vont régner avec les Jeux.
Le plus grand des Héros
Les reçoit dans son Empire.
Que tout l’Univers admire
L’auteur d’un si doux repos
(Phaëton, Lully, 1684)
Je savais désormais pourquoi je reprenais des études. Mais le plus difficile, c’était l’université elle-même, et en particulier l’inhumaine Tolbiac. Les panneaux d’affichage des syndicats me sortaient par les trous de nez, c’était sale, écrit avec un marqueur à la va-vite et scotché alors qu’ils avaient des moyens et que certains de ceux qui militaient étaient des permanents rémunérés. D’ailleurs, plutôt qu’étudier, ils passaient leur temps entre eux au « onzième étage ». Leur tronche de futurs permanents du PS me sortait par les trous de nez, mais les militants d’extrême-gauche ne valaient pas mieux, avec leurs tronches de futurs socialistes ou de petits bourgeois donneurs d’ordres.
Rapidement, je créai une sorte de Dazi-Bao avec des dessins et des messages absurdes que j’affichai. Je le nommai Spont’Ex sans même penser aux Mao Spont’Ex, mais parce que c’était spontané et existentialiste. J’avais dévoré les mémoires et des romans de Beauvoir durant l’été. Envie d’agir, de faire un truc sans même réfléchir à quoi, le principal était juste de faire. Et c’est ainsi que rapidement je rencontrai celles et ceux qui allaient devenir les Spont’Ex, une vraie petite bande qui allait bien rester souder plusieurs années tout en poursuivant les chemins individuels de chacun.
Lisa, Aurélie, Nicolas, Joelle… Et Julien.
Julien et moi, entre 1995 et 1998, nous avons partagé deux appartements, l’un à Pantin, l’autre à Pelleport. Il m’avait proposé à la rentrée 1995 de co-louer j’avais accepté. On se connaissait bien, on a appris à mieux se connaitre et on est devenus très proches, véritablement amis. Moi, j’étais complètement dans la musique baroque, lui, il était encore assez dans le grunge, mais c’est à cette époque qu’il a recommencé à pratiquer le violon. On avait de grandes conversations sur la musique, je lui expliquais des trucs que je connaissais sur les compositeurs baroques, la basse continue, le tempérament inégal, ma passion pour Vivaldi et ma découverte de Bach grâce aux instruments anciens, qu’avant j’étais incapable d’écouter Bach tellement les interprétations étaient mathématiques, mais que les « baroqueux » étaient parvenus à « faire danser » Bach, à lui insuffler une respiration. Je me souviens de notre écoute de La Passion selon Saint-Jean, dirigée par Ton Kopman. C’était pour moi une révélation, et pour Julien aussi. Longue conversation.
Et un jour, je rentre, il était par terre dans sa chambre comme il aimait le faire, assis de cette façon si particulière qu’il avait de s’assoir, en canard, et il lisait une partition. C’était la Saint-Jean. Quelques jours plus tard, il m’a parlé de la composition de l’oeuvre, de sa structure, et il me démontra par l’écoute que contrairement à mon impression première, Bach était également doué pour la mélodie, mais qu’il fallait écouté la véritable superposition de mélodies, de voix, qui s’entremêlaient en un système complexe, une véritable architecture, « tiens, écoute, là, le violoncelle », et j’avais enfin l’explication rationnelle de ce « souffle » que je sentais dans les interprétations baroques de la musique de Bach habitées une intelligence profonde et sensible.
Je continue de préférer Vivaldi dont l’inventivité virtuose et la sensibilité souvent écorchée restent pour moi insurpassables, mais c’est avec Julien que j’ai appris à véritablement écouter la musique dans la musique de Bach.
À Pelleport, nous faisions des fêtes, nos anniversaires coïncidaient, j’étais le DJ, Raï, vieux trucs disco, on recevait 40, 50 personnes ou plus dans notre petit appartement, on mettait les meubles et mon chat dans la salle de bain, on passait le dimanche matin à nettoyer. On aimait bien organiser ces fêtes. Le dimanche, je faisais des courses, je faisais des couscous qu’on mangeait ensemble le dimanche soir. Des fois, on passait la semaine sans trop se voir chacun occupé dans notre chambre à travailler et vivre notre vie, mais les dimanches étaient le jour des retrouvailles et des grandes conversations. La cuisine était cette pièce pivot où nous bavardions, et bavardions, et bavardions. J’aimais nos discussions, son humour aussi, ses coups de gueules. Il était entier.
J’ai quitté Pelleport durant l’été 1998, Julien y est resté. En 1999, j’ai quitté la France pour l’Angleterre, je suis revenu à Paris en 2000, et puis je suis parti au Japon en 2006.
Julien et moi sommes devenus « amis » sur Facebook en 2009, on se commentait, on bavardait. On s’est vus la dernière fois en 2016, en coup de vent, au café Beaubourg. C’était Julien, ce n’était pas un « Julien Gauthier, compositeur ». Mais c’était un Julien devenu adulte, avec une plus grande solidité intérieur très visible, mais le même dans le fond, avec cette même gentillesse incroyable, cette même passion et cette même curiosité, et puis sa passion pour la musique, pour la vie, c’était comme si le jeune garçon gauche et maladroit du temps de Spont’Ex avait fini par fleurir et bourgeonner de toutes ses potentialités, que toute sa sensibilité avait trouvé enfin à sortir à la surface du monde. Il rayonnait, et si j’étais vraiment heureux de le revoir, son bonheur de me retrouver était tout aussi visible. J’étais heureux de son parcours de musicien, de compositeur et surtout de l’originalité de sa démarche.
