Quartier de Harajuku. Sigma DP1, Lightroom 3
Saturation. C’est un joli nom pour un billet, on en ferait presque un nom de blog ou un nom de site.
Cela peut être coloré comme cette photo. Cela peut être excédé. Chacun peut l’entendre comme il le veut, comme il l’entend. Moi, je l’entends d’abord comme une surdose de couleurs, ces couleurs avec lesquelles je me suis amusé lundi avec Lightroom.
Le mois prochain se termine mon abonnement à MobileMe. J’étais abonné depuis 2003, mais au prix que cela coûte, et vu le peu d’avantages, je renonce. D’autres proposent le même service pour moins cher. Je suis un peu triste car c’est mon ancien mail personnel qui s’en va. J’ai un énorme travail d’euplaude sur mes nouveaux hébergements, Google et Flickr.
Aujourd’hui, en arrivant à la gare, la ligne de métro était arrêtée, j’ai téléphoné à l’école. Je suis arrivé avec 20 minutes de retard. J’ai dû prendre un bus pour aller à une autre station. Il y a de plus en plus de suicides sur les voies de chemin de fer. Une élève m’a dit une fois que cela mettait tout le monde en retard, ce qui n’est pas japonais. Il y a des gens terriblement égoïstes, et stupides. Le gouvernement semble lui prendre cela très au sérieux.
À ce sujet, nous avons un nouveau Premier Ministre depuis quelques jours, monsieur Kan Naoto (juste pour information, son prénom est Kan). Jun m’a informé qu’il était l’élu de Kichijôji. Ce qui, finalement, n’est pas très étonnant. Il semblerait que le changement de premier ministre ait été suffisant pour rendre sa popularité au Parti Démocrate. Avec monsieur Hatoyama, c’est un peu d’alternance gentille qui est partie. Monsieur Kan est beaucoup plus froid, plus politique. Il s’était distingué par son travail au ministère de la santé, vers 1995, quand il était parvenu à régler la question des contaminations des hémophiles au VIH, sans s’apitoyer mais en concertation avec les associations, ce qui lui avait valu le respect dans de nombreux groupes de la société civile. J’avais écrit sur LeJapon.org à son sujet que sa façon de travailler laissait espérer une évolution vers une sorte de travaillisme à la japonaise, ce qui, au passage, correspond bien à la façon dont le Japon vit, plus que le socialisme ou la social-démocratie, trop abstraits. Le Japon est un pays où le lien de proximité est essentiel, et le travaillisme, cette idée d’un parti émanation du corps social, des associations et des syndicats, colle plus que le socialisme, cette pensée du corps social qui intègre les associations et les syndicats, ou la social-démocratie, cette pensée du corps social qui créé ses propres associations et son propre syndicat. On verra comment Kan Naoto réussi cette articulation ; en tout cas, le poids des associations locales fut important lors de la création du PDJ, que ce soient des groupes environnementaux ou des associations de femmes. C’est d’ailleurs par cette porte que le nouveau parti parvint à attirer sur la gauche, quand tant de ses créateurs venaient, eux, de la droite.
Saturation. J’ai regardé, épaté, le Keynote Apple de Steve Jobs, et là, oui, c’est clair, mon prochain téléphone sera un iPhone, car le joujou est enfin devenu ce que j’en attendais. Vidéo-Call (en wifi), 5 Mpix et un flash, la vidéo en HD, plus les mails et Safari, la musique et les vidéos : iPhone est devenu le communicateur universel que l’on attendait qu’il devienne. Bien sûr, le Vidéo Call est encore limité, mais il faut bien reconnaître que c’est un beau joujou, et qu’il montre le sérieux de Steve Jobs : ils auraient pu sortir le même joujou, mais en cra-cra, il y a 3 ans; ils ont préféré perfectionner l’OS, le matériel et le processeur, et voilà que là, on a le vrai joujou, le même que dans Star Trek, un communicateur universel pour à peu près tout faire… On peut imaginer iPad dans deux ou trois ans, lui aussi équipé de deux caméras, faisant 100 grammes de moins… Enfin, je dis mon prochain joujou, mais celui que j’ai remplissant très bien son rôle, ce n’est pas pour demain non plus.
Saturation. J’écris un très long truc (déjà 90 000 signes) que j’ai proposé à Didier Lestrade pour Minorités, sans être sûr que ce sera publié, mais l’actualité, le surréalisme de l’actualité hexagonale ainsi qu’un désir de ne plus perdre de temps à penser quoi écrire me poussent à mettre mes idées au net sur certains sujets, et c’est comme un ressourcement en moi-même avec des résultats inattendus. J’ai également un roman en cours (je n’osais pas écrire cela, mais maintenant que c’est bien engagé, j’ose). Et je vous proposerai dans quelques jours une première mise au point sur ce qui serait, pour moi un réel projet socialiste. Je suis un admirateur de Margaret Thatcher, comme tous mes amis le savent, et ils savent ce que j’entends par là quand je lie Margaret Thatcher au socialisme. Je suis fasciné par la capacité que cette femme et son gourou Keith Joseph ont déployé pour nous casser et nous vaincre, par l’intelligence de leur argumentation, par la sorte d’épure à laquelle ils étaient parvenus quand, en 1975, Margaret Thatcher prit le pouvoir dans le Tory, excitant la base du parti en renvoyant tous les politiciens conservateurs depuis la guerre… dans le camp du socialisme. Sans agressivité, comme désolée d’avoir à prononcer ce triste constat, pour revenir au « bon sens » conservateur (Giscard d’Estaing reprit d’ailleurs la formule). Fasciné, oui. Allez donc jeter un coup d’oeil sur le site de Margaret Thatcher Fondation. Tout y est. Et donc, vous voyez, j’ai décidé de me placer très haut. Mon adversaire n’est pas Nicolas Sarkosy. C’est Margaret Thatcher et, derrière elle, ce génie ultra-conservateur de Keith Joseph. Je pense que ce que j’écrirai vous fera bien rire, parce que tout le monde a, dans sa tête, de petits bouts de la pensée de Margaret Thatcher et Keith Joseph, et ce résultat fantastique d’un avenir peint en noir, replié sur le présent.
Les fleurs sont magnifiques, au Japon : le savez-vous ? Ils en mettent partout, de façon excessives. Ça déborde de partout quand la saison arrive. En ce moment, ce sont les hortensias. Le mois dernier, c’étaient les azalées et les glycines, et le mois prochain, nous contemplerons les Lotus, petits et gros. J’en ai déjà photographié quelques uns, ce dimanche à Kamakura.
Je suis tombé par hasard sur la bande-annonce du dernier film de Gaspard Noé, et je vous quitte dessus.
De Tôkyô,
Madjid