Les escaliers m’ont rappelé Home, l’éphémère discothèque gay de Leicester Square, à Londres
Sans se presser, voici l’été qui arrive. Enfin, ce n’est pas encore l’été, ce n’est que le printemps mais, au Japon, c’est un petit peu le même chose; comme je l’ai déjà écrit sur ce blog, le vent vient du nord en hiver, il vient du Pacifique en été, laissant aux saisons intermédiaires le soin de régler le conflit entre ces deux très fortes oppositions.
Si l’automne est assez calme et se résume, pour faire simple, à une très lente baisse des températures, le printemps Tôkyôïte est assez chaotique. Le premier vent du printemps s’est cette année fait très discret. Il y a des années, c’est une tempête violente qui balaie en quelques heures les pétales des fleurs de mûriers, comme il y a trois ans, juste au moment de la pleine floraison, quel dommage… Non, cette année, il s’est fait très gentils, tiens, juste au moment de mon déménagement, il y a trois semaine. En retard d’un bon mois. Depuis, les températures, bien qu’encore fraîches la nuit, se font plus douces en journée. C’est bien agréable, après l’interminable hiver.
Cependant, nous avons depuis des passages venteux, comme samedi dernier où, jusqu’en milieu d’après-midi, ça a soufflé avec une très grande violence. La veille, avant de me coucher, déjà, j’entendais les rafales frapper sur les maisons alentours avec un bruit qui me rappelait ces gatagata des tremblements de terres, car tout s’entre choquait. Aujourd’hui, on annonce des vents encore plus forts et plus violents assortis de fortes pluies. C’est, en vocabulaire français, une « alerte orange ». Oui, l’été pointe le – petit – bout de son nez. Le temps est instable, et aujourd’hui il fait bon. 15 ou 16 degrés, je crois.
Si les fleurs de pruniers avaient un bon mois de retard, les cerisiers profitent du redoux et sont littéralement en train d’exploser. La tempête passée, nous devrions voir dominer leur couleur blanche rosée ce week-end, et ce sera prétexte pour faire une longue promenade.
Le week-end dernier, justement, Jun et moi avons marché pendant des heures, c’est tellement simple, d’où j’habite. Nous avons d’abord marché en direction d’Edogawa Bashi, traversé sa rue commerçante où j’ai pu constater à quel point tout y est moins cher qu’à Kagurazaka puis, en traversant au grand carrefour de l’avenue Mejiro qui, surplombée d’une voie express, relie Ikebukuro à Iidabashi, nous avons aperçu, à notre grand étonnement, les premières floraisons de cerisiers en bordure de la rivière Kanda, et nous avons donc marché sur une centaine de mètres, évitant autant que faire se peut, de déranger les premiers intrépides picniqueurs. Il faisait très beau.
Nous avons rebroussé chemin, et sommes « entrés » dans l’arrondissement de Bunkyô, bien décidés à surprendre les dernières fleurs de pruniers au sanctuaire Kitano, près de Suidôbashi, ou celles du sanctuaire de Yushima, vers Ueno. La promenade sous le soleil fut des plus agréable. Peu de pruniers en fleurs, mais le calme de ce quartier résidentiel où subsistent ici et la de vieilles maisons en bois et même quelques temples rescapés des incendies, bombardements et autres séismes, datant de la période Edo. Beaucoup de verdure, quelques cerisiers et surtout la pleine floraison des mokuren (excusez-moi, je suis bien incapable de nommer les fleurs en français, mais mon amie Irene m’a toutefois informe qu’il s’agissait d’un arbre de la famille des acacias), odorants et si lumineux sous le ciel bleu avec leurs grandes pétales blanches ouvertes comme des tulipes.
En chemin, passant à côté d’un simili-TESCO vendant de l’Orangina (la boisson, rachetée par Suntory, vient d’arriver la semaine dernière au Japon), grande discussion au sujet de la publicité : Richard Gere y incarne un papy (oyaji) français. Rien sur le fait, bien entendu qu’il faille secouer la pulpe. Pourquoi donc Richard Gere ? Et pourquoi un papy ? Orangina n’a rien d’une boisson de vieux, c’est vraiment étrange, et je doute qu’elle s’impose en se plaçant sur ce créneau où tout, généralement, respire la jeunesse quand cela n’exprime la japonité. Je lui ai donc montré les publicités françaises, résolument différentes… Quel idée, Richard Gere…
La promenade fut vraiment très agréable. Nous avons déploré la disparition de la maison de Hayashi Fumiko que j’avais photographié l’an dernier vers l’université de Tôkyô. Un terrain vague entouré de bâches en plastique l’a remplacée, comme c’est le cas, d’ailleurs pour d’autres maison dans ce quartier, quel dommage, quel gâchis…
Nous nous sommes posés dans le parc de l’université de Tôkyô pour manger un sandwich. J’avais pris mon Olympus, j’en ai profité pour lui enfiler un objectif « vintage », le Zuiko OM 1.8/50mm de mon OM1, et j’ai photographié quelques fleurs et fait des portraits de Jun. Dans l’album Flikr, il y a trois ou quatre clichés pris avec, saurez vous les retrouver ? La différence, pour tout dire, est incroyable, et je mesure à quel point l’objectif, tout comme les enceintes pour une chaîne hifi, fait l’appareil. Mon Sigma est doté d’un objectif très correct, l’Olympus d’un truc bien banal. Le 1.8/50 est simplement remarquable. Seul inconvénient, il faut faire la mise au point manuellement, ce qui s’est révélé plus simple que ce que je pensais depuis que j’ai acheté le viseur électronique.
