Qu’est-ce qui a changé depuis 15 ans ? On nous parle de décennie perdue, comme si une crise économique gelait le temps. Foutaise ! Le Japon s’est profondemment transformé. Les Japonais ont encore du mal à parler de ces 3 ans de folie, elle leur semble lointaine et presque honteuse…
Prenons donc le dorama Tokyo Love Story produit par Fuji Television et diffusé pendant l’hivers 1990-91. A ce moment, le Japon ne sait pas encore que la partie est terminée…
Cheveux longs, sourcils un peu épais, la beauté « bulle » est très différente de la beauté de nos jours. Les manteaux ont une apparence luxueuse, ample. Cheveux long bouclés et de couleur naturelle. (Tokyo Love Story, FujiTV 1991)
Le cinéma, les magazines et la télévision sont de fantastiques créateurs de « condensé » d’époque. Revoir un film, revoir un vieille couverture, se replonger dans une ancienne série… La kitschisation à outrance des époques passée jette un voile en tentant de réduire la distance qui nous en sépare. On arrive ainsi à ce que de jeunes gens regretttent les « années 70 », par exemple sans les avoir, bien entendu, vécues.
Or, ce qui est le plus intéressant, dans une époque révolue, c’est justement le degré de répulsion qu’elle peut provoquer, car c’est là peut être que peut s’éveiller un certain degré de sympathie, aiguisé par l’humour. Oui, « nous » avons été comme ça. Je me souviens dans le milieu des 80’s, cette attirance pour les 70’s dans mon petit groupe d’amis. A cette époque, tout le monde détestait. Nous étions fascinés par ces pantalons à taille ultra haute en tergal et pli permanent qui moule les fesses et ne font pas de plis au genoux que de vieux catalogues de vente par correspondance nous vantaient, les fibres « élastane », cette décontraction cool et modernes des classes moyennes enfin rentrées dans l’histoire et revendiquaient leur part d’élégance. Il est impossible de comprendre ce que nous ressentions quand on ne l’a pas vécu… Nous riions de ces chaussures compensées en liège, ces chemises à grand col. Tout le monde détestait, à commencer par ceux qui se sont rués dessus quand c’est redevenu à la mode. Moi, cette mode m’a littéralement fait gerber. Comment peut on, sérieusement, aimer de tels vêtements… ?
L’élégance masculine au temps de la bulle. Pas de cheveux longs comme maintenant. Les jeunes cadres ont les cheveux bien coupés, bien coiffés, gominés. Le costume est carré, ample. (Tokyo Love Story, FujiTV 1991)
L’époque de « la bulle » provoque en moi des sentiments étranges. Tout d’abord parce que c’est l’époque de ma jeunesse. Ensuite parce qu’habitant Paris, je les ai vues, ces jeunes Japonaises encore plus fin d’années 80 que chez nous, allure bourgeoises avec des épaules de camionneuses.
Si vous jetez un coup d’oeil « expert », vous reconnaîtrez un bippeur (appareil qui envoyait un message avec un numéro de téléphone à rappeler… d’une cabine téléphonique), une cabine téléphonique (en reste t’il encore tant que ça ?), un téléphone de voiture à fil et un téléphone portable NTT pesant environ 800 g… Vous constaterez (malgré l’encodage sévère) que les cheveux sont tous bruns, que l’épilation des sourcils est différente de celle en vigueur aujourd’hui, bref, que les Japonaises n’ont pas la même tête maintenant. Les épaules carrées complètent le tout. Je ne sais pas si c’est une idée, mais la manière de parler me semble moins naturelle que dans les doramas de maintenant, plus guindée…
Et il y a ces longs imperméables…
(à suivre)
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