Les épaules se font lourdes parfois, et la séparation y augmente le poids, encore, encore et toujours recommencer. On a beau ne pas vouloir se retourner, la mémoire est là, c’est la vie qui l’a enfantée, la garce, et c’est cette même vie qui a fait le présent tel qu’il est, comment oublier ?
Grande hésitation à publier ce message écrit hier dans la matinée. Et puis finalement, en le relisant tout à l’heure dans le métro, sa conclusion qui me vient à l’esprit. Je le publierai donc.
Chacun sa façon.
Certains font des gâteaux, d’autres viennent en silence. Moi, je n’ai que l’écriture. Je vous laisse donc avec ce billet qui confirme mon contrat avec ce blog. Mon journal, avec juste ce qu’il faut de pudeur pour ne pas être indécent.
Hier, alors que je rentrais chez moi, j’ai reçu une invitation à tchatter avec quelqu’un sur Facebook. Quelqu’un que je ne connais pas mais qui me suit et que je suis, quelqu’un dont j’apprécie souvent les opinions, un peu moins parfois, ce que je trouve stimulant intellectuellement. Nous avons échangé nos bonjours, quelques idées, je lui ai envoyé deux photos du métro, et nous nous sommes ravis de pouvoir ainsi abolir l’incroyable distance qui nous sépare. Plus tard, j’ai répondu à une autre message sur Facebook du groupe Kingsqueer. Je ne les connais pas non plus, juste Facebook où ils signent Amours et Révoltes, un slogan dans lequel je me reconnais bien mieux que dans le niais Peace and Love. Et puis il y a eu Rodrigue, que je ne connais pas non plus mais avec qui j’ai tchatté une fois sur Skype. Je me suis fait un nouvel ami Facebook, promoteur de KPop, et chose rare, c’est moi qui ait sollicité son « amitié ». Il a abondamment commenté mon article et il l’a également promu. Me voila donc dans la catégorie des vieilles qui savent reconnaitre ce qui fait la culture des jeunes, des très jeunes, je veux dire. La Simone de Beauvoir en moi est flattée…
Mon article d’ailleurs a été repris par Rezo.net, il parait que c’est un gage de qualité. Mon précèdent article, sur le Japon, l’avait également été. Je l’ai relu, il est terriblement d’actualité et vous permettra de comprendre le résultat des élections qui ont vu le laminage du parti au pouvoir et une poussée populiste et nationaliste sur fond d’abstention record. A méditer en France… Et puis pour finir alors que j’allais me coucher après avoir passé deux heures à regarder des vidéos de KPop en boucle afin de ne pas rater le TOP3 des mon KPop Award, un email d’un Didier ayant quelque problème pour créer un compte sur un site.
Je me suis couché vers 2 heures trente, j’ai traîné au lit jusqu’a dix heures trente ce matin, et cela fait des années que cela ne m’était pas arrivé. Pas envie de me lever du tout…
Internet est résolument une véritable révolution, je n’épiloguerai pas sur le sujet plus longtemps, c’est admis. Ce qui reste à définir est la frontière de l’internet, et il semblerait que celle-ci soit encore très floue. Que d’articles sur le fishing, sur le spam, sur les viols consécutifs à des rencontres sur des réseaux sociaux.
Laissez moi modestement explorer une frontière personnelle et dédicacer ce billet à un grand garçon seul, il le lira s’il le veut, s’il entend l’appel, ou pas, une sorte de bouteille à la mer envoyée par celui qui habituellement devrait recevoir ladite bouteille… Pour vos autres, une lecture de mon blog habituelle, je crois que vous en avez l’habitude. Je vous demanderai juste, si vous reconnaissiez cette personne, de bien vouloir ni ici ni ailleurs mentionner son nom. Je vous prête une certaine délicatesse, à vous, mes lecteurs, et vous comprendrez ce que je vous demande, pas tant pour moi, que pour lui.
Je sais quelque part un grand garçon triste, seul au milieu de ce qui fait son quotidien et de ses choix. Quelque part, il a écrit qu’il avait préparé telle ou telle chose chez lui pour que celui avec qui il ferait sa vie se sente bien mais pour le moment ne reste que l’absence. Peut être devrais-je même écrire, l’Absence, pas celle d’un seul, mais le point d’une multitude, ceux qui sont partis, amis et amants, emportes par la maladie. Tiens, pas plus tard qu’hier, encore un qui est parti, et le grand garçon triste a annoncé cela aux autres.
