En 2007, elle devait préférer Ségolène Royal, « si élégante », et puis « Sarkosy n’aime pas les Japonais »….
Écrit mercredi 23 mai mais pas publié.
« Grand beau temps, aujourd’hui. Ce matin, je me suis levé assez tard après m’être couché fort tard hier soir, mais j’ai tout de même fait une lessive et suis arrivé, à onze heures, au café où m’attendait une étudiante pour une leçon particulière. Je me suis couché vers deux heures du matin car je tenais à terminer la mise à jour de mes albums photo en retard, ce que je suis parvenu à faire.
Hier, nous avons eu une journée de pluie, froide et triste comme on en a habituellement en février ou en mars, avec du vent et des nuages bas. Le matin, j’ai regardé la télévision deux minutes car c’était le jour J pour la nouvelle tour de Tôkyô, le Sky Tree, mais le ballet de parapluies et la tour cachée aux deux tiers par les nuages avaient quelque chose de déprimant. J’ai éteint et laissé tout ce beau monde à des réjouissance formelles finalement bien peu réjouissantes.
Mon poids ne bouge plus vraiment, et pourtant, je continue à manger comme je le fais depuis novembre dernier. Il faut dire que, si je m’en tiens à ma pesée de ce matin, j’ai tout de même perdu 18,3 kilos, et je suis désormais plus mince que quand je suis arrivé à Tôkyô il y a six ans. Il me reste donc à perdre ce fichu poids accumulé après que j’eu arrêté de fumer, et ce ne sera pas une mince affaire, c’est une affaire ancienne. Mais, et cela est vraiment nouveau pour moi, et malgré une incroyable tentation, je ne vais pas accentuer mon régime pour reprendre la perte de poids. Je pense que mon corps, aussi, a besoin de se faire à sa nouvelle situation, et moi, à m’y habituer. Et puis, pour tout dire, j’aime l’équilibre alimentaire dans lequel j’ai installé une nouvelle routine et je ne voudrais pas me priver. Je constate juste, toutefois, que sans vraiment bouger, mon maximum a insensiblement diminué, et je redescend plus fréquemment autours de mon minimum, comme s’il y avait là une sorte de frontière. C’est à mon corps de décider. Mon esprit, lui, ne changera rien. J’en ai fini des régimes de dingues, de ces trucs qui me culpabilisaient sur mon corps, qui me faisaient rêver de bouffe quand je me privais de tout en espérant au plus vite retrouver ce que je considérais être une alimentation normale, c’est à dire une suralimentation d’adulte moyen de l’Occident développé.
Je pèse désormais 75,2 kilos pour 1,77 mètres, après être monté à 93,5 kilos et avoir même vu, brièvement, 94 kilos affichés un jour sur ma balance. Au pont où j’en suis, j’ai réduit les risques cardio-vasculaires, les risques de diabète et de cholestérol. Je ne suis plus en surpoids et, ayant perdu à un rythme modéré, ma peau est restée relativement ferme, il me semble même qu’elle est un peu plus ferme. Mon visage s’est affiné, mon origine Kabyle est plus visible à l’oeil expert. Quand je dis qu’il me reste encore quelques kilos à perdre, c’est pour des raisons purement esthétiques, mais cela n’a désormais plus rien d’urgent.
Je suis de nouveau plus élégant, je veux dire par là que j’ai du acheter quelques vêtements, ce que j’ai fait chez Uniqlo. Je me sens bien.
J’habite à Kagurazaka depuis deux mois désormais. Un autre français est venu s’installer dans la guesthouse. Il est très jeune et très gentil. Cependant, je n’ai pu m’empêcher de penser à une réflexion de Didier Lestrade au sujet des jeunes et du sexe.
Mon voisin a rencontré « sa » Japonaise, elle va même le présenter à ses parents, à Ibaraki, dans ce département fortement enrichi au Césium et au Plutonium. Un matin, j’ai un peu parlé avec elle, elle me voyais laver mon riz, et elle m’a affirmé, catégorique, que la riz japonais était le meilleur du monde. J’ai essayé de pondérer son point de vue, mais elle s’est contenté de me dire que sa grand mère en cultivait et que le riz japonais était différent. Je n’ai pas voulu lui répondre qu’il était certainement impropre à la consommation. Peut être le Césium Japonais est il en effet meilleur pour la santé… Je lui parlait en japonais, mais elle tenait à répondre en anglais…
Comme il s’agit d’une vieille maison, l’insonorisation est loin d’être parfaite. Entendre des voisins avoir un rapport sexuel n’a rien, en soi, de dérangeant, on met la musique un peu plus fort, et c’est tout. Même à Kasai, il m’arrivait d’entendre un peu des conversations, ce n’est pas bien grave.
