Supermarché Jusco près de chez moi, hier… Fromage Lorrain Marie-Antoinette et pseudo-camembert Lorrain Jeanne d’Arc en solde… La vie tient à peu de choses…
Etrange passion que cette passion pour les destinées tragiques des têtes courronées et autres soldats… Depuis Yoshitsune, les Japonais cultivent un goût prononcé pour les fins tragiques. Ainsi, il n’est pas rare que mes élèves connaissent mieux Marie-Antoinette et Jeanne d’Arc que des personnages de l’histoire du Japon. Cette connaissance est toutefois une connaissance « romantique ». On aime cette Reine délaissée par son mari et haïe par son peuple, cette mère arrachée à ses enfants, livrée aux bras d’un amant nécessaire et finalement bafouée, guillotinée. Aucune pitié pour Louis XVI, seule Marie-Antoinette est adulée : la bande dessinée Lady Oscar / La Rose de Versailles n’a rien fait pour le roi, seule la reine compte dans cette saga à l’eau de rose… (adaptée au cinéma et mise en scène, au passage, par Jacques Demi en 1977). Même sort pour la « petite » Jeanne. Les Japonais aiment qu’elle ait entendu la voix d’un ange, cela la rend sainte, et les Japonais aiment les saintes. Je n’ai jamais vu autant de personnes me parler de l’église de la médaille miraculeuse, à côté du Bon Marché. Une église dont j’ignorais jusqu’ici l’existance… Les Japonais ne sont pas chrétiens mais ils cultivent la superstition prudente : on ne sait jamais. Enfin, le Japonais… plutôt les Japonaises…
Fushimi, août 2005. Il faut marcher au moins 2 heures pour en faire le tour. Les escaliers montent, montent, montent… La fatigue efface le temps, ne reste qu’un temps qui passe, la fatigue, la transpiration et l’effort. Et cette odeur de forêt, l’humidité, le chant des oiseaux, le soleil qui filtre ici ou là. Ici, le Renard veille et épie les gestes, il est partout. Sur son dos, vous franchissez les ostacles…
Je vais donc passer mes premières fêtes de Noêl au Japon… Noël à Tôkyô, le Nouvel An à Kyôto. Trouver un hotel n’a pas été facile du tout, tous plein entre le 30 et le 2 décembre, mais j’ai contacter mon hotel habituel qui m’a, finalement, trouvé une chambre. J’espère qu’il neigera…
J’ai acheté un magazine/guide de Kyôto, le seule qui parle d’autre chose que de promenades déjà pensées et de restaurants tous meilleurs les uns que les autres… Revoir ces lieux visités il y a un an, il y a 2 ans, il y a 3 ans… Je garde avec Kyôto une affinité particulière, comme une entente personnelle qui ne s’explique pas. C’est à Kyôto que j’ai commencé à me reconstruire, que j’ai commencé à souffler, et que j’ai enfin, pour la première fois, pleuré pour ce qui me semblait être alors une injustice… C’est à Kyôto que j’ai compris, l’année suivante, que ce n’était pas une injustice, que c’était ma vie, et c’est à Fushimi que je me suis promis de ne plus me plaindre. Je m’y suis perdu dans la fraicheur humide le premier jour et j’ai mis du temps à retrouver mon chemin, il faisait presque nuit en sortant de la forêt… Et le dernier jour, j’y ai évacué mes dernières tristesses, j’ai apprécié cette marche au soleil. On était le 20 novembre et la brume s’était finalement levé comme spécialement pour moi. A Fushimi, je suis chez moi et il me tarde de revoir Kyôto. Comme l’an dernier, en arrivant, épuisé, et malgré la chaleur, c’est à Fushimi que j’ai réservé ma première visite. La beauté de Kyôto est le plus puissant médicament que je connaisse : il guérit du mal de vivre… Tout est consigné dans ce blog…
Kyôto me manque.
Shimokitazawa, un train passe vers 21 heures, samedi dernier. Un visage, figé, émerge…
Mon quartier actuel, mon appartement me reposent. Mais c’est en visitant fréquemment l’ouest que je retrouve l’énergie. Dimanche dernier, j’ai retrouvé mon amie Joelle qui visite le Japon en ce moment.
Après avoir dîné d’un カレーライス dans 銀座/Ginza, je l’ai emmenée à 下北沢/ Shimokitazawa où nous avons pris un coctail après avoir marché dans les rues et pris l’atmosphère.
Chacun sait comme j’aime ce quartier, sa jeunesse. Ici, je ne me sens pas étranger, peut-être juste un peu vieux, mais cela, ce n’est pas grave, c’est normal.
Passage à niveau à 下北沢.
Rendu célèbre en France avec le film Tokyo Eyes.
J’aime de plus en plus l’ouest de Tôkyô. Ainsi, vendredi dernier, le soir, Kaikai et moi nous sommes retrouvés à 渋谷/ Shibuya. Ici, c’est jeune, les visages sont souriants. La vie n’a pas encore standardisé les comportements. Les looks sont parfois surprenants. Je me demande souvent comment ils seront dans 10 ans, ces jeunes, s’ils travailleront ou s’ils ne deviendront pas à l’instar de leurs équivalents Anglais de la fin des années 70 des marginaux « routards » exclus du système. Un « système » particulièrement brutal au Japon… Ces jeunes ont beau être superficiels et souvent bien ridicules (ces filles hyper-bronzées en ce moment avec le visage reblanchi/ chromé et leurs cheveux blonds… ces garçons aux cheveux gris longs gonflés laqués…), ils sont jeunes, ils sont drôles et ils s’amusent. Mais l’enchainement des petits boulots pour vivre « sa » liberté a une limite : le Japon n’aime pas les marginaux, et un CV trahit puis anihile toutes les ambitions…
A Shimokitazawa, pas de marginaux de ce type. Plutôt une ambiance de 11ème/ 20ème arrondissement au milieu des années 90… Sympa, quoi.
Ici, c’est déjà Noêl. Jeudi dernier, à Ebisu.
Voilà. Je m’arrête ici, je veux sortir : il fait vraiment très beau. Au fait, passez donc voir mon site sur la bulle… J’ai enfin de nouveau envie de raconter des conneries et parler pour ne rien dire…
De Tôkyô,
bien au chaud dans son « loft »
Suppaiku
PS : pour Nicholas, au Texas. Toutes mes excuses si je t’ai appelé Eric dans le précédent post…
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