vidéo, O-Daiba, non, ce n’est pas Florence, c’est Tôkyô, un centre commercial… Le Japon et la post-modernité, c’est pareil… ici, les signes se réinventent, s’interpénètrent, s’échangent et se régénèrent, c’est O-Daiba, mais c’est aussi Florence, donne-moi la main, comme c’est romantique, la promenade sous ce ciel synthétique… (lien casse, 6 fev. 2016)
Je passais par là, je me suis dis, allez, pas besoin de frapper, ils dorment tranquillement, ici, il est midi, j’ai quelques minutes avant de partir travailler… Tiens, à ce propos, je me suis fait hier la frayeur de ma vie ! J’avais du temps, je travaillais sur les albums photos sur lesquels je vous invite d’ailleurs à cliquer quand, d’un seul coup, hop, mince, déjà la demi ! Sapristi ! Et hop! que j’enfile ma veste, les chaussures, zut, les lacets, oh la la… je vais être à la bourre, zut ! Et de courir, et de prendre mes clefs, oh la vache déjà moins vingt, j’y serais jamais à l’heure, merde ! Et de fermer la porte de ma chambre, et de fermer celle de la maison, et courir, les petites rues, et puis Kagurazaka, et puis un feu rouge piétons, attendre, et recourir enfin, ça monte, ouf! ça commence à descendre, encore courir, le grand carrefour devant le MacDo de Iidabashi, oh la la, presque moins dix, c’est plié, je suis en retard, oh la la… ça la fout mal… Le ticket, vite, le ticket, l’argent, la machine, mince, mon train qui part… l’autre est à 54, j’y serais jamais à l’heure, j’appelle ? Le passage, le couloir, ichi-ban sen ni, mamonaku, Hachiôji-yuki densha ga mairimasu… c’est pas le miens, je file vers la tête du quai, ce sera toujours ça de pris… Et comme ça, jusqu’à Yûrakuchô ! J’ai appelé bien sûr, mais finalement je suis arrivé avec 5 minutes d’avance. En sueur mais en avance ! Il y a eu les cours, ces visages qui se succèdent, souvent souriant, attentifs, parfois étonnés quand ils ne me comprennent pas… J’aime ce que je fais, je tâche de le faire honnètement. Tant vis à vis de mon employeur que vis à vis de mes élèves. Bref, je suis heureux. Je m’imprègne d’une banalité nouvelle, je me sens libre. Fini les claviers, l’ordinateur. Pour la première fois, je sors du travail reposé, détendu, ma journée est terminée mais j’ai aimé retrouver ces gens qui cherchent un petit peu de la France lointaine, à taton, maladroitement, comme ils peuvent, avec la petite part de rêve et d’espoir que je leur dispense. J’ai été comme eux moi aussi, maladroit, timide mais terriblement en quète d’un Japon que je trouvais lointain, inabordable. Alors, je ne peux pas être malheureux au travail, au contraire. Je rentre en salle le sourire sur le visage, j’en sors avec un grand sourire. Et ce sourire n’est pas feint.
C’est mon moyen de leur dire merci.
De Tôkyô, avant d’aller travailler,
Suppaiku
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