Je suis maintenant dans l’étape finale avant mon départ. Chez moi, un coup d’aspirateur, un lavomatic, je rempli la valise et c’est fini… Ah, oui, un peu de change aussi. J’ai changé de l’argent ce vendredi soir, EUR 800, il faudra remettre ça. J’ai aussi changé de réservation. C’est donc à Kyôto que je retourne et j’avoue que l’endroit où je vais rester est correct et d’un bon rapport qualité prix. J’ai vu Nicolas samedi après midi, nous sommes allés ensembles à la TGB voir l’exposition Sartre qui devait s’achever hier. Quelle somme, cet homme. Je n’avais rien à dire en sortant, conscient de l’immense destin, avec ses forces et ses faiblesses, et ces échecs si pesants, et qui l’ont parfois confiné au ridicule (La cause du Peuple, avec ce verbiage militant gauchiste maoïste, aux antipodes de cette culture auquel il se rattachait en écrivant, à la même époque cet « Idiot de la famille », sur Flaubert. Je n’aime pas ce Sartre, vieil homme finissant mais de bonne volonté, caricature de lui-même, enfermé dans un dogme aux antipodes de sa liberté. Mais fascinant aussi dans cette même quète de liberté comme un combat collectif, et qui l’ammène aussi, justement, à ces mêmes errements. On peut avoir raison très facilement avec Aron, mais on est alors confortablement dans un salon, à dire « qu’il faudra du temps », etc… J’aime Sartre même dans son obstination. Je l’aime car il a toujours privilégié l’Homme : quand les réfugies ont commencé à chercher asile en 1979, victimes de Polpot, du régime vietnamien, il a abdique ses certitudes. Voilà la marque d’un grand homme. Et j’aimerais savoir ce qu’en pense Marie George Buffet…
Soirée chez Nicolas, ensuite. Il m’a dit que ma « justificatication » sur le Bouddhisme l’a fait rire. Moi aussi. En gros, je dois préciser que je regarde Bouddha non comme un « saint » mais comme un philosophe. Un philosophe rare, d’une philosophie de la réconciliation de l’homme avec lui même sans aucun recours à une quelquonque divinité. C’est un aspect manquant, à mon avis, dans la pensée occidentale. Et c’est pour cela que je n’aime guère les bouddhistes occidentaux. Le bouddhisme est chez eux très souvent un plaquage, une option exclusive, en dehors de la vie. Comme chez les occidentaux convertis à l’Islam.
Je recherche moi un « apport », une intériorisation, à mon avis plus proche de l’idée de chemin. Je ne sais ce qu’est la perfection. Je ne cherche qu’une réconciliation à l’intérieur de moi, je veux me réconcilier avec ma lâcheté d’humain conscient des souffrances que les hommes font aux autres hommes. Je veux apprendre à vivre avec cette lâcheté, car c’est réconcilié avec TOUT moi-même que je peux agir, être un homme entier. Et non chercher à éviter chez moi tel ou tel aspect, bref en me haïssant moi même tel que je suis vraiment. Je suis convaincu que la plupart des résistants en 1940 étaient parfaitement conscients de leur lâcheté passée devant la montée des totalitarisme, mais ils ont décidé de vivre avec cette lâcheté en la laissant au passé. Les gesticulations néo gauchistes actuelles, où on conteste sans donner son temps, sans donner sa vie sont ce qui m’écoeure le plus car ce n’est finalement que la forme la plus perverse de la lâcheté : de la bonne conscience à bon marché. Voilà où je mets Bouddha. Ne pas s’illusionner sur soi, sur sa place, sur ses capacités, tout en admettant sa « vrai nature », non pas une nature donnée, mais ce que la vie, la société, le monde, le language et l’histoire, nos parents et nos amis, nos choix, nos résignations, notre courage et notre lâcheté, tout cela réuni nous a fait. La psychanalyse est une aide à la compréhension de cette réconciliation possible, le bouddhisme est un pardon intérieur qui ne nécessite pas de pardon : c’est l’acceptation définitive ce ce que l’on est; tel que l’on est. Et rien de plus ni rien de moins. C’est un pardon qui passe par le non pardon. Comme l’a écrit Simone de Beauvoir, s’il n’y a pas de Dieu, alors il n’y a pas de pardon possible. Le Bouddhisme nous aide à vivre avec cette déchirure. Cela n’exclu pas l’action, mais cela en ôte les enthousiasmes. Je lutte contre les Nazis car ils nient des être qui me sont égaux. Je dois lutter contre les nazis. Je ne suis pas un héros, je ne suis qu’un pion consentant à n’être qu’un pion dans le jeu de forces opposées qui s’opposent au nazisme. Ma vie physique n’a pas d’importance dans ce jeu qui me dépasse car cette vie même ne peux s »exprimer que dans un triomphe définitif de la vie. Qu’importe si je meure… Voilà ce que pensaient ces combattants de l’ombre. Donner sa vie pour le triomphe de la vie…
Quel courage. Pas étonnant, le personnage de Sartre à la libération…
Dimanche, j’ai retrouvé Thomas et Carlos. Restaurant (Edokko), tempura. Puis conversations autours d’un café dans l’après midi, et rituel échange de doramas. Je suis rentré, j’ai siesté, puis en soirée ait fini quelques préparations.
Injuste : dehors il fait beau, ce week end il a fait moche…
Scandaleux : j’espère que ce n’est qu’une rumeur mais il semblerait que l’avion de Caribean Airlines qui s’est crashé la semaine dernière avec 152 passagers à bords était tout simplement à court de kérozène…
Je ne me prononce pas : évacuation qui touche à sa fin à Gaza. Je ne me prononce pas car en fait je ne sais pas où cela va. Le territoire est libéré de l’occupation israelienne, mais qu’en est il de la suite ? Et etre gay à Gaza, ça veut dire quoi ?
Fin des JMJ. La, je ne comprends pas bien…
Je pars dans 5 jours…
J-5
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