Apprendre la nouvelle de sa mort m’a déchiré, apprendre les conditions abominables de sa disparition m’est intolérable, je n’arrive pas à me défaire de cette idée, c’est comme si je l’entends, c’est comme si je le voyais dans ses derniers instants, je l’entends demander à l’ours « arrête », et puis… Je n’ose imaginer l’enfer de cette idée pour ses parents, pour son frère, pour son amie, pour la jeune femme avec qui il faisait ce voyage.
Je suis hanté, je ne m’en remets pas. Les Spont’Ex revivent dans cette nouvelle, fantôme toujours vivant d’eux-même, âme collective du passé qui n’est plus mais qui rappelle leur affection les uns pour les autres. We are family, et nous avons perdu l’un des nôtres. Peut-être le plus doux d’entre-nous…
On m’en voudra peut-être de me souvenir de moi pour parler de lui, mais celles et ceux qui me lisent savent que je ne sais pas ce qu’est l’autre sans moi, ce que je suis sans l’autre. J’ai rencontré ce groupe d’amis, et parmi eux Julien à un moment particulier de ma vie dans laquelle tous s’inscrivent de façon indélébile, et Julien particulièrement. À cette époque où je me relevais de ma longue et profonde dépression, où je luttais contre mes démons intérieurs dans une souffrance que je ne parvenais pas à exprimer mais que seule la musique me permettait de canaliser, il y a eu l’université, il y a eu Spont’Ex et finalement cette colocation avec Julien. Il y a eu nos conversations où je pouvais enfin échanger et où la musique trouvait toute sa place. Il y avait son incroyable douceur, son esprit logique, rationnel qui parfois me désarçonnait mais qui me permettait d’échanger vraiment à ce moment particulier de ma vie. Il était le colocataire idéal, il était un ami, un ami qu’il est toujours resté.
Un ami, même quand on ne le voit pas, c’est un être cher, un souvenir chéri et toujours vivant tapis au fond du coeur et qui reprend vie quand on le retrouve, finalement toujours là. Au fond de moi un silence, un vide béant qui ne jamais ne sera comblé. Une autre part de moi-même s’en est allée. Nicolas, Alain m’ont écrit, et puis son ami Lionel aussi, celui qui m’a annoncé la nouvelle, et ce vide est aussi inscrit au fond d’eux.
Je devrais arrêter là de m’épancher, c’en est presque vulgaire, mais ce n’est pas grave…
Tu sais, Julien, j’ai passé deux jours à écouter toutes les Passions selon Saint Jean que je pouvais trouver sur Qobuz pour pouvoir illustrer ce billet de son incroyable ouverture que je te dois d’avoir découverte et qui m’a appris Bach, Herr, Unser Herrsscher, ce devait être vers 1996, on était encore à Pantin.
Herr, unser Herrscher, dessen Ruhm
In allen Landen herrlich ist!
Zeig uns durch deine Passion,
Dass du, der wahre Gottessohn,
Zu aller Zeit,
Auch in der größten Niedrigkeit,
Verherrlicht worden bist!
Seigneur, notre Maitre, dont la Gloire
De partout est admirable!
Montre-nous par Ta Passion
Que Toi, le véritable Fils de Dieu
De tous les temps,
Même dans la pire humiliation,
Est glorifié!
Il y en a tellement, j’avais d’abord pensé à celle de Kopman, mais il y a celle de Jacob, de Herreweghe… J’ai même retrouvé celle de Andrew Parrott avec Emma Kirkby… Et puis celle de Harnoncourt.
Tu sais, j’aimerais les mettre toutes et ne jamais les arrêter, mais chaque nouvelle écoute m’a arraché des larmes. Je ne peux pas choisir. Alors tu comprendras mon choix. Malgré une légère inclinaison pour René Jacob, et malgré la tentation de poster celle de Harnoncourt, j’ai choisi une interprétation live, avec un chef tout en douceur.
Voilà, Julien, je vais te quitter. Je vais ranger ces pensées abominables qui depuis deux jours me hantent en permanence, cette fin abominable. La musique de Bach recèle le secret de la création, et Allah s’y cache, il y danse la vie qui nous anime et nous habite, cette source de vie qui m’a sauvé au fond de mon puit et qui si on sait la voir et l’écouter nous donne les clés de l’éternité. Chaque fois désormais que je retrouverai cette oeuvre, je te rendrai visite car ta place est avec les anges qui lui donnent vie.
Je tarde à écrire les dernières lignes, il est des au revoir plus douloureux que d’autres. Nous nous retrouverons dans la musique et peut-être plus tard, ailleurs.
Je t’aime très fort, Julien, et je te sers une dernière fois dans mes bras, mon ami.
Au revoir.
À Julien Gauthier, 17 septembre 1974 – 15 août 2019
Laisser un commentaire