Les épaules se font lourdes parfois, et la séparation y augmente le poids, encore, encore et toujours recommencer. On a beau ne pas vouloir se retourner, la mémoire est là, c’est la vie qui l’a enfantée, la garce, et c’est cette même vie qui a fait le présent tel qu’il est, comment oublier ?
En parcourant les photos que le grand garçon triste partage avec son entourage par la grâce de l’internet, on mesure combien on ne choisi pas la contingence, le quotidien. Il est un épisode qu’il partage et qu’il a raconté quelque part et qui m’a bouleversé, autant pour celui qui est parti que pour celles et ceux qui sont restées, et pour le grand garçon triste en particulier. Mourir, c’est emporter le monde avec soi à jamais, pour les autres ne reste qu’un grand vide béant, l’absence. Le grand garçon triste en est rempli, et ça déborde. Récemment, j’ai pensé à lui perdu au milieu de ce qui l’entoure, j’ai pensé à ma mère qui a décidé de remplir ce vide avec des boites, des cartons et de grandes masses d’objets inutiles « qui me serviront un jour » et qui passe sa journée entre son jardin et cet univers. Cela fait longtemps que ce mur s’est dressé et j’ai perdu les clefs depuis longtemps, nous étions si proches pourtant. J’adore ma mère.
Et j’aime le grand garçon triste.
Je ne sais pas trop ce que veut dire aimer car chez nous, à la maison, c’était un mot que jamais personne n’utilisait. Je suis plutôt infirme de ce coté là. Mon analyse m’a libéré du sentiment qu’il y avait quelque chose de sale dans le mot, je n’ai toutefois pas appris sa valeur. J’expérimente encore. Mes amis savent que je les aime, maintenant, et je n’ai aucune honte à écrire qu’ils me manquent.
De mon coté, une secousse plus forte peut tout emporter, me réduire à néant. Je refuse que ce ne soit pas dit, pas écrit. Le grand garçon triste mérite, plus que tout autre la chaleur et l’affection.
« Les morts, il ne faut pas les plaindre, y’avait qu’à les aimer ». Il y a cette réplique dans le film de Desplechin, « La vie des morts ». Qu’est-ce que c’est juste. Je n’ai jamais dit à mon père que je l’aimais. Je ne veux pas mourir sans avoir dit à ceux que j’aime que je les aime, je ne veux pas qu’ils meurent sans le leur avoir dit. Qui sait, peut être m’aiment-ils aussi, quel réconfort.
Le grand garçon triste n’est pas une personne triste, je veux dire, ce n’est pas sa personnalité. C’est même plutôt un fichu caractère. Sa tristesse est de la pure contingence. La pire. La tristesse est à certains ce que l’hypocondrie est à d’autres, une façon de communiquer, et il leur arrive de très bien s’équilibrer comme ça, quelle chance ils ont. Mais pour les autres, c’est un truc plus difficile, et puis ce n’est pas un fantasme de tristesse, c’est une béance.
Je vous avais dit que l’année prochaine, je souhaitais rendre ce qui m’a été donné. Pourquoi attendre l’an prochain. Il y a quelque chose, je ne sais pas, c’est une intuition qui m’obsède depuis trois semaines, que je dois écrire ce billet, ça m’est venu dans un de mes rêves étranges à tiroirs, et cette intuition ne me quitte pas. Je suis profondément rationaliste, je ne crois pas à la magie. Et pourtant, je suis un peu magicien de part mes ancêtres, cette longue lignée de Marabouts des montagnes, vous avez lu mon nom… Dans mon fond oriental que mon père m’a transmis sans même je m’en rende compte en me racontant ces histoires de chacals qui me donnaient des frissons, étant petit, dans une langue que je ne connaissais pas mais que je comprenais, je crois à la puissance des mots, je sais que les mots sont la source de la vie, qu’ils possèdent la vertu du miel, qu’ils adoucissent la vie.
Mon grand garçon triste, mon ami, mon frère, ma soeur, mon amant, mon amour, le passé git, mais l’avenir est grand ouvert, il te reste encore des trésors au fond de toi à donner, et encore plus à recevoir, je te le promets. Où que tu sois et quoi qu’il arrive, je suis là.
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