Retour / 帰り

Allez, rassurez-vous, je suis toujours là… Après un après-midi horrible, mal au bide, fatigue, larmes -si si, je blague pas ! -, un sursaut. Inattendu. J’ai repensé littérature, photo, « ma vie de merde ». Je suis traversé par des courants antagonistes, des envies, des désirs profonds, des images, des sensations. J’ai mis tout ça de côté, ayant déterminé d’autres enjeux, d’autres priorités, au passage dans le but de réaliser ces envies, ces passions, ces désirs profonds.

Quel fainéant.

Alors d’un seul coup je me suis dit que comme 90% de mes semblables, j’avais fini par céder à l’habitude, au banal, me réfugiant derrière la « fatigue du travail » pour moins lire, ne plus créer. Me refouler, quoi…

Quel idiot.

Depuis septembre-octobre, pourtant, mes sentiments ont bourgeonné. Mûris, j’aurais presque envie de dire « plastiquement parfait ». Je trouve même une certaine beauté à une petite erreur que j’ai faite et qu’il me semble payer encore. Mais cette beauté m’est précieuse et elle me pousse à plus de franchise envers moi-même et envers l’autre, les autres. On ne perd que ce que l’on possède déjà, et on ne peut perdre ce que l’on ne connait ni ne possède déjà. Et pour avoir, et pour connaître, et pour posséder, en amour, en amitié, il faut abattre son jeu sans supposer de la suite. Cela s’appelle la liberté. Je viens de tuer définitivement le « grand frère » qui est en moi, celui qui n’a pas su dire qu’il était séropositif à quelques amis, de peur de ne pas leur faire du mal. Mais je suis heureux aussi d’être resté fidèle à une ancienne décision, celle de me sentir obligé de le dire avant, si je rencontre quelqu’un. Pas, bien sûr, pour une rencontre épisodique, 23h30, un bar, tu viens chez moi, (la capote et des pratiques safe OBLIGATOIRES pour tous y pourvoient) mais dans ces cas ou on se dit, « mince, çui-là, j’vais peut’êt’ le recroiser dans le quartier » ou « il est sympa on sait jamais » etc etc etc… Ca me semble trop ingérable après (égoïsme) et aussi, pour le coup, trop peu soucieux de l’autre (annoncer ça au bout de 15 jours, c’est aussi manifester un manque de confiance en l’autre, alors quitte à le perdre, autant ne pas commencer).

D’autres sensations me sont revenues, marchant dans Kyôto. J’ai fait du plein de lumière et de vert pour 10 ans. Mes yeux se sont réveillés d’un long sommeil. J’ai adoré regarder les échangeurs d’Osaka et de Tokyo, ces espaces qui dessinent des nomansland habités (contradiction ? allez savoir…). J’ai retrouvé la sensation de la nuit, la lumière qui y existe. Elle est un peu comme le Lotus du bouddhisme, cette lumière. La nuit est à la perdition, à l’alcool, au sexe et à la drague lassive, à la chaleur moate des lieux de plaisir, à l’échouage des pauvres du monde entier, quand ils vont s’aglutiner aux poubelles avec le vague espoir d’y trouver à manger… Dans ce monde crépusculaire, il y a quand même une lumière, celle de la lune, les réverbères, le dessin des ombres anguleuses sur des façades anodines, des angles et des formes redessinées, une architecture dominante sans jamais être écrasante. Cette lumière de la nuit, dans son silence retrouvé, elle est une lueure d’espoir, elle est simplement belle en sa simplicité, elle annonce l’arrivée imminente d’une autre lumière, celle bleutée, du petit matin, des premières terrasses et du premier café. La nuit, c’est comme le jour, mais les masques sont tombés, la ville se livre toute crue comme elle est.

Traverser un « quartier chaud » d’Osaka à 14 heures, c’est comprendre cette alchimie, c’est voir le masque tombé, c’est dévoiler la fragilité de la nuit. Traverser une rue du 2ème arrondissement de Paris, à 2h00 le matin, dans le brouillard ou sous la pluie, ou encore en été, quand les fenêtres sont ouvertes et déversent quelque mélodie hazardeuse dans la rue tiède encore de la journée, c’est révéler comme au grand jour ce que le soleil ne parvient pas à montrer sous sa force écrasante.

La lumière du jour et la lumière de la nuit sont identiques. J’aime photographier la lumière de la nuit, elle me fait mériter la lumière du jour… A Kyôto, la lumière du jour est très particulière. Moi, je suis rechargé. A bloc! C’est cette énergie qui m’a fatigué dès mon retour, comment donc ne la garder que pour soi… sans la trahir. Et pour le coup, sans la perdre.

Tiens, d’ailleurs, l’énergie, c’est depuis cet arc en ciel, cet été.

Alors je me suis levé – j’ai passé 2 heures au lit, mal, douloureux, « seul » – et j’ai fait du ménage. J’ai même repassé des chemises. Ca occupe, mais cela rappelle aussi l’étrange simplicité de ces gestes, le plaisir simple qui en découle.

J’aime trop la vie.

Le veinard.

Après, j’ai filé chez Luc, un ami, il fêtait son anniversaire. Je vous écrit ça tout de suite.


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