J‘ai habité 8 boulevard Bonne Nouvelle pendant plus de 20 ans… J’en rêvais avant même d’y habiter. Ma mère avait acheté cette petite pièce de 15 m2 vers 1960. Elle faisait des ménages et était logée. Elle a économisé pendant plusieurs années pour s’acheter ce petit bout d’indépendance. Elle en parlait souvent à la maison quand j’étais petit, elle y avait placé de nombreux espoirs qui furent déçus par la suite. Elle voulait vendre cette pièce et prendre un crédit pour acheter une maison. Mon père a préféré ouvrir un commerce qui les a endettés pendant des années, logeant un « cousin » à Bonne Nouvelle. Ma mère m’a progressivement inspiré, sans peut-être même s’en appercevoir elle-même, d’aller m’y installer dès mes 18 ans. Un moyen de se la réapproprier. Je suis allé m’y enfermer…
J’y ai emménagé à 18 ans et une semaine. Je l’ai brièvement quittée, de 1995 à 2000, vivant alors d’abord en colocation à Pantin, puis à Pelleport et enfin à Asnières, mon premier Paradis. Et puis pour Londres, dans le Dockland chez Alain, puis vers Lewisham à côté du parc de Greenwish, pendant 6 mois. Et j’y suis enfin revenu. Ma présence ainsi que celle de mon frère de 1993 à 2001 ont empêché ma mère de réaliser son voeux : la vendre.
décembre 2002, une série d’auto-portraits dans l’époque la plus idiote de ma vie, je ne commente pas, mais j’en porte encore les séquelles…
Bonne Nouvelle est vendu aujourd’hui. Maman va revoir Paris pour la première fois depuis 1992. Je ne sais ce qui va se passer dans sa tête. J’espère qu’elle ne ressentira pas de regret pour cette vente qui me semble être désormais une très cruelle erreur, la réalisation hors contexte d’un rêve vieux de 40 ans.
Pour moi, Bonne Nouvelle est un souvenir profond, un souvenir vieux comme moi. C’est ma première maison, j’y ai vécu mes 6 premiers mois. J’y avais placé mes espoirs de jeune homme déphasé qui ne savait pas/plus trop ce qu’il désirait dans la/sa vie.
Au revoir, Bonne Nouvelle
De 葛西
Suppaiku