Mais dans leur cas, je ne peux m’empêcher de penser à un film pornographique… Il ont moins de 20 ans… La maison est en effet soudain prise de vibrations violentes, je veux dire brutales. Et puis, ça dure. Une bonne heure, parfois, avec des séquences d’à-coups, et les gémissements de la fille assortis. Mon autre colocataire m’a juste fait remarquer discrètement à quel point la maison était sonore… Je sais que certains trouveraient cela excitant, mais cela me fait plus penser à un abattage qu’à un rapport sexuel car ce qui me parvient n’évoque en rien de la sensualité, mais juste un interminable tronchage.
Je ne sais pas trop comment fonctionne le clitoris d’une femme. Ce que je sais en tant qu’homme homosexuel, c’est que je n’aimerais pas subir ce type de remplissage, je veux dire, pas tout le temps… J’ai toujours aimé la sensualité. Je comprends les couples, hommes et/ou femmes, qui se griffent, se lèchent, s’attachent, se caressent, se sucent, se mangent, s’embrassent, se masturbent mutuellement, jouent ensemble. La limitation du rapport sexuel à une simple masturbation par pénétration, avec une obsession de la durée, est un truc qui ne m’a jamais attiré, et je n’ai pu l’empêcher de penser à un billet écrit par Didier Lestrade sur l’importance qu’à prise la pornographie dans la sexualité des adolescents. Pas que je sois contre la pornographie, mais les adultes s’évertuant à ne pas favoriser une réelle éducation sexuelle abordant la question du plaisir et pas seulement des MST et de la reproduction, laissant à l’industrie pornographique le soin d’aborder cet aspect, quand cette industrie privilégie essentiellement ce que le consommateur recherche, c’est à dire, un abattage, les plus jeunes font ce qu’ils ont appris. Maintenant, je ne suis pas dans leur chambre, je ne suis pas dans leur vie. Je ne fais qu’entendre, et pour tout dire, même si je trouve ça un peu dégoûtant, à l’image de la diminution impressionnante du rouleau de papier toilette qui s’ensuit quand elle est là, je m’en amuse aussi. J’espère juste qu’elle prend un contraceptif oral et qu’ils utilisent des préservatifs. Sinon, la rencontre avec ses parents pourraient prendre une tournure plus inattendue… Certains parmi vous seront choqués, peut être, que j’aborde la sexualité de mes voisins telle qu’elle me parvient. Mais à quoi me sert mon blog si ce n’est pas à y écrire ce qui me passe par la tête, et, dans ce cas, dans les oreilles…
Kagurazaka me change beaucoup de Kasai mais, étrangement, Kasai me semble loin maintenant. La pièce où je vis est tranquille, quand elle n’est pas soumise aux aléas coïtaux hebdomadaires de mes voisins.
Elle est bien moins claire que ne l’était mon appartement de Kasai, mais elle est silencieuse, et j’y entends les oiseaux toute la journée. Je m’y sens bien le matin et j’y retrouve le goût d’écrire, de lire. Il faut croire que j’avais pris des habitudes à Kasai que je devais casser.
Le chômage après NOVA puis après Lehman m’avait installé dans une sorte de réclusion alors qu’il faut avouer que l’endroit était si clair qu’il méritait beaucoup mieux. Mais cette période, alliée au fait que Kasai est un peu loin de tout, ne m’aida pas à sortir, à vivre dehors. Kasai était un peu comme Bondy, la ville où j’ai passé plus de 10 ans. Kagurazaka, c’est la ville. Je peux marcher dans n’importe quelle direction, c’est la ville. À vélo, Shinjuku est à à peine 20 minutes, et je suis à Ginza en à peine 30 minutes. Je peux marcher jusque Ueno, l’université de Tôkyô, le palais impérial, et cela ne représente en aucun cas une longue marche. Avec Jun, nous avons marché de Shibuya à chez moi et cela ne nous a pas pris plus de deux heures. Je revis.
La victoire de François Hollande m’a fait plaisir. Rien n’a changé, mais il faut avouer que les débuts sont plutôt bons, dans ce genre là. Le retrait de la France de l’Afghanistan va dans le bon sens, mais j’attends de voir la politique intérieure. Qu’il n’ait pas vraiment de programme et qu’une gauche radicale se soit fédérée indépendamment est une bonne chose. Roosevelt n’avait pas non plus de programme, après tout, et c’est cela qui a fait le succès du New Deal : il a été amené à expérimenter, et quand les banques et l’industrie ont commencé à le critiquer, il s’est appuyé sur le syndicalisme que la crise avait renforcé. J’espère que Hollande saura utiliser cette opportunité qu’est ce pôle autours de Jean-Luc Mélenchon, non pas pour réaliser son programme, mais pour réformer en profondeur et expérimenter. J’espère qu’il aura le courage, notamment, d’expérimenter en direction du multi-culturalisme, et de rompre avec le néo-conservatisme républicain qui, dans un pays gangrené par la paupérisation, voit dans l’islam la source de tous les maux, pour aller vers plus de flexibilité dans ce qui reste, en définitive, des pratiques qui ne concernent que leurs intéressés.
