Vivre à l’étranger, c’est accepter un « package » et s’en plaindre, c’est un peu fuir ses responsabilités si, comme c’est mon cas, on a choisi de partir.
Grand soleil et douceur, cette année, le printemps se montre généreux. Dimanche, j’ai pu faire une promenade agréable qui du matin au soir m’a permis d’apprécier les diverses floraisons, nous n’attendions que cela. Le problème, bien entendu, c’est que l’on ne sait plus trop comment s’habiller et, ici et là, on entend parler de rhumes.
Moi, je continue de souffrir de mon allergie aux pollens de cyprès que je contrôle plus ou moins bien à l’aide d’anti-histaminiques. C’était un problème que j’ignorais autrefois mais ici, chaque année cela devient plus embarrassant, cette alternance de nez qui coule et de nez bouché, cette douleur aux sinus et ce vague mal de tête; avec le redoux et le soleil cette semaine, chaque soir je me sens mal et chaque matin je me réveille le corps endolori et courbaturé, fatigué. Je présume que la nuit mes difficultés respiratoire me font me tortiller dans tous les sens voire m’empêchent de respirer proprement.
Vivre à l’étranger, c’est accepter un « package » et s’en plaindre, c’est un peu fuir ses responsabilités si, comme c’est mon cas, on a choisi de partir. Je fais donc avec mon rhume des foins, je m’équipe de patience en attendant que ça passe, et ça passera.
Au travail, c’est maintenant très intéressant, cette histoire de promotion. Mon directeur a compris l’avantage qu’il y a à avoir quelqu’un entre lui et les professeurs et, pour le moment, ne s’oppose pas à deux projets que je compte lancer et qui nous occuperont pour un bon moment. Quand ils seront menés à bien, notre façon de travailler sera sensiblement facilitée. Je compte remettre à plat l’évaluation des étudiants d’une part, et réduire le nombre de livres que nous utilisons – il y a eu de ce côté là une véritable inflation du côté de l’enseignement de l’anglais -, tout en liant chacun des livres aux critères d’évaluations eux-même. Pour faire simple, avec un étudiant un peu faible en grammaire dans son niveau mais ayant un bon vocabulaire et une bonne écoute, on favorisera un livre qui lui permettra de mieux maitriser la structure de ses phrases et leur grammaire quand, pour un étudiant qui maitrise mieux la grammaire mais dont l’élocution ainsi que l’écoute sont le point faible on privilégiera un livre mettant en avant les situations, les jeux de rôles voire un matériel vidéo. C’est un peu vite résumé, mais globalement cela donne ça.
Cela suppose donc également, et c’est pour cela que les deux sujets sont liés, revoir totalement le système d’évaluation pour le coller à un cadre prédéfini basé sur les compétences en matière de communication, ce que je résume souvent par la situation à l’aéroport.
À savoir. Vous êtes à l’aéroport, vous attendez votre avion, jusque là tout va bien. Soudain, une annonce dans la langue du pays puis un mouvement de foule, vous voyez le personnel aéroportuaire se mettre en place au guichet d’information, une certaine cohue règne.
– Vous n’avez pas compris le message, vous paniquez car vous êtes totalement incapable de demander quoi que ce soit. Vous êtes A1 selon le CFER.
– Vous n’avez pas compris le message, vous avez juste entendu les mot « avion », « annulé », « désolé », mais vous paniquez car vos compétences trop limitées vous empêchent de comprendre de quelconques explications même si vous pouvez quand même dire où vous allez et demander à quelle heure est votre avion, vous êtes A2 selon le CFER.
– Vous n’avez pas bien compris le message mais vous avez quand même à peu près saisi, notamment en voyant tout ce qui se passe autours de vous, que votre avion est annulé, vous ne paniquez pas, vous allez au guichet et parvenez à demander des explications, en demandant parfois de répéter, vous êtes B1 selon le CEFR.
– Vous avez globalement compris le message, vous allez au guichet pour demander des informations car vous n’avez pas bien compris les détails sur la suite des opérations, vous êtes B2 selon le CEFR.
– Vous vous dirigez vers la seconde aérogare conformément aux instructions que vous avez entendues et au passage vous aidez quelques uns de vos compatriotes à se repérer dans l’aéroport, éventuellement, vous demandez des informations pour eux au personnel, vous êtes C1 selon le CFER.
C’est un peu schématisé, mais j’aime bien mon histoire d’aéroport car elle met bien en avant le caractère opérationnel de l’apprentissage, et non son aspect technique, grammaire, syntaxe etc et qu’elle repose sur une situation vécue par nos étudiants. Elle est enfin plus simple à comprendre que les longues explications produites par l’Union Européenne à ce sujet.
De mon côté, en français, je compte progressivement me débarrasser du livre pour enseigner car cela ne cadre vraiment pas avec une école de conversation. Ce qui va me conduire à ne plus utiliser Taxi, que j’utilise, mais éventuellement un manuel plus complexe, comme Alter Ego, qui fournira à mes étudiants un meilleur support de référence après la leçon. Ce n’est qu’un vague projet, je ne fais qu’y songer, mais comme j’ai développé pas mal de situations hors livre, je pense que cela peut être intéressant de sauter le pas. Le livre n’est bien, finalement, que pour les étudiants ayant un certain niveau et ayant des objectifs précis. La plupart n’en ont pas.
Dehors, j’entends le bruit d’une sorte de ponceuse, elle déchire le silence qui habituellement règne dans mon quartier.
Mes plantes sont resplendissantes. Le rempotage et maintenant le soleil leur ont fait du bien, cela se voit. Mon areca notamment me prépare ses fleurs et il y a plusieurs nouvelles feuilles en préparation, il se tient droit, on dirait qu’il s’élance. Il faut dire que je l’ai délesté de pas mal de feuilles et que son pot est beaucoup plus gros. Il a l’air d’être très heureux.
Je vous parlerai de moi, de ma vie personnelle demain, cela fait longtemps n’est-ce pas.