Veille de…

V

Nos gouvernements ont prétendu le contraire à coup de pass sanitaire et de « freedom day ». Et patatra.

Encore quelques heures et ce sera 2022. L’année 2021 aura filé à toute allure un peu à la vitesse où j’écris ce billet, tout en laissant une impression d’être restée en pause en permanence, comme si l’année avait tardé à se decider à avancer. Omicron a décidé pour elle, nous revoilà dans un nouveau cycle inconnu pris en étaux entre un virus presque trop prévisible, des gouvernements incapables de décisions rationnelles et des populations rétives à accepter l’inéluctabilité de changements profonds.

Le virus change, c’est par definition ce qu’ils font, ils s’adaptent dans le but de toucher le plus grand nombre, bref, à un moment ou à un autre, nous finirons pas l’attraper d’une façon ou d’une autre. À priori, mieux vaut tard que trop tôt, mais de cela non plus, on n’est pas trop sûrs.

Nos gouvernements se révèlent incapables. Après avoir passé des mois à prétendre que le masque ne servait à rien, ils ont obligé les populations à le porter puis ont décrété que ce n’était plus vraiment nécessaires. Ils ont affirmé que le vaccin stoppait l’épidémie quand aucun vaccin n’a cette prétention. On attrape la saloperie, notre système immunitaire réagit, et puis on ne tombe pas malade, ou éventuellement on déclare quelques symptômes, et c’est fini. Voila comment fonctionne un vaccin. Entre la contamination et l’élimination du virus, il peut y avoir quelques jours où le virus se propage dans le corps et où on peut donc être contagieux. Nos gouvernements ont prétendu le contraire à coup de pass sanitaire et de « freedom day ».
Et patatra.

Comment veut-on que la confiance entre les gouvernements et les populations en sortent indemnes? Au Japon, on a continué à porter le masque après la vaccination, à aérer les espaces confinés et nous avons joui de trois mois de tranquillité. On a 12 fois moins de morts que par chez vous.

Les populations, elles, veulent retrouver le monde d’avant, sans trop savoir de quoi il s’agissait, même si en tout cas il s’agit d’un monde de consommateurs, d’avions et de voyages pas chers, de vie non masquée, le monde de Zemmour et de Trump, le monde de Macron. Un monde artificiel en quelque sorte, que nous avons acheté à credit, en déforestant, en colonisant et en suçant le pétrole jusqu’à la dernière goutte. Autant dire que vouloir y retourner confine à la mission impossible, et nous devrions accueillir ce virus comme une bénédiction, comme un temps de pause et d’intelligence possible.

Mais non, et nos gouvernements ne veulent absolument pas que nous y songions, alors ils accumulent des montagnes de dettes inédites pour entretenir l’illusion qu’il y aura des lendemains qui chanteront dans le métavers, avec des AI qui réguleront tout et des drônes intelligents qui livreront les produits achetés en ligne, un paradis high tech et propre.

Qu’importe s’il n’y a plus ni les matières premières pour cette dystopie, si le niveau des eaux emportera les grandes metropoles côtières et entraineront des déplacements de population, ce qui compte est que la population y croie, qu’elle divertisse son attention dans le méga Ponzi que sont les cryptomonnaies, qu’elle entretienne le cash-flow des entreprises non rentables que sont Amazon ou Netflix – ces entreprises qui ne vivent que du cash flow permettant de rembourser une fraction de la dette et arroser les actionnaires -., qu’importe, de toute façon, ils savent que ce chateau de cartes s’écroulera, qu’il y aura des émeutes partout, ils s’en prémunissent en achetant des îles dans le Pacifique.

Le libéralisme a généré une population avide de jeux high tech, « connectée », habituée à manger en abondance des produits acheminés des quatre coins de la planète, un hédonisme aberrant dont Instagram, TikTok et la télé réalité sont le paroxysme débilisant. Nous avons vécu une très mince répétition de ce qui advient quand tout s’interrompt, mais nous nous accrochons…

2021 aura été finalement une année pour rien. Elle aura été une année d’illusions, que tout redeviendrait normal, et nous aurons manqué l’occasion de saisir que, peut-être, cette façon que nous avons de vivre, depuis 100 ans, et encore plus depuis 40/50 ans, c’est elle qui n’était pas normale.

C’est pour cela que j’ai acheté un ordinateur portable. On ne sait jamais, il va peut être falloir être mobile, à l’avenir. Très mobile. Moi, comme vous. Et considérer que tout ce qui nous semble acquis n’est qu’une rémission dans une très longue histoire de l’humanité faite de catastrophes, de temps difficiles. En 2020, j’avais fait mienne cette morale du Chêne et du roseau. Plier pour ne pas casser. En 2021, j’ai donné le temps au temps, j’ai mis de l’ordre. En 2022, il va falloir accepter ce qui est et aller vite, très vite. 2022, c’est l’année de l’agilité et de la vitesse. C’est l’année du tigre. Il y a beaucoup de dangers à l’horizon, bien au delà de 2022, alors il va falloir les accepter, renoncer à toutes nos illusions héritées des 30 glorieuses, se préparer, décider et aller vite. Le danger n’est pas le virus, le danger, c’est croire que le futur est dans une continuation du passé…

En cette veille de Nouvel An, je vous souhaite de profiter de ces moments en compagnie de vos amis, de vos proches, de votre famille, à faire ce que vous aimez et à être affectueux, attentionnés. C’est le plus beau cadeau d’avenir que nous puissions nous faire collectivement.
Amitiés

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