Nous sommes rentrés en passant par Yukima après une bifurcation par Ueno. Au sanctuaire, peu de pruniers en fleurs, balayées par la tempête du week-end, mais un petit groupes de mamies en kimono. Cela faisait sourire un peu tout le monde, et ce fut bien sympathique.
Une belle promenade, comme Jun et moi en faisons depuis des années, donc, mais sans prendre le métro. Samedi soir, dans mon quartier, nous avons trouvé un délicieux restaurant de soba. Dimanche soir, j’ai fait la cuisine.
J’ai perdu près de 16 kilos, maintenant… Hier, j’ai du acheter des pantalons, car je n’avais plus rien à me mettre. Uniqlo à fait mon affaire, mais je suis ensuite allé à la boutique Abercombie. Impression de visiter une boite gay. Une belle boite gay, je veux dire, avec escaliers, décoration… Il n’y a pas ça, à Paris. Les escaliers m’ont rappelé Home, l’éphémère discothèque gay de Leicester Square, à Londres. Je n’ai rien acheté, bien entendu.
J’ai été surpris d’avoir perdu 3/4 tailles… Je suis heureux d’avoir attendu si longtemps pour changer mon alimentation, pour me guérir de ces régimes avec lesquels je me suis abîmé la santé pendant si longtemps. Je maigris, je parle de régime, mais c’est une façon de parler pour que les gens comprennent car pour moi, en fait, c’est un changement définitif de ma façon de m’alimenter.
Je me fais la cuisine tous les jours.
Mon petit déjeuner est beaucoup plus varié tout en étant facile à préparer. Une orange fraîche (et non un jus gavé de sucre), deux sortes de céréales (un vrai muesli aux noix et fruits sans sucres ajoutés, et des flocons de blé complet Weetabix) avec du lait (entier en générale, car les matières grasses sont bonnes pour la peau et pleines de vitamine A, qui aide à fixer la vitamine D et donc le calcium dans les os), et environ 200/250 grammes de yaourt.
Le midi, je ne peux pas me faire à manger, alors c’est un sandwich. Chez Paul, ou chez Kayser. Poulet crudités rarement, Mozzarella crudités-basilic, thon crudités… Et une pomme que j’achète à la Maison de Aomori, près de la gare Iidabashi. Il y en a des sortes’ qu’on ne trouve pas en supermarché, c’est bien meilleur.
Je bois du café le matin, beaucoup d’eau dans la journée. Je tache de marcher le plus possible. Par exemple, en ce moment, il fait de plus en plus beau, je marche donc jusqu’à Kudanshita (environ 20 minutes à pied) quand je vais au travail, et parfois, le soir, je rentre à pieds depuis Kudanshita. Je ne prends plus les ascenseurs ni les escalators. Les week-ends, je marche beaucoup. Je vais en vélo quand je le peux pour donner ma leçon à Kyôbashi le lundi.
Si j’ai faim dans l’après-midi, j’achète une pomme à la supérette à côté de l’école.
Le soir, je me fais à manger. Une salade carotte/tomate/avocat/concombre avec de l’ail, assaisonnée de citron, d’un peu d’huile, de poivre et de sel, avec un bol de riz pas plein et des œufs au plat cuits dans un peu d’huile et très souvent aspergés de sauce soja. Comme ce soir. Ou bien des champignons de plusieurs sortes, deux ou trois petites pommes de terres, une carotte, un peu de lotus, parfois un peu de blanc de poulet, et un bouillon sauce soja/mirin/sake/dashi mijotés une trentaine de minutes, avec un peu de riz. Parfois, à la place de la sauce soja, du miso. Parfois, avec la salade, à la place des œufs, un peu de saumon grillé aspergé de sauce soja en fin de cuisson. Autre possibilité, une carotte, deux ou trois pommes de terres, du poireau, des navets, un brocolis, des haricots verts, etc cuits à la vapeur, avec un tout petit peu de beurre (vitamine A), un bol de riz pas plein, et du saumon ou des œufs.
J’ai quasiment supprimé la viande. Parfois, un restaurant. Disons, une fois par semaine, parce que le samedi soir, je suis fatigué et ne me sens pas en forme pour faire la cuisine. Crevettes frites avec du riz et du choux, soba et fritures tempura, etc…
Voilà. Vous voyez, beaucoup de légumes et des fruits. C’est varié, et si j’ai vraiment faim un jour, je laisse aller mon appétit en mangeant un fruit, par exemple, et si je sens que j’ai vraiment vraiment faim, je mets une pomme de terre en plus, j’augmente un peu la quantité de riz, je rajoute une salade de légumes avec mes légumes mijotés. Avoir faim, ce n’est pas bon. Il m’arrive ainsi, des fois, de manger des légumes vapeurs, une salade, du riz, du saumon et une pomme par dessus. Et vous savez quoi, le lendemain, j’ai perdu du poids. Pas toujours, mais c’est arrivé. Des fois, j’ai pris 200 grammes. Et ça aussi, je ne m’en soucie pas car je sais que je mange bien, et mon but n’est pas de me rendre malade. C’est tout le contraire.
Eh bien je fais tout cela depuis novembre, et ça se passe plutôt bien. Je dors bien, je peux courir de nouveau, les douleurs aux chevilles ont disparu, et je suis fier de commettre un tel effort sur la durée. Mon visage n’accuse pas trop le choc, ce qui le conduit à penser que je ne me brusque pas. Pour tout dire, je ne compte pas m’arrêter. C’est mon corps, qui s’arrêtera de maigrir, quand le moment sera venu. Je compte juste d’ici peu me remettre à la natation.
Bon. La tempête est passée. Je termine ce billet dont j’ai commencé l’écriture ce midi et que j’achève maintenant. Cliquez sur le lien Flickr sur le côté pour voir l’album de photos de ce week end.
De Tôkyô,
Madjid
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