Comme je l’ai dit précédemment, je voterai Verts aux législatives. Pour peser sur la sortie du nucléaire, car c’est la vraie saloperie de notre temps, de celle dont nous devons nous débarrasser de toute urgence tant que nous en avons les moyens. »
Je n’ai pas posté ce billet, je viens de le corriger. Je suis dans le train qui me conduit au travail. Sale temps aujourd’hui, humide et lourd. Hier, il a fait très très chaud, mais comme tous les jours, la fin de la journée s’est révélée terriblement fraîche. La météo est étrange, cette année.
Ce matin, en me pesant, j’ai eu la surprise de casser la barrière. J’ai désormais perdu 19 kilos. J’ai fait un petit changement dans mon alimentation. Le midi, j’ai remplacé le sandwich que je mange tous les jours et que je suspecte de contenir pas mal de beurre par un sandwich mozzarella, riche en huile d’olive et en basilic, et dont le pain contient des olives et des noix. Bien meilleur. Hier soir, je n’ai pas mangé de riz. Je mange des céréales le matin, beaucoup, et un sandwich le midi, ma quantité de féculents est suffisante pour la saison. De plus, je mange une orange le matin et un autre fruit le midi. Le soir, c’est une très grosse salade, avec un avocat entier, une carotte, de la tomate, etc et des œufs au plat. Je ne pense pas que le riz le soir fasse la grande différence. Je ne vais donc pas supprimer le féculent du soir, je vais juste ne pas en faire quelque chose de systématique. En revanche, je mange une quantité impressionnante d’algues pour un Français. Et de la soupe de miso.
Hier, dans une de mes classes, nous avons parlé du nouveau gouvernement français, et j’ai mis en avant deux mots clefs : parité, et mixité. Autant le concept de parité ne pose pas de problèmes aux Japonais, autant celui de mixité, regardé de façon distraite pour commencer, soulève en creusant des questions que les japonais n’aiment pas du tout aborder, à savoir la place des Chinois et des Coréens. Une très grande méfiance, des préjugés dominent et ma question de savoir si un descendant de Coréen ayant la nationalité Japonaise pourrait un jour devenir ministre leur a semblé incongrue.
L’un de mes élèves m’a même fait remarquer que très souvent, dans le monde du show-business, des vedettes sont « outées » (je ne vois pas d’autre mot) de leurs origines par la presse à sensation, malgré leurs noms japonais.
Ce même élève m’a fait remarquer que de Okinawa à Okkaidô, en revanche, tout le monde appartenait à la même Nation. J’ai donc osé une question : y a t’il des ministres originaires de Okinawa (les Iles ont été annexées au 19ème siècle, leurs habitants ne sont pas Japonais, mais plus proches des habitants de Taïwan, avec une forte influence culturelle continentale venue de Chine, avec qui ils entretenaient des relations culturelles). La réponse a été étonnante en soi, même si je la connaissait. Non, mais c’est possible qu’il y en ait. J’ai donc demandé s’il y en avait eu, et la réponse fut que s’il y en avait, ça ne poserait pas de problème. Mais que jusqu’à maintenant, il n’y en avait pas eu.
Tout est dit. Les habitants de Okinawa sont en fait traités comme un peuple colonisé, un peu comme aux Antilles. Il y a à priori une égalité de droits, mais celle est est toute théorique. À cette situation s’ajoute la quasi-colonisation américaine depuis la seconde guerre mondiale qui a transformé ces îles en lieu de tourisme balnéaire, en base militaire et en bordels à soldats, le tout agrémenté d’un contrôle mafieux et d’écoles de « talents », entendre filles à moitié nues qui posent dans des vidéos érotiques en espérant un jour devenir chanteuses et échouant le plus souvent dans la filière du cinéma pornographique et les cabarets tenus par la mafia sur tout l’archipel…
Une femme est venue cette semaine pour prendre une leçon d’essai. Cultivée, certainement intelligente. Fan de Nicolas Sarkosy.
C’est incroyable, ici, Sarkosy passe pour un homme économe, raisonnable et juste sur les questions des étrangers depuis deux semaines. Auparavant, les mêmes médias le cataloguaient d’anti-japonais parce qu’il avait osé une boutade sur le sumo pour tacles Chirac en 2007. Hollande passe en revanche pour un affreux dépensier qui veut creuser les déficits. Et qu’importe si la dette du Japon, utilisée pour arroser des entreprises bancales de mèche avec les politiciens au pouvoir, représente trois fois celle de la France, Hollande est un problème… J’ai cependant failli m’exposer de rire quand elle m’a dit qu’elle aimait Sarkosy. En 2007, elle devait préférer Ségolène Royal, « si élégante », et puis « Sarkosy n’aime pas les Japonais ».
Bien. Je vous laisse sur ces quelques mots jetés en passant. J’ai un article à écrire pour minorités, un ami l’attend avec impatience. Moi aussi, d’ailleurs.
De Tôkyô,
Madjid
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