Ca faisait longtemps, que je n’avais pas écrit sur ce blog, et encore la dernière fois, cela n’avait à mon avis guère été concluant. Rassurez vous, je vous offre ici un Podcast dans le même genre, c’est à dire absoluement inintéressant, raté, mal ficelé. Comme mon dernier post et cette absence prolongée.
Bah, on fait comme on peut, hein…
Pourquoi ce silence ? Pourquoi ce blog raté, incomplet, insatisfaisant à souhait ? Ben, parce que je suis humain, pardi ! Je me sens bizarre en ce moment. Imaginez, dans 3 mois, je vous écrirai du Japon. C’est que je n’ai pas grandi dans la dentelle, ce n’était pas évident, pour moi, de réaliser cela, comme ça… C’est un peu ce que je pensais, un soir où je marchais dans Kyomizu-dera. Journée douce d’octobre l’an dernier, chemin fait et refait et puis soudain une immense émotion, des larmes, une envie de remercier la terre entière, et mes parents en particulier. Mes parents qui ne sont jamais partis en vacance, et avec qui je partais en famille, mais jamais ensemble. L’Algérie avec mon père, ma mère restant « à la maison » avec mon frère, et la Sarthe avec ma mère et mon frère, mon père restant seul alors, « à cause du travail »… Alors le Japon, où je torpille en un mois l’équivalent de 5 à 6 mois de la retraite de ma mère… Ca me fait bizarre, là, de partir y vivre, un sentiment de bonheur confus, pas possible. Impossible, irréalisable. C’est pourtant pas la mer à boire…
Genre-expatrié, j’ai déjà fait, mais c’était à Londres, de l’autre côté du Channel. Mais pour moi qui n’avais jamais vraiment bougé, c’était comme une aventure, un départ vers l’inconnu. Ce sont aujourd’hui des souvenirs impérissables qui m’attachent à cette ville. Maintenant, je prends mon train en vitesse et hop, bonjour London. Aucun plan en poche, je suis à Londres comme chez moi, qu’il y pleuve ou qu’il y fasse beau. J’y sors, j’y bois, j’y baise aussi. Là bas, j’ai une quarantaine fringante, marrante, et j’y retrouve l’énergie que Paris et la France ont perdu depuis quelques années. Et encore, le sursaut de la fin des années 90 n’était il qu’un erzatz, alimenté par la nostalgie de ce qui fut.
Tiens, ça me fait penser que j’ai croisé Hedi Slimane, ce matin, en sortant de chez moi. Il était plutôt hagard, visiblement la nuit avait été longue… Il a de beaux restes, le bel Hedi, et ça me fait plaisir de le croiser encore. Je l’aimais bien, Hedi, du temps de notre jeunesse. On s’est croisé pendant 2/3 ans au Palace, au Studio 54 (rue de Ponthieu vers 86/87) ou encore au Boys ou même au Club. Il était sorti avec un grand suédois qui me plaisais bien, Hans. C’est l’été où j’ai beaucoup vu Tim, Bernard et les 2 soeurs Loisel, Barbara avec qui on se faisait des rollmops, et puis la Turkheim, les soirées Lagrèse au Palace, et puis la Nicole, Leigh Bowerie… C’était la toute fin des 80’s, vers 87 mais il y avait encore un peu d’énergie. Ce n’était plus ni scouille (Dodo et Ben Radi Paris scouille t’il ? Les humanoïdes associés), ni Moderne, ni FlaaaAAAaaash’! (l’Acide rendez vous, en 84 au Taboo, avec la bande à Numa Roda-Gil, Chachnil et Nina Childress ex Kluss/Lucrate Milk, les Psycho-billy…), mais c’était bien rigolo quand même, et c’est dans cette ambiance mi-house mi-acide qu’on retrouvait le petit groupe qui tournait autours de hans et dans lequel était Hedi. Très différent des autres, ma fois, il était. Timide mais amusant, pas snob du tout et pas du tout « pétassier » comme beaucoup dans ce groupe. Tout fin. Je dois avoir quelques photos de lui qui trainent à la maison. Bon, bref, je l’ai croisé ce matin, il m’a pas vu, et ce n’est pas grave du tout. Pour ceux qui ne connaissent pas, Hedi est le directeur artistique Dior hommes.
Bon, bref, je suis tout chose parce que je pars. Et qu’il y a un certain courage à partir à l’étranger quand on est séroposif, surtout au Japon. Mais j’ai assuré mes arrières et cela ne posera aucun problème. Ce serait d’autant plus bête qu’avec une charge quasi indétectable (et encore, je pense que désormais elle l’est) et plein d’anticorps, cela n’est plus qu’un problème technique, un peu comme le diabète mais en beaucoup moins contraignant. Je vous raconterai tout cela, bien sûr, mais c’est vrai que cela concourt aussi à cette angoisse qui se dissipera sitôt arrivé.
J’ai hésité avant d’accepter le poste, en fait. Justement à cause de cela. Il a fallu que je fasse maintes recherches pour trouver une solution solide et convenable, peu coûteuse et qui me laisse du temps, c’est à dire une année pour choisir. Je détaillerai une fois sur place. Ce sera un peu militant de ma part, raconter cela. Aujourd’hui le VIH n’est plus la maladie mortelle qu’il fut, mais un mal chronique qui n’handicape même pas mais qui contraint car il faut le maintenir sous surveillance; examens plus ou moins réguliers et médicamens y pourvoient, ces derniers permettant une quarantaine de combinaisons, c’est à dire pas mal de stratégies. J’ai eu la « chance », toute relative bien sûr, de débarquer dans la maladie à ce stade et de n’avoir pas à souffrir ni des effets secondaires violents des premiers traitements, ni des déformations physiques qu’ils entrainaient ni du tatonnement des médecins qui expérimentaient finalement en même temps que leurs patients. Bref, j’estime qu’on peut se permettre de partir et que si on le souhaite, IL FAUT LE FAIRE. On se soigne pour retrouver la liberté, pas parce qu’il faut se soigner. On se soigne pour vivre (entendre : exister, faire, se manifester et recevoir la manifestation des autres), pas pour continuer d’être (entendre : végéter, se soumettre à son donné biologique, le coeur qui bat et l’appétit à midi).
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Je reviens de la cantine. Dehors, un temps superbe. Ciel bleu, soleil.
J’ai entendu ce matin que Lionel Jospin appelait les socialistes à faire leur devoir d’inventaire sur la période 97/2002. Je continue de le trouver « réglo », Jospin. C’est pas que je sois toujours d’accord, c’est du domaine du « contrat de confiance ». Son bilan n’était pas « bon », il était « honnète » et pour la social démocratie, c’est cela qui est important. Le « bilan » du premier septennat de Mittérand était « bon », mais profondemment malhonnète, il cachait mal des renoncements, des mensonges et il n’offrait en plus aucune perspective, si ce n’est empêcher la droite de revenir au affaires. Celui du gouvernement de Jospin ne portait pas ces renoncements et ces mensonges car il n’avait jamais promis la lune. Il y a eu des trucs ratés, bien sûr, mais la société elle même, c’est à dire les salariés, les associations, n’ont pas non plus été très brillants. La crise des chômeurs, en 1998 a par exemple montré que ce gouvernement, quand il y avait mobilisation, savait mieux écouter. Moi, à l’époque, j’ai reçu un chèque de 3000 Francs. J’étais RMIste. Ca n’a rien résolu, mais comme par ailleurs il y avait de la croissance, des créations d’emploi réel -le programme minimum de la social démocratie-, cela m’a aidé et j’ai pu par ailleurs me glisser dans cette reprise de l’économie. Le bilan Jospin, c’était moins de chômage, les 35 heures, des avancées significatives des libertés, cela présageait d’autres améliorations. Ce fut aussi une non-régularisation des sans papiers et juste un assouplissement des règles d’immigrations sans réelle remise en cause. Ce furent des privatisations conduites au nom d’engagements européens pris par Alain Juppé sans remise en cause. Mais tous les jours je constate que les concessions de ce gouvernement n’étaient en rien comparable à la guerre sociale que le patronat appelait de ses voeux et qui est à l’oeuvre aujourd’hui. Apprentissage à 14 ans, dénonciation du « coût de la retraite des fonctionnaires » qui viendrait « alourdir la dette de près de 800 milliards d’Euros » (une pure manipulation médiatique à la Thatcher), durcisemment tous les 6 mois des conditions d’immigration, suspiscion généralisée à l’égard des mariages mixtes, baisse des impôts de ceux qui en paient et parmi eux ceux qui en paient le plus, déficit budgétaire abyssal qui engraisse les banquiers, non respects d’engagements internationaux, retour de la « politique africaine », contrôle toujours plus étroit des médias… La différence est nette.
Je ne reprocherai jamais aux socialistes d’en faire peu, pourvu qu’ils le fassent et qu’ils ne promettent pas d’en faire plus. C’est cette qualité que j’ai toujours aimé chez Lionel Jospin. C’est ce défaut majeur que j’excècre chez les socialistes et dans la gauche de la gauche qui entretient l’illusion qu’un « vote de gauche » suffira à « tout changer ». Parce que c’est faux. Je préfèrerais nettement un gouvernement Jospin dans un pays plus syndiqué qu’un gouvernement « de gauche » dans le pays apathique qui est le nôtre. Car ce dernier renoncerait à tout sans limite quand le premier trouverait dans le syndicalisme une garantie de succès qui est la clef de sa réelection. Ca marche comme cela en Scandinavie depuis très longtemps.
J’ai peur que les socialistes français ne soient tentés, eux, de retourner à la langue de bois. Déjà aujourd’hui, ils sont incapables de faire la longue liste de ce qui nous fit aimer Jospin. A la soupe, qu’ils vont…
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Ce soir, projection d’un film au Palais de Tôkyô, « La brune et moi », réalisé en 1979 par toute la bande parisienne de l’époque, Taxi girl, Anoushka, Edyth Nylon, Ici Paris, etc… toute la bande du Palace quoi. J’y vais. Je m’attends à sortir avec un de ces coups de blues… Imaginez : 26 ans ont passé, Mittérand n’est pas l’avenir, on sort de Raffarin et on est collé de Sarkosy/Villepin/Chirac.
Plus personne n’aimera Paris comme nous l’avons aimé avant longtemps.
Paris ne scouille plus.
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